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Citations de Pacôme Thiellement (220)


"On n'obtient jamais le pouvoir, c'est le pouvoir qui nous obtient. Plus un homme croit avoir du pouvoir, plus il appartient aux ténèbres. Plus un homme se croit puissant par rapport aux autres, plus il dépend d'une puissance supérieure dont il est l'esclave. On ne se libère jamais de la servitude en devenant le maitre d'autres hommes. On se libère de la servitude en libérant d'autres hommes."
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Nous n'avons plus le temps de nous divertir, et nous n'avons certainement jamais eu le temps de nous cultiver. Nous avons besoin de vivre. Une fiction qui ne se conclut pas par "ta vie" n'a strictement aucun sens. Une fiction qui n'a pas métamorphosé notre vie n'a aucune valeur. Pour nous, la vie ne continuera pas comme avant. Il s'est passé quelque chose de terrible, une Genèse, une Apocalypse, et pas de doute : c'était pour nous, cette fois.
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Jusqu'à nos quarante ans environ, les équilibres ou les déséquilibres de l'instruction et de l'amitié ne sont jamais évidents: il y a des crapules qui nous ont beaucoup aidés, et des anges qui nous ont laissé gésir comme des morts. Il y a des amis qui sont adorables et qui nous laissent crever comme des porcs, et d'autres, coincés ou bizarres, qui transforment notre coeur, nous font grandir et aimer davantage. C'est à la façon dont nous nous sentons ensuite que nous devrions évaluer la qualité d'une amitié. Face à l'amitié, on ne doit jamais nous reprocher ou se reprocher quoique ce soit. Les chantages sont incessants; les procès sont si pénibles, les obligations si peu nécessaires; l'insistance est si courante qu'on en oublierait presque que l'amitié est et doit être de l'ordre de la décision la plus intime et la moins contraignante possible. On ne devrait jamais demander son amitié à quelqu'un. On ne devrait rien attendre et n'accepter de recevoir que le nécessaire. Mais pour cela, il faut avoir écumer beaucoup de demi-amis, de presque amis et de faux amis.
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Ça ne sert à rien de regarder le passé en se demandant ce que nous avons perdu. Ce qu'il faut, c'est lutter au présent pour défendre ce qui nous semble juste. Et pour ça, il faut également lutter contre l'arme suprême des Ténèbres: la capacité à nous faire minimiser nos victoires et surestimer nos pertes. Les Ténèbres sont toujours plus fortes quand elles réussissent à nous convaincre qu'elles gagnent toujours et nous perdons sans cesse. Mais ce n'est pas une vraie perte, ce n'est pas une perte essentielle: nous n'avons jamais perdu devant les Ténèbres tant que nous sommes restés fidèles à nos principes.
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La conscience ne sert que de réceptacle aux ordres extérieurs au corps : elle les informe ensuite de ce qu’on attend de lui et tente de le convaincre de s’y soumettre. Elle est un agent de conservation liée aux nécessités impérieuses d’une conduite civilisée et tente de prévenir le corps dans sa démarche d’intensification (pouvant basculer, par la parfaite conformation aux décisions des voix, jusqu’à la schizophrénie ou l’action violente). Mais son défaut, nous le connaissons, c’est qu’elle entrave immanquablement l’action et nous paralyse dans notre détermination. La conscience devenue obstacle à la résolution du sujet, et entraînant finalement une catastrophe collective, est la base de la tragédie d’Hamlet – dont Carl Schmitt a pu dire qu’il était le mythe politique moderne par excellence –, prince du Danemark contacté par le Spectre mais qui hésite trop longtemps à se conformer aux demandes de celui-ci, et qui finit par assassiner accidentellement Polonius et peut être considéré comme responsable du suicide d’Ophélie : « Que ce soit bestial oubli, ou quelque lâche scrupule qui me fait penser trop en détail aux conséquences – pensée qui, mise en quatre, n’a qu’une part de sagesse et trois de couardise –, je ne sais pas pourquoi je passe ma vie à dire “cette chose est à faire” alors que j’ai motif, vouloir et moyens de la faire » (Shakespeare).
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Toute minute que nous accordons à Ruquier est une minute que nous retirons à Tolstoï.
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Ce serait beau si nos malheurs ne provenaient que de la malveillance des autres gens. Ce serait beau si nous n'avions à nous soucier que des actions mauvaises des ennemis extérieurs. En réalité, notre vie est, en permanence et avant tout, une guerre contre ce qui en nous est complice de ce qui nous nuit. Notre vie est une guerre contre cette âme infiltrée en nous qui ne cherche qu'à vampiriser notre puissance par le cynisme et vaporiser notre volonté par la dépression. Et si le bonheur est un art de la guerre, alors, comme tout authentique discipline artistique, cet art s'apprend.
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Si aimer ce qu'on aime est la première étape pour cesser d'être malheureux, vouloir ce qu'on veut est la deuxième, et celle-ci représente un saut qualitatif de grande ampleur. Ce n'est pas facile d'aimer ce qu'on aime ; c'est très difficile de vouloir ce qu'on veut.
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Toute une vie ne suffirait pas à apprendre à chérir le malheur. Non pas en tant que pénitence pour nos péchés mais en tant que matière indispensable à l'édification de notre bonheur. Et toute une vie ne suffirait pas à apprendre à reconnaître dans nos peines, le prologue de nos joies. C'est-à-dire à les aimer, parce que leur présence rend les joies qui suivent plus intenses. Le bonheur tient dans notre capacité à transformer l'enfer en paradis.
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Mais nous n'aimons pas tellement aimer ce que nous aimons. La preuve, c'est que nous n'y passons pas beaucoup de temps. Nous passons infiniment moins de temps à aimer ce que nous aimons qu'à ne pas aimer ce que nous n'aimons pas. Et ce temps nous indique que nous sommes loin d'aimer ce que nous aimons autant que nous n'aimons pas ce que nous n'aimons pas.
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Dans ce monde, tout est signe. Tout est labyrinthe, chute et ascension de l'âme. Tout est obscur - les chemins, les parcours, les scintillements des destins possibles -, il y a des lumières partout, déclinantes et ascendantes, et il faut être incroyablement intuitif pour suivre les bons signes, les bonnes lumières. Tout est fait pour que nous suivions les mauvaises. Tout est construit pour que nous tombions dans des pièges.
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ceux qui se prennent pour nos chefs sont en réalité nos employés et que, même s'ils nous parlent avec une arrogance déplacée, ils travaillent pour nous et non l'inverse.
Le pouvoir rend mauvais. Nous le savons depuis toujours. Le pouvoir rend triste. Nous le savons depuis que le monde est monde. Comme la prostitution, il laisse quelque chose dans l'âme. C'est pour ça que nous laissons le pouvoir aux seuls hommes susceptibles d'être séduits par son usage. Nous laissons à nos marionnettes le plus de pouvoir possible dans l'objectif qu'ils prennent pour eux et sur eux le plus de malédiction possible. Nous tenons à notre âme comme ils tiennent à leurs profits. Certes, nous ne penserions pas qu'ils seraient aussi mauvais. Certes, nous les préférerions un peu plus obéissants. Certes, nous sommes déçus par Pompidou, Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Macron. Mais nous ne devons pas oublier leur fonction première. Nous les avons placés là pour nous concentrer sur autre chose. Il est temps pour nous que cette autre chose prenne le dessus sur notre détresse de les voir gérer si mal la tâche que nous leur avons laissée. Notre destin n'est pas de nous battre contre des hommes politiques. Bien sûr qu'ils déconnent. Bien sûr que ce sont des idiots. Mais nous, nous ne sommes pas assez idiots pour ne pas voir que c'est précisément pour cela que nous leur avons laissé ce hochet - le pouvoir- et cette poussière : l'argent. Nous avons tellement à faire. Nous avons tellement à faire et nous avons si peu de temps pour le faire.
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Les seuls artistes populaires encore susceptibles d'épiphaniser le dieu bête et méchant ... sont bien entendu Trey Parker et Matt Stone, les auteurs de South Park, et ce, pour une bonne raison : il n'ont pas abandonné la mission "carnavalesque" de l'extrême drôle. South Park est le sommet du combat apocalyptique du rire carnavalesque (cyclique, rénovant) contre le rire appauvri (cynique, purement destructeur) des humoristes actuels. Il touche à une poésie inouïe par sa surenchère dans la cruauté, et par déduction gracieuse d'événements cruels.
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... Charlie Hebdo ne se sera vraiment engagé que sur une chose, mais avec une loyauté sans faille : la candidature de Coluche à la présidence, annoncée le 30 octobre 1980. Son abandon le 16 mars 1981, puis l'élection de Mitterand, sont la raison pour laquelle Charlie Hebdo devait mourir. La campagne de Coluche marque l'apogée de sa carrière, mais aussi l'instant qui cristallise le combat d'Hara-Kiri, le moment de bascule de la fonction humoristique et de la fonction guerrière, comparable à la prise en otage du général Mashita par Mishima en 1970. Son abandon marque l'acceptation d'une séparation qui rendra la première automatiquement caduque et éventuellement complice de l'ordre existant.
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Les relations entre architecture et pouvoir ne sont jamais aussi clairs, aussi transparents, que sur les plateaux de télévision. Et ceux de la découpe humanoïde de viande et de chaos qui apparaît à l'écran sous le nom de Michel Polac sont les plus pervers de tous.
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... la présence de l'homme, dont on prétend tirer de lui-même le miroir, le transforme en coquille vide. C'est en son nom que la télévision parle, mais en un nom où il est considéré comme un support creux dans lequel la parole doit résonner. Ce déséquilibre entraîne le spectateur à ne plus se sentir que comme un fantôme de l'information. En tant que spectateurs, nous sommes "ceux qui ne sont pas vus". C'est que l'âge d'or de la télévision était un accident. La télévision n'avait pas vocation à ouvrir sur la connaissance ; en tant qu'elle devait être une fenêtre sur la "spiritualité" de son époque, elle n'avait vocation qu'à être source d'empoisonnement. Et "Droit de réponse" était la première pièce jouée sur ce mauvais théâtre, la porte d'entrée de ce khalifat de malheur : notre époque.
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Le travail, l'amour exclusif du travail, est une des nombreuses choses qui rapprochent Choron de Louis-Ferdinand Céline (...), mais également de Franck Zappa et de la discipline quasi militaire qu'il impose à ses musiciens. Et une de celles qui les séparent tous trois viscéralement des anarchistes, comme on peut le voir lorsque le professeur tient tête à Pierre Carles et Martin dans le documentaire "Choron dernière" :
(...)
- Mais c'est pas naturel de travailler.
- Ta gueule, hé con, c'est pas naturel ! Tu crois que l'homme de Cro-Magnon il foutait rien ? Il fallait qu'il aille la chercher sa bouffe. Après il se reposait, il pansait ses blessures. (...) Mais tu me parles comme un âne ! Tu sais, les ânes, ils ont toujours plein de trucs, plein de machins chouettes, etc. Ils ont tout lu, J'ai lu Proust, la "Recherche du temps perdu", etc. etc. etc. Plus ils ont d'« et cætera », plus ils ont l'air érudit !
- Mais on vient te voir comme un sage ! Pour nous t'es un sage qu'on vient voir dans sa campagne pour nous raconter le monde et la vie.
- Eh ben, le sage, il te dit qu'il faut flinguer tous les gens qui travaillent pas, ça c'est le comble de la sagesse !
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La haine de la sentimentalité, la haine des larmes amères et de la pitié, sera une constante d'Hara-Kiri. Sous l'influence du cinéma hollywoodien et de la chanson d'amour, prenant son point d'appui sur la disparition presque totale, après guerre, du mariage arrangé, et par la diminution de l'influence des religions d'État, impliquant alors un surinvestissement affectif dans le domaine de l'accomplissement sentimental, l'amour devient le coeur de la manipulation des affects individuels par les puissances d'argent et de mort. Les filles sont « éduquées » par les récits d'«apprentissage » du cinéma et de la chanson pour chercher leur épanouissement personnel dans l'amour, comme les garçons dans la réussite sociale, et ils et elles enchaînent des déconvenues qui ont pour conséquence la nécessité de combler cette attente à travers des produits qui officient comme autant d'objets de substitution.
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Comme la pataphysique, comme la continuité conceptuelle, l'humour bête et méchant est une ascèse. Et "Hara-Kiri" n'était ni un magazine, ni une avant-garde, c'était une Voie.
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L'humour est le lieu où s'exprime le plus clairement la nature guerrière, soit héroïque, soit lâche, de l'être humain. On excuse toutes les formes mélodramatiques de sentimentalité ; mais la faute de goût humoristique ne pardonne pas. Dans l'humour se lit "ce que vaut un homme". Et si l'humour d'un homme ne vous fait pas rire, alors n'insistez pas : il ne vaudra jamais rien à vos yeux.
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