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Critiques de Pablo Picasso (103)
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Birds &other animals with Pablo Picasso

Oiseaux et autres animaux avec Pablo Picasso. C'est un minuscule livre pour les tout petits, édité sur un papier cartonné, indestructible, mais qui pourtant va charmer les grands.

Il s'agit des dessins de Picasso faits en un seul trait, trouvés dans ses carnets. On ne peut pas se retenir de les copier ! Il y en a plus de 20 ! L'enfant sera amusé à vous voir griffonner des flamants, pingouins, mouches, grillons, lapins, renards, petits et grands chiens, chevaux, tortues, poissons, pélicans, autruches, paons, chouettes, et une scène de cirque avec un dompteur, la plus détaillée et difficile à réaliser… Puis l'enfant va dessiner lui-même. C'est une vraie joie !

À la fin, il y a une courte présentation de Picasso et des photos de ses carnets où on peut reconnaître les croquis utilisés pour le livre. On y apprend que Picasso avait beaucoup d'animaux de compagnie et que la majorité de ses dessins ont été inspirés par des poèmes de Guillaume Apollinaire, son ami. Par contre il n'y a qu'une ligne de texte pour accompagner chaque dessin… Je n'ai pas compris qui a écrit ces courtes phrases que tout le monde peut dire. Ça peut quand même être bon pour l'apprentissage de l'anglais niveau débutant. D'ailleurs nous avons acheté ce livre à Paris, à la librairie anglaise WHSmith qui se situe en face du jardin des Tuileries. Nous aimons « prendre une petite consommation » après une bonne marche : un ou des livres plutôt qu'un salon de thé !

J'ajoute enfin que ce livre fait partie d'une collection où l'enfant fait connaissance avec d'autres artistes peintres : Bleu et autres couleurs avec Matisse, Carrés et autres formes avec Josef Albers que nous avons également acquis. Mais c'est Picasso notre préféré ! On revient souvent à ce livre…

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Les métamorphoses

Les Métamorphoses d'Ovide sont une oeuvre capitale de L'Antiquité, un poème qui par son ampleur et son type de vers, l'hexamètre dactylique, relève de l'épopée, mais une épopée singulière, une épopée mythologique qui confronte les hommes et les dieux à travers des récits souvent dramatiques.

Ce joli volume illustré, édité à l'occasion du centenaire de la Société d'édition Les Belles Lettres, reprend une traduction des Métamorphoses par Olivier Sers parue il y a dizaine d'années dans la collection Classiques en poche, traduction qui n'est pas une mince performance : elle redonne à l'oeuvre d'Ovide toute sa dimension poétique, car elle est écrite en alexandrins !

Olivier Sers n'en était d'ailleurs pas à son coup d'essai, puisqu'il avait également traduit plusieurs autres grands classiques de la littérature latine, citons notamment L'Ane d'or ou Les Métamorphoses d'Apulée ou les Satires de Juvénal.

Il faut aussi rendre hommage à un éditeur, Les Belles Lettres, qui depuis un siècle (!) édite les grandes oeuvres de l'Antiquité grecque et latine, et qui depuis quelques années les rend plus accessibles, souvent avec des traductions rénovées, dans sa collection bilingue Classiques en poche.

C'est donc avec un plaisir renouvelé que j'ai lu ou relu ces histoires merveilleuses, dont certaines sont évidemment très connues (Phaéton conduisant le char du soleil, Actéon dévoré par ses chiens, Pygmalion et sa statue, Orphée descendant aux Enfers…), mais j'en ai découvert beaucoup d'autres qui valent le détour.

L'amateur de langue latine pourra se procurer cette remarquable traduction accompagnée du texte original dans la collection mentionnée plus haut, Classiques en poche.

Merci à Babelio et aux Editions Les Belles Lettres pour cette très belle lecture.



P.-S. : on évitera de lire ce très beau recueil en une seule fois, du début jusqu'à la fin, mais on « butinera » deci delà pour apprécier tout le charme.
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Le désir attrapé par la queue

Picasso, comme j'aurais aimé le connaître ! Derrière sa célébrité, son argent, ses femmes, on ne voit pas toujours son immense oeuvre. À tel point que son nom est devenu le synonyme de l'incompréhensible dans l'art ! Mais la création littéraire de Picasso est aujourd'hui complètement éclipsée par ses oeuvres picturales. Et pourtant il consacrait autant d'heures à l'une qu'à l'autre forme d'expression. J'imagine que dans sa folie de production il choisissait, cas par cas, ce qui était plus rapide comme technique. Et sa passion littéraire faisait trêve à sa passion plastique. Il devait avoir un cerveau en ébullition ! L'album Picasso de Marie-Laure Bernadac, que j'ai adoré et que je ne cesse pas de citer, m'a bien éclairée sur l'esthétique du peintre. Ensuite, je tombe par hasard sur cette pièce de théâtre dans toute sa dimension de philosophie de l'art ! Picasso l'écrit en 1941 et sa première date de 1944. Cette oeuvre n'est pas juste un caprice, il faut dire que Picasso tient un journal tout au long de sa vie. Ses amis étaient principalement des écrivains et lui-même était un lecteur avide et raffiné de poésie, ainsi qu'un illustrateur de livres de poèmes. Tous ses textes ont été superbement recueillis et édités par Marie-Laure Bernadac et Christine Piot en 1989 (Paris, Gallimard).

Donc, Picasso peint dans son atelier et écrit dans sa cuisine ! Les spécialistes, notamment Jèssica Jaques Pi, remarquent que l'iconographie culinaire chez Picasso est en lien direct avec son exil, l'idée d'un retour poétique au foyer et, en même temps, une révolte politique contre l'invasion de l'espace intime par l'armée de Franco.

Les premiers jours de l'année 1941 étaient dominés par l'incertitude dans le Paris de l'occupation. Cette atmosphère étrange a nourrit la rédaction de cette pièce qui deviendra une sorte de théâtre de l'absurde avant la lettre.

Personnages :

Michel Leiris: le Gros Pied

Jean-Paul Sartre: le Bout Rond

Raymond Queneau: L'Oignon

Jacques–Laurent Bost: le Silence

Germaine Hugnet: L'Angoisse Grasse

Dora Maar: L'Angoisse Maigre

Zanie Campan (Zanie Aubier): La Tarte

Simone de Beauvoir: Sa Cousine

Jean Aubier: Les Rideaux

Louise Leiris: Les Deux toutous

Photographe :

Brassaï

Spectateurs:

Henri Michaux, Jean Cocteau, Jean Marais, Valentine Hugo,

Pierre Reverdy, María Casares, Jacques Lacan

Si le Désir attrapé par la queue fut en 1941 une pièce sur l'absurdité de la guerre, il devint en 1944, lors de sa première, une réaction de stupeur face à l'horreur doublée d'une affirmation de la Résistance des intellectuels parisiens qui, dans les derniers mois du conflit, commencèrent à se révéler et à témoigner de leurs actions. Les photographies exceptionnelles de Brassaï, prises en juin 1944, sont devenues emblématiques de cette forme particulière de résistance. Je tiens à vous dire que la première du Désir attrapé par la queue est un hommage à Max Jacob, mort au camp de déportation de Drancy quatre jours avant (le 15 mars).

La question fondamentale posée par Picasso dans le Désir attrapé par la queue pourrait être formulée de cette manière : que faire avec le désir (érotique et philosophique) dans une époque où règnent l'absurde et la stupeur ? Il s'agit bien évidemment d'une variation picassienne sur le thème du Banquet de Platon. Tout comme dans l'oeuvre de Platon, dans le Désir attrapé par la queue, la triade désir – connaissance – sexe s'articule autour d'un banquet. Mais dans le cas de Picasso, il s'agit d'un banquet de la faim et du froid, qui s'inscrit dans une fuite de la réalité, contrairement à l'essentiel de sa production plastique. Ainsi, à une époque de restrictions sévères, les iconographies culinaires du Désir sont riches et succulentes. Malgré tous les aspects sordides du quotidien (ce n'est pas un hasard si le lieu de l'action principale de la pièce est un sordid hotel ), les scènes cocasses du Désir sont imprégnées de candeur et me rappellent Charlot rêvant de délicatesses pendant qu'il mâche sa chaussure dans La Ruée vers l'or (1925) ou, dans le même film, la danse des petits pains.

Comme pour certains, la télé en marche c’est un convive supplémentaire à table, pour moi désormais, grâce à cette lecture phénoménale, c’est Picasso qui est l’invité constant de ma cuisine où nous goûtons tout pendant la cuisson !
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Les métamorphoses

Beaucoup de violence mais aussi beaucoup de magie. Ovide nous offre une multitude d'explications sur la Nature et le monde avec ce qu'il sait le mieux manier : la poésie. Les versions poches n'offrent qu'une version en prose qui oblige les traducteurs à mettre de côté certains aspect de la poésie et qui modifie quelque peu le propos. La version en vers libres du Thesaurus d'Actes Sud est beaucoup plus fluide et compréhensible.

Cela n'enlève rien à la richesse du texte tant sur le plan mythologique, que sociologique ou que physique et métaphysique.
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Le désir attrapé par la queue

Petite pépite trouvée ce matin à la brocante de Villeneuve-lès-Avignon , cet opuscule de 70 pages pour quelques cinq euros (et oui Denis, moi aussi je trouve de petits trésors!)

Un drame, une pochade , une farce, tout à la fois tragique, burlesque, allégorique , (très) absurde qu’il faut savoir , pouvoir, décrypter, * en six actes, écrit en très peu de temps, 15-17 janvier 1941 , alors que la France- est occupée .

On y découvre aussi la palette du peintre : les nuages roses, la glace couleur pomme du ciel, la couleur chocolat qui rôde dans le noir du café, le bal blanc, des gencives mauves, …)

Mais pour moi, l’intérêt de ce livre, c’est de retrouver, d’abord , et encore Camus   qui en fit la mise en scène et qui, lors de la représentation privée le 19 mars 1944, rencontra Maria Casarès.

(Je présenterai cet opuscule lors de ma prochaine conférence «  Parce que c’était Elle, parce que c’était Lui ».)

* Au travers des mots, et des jeux de mots, les maux de de la guerre : les restrictions , la faim le froid…





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Les métamorphoses

Metamorphosis


Traduction : Georges Lafaye





"Les Métamorphoses" est évidemment écrit en vers latins et les quinze livres qu'il recèle constituent en fait un long poème dont certains d'entre nous ont évidemment étudié des passages au collège et au lycée.


La traduction le transforme en prose mais attention, pas n'importe quelle prose ! Bien sûr, il y a toujours matière à discuter sur les traductions - surtout latines, ajouterai-je. Mais celle de Georges Lafaye pour Folio Classique me convient quant à moi tout à fait.


L'argument du livre-poème tient dans son titre : les métamorphoses que, pour les punir ou les sauver, les déesses et dieux de l'Olympe font subir à certains mortels. Derrière, se profilent la création du monde et les siècles qu'il a traversés jusqu'à Octave-Auguste, fils adoptif de César dont il vengea d'ailleurs la mort. C'est aussi une ode aux grands mythes grecs et, par la filiation avec Enée, à la fondation de Rome.


"Oh ! Que ce doit être barbant à lire !" diront certains, pas encore dégagés sans doute de leur passé scolaire plus ou moins douloureux.


Eh ! bien ! non, "Les Métamorphoses", c'est un ouvrage si passionnant que, du coup, le lecteur se voit tenté de se replonger dans la geste homérique et de renouer avec ce pan si vaste de la culture occidentale que trop de personnes veulent, de nos jours, oublier et ramener dans l'ombre.


En outre, il y a des passages proprement superbes comme - un parmi d'autres - le discours qu'Orphée adresse aux dieux des Enfers afin de les convaincre de lui rendre Eurydice :


" [...] ... O divinités de ce monde souterrain où retombent toutes les créatures mortelles de notre espèce, s'il est possible, si vous permettez que, laissant là les détours d'un langage artificieux, je dise la vérité, je ne suis pas descendu en ces lieux pour voir le ténébreux Tartare, ni pour enchaîner, par ses trois gorges hérissées de serpents, le monstre qu'enfanta Méduse ; je suis venu chercher ici mon épouse ; une vipère, qu'elle avait foulée du pied, lui a injecté son venin et l'a fait périr à la fleur de l'âge. J'ai voulu pouvoir supporter mon malheur et je l'ai tenté, je ne le nierai pas ; l'Amour a triomphé. C'est un dieu bien connu dans les régions supérieures ; l'est-il de même ici ? Je ne sais ; pourtant je suppose qu'ici aussi, il a sa place et, si l'antique enlèvement dont on parle n'est pas une fable, vous aussi (Hadès et Perséphone), vous avez été unis par l'Amour. Par ces lieux pleins d'épouvante, par cet immense Chaos, par ce vaste et silencieux royaume, je vous en conjure, défaites la trame, trop tôt terminée du Destin d'Eurydice. Il n'est rien qui ne vous soit dû ; après une courte halte, un peu plus tôt, un peu plus tard, nous nous hâtons vers le même séjour. C'est ici que nous tendons tous ; ici est notre dernière demeure ; c'est vous qui régnez le plus longtemps sur le genre humain. Elle aussi quand, mûre pour la tombe, elle aura accompli une existence d'une juste mesure, elle sera soumise à vos lois ; je ne demande pas un don, mais un usufruit. Si les destins me refusent cette faveur pour mon épouse, je suis résolu à ne point revenir sur mes pas ; réjouissez-vous de nous voir succomber tous les deux. ... [...]"


Voici deux sites sur Ovide et son oeuvre :


http://www.ac-creteil.fr/lettres/tice/ovide/


et :


http://www.ac-strasbourg.fr/pedago/lettres/Victor%20Hugo/Notes/Ovide.htm


Comme le mentionne sa biographie, le poète fut exilé par celui-là même qu'il avait célébré : Auguste, qui n'était pourtant pas irréprochable question moeurs, s'offusqua de "L'Art d'Aimer." Mais en dépit de tout, Ovide et ses vers ont survécu dans le coeur des hommes. Le poète romain l'avait-il pressenti quand il écrivait, pour le final de ses "Métamorphoses" :


"Et maintenant, j'ai achevé un ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni la flamme, ni le fer, ni le temps vorace. Que le jour fatal qui n'a de droits que sur mon corps mette, quand il voudra, un terme au cours incertain de ma vie : la plus noble partie de moi-même s'élancera, immortelle, au dessus de la haute région des astres et mon nom sera impérissable. Aussi loin que la puissance romaine s'étend sur la terre domptée, les peuples me liront et, désormais fameux, pendant toute la durée des siècles, s'il y a quelque vérité dans les pressentiments des poètes, je vivrai." ;o)
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Le désir attrapé par la queue

Dans «LE DESIR ATTRAPE PAR LA QUEUE», pièce de théâtre écrite en 1941, issue d'un véritable acte de "résistance créative", Picasso opte pour l'écriture automatique et, visiblement, ne semble pas trop se soucier des conventions purement théâtrales. Les débordements de son imaginaire, qui se laisse aller à ses seules et uniques règles, expliquent peut-être en grande partie les très rares tentatives de montage de ce texte profondément irrévérent.

Il faut l'imaginer, Picasso, en ces temps de privations de toutes sortes, vivant dans son atelier froid qu'il n'arrivait pas à chauffer en ce mois de janvier 1941, dans ce Paris sous l'Occupation qu'il n'avait pas voulu déserter, pour comprendre pleinement pourquoi les personnages du «Désir» passent leur temps à vouloir se mettre au chaud et à bien bouffer! Faim, froid, quête d'amour, où même le Silence et les Angoisses (deux soeurs inséparables : l'Angoisse Maigre et l'Angoisse Grasse) accèderont au rang de personnages à part entière.

Le désir doit être attrapé par la queue, rattrapé par tous les moyens possibles dans ces absences inquiétantes où il risque de disparaître d'une fois pour toutes. Picasso prétendait qu'il écrivait à des moments où il ne pouvait «ni peindre ni dessiner». L'écriture restera pourtant marquée ici par le sceau de son art pictural. Ses personnages, après tout, ne pourraient-ils représenter des formes graphiques (le Bout Rond) ou des morceaux de corps (le Gros Pied) ? Picasso se serait-il représenté lui-même en Gros Pied, l'artiste? Nous connaissons tous la fréquence et l'ampleur de cet élément anatomique dans ses tableaux : les grands pieds y sont, en effet, un motif très récurrent.

Le «Désir» comporte encore bien d'autres allusions à la peinture, y compris un « Déjeuner sur l'herbe » littéralement mis en boîte, dans des cercueils où les personnages seront enfermés et cloués! Ce sont encore des tableaux que Picasso aurait pu évoquer lorsque, par exemple, les personnages féminins coupent les cheveux de Gros Pied endormi (Samson et Dalila) ou quand les Rideaux, vivants, s'agitent par une nuit d'orage au milieu de feux follets et de la pluie qui tombe.

L'on trouve également, parmi les personnages, des légumes (l'Oignon) et un dessert (la Tarte), ingrédients par ailleurs d'un bon repas! Il y a dans la pièce un caractère franchement «culinaire », comme l'avait remarqué à juste titre Raymond Queneau à la lecture du texte. Les Angoisses, bien qu'icônes d'une certaine féminité à coloration ouvertement masochiste, sont également du «gras» et du «maigre», personnages-ingrédients indispensables à la soupe préparée au deuxième acte, dans la grande baignoire-casserole où tous trempent et d'où elles émergeront en compagnie de l'Oignon, du Bout Rond et…pourquoi pas, d'un Gros Pied de cochon!!

La femme désirée (la Tarte) est, quant à elle, le dessert qui se dérobe à l'homme, ou qu'il dévore. L'amour ici devient urgence et dévoration, les rêves s'avèrent impossibles ou finissent en massacre. Si, au début de la pièce, il s'agit de bien bouffer dans une belle villa, à la fin tous se retrouvent dans la chambre-égout des Angoisses. L'idéal qu'ils partageaient se transformera en une série d'accusations réciproques et stériles, alors que, dehors, les bombes et la destruction les guetteront.

Plutôt que raconter une histoire chronologiquement structurée ,« le Désir attrapé par la queue » se présente comme une succession de saynètes et tableaux. «Farce tragique ou tragédie bouffonne», selon l'auteur lui-même, passant sans transition du sublime au grotesque, la pièce est à classer parmi les grands textes du théâtre de l'absurde. Corpusculaire et morcelée, à l'image même du désir et de sa nature foncièrement insaisissable, son texte est construit à partir d'un mélange original de langages artistiques et sensoriels, à la fois poétique et pictural, olfactif et gustatif.

La première «présentation» officielle du «Désir» en fut la lecture qui eut lieu chez les Leiris en 1944, entourés entre autres de Sartre, Beauvoir, Camus, Lacan..! Depuis, une petite poignée de montages d'avant-garde auront essayé de restituer sur scène, tant bien que mal (souvent par le biais de lectures-montages ou de lectures-performances) un texte ayant acquis la fâcheuse réputation de ne pas avoir été conçu pour faire l'objet d'une vraie mise-en-scène théâtrale. Dommage ! L'évolution de la mise en scène contemporaine, avec le développement de la notion de « spectacle vivant total», tendant à briser les barrières entre les langages artistiques et scéniques (le cirque-théâtre, le théâtre-danse, l'installation vidéo…) et associant en même temps de nouvelles technologies (éclairage, son, hologrammes…), justifieraient pleinement une remise en cause du caractère « imontable » dont ce texte semble, hélas, encore de nos jours, pâtir injustement.

Jouissif et transgressif, le « Désir.. » reste, sous son aspect apparemment délirant, expérimental et foutraque, un pièce dotée d'un langage poétique et visuel extrêmement puissant, n'ayant pas trouvé, à ce jour, une réalisation, me semble-t-il, qui lui ai véritablement rendu honneur. Potentiellement riche de sens à explorer sur scène, certaines de ses évocations restent d'une incontestable actualité. Telle, par exemple, cette dernière scène, où tous les personnages ayant échoué enfin dans la chambre-égout des Angoisses, et alors que le danger approche, ne peuvent rien faire d'autre que se bander les yeux et s'accuser mutuellement…Mais l'étrange boule qui descend sur eux pour sceller leur sort, portera tout simplement l'inscription : PERSONNE.

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Les métamorphoses

Les Métamorphoses est un poème en 15 chants, qui part de la création du monde pour finir à l'époque d'Auguste, en s'appuyant sur 250 métamorphoses environ et en retraçant les grands mythes fondateurs, comme le déluge qui est un thème commun à plusieurs cultures.



Ici, Deucalion et Pyrrha sont les deux seuls survivants, choisis par Zeus pour remplacer la race humaine de bronze, jugée trop impie...



La mythologie explique également certains autres événements naturels, comme le désert de Libye ou la couleur de peau des Éthiopiens.



J'ai souri en lisant certains vers, qui ont certainement inspiré Lavoisier (sa maxime est la seule chose que j'ai retenue de mes cours de chimie au collège !!^^) :





”Tout change, rien ne meurt."

(page 309)



Bref, ce qui marque surtout dans cette œuvre, c'est l'omniprésence du désir amoureux, qu'il soit partagé ou pas...

Philémon et Baucis (Chant VIII) représentent l'amour conjugal (mais également l'hospitalité et la piété), Pyrame et Thisbé (chant IV) l'amour malheureux (d'ailleurs, leur mythe a sûrement inspiré Shakespeare pour Roméo et Juliette).

L'inceste est également abordé et symbolise l'amour anormal avec les mythes de Myrrha (Chant X), Nyctimène (Chant II), Byblis et Caunus (Chant IX).

Enfin, les amours impossibles rendent les filles, qui veulent rester vierges, victimes du désir impérieux des garçons (Daphné et Apollon, Chant I) ou sont condamnées d'avance par la vanité (Narcisse et Echo, Chant III)



Les métamorphoses interviennent soit par punition (Lycaon est puni pour sa cruauté, Chant I) soit par récompense ou pitié (Philémon et Baucis pour leur hospitalité, Chant VIII).



Elles sont parfois la conséquence du désir de vengeance (l'Amour inspire ce sentiment à Apollon pour Daphné dans le but de se venger des moqueries de ce dieu à son égard : "Soudain Apollon aime ; soudain Daphné fuit l'amour" page 15 ; pour se venger de la trahison d'Apollon - encore lui ! - Vénus le fait tomber éperdument amoureux de la mortelle Leucothoe) ou la conséquence de remords (Athéna changeant Arachné en araignée pour se faire pardonner, Chant VI).

Ou le moyen pour Jupiter d'échapper à la vigilance de Junon pour commettre plus commodément ses adultères !

C'est aussi parfois le seul moyen pour des mortelles ou des nymphes d'échapper aux désirs libidineux des dieux (métamorphose de Syrinx poursuivie par Pan, Chant I).



Entre les dieux et les hommes, il n'y en pas un pour rattraper l'autre : vengeance sanglante et implacable, violence, fureur, infanticide, inceste, parricide, viols, mutilation, cannibalisme... franchement, la colonne des faits divers était bien alimentée à l'époque !



La mécanique des transformations est parfois un peu répétitive : il arrive que l'on assiste aux mêmes selon un schéma identique, et les digressions nous sortent parfois de notre lecture avant que l'on n'en revienne au sujet initial, mais les passages intéressants relèvent l'intérêt du lecteur (par exemple, j'ai adoré la légende de Midas ainsi que l'histoire très touchante de Cénis, Chant VIII)



De plus, j'ai mesquinement apprécié le fait qu'Ulysse soit montré sous un jour peu favorable !





Par contre, j'ai beaucoup moins aimé le dernier chant où Ovide passe un petit coup de brosse à reluire à Auguste (bon, OK, Ovide est alors en exil et aimerait sans doute rentrer dans les grâces de son prince) :



”César, né dans Rome, est dieu dans sa patrie. Sans égal dans la guerre comme dans la paix, ce n'est pas plus à ses travaux guerriers achevés dans la victoire, au sage gouvernement de l'état, au cours rapide de ses conquêtes, qu'aux vertus de son fils, qu'il doit d'avoir été changé en comète, et de briller parmi les astres : car, dans tout ce que César a fait, sa gloire la plus éclatante est d'être père d'Auguste.

(page 324)



Mais ça fait quand même un peu too much, non ?



Pour conclure, j'ai beaucoup aimé retrouver certains mythes connus et en découvrir d'autres. Mais je dois avouer, que parfois, je me suis un peu ennuyée, j'ai en effet trouvé certaines légendes redondantes, mais il faut dire que j'ai lu ce livre en à peine deux jours. Par contre j'ai été un peu gênée par l'alternance de l'emploi de noms grecs ou romains pour désigner les mêmes dieux, et je ne sais pas si ce défaut existe déjà dans le texte original.


Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Le cornet à dés

Publié en 1917, composé de nombreux poèmes écrits pour la plupart entre 1903 et 1910, Le Cornet à dés est le recueil qui a rendu célèbre Max Jacob.



Écrit à une époque où le dadaïsme et le surréalisme régnaient sur le milieu littéraire, Max Jacob s’est toujours tenu à l’écart des deux mouvements.

L’écriture automatique, le hasard des mots, l’élan subversif ne l’attiraient que très peu. Son écriture, son style n’en paraissent pas moins assez indéfinissables, d’autant plus qu’il introduit un genre nouveau, celui du poème en prose.



Dans la banalité apparente de récits courts, le poète fait alterner des pensées profondes, des traits d’esprit mais aussi la trivialité et l’étrange. Pour autant, le sens ne semble pas se dérober à la compréhension. C’est cela qui rend sa poésie particulièrement attachante.



« Dans les maisons, les taches des plafonds sont des

symboles de vie des habitants : voici deux ours qui

lisent un journal près du feu. »



Il y a chez Jacob, le souci constant de mettre en évidence la matérialité du langage, de le dépouiller de tout lyrisme. Une mise à distance assumée pour que le texte ne soit pas confiné dans l’émotion seule.

Max Jacob a longtemps défini son recueil comme étant tout aussi aléatoire que le résultat d’un jet de dés. Pourtant, on sent que tout dans son écriture est savamment organisé, maîtrisé. Le poète n’estimait pas beaucoup l’idée d’être touché par l’inspiration. Il lui préférait la rigueur du travail.



« C’était aux environs de Lorient, il faisait un soleil

brillant et nous nous promenions, regardant par ces

jours de septembre la mer monter, monter et couvrir

les bois, les paysages, les falaises. Bientôt il ne resta

plus à lutter contre la mer bleue que des méandres

de sentiers sous les arbres et les familles se rappro-

chaient. Il y avait parmi nous un enfant habillé en

costume de marin. Il était triste ; il me prit la main :

« Monsieur, me dit-il, j’ai été à Naples ; savez-vous

qu’à Naples, il y a beaucoup de petites rues ; dans

les rues on peut rester tout seul sans que personne

vous voie : ce n’est pas qu’il y ait beaucoup de monde

à Naples mais il y a tant de petites rues qu’il n’y a

jamais qu’une rue par personne. - Quel mensonge

vous fait encore ce petit, me dit le père, il n’est pas

allé à Naples. - Monsieur, votre fils est un poète. -

C’est bien, mais si c’est un littérateur je lui tordrai

le cou ! » Les méandres des sentiers laissés à sec par

la mer lui avaient fait songer à des rues de Naples. »



Ce que j’ai aimé dans la lecture de Max Jacob, c’est la capacité, la simplicité de l’auteur à rendre compte du pouvoir de l’inconscient et du rêve, sans jamais lâcher le fil ténu de son propos, à lui donner une nature insoupçonnée.

Chez Jacob, la poésie se fait anecdote, allusion, fantaisie, souvenir,… pour dire le mystère de l’existence. Récits insolites où l’étrange devient familier et inversement, où nous saisit l’étonnement de découvrir encore toute la puissance inaltérable de l’imaginaire et du langage.



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Les métamorphoses

Petit retour aux classiques avec ce magnifique livre : Les Métamorphoses d’Ovide. Souvent découvert dans le cadre du lycée, Les Métamorphoses sont un vrai chef-d’œuvre !



Il s’agit d’une œuvre ambitieuse nous relatant l’histoire du monde, de sa création jusqu’à Jules César. Divisées en 15 livres, Les Métamorphoses nous font découvrir plusieurs figures marquantes de la mythologie gréco-romaine. Difficile d’en faire un résumé tant les histoires sont diverses et variées. Il vous faut seulement savoir qu’ici vous retrouverez tous les plus grands mythes de la Grèce et de la Rome antiques.

C’est donc l’occasion de venir découvrir (ou redécouvrir) ces récits qui ont marqué l’histoire des arts et de la littérature. Ainsi, Narcisse, Io, Adonis, Dédale ou encore Énée sont des figures bien connues. Mais d’autres personnages mythologiques, moins bien connus, font aussi leur apparition ici et c’est un vrai plaisir que de se plonger dans ces récits mythiques !



Comme le titre l’indique, l’auteur se concentre sur les métamorphoses, des dieux comme des mortels. Ces derniers apparaissent surtout comme les victimes malheureuses des jeux des immortels qui aiment influencer leur destin et n’hésitent pas pour cela à revêtir toutes sortes de formes. Zeus, pour ne citer que lui, y recourt sans modération, pour parvenir à ses fins et échapper aux foudres de son épouse plus que jalouse. Les mortels apparaissent par conséquent, la plupart du temps, comme les jouets de ces êtres aux pouvoirs immenses. Néanmoins tous ont un destin exceptionnel mais à l’issue bien souvent fatale.

Vengeance, amour, trahisons, toutes ces facettes sont exploitées pour nous donner une œuvre extrêmement riche tant sur la forme que sur le fond. Bien que chaque histoire puisse être lue indépendamment des autres, il n’en existe pas moins une certaine continuité, à la fois chronologique et géographique. Tous les livres ne se valent pas, certains sont plus courts que d’autres ou plus intéressants. Personnellement, le livre XV est celui que j’ai le moins aimé, surtout par rapport aux personnages abordés.



Pour conclure, les ouvrages datant de l’Antiquité sont nombreux et tous ne sont pas accessibles. Mais Les Métamorphoses sont une exception et représentent un incontournable de la littérature tant son influence a été grande sur notre histoire. Que ce soit dans le cadre d’une étude ou bien seulement pour le plaisir, il ne faut pas se priver de cette lecture !
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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Le chant des morts

Un recueil unique, insolite.

Il est déjà difficile de parler de poésie, mais alors cet objet-là, il faut l'avoir eu en mains, parcouru, contemplé, médité.

Par où commencer?

Le texte d'abord. L'écriture en a été achevée le 5 janvier 1945. Tout n'était pas encore connu de l'enfer dont on sortait.

Ce sont des chants funèbres, de mémoire, de deuil, de ténèbres, de souvenir, d'hommage, de tristesse, mais aussi de vie, de résistance, de rayons de clarté qui aident à tenir, à ne pas désespérer.

Pour ces textes, Reverdy est revenu à l'écriture manuscrite comme à quelque chose de primordial, d'intime.

Et enfin, il a proposé à son vieux compagnon Pablo Picasso d'y mettre sa main.

Et voilà cette écriture ornée de traits, de points, de courbes, de ronds, dans une constante couleur rouge, comme une scansion supplémentaire, un enrichissement, une enluminure.

Le tout a paru à très peu d'exemplaires en 1949. Et finalement a été réédité en Poésie Gallimard en 2016, en respectant la disposition, mais pas les dimensions, de l'original.

Il vaut la peine de se plonger posément dans ce profond dialogue du mot et du trait.
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Le cornet à dés

"Un coup de dés jamais n'abolira le hasard" disait , sentencieux, Mallarmé..Malicieusement Max Jacob lui jette dans les dents son "Cornet à Dés" plein de surprises cocasses ou tragiques...



Ma préférence va à ces coups de dés féroces et joyeux qui sont la marque de son humour...mais selon notre humeur on peut aussi jeter pêle-mêle sur le tapis vert des combinaisons plus angoissantes ou plus déchirantes- l'humour étant la politesse du désespoir, comme chacun sait!
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Les métamorphoses

C’est en me rendant à une exposition sur le peintre Jean Raoux (1677-1734) au Musée Fabre de Montpellier que "Les Métamorphoses" d’Ovide se sont révélées comme œuvre de référence de notre culture occidentale, et peut-être même universelle si l’on juge que certains récits ont probablement pour source des contes mythologiques asiatiques et orientaux. Nombreux sont en effet les artistes qui ont illustré ces récits légendaires ayant pour thème commun, de près ou de loin (Ovide se donnant de nombreuses libertés) la métamorphose.

Qu’ils soient dieux ou demi-dieux, mais encore de simples hommes, les personnages sont sujets, volontairement ou involontairement, aux transmutations. Car les hommes sont souvent les jouets des caprices divins. Ils sont forcés à se transformer pour échapper aux sollicitations, aux avances forcées ou aux agressions des dieux. Les jeunes jouvencelles sont constamment poursuivies par des dieux lubriques, le plus fervent de tous étant leur maître suprême, Jupiter. La cruelle Junon passant alors son temps à punir les infidélités de son mari en s’acharnant sur celles qui partagèrent, malgré elles, sa couche, à l’image d’Europe métamorphosée en génisse.

Ovide suit à la fois un schéma chronologique, car il part de la genèse du monde et avance au gré de la généalogie des dieux, mais suit également un schéma géographique en suivant les pérégrinations des héros célèbres de l’antiquité méditerranéenne, que ce soit Jason, Hercule, Ulysse ou Enée.

Un immanquable de toute évidence!
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Le cornet à dés

Coup de tonnerre dans ma vie littéraire pourtant mouvementée. J'avais passé dans ma jeunesse plusieurs mois, que dis-je des années autour de l'avant-garde de l'avant-guerre 91914-18) et il; me semblait avoir fait le tour du mot AVANT, qu'Apollinaire, Cendrars, Picasso, Delaunay et autres Larbeau n'avaient plus de secrets pour moi. J'avais raté Max Jacob ! Comment avais-je pu passer outre, à côté, vivre sans ?



Lecture foudroyante donc. Ces poèmes en prose n'ont rien de ce que Rimbaud ou Reverdy auront pondu. Ils n'ont, non plus, le lyrisme rêveur de la génération suivante. Je dirais même que Jacob a le surréalisme direct, précis, concis, incontournable avant la lettre. Ses associations sont tellement puissantes qu'il est inutile de parler d'images, d'allégories, de métaphores. Elles sont présentes, vraies, prennent vie devant nous.



Le Cornet à dés est indispensable à tout qui veut connaître la signification du mot poésie.
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Les Minis du grand Art : Picasso

Allez, ce n'est pas pour les 90 millions de dollars qu'a été vendue cette toile de Picasso qui m'amène ici. Non, c'est à nouveau ce débat qui resurgit entre ceux qui pensent qu'il faut faire abstraction de l'homme dans la production de l'artiste et ceux qui pensent que non dont je suis. Il ne me viendrait pas à l'esprit de m'occuper de l'oeuvre artistique d'un salopard. L'enseignement de ça est qu'il faut juste que les gens sachent à qui ils ont à faire, ensuite ils font ce qu'ils veulent, ils ont à voir avec leur conscience ..

Débat qui resurgit à la faveur du Picasso maltraitant à l'égard des femmes cette fois. Tiens, comme c'est drôle : il échappait jusqu'à présent aux contrôes radar.. J'ai fait un papier sur lui pour exprimer cela en septembre 2021. Je mettais en exergue que ce sont Fédorovski et Saint-Bris qui l'ont dénoncé en 2010 dans les Egéries russes.



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Les métamorphoses

Les Métamorphoses d'Ovide souffre parfois d'une abominable réputation pour cause de trop de bachotage imposé par les programmes scolaires. J'ai la chance de ne pas faire partie de cette génération d'élèves martyrisés. J'ai découvert Ovide par la traduction de Marie Cosnay et je ne saurais que trop la recommander tant la poésie du texte traduit et les récits mythiques valent le détour. Le travail des éditions de l'Ogre est d'autant plus remarquable que l'objet-livre est très réussi avec sa couverture bleu marine rehaussée d'une police de titre et de motifs finement dorés. Quant au contenu, il nous accompagne plus ou moins consciemment depuis deux millénaires, cela va sans dire qu'il mérite d'être connu, lu, relu et étudié à foison.
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Les métamorphoses

Je m'en doutais... Ce n'était qu'un vague pressentiment jusque-là, mais la lecture d'Ovide consolide mon idée que les dieux sont gens fort peu recommandables ! J'espère, disant cela, ne pas attirer sur moi la foudre de Zeus ni la flèche vengeresse de Diane, puisqu'ils semblent être aussi très susceptibles. Oh et puis, je prends le risque, une critique est une critique, et il faut apprendre à écouter les reproches qu'on nous adresse, même quand on est un dieu !

Bon, en gros l'histoire des dieux est une succession de basses vengeances, de cruautés toutes plus horribles les unes que les autres, de harcèlements et de viols à gogo. Et que je te transforme en insecte si tu oses me contrarier, ou que je te change en pierre ! Et que je te découpe ton gamin, que je le bouillisse ou rôtisse pour ensuite te le faire bouffer ! Finalement, les dieux sont tellement... humains : ils sont vicieux, cruels, capricieux, bagarreurs, jaloux exactement comme eux.

Plus sérieusement (bien que ce qui précède soit déjà très sérieux, il est question quand même de divinité), le travail d'Ovide révèle surtout la faculté d'observation des Anciens. Son long poème est une tentative d'explication de l'origine du vivant, de la géographie, des phénomènes, de la nature et de l'aspect des choses.

Tout commence avec le Chaos. Au début, le divin occupe toute la place, c'est la lutte des dieux contre les dieux. Puis, petit à petit, on se dirige vers un univers de plus en plus humain : apparaissent des êtres hybrides (Hercule, mortel divinisé, Achille, demi-dieu), puis c'est la guerre de Troie, les errances d'Énée, César et Auguste, enfin. Outre son ambition purement poétique, Ovide offre à ces derniers d'appartenir au grand arbre généalogique des dieux, légitimant ainsi leur pouvoir.

Un des derniers "chapitres" expose la doctrine de Pythagore, selon laquelle notamment rien n'est immuable, la métamorphose est permanente et éternelle. L'homme et la femme naissent, vieillissent et meurent, la géographie se modifie perpétuellement, le cours des fleuves, tout continue de se métamorphoser, ainsi aussi des nations et des empires. L'âme change d'hôte au fur et à mesure que meurent les corps. Pour cette raison, dit-il, il est indigne de consommer de la viande, car les bêtes étant aussi de nouvelles demeures pour les âmes, on ne fait rien que tuer et manger nos parents. "Rien ne se perd, tout se transforme", c'est clairement formulé bien avant Lavoisier...

Une lecture agréable quoique un peu répétitive et fastidieuse, très dense. Il est un peu compliqué parfois de s'y retrouver parmi tous les personnages, leurs noms entremêlés, mais c'est d'une telle richesse ! À mon humble avis, on en tire davantage de satisfaction si on entame cette lecture en étant déjà connaisseur d'Homère ou de Virgile.



Commencé en prose, les deux premiers chants, chez GF-Flammarion, traduction Joseph Chamonard ; continué en vers chez Actes Sud, traduction Danièle Robert.
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Les métamorphoses

Bien que la forme adoptée par Ovide, le long poème divisé en chants, rappelle la poésie épique, l'auteur ne semble pas capable, ou désireux, de mener un long récit unique comme le feraient Virgile ou Homère. Il aligne et coud ensemble de petites histoires (epyllia est le nom grec de ce type de narration poétique) qui n'ont ensemble que des liens artificiels, mais qui se lisent séparément, comme on voudra, avec beaucoup de plaisir. La richesse d'images et de tons des Métamorphoses en a fait un livre fondamental pour les arts et la culture, jusqu'à nos jours, et une source de fascination pour tout amateur de baroque..
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Les métamorphoses

Mais quel chef d'oeuvre ! Moi qui ne suis pas trop mythologie, et après avoir déjà lu L'Iliade et L'Odyssée, je peux dire que ce livre-ci m'a transporté et émerveillé par son univers de métamorphoses où se croisent êtres humains et dieux.



Ovide, illustre auteur depuis le Ier siècle après J.C, est surtout reconnu pour son oeuvre magistrale, Les Métamorphoses, qui a fait de lui un véritable poète. Cette oeuvre classe de nombreuses légendes romaines, mais surtout étrangères et lointaines, qui ont toutes attrait à des changements de formes. Des hommes et dieux qui deviennent des animaux, des végétaux,etc... Ovide nous montre que le monde n'est pas figé, immuable, que les êtres sont en constante évolution.



Ovide se sert d'une chronologie légendaire débutant par le chaos des origines et de la création pour finir par la prise de pouvoir d'Auguste après la mort de Jules César. C'est une très longue période où se rencontrent bon nombres de personnages, qui certains m'étaient déjà connus. Il ne faut vraiment pas avoir peur de se mélanger les pinceaux, entre tous les dieux, nymphes, rois,etc... Mais beaucoup reviennent comme Jupiter (Zeus) ou sa femme Junon (Héra) qui persécute les Troyens dû aux infidélités de son mari.



Le poète nous narre les relations souvent amoureuses des différents personnages, adultères, incestes,etc... Les passions de l'homme poussées à l'extrême sont mis au devant de la scène, nous offrant des scènes de toutes beautés par de belles déclarations, ou des scènes atroces de guerre, de vengeance ou de torture (très peu présentes). Les hommes, comme les dieux et autres créatures, se laissent portés par leur émotions, leurs joies, leurs colères et n'hésitent pas à employer les grands moyens pour parvenir à assouvir leurs désirs.



Ce livre est un vrai trésor, rempli d'histoires fantastiques. Certaines ont davantage retenu mon attention que d'autres, mais je n'ai rien laissé de côté. Cette lecture était très intéressante et instructive sur le monde mythologique. L'écriture m'a entièrement emportée et je ne pouvais plus m'en détacher à certains moments.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Les métamorphoses

Mon édition des Métamorphoses d’Ovide ne présente que les livres X, XI et XII. Il commence avec l’histoire d’Orphée et Eurydice et se conclut sur la mort d’Achille. Et au milieu, un nombre incalculable de métamorphose en tout genre (humain et animal, Dieu en animal, Animal en minéral, humain en arbre…)



Férue de mythologie, c’est tout simplement que je me suis plongée dans ce livre que j’avais étudié pour le bac de littérature.



J’ai beaucoup apprécié les divers épisodes racontés par Ovide. Les mythes apportent une explication assez sympathique à certaines choses (ex Myrrha avec la myrrhe, Cyparissus transformé en cyprès arbre de deuil). Et pourtant, certains épisodes m’ont presque ennuyée (le combat des Lapithes et des Centaures, description d’une bagarre d’une rare violence dont le récit est bourré de noms qui s’entremêlent et qui rendent difficile la compréhension).



Malgré tout, Ovide a cette façon d’écrire qui fait qu’on comprend assez bien ce qu’il raconte pour peu qu’il y ait un bon nombre de notre de bas de page. En effet, Ovide ne cesse de faire référence à des personnages ou des mythes à tel point que sans explications, on a du mal à suivre. Mais, mis à part cela, son récit est limpide et s’écoule assez facilement.



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