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Citations de Paolo Rumiz (324)


Le plus grand éléphant. Le dernier à mourir, selon les historiens. L'unique sujet de race asiatique, au milieu d'une horde de pachydermes africains de plus petite taille. C'est le légendaire " Surus " - " le syrien " - qui porta Hannibal en toute sécurité pendant sa maladie ; Pline a dit de lui qu'il était " le plus valeureux de toutes les guerres puniques. " Peut-être mourut-il, lui aussi, dans le bourbier, avant la bataille du lac Trasimène. Une fin assurément moins lamentable que celle qui guette aujourd'hui le roi des grands mammifères terrestres. Il mourut guerrier, mastodonte, léviathan de la terre ferme, aussi invincible que Moby Dick. De nos jours, il aurait la honte de faire rire dans les cirques, enchainé et déprimé comme un Golem. Je pense aux millions de chevaux, mules et ânes anonymes, morts au cours de millénaires de guerres.
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Paolo Rumiz
Un grand voyage, c'est laisser son smartphone à la maison, suivre n'importe quelle direction en coupant le territoire, se déplacer avec une carte et laisser place à l'aventure, car un homme qui ne prend pas de risque, c'est un homme qui n'a pas vécu.
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" Si nous croyons, nous comprendrons "
Tout là-haut, une avalanche s'est déclenchée, l'écho de son tonnerre se multiplie, se disperse, puis le silence revient sur les Alpes. C'est le mois de mai 2007 et nous sommes absolument seuls. Parmi les pics enneigés des Cozie, ou Alpes cottiennes, rien d'autre que des pierres, du vent, des marmottes et des nuages.
" Reste à savoir si Hannibal est vraiment passé par là ? ", grommelle Paolo Henry, en allumant sa pipe à l'abris du vent.
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Maintenant, voilà le voyage "in medias res", le passé devient le présent et mes déplacements sont pleinement synchronisés avec eux du Carthaginois (Hannibal). Nous sommes en 218, les dés sont jetés, notre homme est en marche vers l'Italie avec quatre-vingt-dix-mille soldats, douze mille chevaux et des dizaines d'éléphants. Je m'efforce d'imaginer cette masse en mouvement, les nuages de poussière qu'elle soulève, l'odeur qu'elle laisse, le bruit qu'elle fait. Les bagages, les souliers, les vêtements, le fourrage. Je calcule qu'entre le départ du camp des premiers et celui des derniers, cinq heures au moins ont dû s'écouler. Un effort logistique exceptionnel. Quatre-vingt-dix mille hommes, douze mille chevaux et quarante éléphants à nourrir, à faire camper, à protéger. Sans hélicoptères, ni routes, ni chemin de fer.
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C'est lors des attentes que l'on rencontre le monde.
(...) A Cuba, je me rappelle avoir pris en auto-stop une maman et deux petits enfants qui attendaient depuis six heures, abrités du soleil sous un pont. Quand je lui ai dit que sa patience m'émerveillait, elle m'a répondu : "Si je n'avais pas attendu, je ne t'aurais pas rencontré." p 73
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Nous songeons, pleins de honte, à nos propres jarrets, pâles et sédentaires. Les superlatifs ne suffisent pas pour ces marches d'il y a deux mille ans : la grande course de Claudius Néron, ou celle de Jules César qui déplaça ses hommes de la Toscane à l'Andalousie en vingt-huit jours à peine. Les Suisses d'aujourd'hui, qui ont pourtant une armée de quasi-professionnels, mis à l'épreuve par un service militaire qui n'en finit jamais, ont essayé de voyager de la même manière, avec la technique brevetée " quam maximis itineribus", mais le peloton engagé dans l'aventure a fini à l'infirmerie.
Et que dire de leur capacité de construire des ponts et des routes en un rien de temps, sous le nez de l'ennemi ? Brizzi : " L'armée anglaise s'est efforcée de refaire le pont de César sur le Rhin avec les moyens d'alors, mais elle en est sortie en morceaux, en déclarant que c'était impossible."
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L’île est un capteur dans l’univers qui l’entoure. Je veux dire par là qu’on n’a pas besoin de savoir, parce qu’on perçoit. De là-haut, par exemple, je les vois, les officiers des navires qui repèrent ma lumière. Je touche les radars qui signalent ma présence aux navigateurs. J’entends les cris des hirondelles qui mettent le cap sur ce rocher pour y passer la nuit pendant leur migration. Je parviens à capter parfaitement Radio Malte, qui diffuse le bulletin des déplacements de bateaux transportant des désespérés d’Afrique du Nord. Avoir la vision d’ensemble : voilà ce que signifie pour moi la perception pélagique du monde. A Berlin, on ne peut pas le comprendre, ni même à Rome ou à Paris, parce que la culture est une culture de terre ferme. On n’y a pas de visionnaires, on n’y a que des analystes dans leurs fichus bureaux d’étude. p 89
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Oui, la vie est une gourmandise qu'il faut mastiquer doucement, sous le soleil et sous les étoiles.
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Les gardiens de phare sont des hommes durs, rivés à leur récif. Monarques absolus de leur territoire et pourtant, en même temps, reclus à l'intérieur de ses limites.
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Paolo Rumiz
Je raconte toujours que ma grand-mère, qui n’a jamais quitté Trieste, a vécu sous six drapeaux différents : la monarchie habsbourgeoise, le royaume d’Italie, l’Allemagne, la Yougoslavie, le gouvernement militaire allié et la République italienne. Mais quand je dis “fils de la frontière”, c’est au sens propre. La ligne séparant l’Italie et la Yougoslavie a été plantée ici, avec des pitons, dans la nuit du 20 décembre 1947, au moment même où j’étais en train de naître.
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Ce n'était pas n'importe quelle île. C'était un récif inhabité et lointain.
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Ce n'est pas sans raison que le mot "âme" vient du grec anemos, le vent. Et même dans mon phare, le vent joue avec les âmes.
(...) Ce n'est pas de la peur, plutôt la crainte de rompre un sortilège. Je m'aperçois que le phare pleure, littéralement. Il est envahi par une plainte qui vient de partout et de nulle part, il gémit dans ses articulations les plus secrètes, il émet un son de baryton, prolongé et troublé par une infinité de grincements, semblables aux couinements d'une souris ou aux interférences d'une radio. La tour solitaire, au sommet de la montagne, sert à répercuter des sons d'outre-tombe, c'est une antenne synchronisée sur des fréquences que les vivants n'entendent pas. p 118 119
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Quand je vais en ville, dit Vitaly dans un sourire, les gens me font tellement horreur qu'il m'est facile de me sentir solidaire d'un renne. Ou disons plutôt de me sentir renne, ni plus ni moins.
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Un livre c’est comme un père: il vous sèvre, il vous rend fort, il fait croître en vous la curiosité du monde, mais c’est aussi un piège qui vous pousse à vous contenter des merveilles qu’il contient. Pour partir, il faut parfois renier son père, parce qu’on ne peut affronter le monde quand il pèse de tout son poid sur vos épaules.
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Paolo Rumiz
Ce n'est pas sans raison que le mot " âme " vient du grec" anemos" , le vent.
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Le voyage immobile est le plus difficile de tous, parce qu'on n'a pas d'échappatoire, on est seul avec soi-même, en proie aux visions, et il est donc facile, pour ne pas dire naturel, de se laisser aller.
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Quelquefois, je me dis que celui qui a franchi de nombreuses frontières est aussi plus prêt à mourir. Il craint moins l'inconnu qu'un sédentaire.
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Par cette soirée où il fait un temps de chien, à l'intérieur de cette lanterne à la merci des brisants, je sens mon univers à la dérive comme je ne l'ai encore jamais senti.
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Il m'arrive de penser que la démocratie est au-dessus des forces de l'humanité.
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En quelques minutes on passe de la Cornouaille à la mer Egée, et le levante se manifeste dans toute sa splendeur. C'est un "vent chargé de lumière et de reflets, qui anime la mer de vagues fréquentes et riches d'écume, qui gorge nos rochers de couleurs, qui porte des semences de myrte et de romarin, qui mûrit les figues de Barbarie et les raisins, qui ensanglante de coquelicots les champs de blé, qui cuit le front et la nuque des pêcheurs, qui féconde la mer de nouveaux poissons...il souffle toujours sur nous même si les millénaires ont passé, même si la Grèce n'est plus que ruines. Nous continuerons de puiser dans le levante la chaleur et la vie." Lire le livre d'Antonio (Mallardi) dans ce phare, sur cet îlot et avec ce vent, c'est assurément tout à fait différent. p 19
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