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Critiques de Pascal Manoukian (298)
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Le paradoxe d'Anderson

Pascal Manoukian nous emmène dans l’Oise et se fait le porte-parole des ces hommes et femmes qui voient leur vie basculer à l’heure des délocalisations et cela avec la famille d’Aline et de Christophe.



Tous les deux ont de grands espoirs en Léa leur fille ainée, première de la famille à passer le BAC, elle étudie l’économie et avec ses révisions entre autres du Paradoxe d’Anderson et des délocalisations, rappelle à ses parents toutes leurs craintes. En effet Anderson a expliqué que les parents font faire des études à leurs enfants pour qu’ils réussissent mieux qu’eux, mais plus ces enfants font d’études moins ils trouvent de travail à leur niveau. Tout cela Aline ne veut et ne peut l’entendre. Elle qui vient d’être déclassée passant d’ouvrière à chômeuse. Et quand Christophe se retrouve sans revenus, ce nouvel équilibre précaire va vaciller. Ils vont se retrouver enfermer dans leur mensonge pour protéger leurs enfants allant imaginer le pire pour se libérer.



Pendant que ses parents s’enfoncent, Léa elle s’envole à 17 ans tout est à portée de main, elle rêve de changer le monde et découvre l’amour avec son voisin Paul. Elle fait partie de cette générations Z,



« celle à qui on reproche sa perdition dans les méandres du net, y tisse au contraire un immense réseau solidaire; on la trouve autiste devant ses écrans, elle invente simplement une autre manière de communiquer; on moque son manque de culture, elle possède pourtant à portée de clic toutes les réponses à toutes les questions du monde, disponibles n’importe quand et n’importe où, gratuitement…Elle témoigne d’un monde qui naît…«



Les personnages sont attachants, cette vérité sur notre société poignante. J’ai lu ce roman à bout de souffle, mais Pascal Manoukian ne nous livre pas un mélodrame, ce roman est beau par le message qu’il porte mais aussi les touches d’espoir distillées ça et là. L’imagination d’Aline et Christophe pour cacher ce drame nous amène des situations rocambolesques qui sont une bouffée d’air frais dans l’histoire. Mais je ne vais pas vous mentir, ce roman fait peur, la réalité fait peur, il m’a brisé le cœur mais c’est aussi pour cela que c’est un véritable coup de cœur.



Un roman social nécessaire pour ne pas oublier toutes ses familles détruites par des délocalisations, porté par la plume juste de Pascal Manoukian. Je ne peux que vous conseiller cette lecture qui pour moi est une révélation.
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Le paradoxe d'Anderson

Aline et Christophe s'en sortent bien.



Juste bien, mais bien.



Ca pourrait être tellement pire.





Tous deux sont ouvriers, qualifiés, ils gagnent même un peu plus que le SMIC, il n'y a vraiment pas de quoi se plaindre. Ils ont le même emploi depuis des années et des années. Tout ira bien. Leur aînée, Léa, s'apprête même à passer le bac et à entamer des études supérieures.





La machine est bien rodée.



Mais comme toute machine, il ne suffit que d'un grain de sable pour que la belle mécanique huilée s'enraye.

Et aujourd'hui, dans notre société vorace, précipitée et aveugle, lorsqu'une machine s'enraye, elle ne se contente pas de gripper un peu, non. Elle dévale toute la pente.







Il ne reste plus à Aline et Christophe que leur imagination, pour tenter de déployer un ensemble de caches-misère, de stratégies, de trésors de débrouille, pour masquer une réalité qui finira de toute façon par s'imposer.



Et c'est terriblement émouvant.







La plume de Patrick Manoukian est directe, juste, actuelle et pertinente. En s'attachant à décrire ce petit destin parmi d'autres, l'histoire somme toute cruellement banale de cette famille de quatre, c'est évidemment une réalité bien plus sournoise qu'il déploie, la vérité cynique et écœurante d'une société en déliquescence. Plus rien n'y fait sens, c'est même ce qu'illustre parfaitement le fameux paradoxe d'Anderson autour duquel tout le roman tourne : un enfant d'ouvrier, même diplômé du supérieur, même après des études plus longues que celles de ses parents, n'a aucune assurance d'accéder à une position sociale plus élevée.







Le miracle capitaliste est en panne, ne reste plus que la réalité : le licenciement, la dérive sociale, la colère. Et Le Paradoxe d'Anderson est l'expression parfaite de cette colère, sans jamais verser dans le misérabilisme, sans jamais verser dans le pamphlet non plus. C'est justement par cette mesure, ce réalisme, cette justesse de ton que le roman convainc. En s'attachant à rendre justice à cette famille d'une combativité sans nom, l'auteur parvient non seulement à fédérer le lecteur à cette cause particulière, mais à s'interroger sur une réalité sociale bien plus complexe et importante. Evidemment, une telle démarche peut paraître usée ou vue et revue, mais il faut ici saluer l'intelligence avec laquelle Manoukian mène son histoire : si le roman s'ouvre de façon assez classique, avec des scènes de vie "classiques" de la vie ouvrière, il se teinte très vite d'une dimension "farcesque", à la limite de la parabole, avec des scènes que l'on sait volontairement exagérées mais qui viennent souligner de façon plus que saisissante des faits que l'on sait avérés. On ne révèlera rien de l'intrigue ici, mais pour vous allécher, voici en quelques mots ce qui vous attend : cynisme, indignation et désobéissance civile.







On a donc deux romans en un : le roman sensible, poignant, un peu éculé sans doute mais très juste dans son ton, celui du drame familial et du glissement vers la misère sociale, et le roman qui se sait roman, le roman qui crée toute une fable aussi glaçante qu'hilarante. Les deux se mêlent étonnamment bien, et donnent une coloration toute particulière à ce Paradoxe d'Anderson, un texte finalement aussi grotesque que l'injustice sociale qu'il décrit, accessible, bien construit, bien senti, bref, à découvrir sans la moindre hésitation.




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Le paradoxe d'Anderson

Pascal Manoukian est un auteur que je suis depuis son premier roman Les échoués (Don Quichotte). Pour ce dernier, il a reçu le Prix Première 2016 (prix décerné par une radio éponyme en Belgique pour un premier roman) et ayant moi-même fait partie de ce jury une année, je fais confiance à ces jurés lecteurs.



Après avoir suivi le destin de plusieurs migrants dans Les échoués et après nous avoir plongé au cœur de Daesh dans Ce que tient dans ta main droite t’appartient, Pascal Manoukian aborde avec brio un autre sujet de société important, plus proche de nous : le déclassement social. Alors je vous préviens, si vous êtes un peu déprimé ou si vous aimez les romans feel good, ce roman n’est pas fait pour vous : l’optimisme n’est pas au rendez-vous ! :-p C’est un vrai roman social sur une chute rapide aux enfers dans la misère sociale sur fond de délocalisations, de mondialisation et de lutte des classes.



« Le paradoxe d’Anderson est un paradoxe empirique selon lequel l’acquisition par un étudiant d’un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée. » (Wikipedia)



Ouvriers dans l’Oise, Aline et Christophe perdent leur emploi coup sur coup et se retrouvent sans aucun revenu du jour au lendemain. La chute est rapide… Pour ne pas perturber leur fille qui passe son bac économique (ironie du sort !), ils décident de ne pas en parler à leurs enfants et cela mène à plusieurs scènes rocambolesques. L’auteur a le don de décrire de petits moments de la vie quotidienne, il a l’œil pour capter ses scènes et les retranscrire dans ses romans. Par exemple, cette scène où un huissier vient chez eux et la mère lui demande de faire semblant de s’intéresser à la construction d’une piscine pour détourner l’attention.



L’auteur dresse donc ici le portrait de la machine à broyer économique, l’humain est mis de côté et l’ouvrier local est dévalorisé. Le moral est en berne dans la famille et pourtant, ils font tout pour faire bonne figure et imaginent des combines pour s’en sortir ce qui donne lieu à des situations ubuesques. Le petit bémol ? Des scènes invraisemblables et je me suis demandée parfois comment la fille de 17 ans ne se rend compte de rien. Les aventures de « Bonux et Tide » sont quand même tirés par les cheveux mais elles m’ont fait rire et je ne m’attendais pas aux différents rebondissements de l’intrigue. La fin est aussi très réussie et m’a marqué, on se retrouve un peu assommée en le refermant !



Pascal Manoukian sait aussi créer des personnages, on s’y attache de manière indéniable et on vit avec eux leurs angoisses. Poignant ! L’écriture est toujours aussi simple et efficace. D’un style fluide, l’auteur donne une voix, une nouvelle fois, aux oubliés de nos sociétés actuelles.



Bref, ce roman est un vrai cri sur ce qu’est devenu la France profonde aujourd’hui et contre les délocalisations qui mènent à une telle misère sociale dans un milieu durement touché. C’est pessimiste mais certaines situations très concrètes prêtent à sourire et les personnages sont toujours aussi bien dépeints. L’auteur parvient à dresser un portrait social cruel mais d’une justesse incroyable du monde ouvrier.
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Le paradoxe d'Anderson

Le paradoxe d’Anderson c’est un paradoxe socio-économique qui veut qu’un enfant ayant un diplôme supérieur à celui de ses parents ne sera pas assuré d’avoir une meilleure position sociale. Le livre de Pascal Manoukian est donc de facto celui du déclassement et de l’obsolescence ouvrière. Un livre avec un engagement social fort, qui ne plaira pas à tous ceux qui fuient le manichéisme, ou toute forme d’engagement.



En neuf mois, le temps d’une grossesse, on va suivre la descente aux Enfers d’Aline et Christophe, un couple de la classe moyenne apparemment ordinaire, avec ses deux enfants – Léa, qui passe son bac, et Mathis -, leur travail à l’usine – elle dans une fabrique de chaussettes, lui chez Univerre -, leur maison et le crédit qui va avec, les vacances et le prêt à la consommation qui les accompagne. Aline et Christophe, c’est un couple un peu enfantin, qui partage un amour qui semble arrêté au stade adolescent. Un amour immature mais fort, où la présence de l’un apaise automatiquement l’autre.



Mais leur vie bascule le jour où Aline est licenciée (un licenciement qui ne respecte pas les règles du droit du travail mais soit). Elle décide, pour ne pas perturber Léa dans cette année cruciale du bac, de ne rien dire, de faire semblant de maintenir un niveau de vie correct. Il suffira à Christophe de faire un peu plus d’heures à l’usine. Mais au même moment, des rumeurs de délocalisation agitent Univerre. Les syndicalistes sont à la lutte, l’usine fait des bénéfices, alors pourquoi délocaliser ? Et c’est le piquet de grève. Dès lors, le foyer d’Aline et Christophe s’émiette : comment vivre avec seulement la maigre allocation chômage d’Aline ? Au souci d’argent se mêle aussi les autres conséquences du chômage, bien plus insidieuses que le simple besoin pécuniaire : c’est le lent mais inévitable glissement vers le déclassement social, l’isolement et la solitude, la honte et le désespoir qui poussent au pire.



J’aimerai vraiment dire que Le paradoxe d’Anderson est un roman génial, mais s’il est loin d’être mauvais, il ne m’a pas vraiment emportée. Il m’a manqué une dose de réalisme pour être vraiment accrochée. Tout va trop vite dans les enchaînements : Aline perd son travail, au même moment Christophe subit la grève, les décisions qu’ils prennent sont ubuesques : elle avait promis à ses parents des fauteuils électriques et une télé à écran plat, elle les achète avec son indemnité ; Léa veut partir à Londres avec son voisin, ils font un crédit pour ne pas la priver ; les huissiers viennent taper à la porte, ils font croire qu’ils vont construire une piscine (je tairai le reste, mais ceux qui l’ont lu comprendront où je veux en venir, surtout par rapport au mois de janvier). Je peux comprendre le besoin de protéger et de préserver, et il y a quelque chose de touchant dans les stratagèmes qu’ils inventent, qu’ils soient seulement pour rêver ou pour rétablir un semblant de justice sociale en jouant les Robin des bois, mais pas au point de fuir toute réalité.



Les personnages sont des archétypes, ils représentent plus qu’ils ne présentent : Aline et Christophe sont le couple ouvrier broyé par la mondialisation, Hobileau est la caricature du patron qui voit des chiffres et non des individus, qui joue au golf (sport de riches par excellence) tandis que les ouvriers grillent des saucisses dans la cour d’Univerre dans l’espoir de défendre leur travail et leur avenir. Et que dire de Léa qui ne se rend compte d’absolument rien, toute accaparée par son amour naissant et son apprentissage du désir ? Autant Mathis est encore un enfant, autant elle est assez grande pour s’apercevoir que son foyer est en crise. Égoïsme adolescent ? Ou est-elle celle qui croit encore en l’ascenseur social et en la méritocratie au point d’être aveugle à la misère de ses parents ?



Le paradoxe d’Anderson est un roman engagé et politique, avec une fibre sociale qui manque parfois à la littérature qui ne s’intéresse plus vraiment à la classe ouvrière. Comme le disait Romain Gary, la littérature a été confisquée par les bourgeois et ne parle plus que des bourgeois. Zola est mort depuis longtemps… Je crois en la sincérité de Pascal Manoukian dans son entreprise, le récit ne triche pas. Mais je pense qu’il aurait gagné beaucoup en introduisant un peu de nuances. Toutefois, malgré mes réserves, je vous invite à découvrir ce roman.
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Le paradoxe d'Anderson

De cet auteur, j’avais adoré Les échoués, beaucoup aimé Ce que tient ta main droite t’appartient, et j’attendais ce nouvel opus sur un thème différent avec une certaine impatience.



Pascal Manoukian situe ce roman dans l’Oise. Un couple de jeunes quarantenaires voit sa vie basculer le jour où les usines, dans lesquelles ils travaillent, décident pour l’une de délocaliser et pour l’autre de vendre aux Chinois. Le chômage et les conséquences qu’il entraîne, à savoir l’isolement, le déclassement social, l’humiliation, le désespoir, sont décrites avec réalisme et, comme tout ce qu’écrit cet auteur, avec humanité. Il dénonce avec conviction les conditions de vie des ouvriers à l’heure de la mondialisation, il met le doigt là où ça fait mal, il éclaire les zones d’ombre, il redonne vie à ceux que la société broie. Ce genre de roman est indispensable, il permet aux lecteurs de sortir la tête du sol pour prendre conscience de la violence des inégalités sociales.



Le style est toujours aussi fluide et certaines réflexions sont percutantes, les mots choisis avec soin. C’est un régal de lecture.



Après deux romans sur l’immigration, Pascal Manoukian poursuit sa dénonciation de notre société d’égoïstes, dans laquelle les plus riches s’enrichissent, et les plus pauvres s’appauvrissent. D’ailleurs quand les nantis perdent leur emploi, il leur reste toujours quelque chose (des placements, des maisons secondaires…), quand les moins fortunés le perdent, ils perdent leur vie, puisqu’ils n’ont aucun lapin à sortir de leur chapeau.



L’originalité de ce roman réside dans la nature des personnages. Les parents pour protéger leurs enfants, inventent mille et un stratagèmes, les laissent rêver, ils souhaitent à tout prix les préserver. Ils se lancent aussi dans une action digne de Robin des bois. Cela donne au roman un côté burlesque qui ne m’a pas déplu, j’ai souri à plusieurs reprises alors que la situation générale est plutôt dramatique, et il y a même un petit côté poétique lorsqu’ils emmènent leur fils en voyage…



Loin de la littérature française autofictionnelle, Pascal Manoukian est une voix importante, parce qu’il allie la qualité d’écriture au récit nécessaire.



J’ai pensé à l’excellent Les vivants et les morts de Gérard Mordillat, pour le côté roman social. Le paradoxe d’Anderson apporte cependant un ton différent. Et le titre me direz-vous ? Et bien il suffit de lire le livre, si on n’est pas économiste, pour le comprendre. D’ailleurs, l’auteur égrène des théories économiques tout au long de son roman, qui font écho à la situation, par l’entremise des révisions pour le BAC ES de la fille du couple.







J’ai avalé ce livre en une journée, avide d’en connaître la fin. Je n’ai pas été déçue, je la souhaitais ainsi, je ne peux en dire davantage. Le choix final d’alterner deux événements est remarquable, c’est une conclusion en apothéose.




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Les échoués

Virgil le moldave, Chanchal le bangladais, Assan le somalien et sa toute jeune fille Iman ont perdu femmes, enfants, familles et fui leur pays où ils étaient en danger pour rejoindre la France, pays de liberté. Après des traversées dans l’horreur, ils débarquent, chacun de leur côté, dans la banlieue parisienne. Sans papiers, sans domicile, sans travail, sans argent, endettés, affamés, ils sont les proies des trafiquants, négriers, marchands de sommeil et autres exploiteurs. Alors, ils mettent en commun leurs espoirs et leurs chagrins et essaient de s’en sortir. Chanchan vend des roses aux amoureux, Virgil et Assan travaillent à s’arracher les mains sur les chantiers de construction et Iman se cache. Heureusement, il existe des gens bien ; Julien, Elise et leur petite Camille se prennent d’affection pour le quatuor et leur proposent du travail et surtout un toit. On pourrait penser que tout va aller pour eux après cette rencontre inespérée, mais c’est sans compter sur le sort, qui s’acharne.



L’immigration, la clandestinité, un sujet grave que l’auteur, un journaliste connait bien. Il nous offre un roman tellement crédible que ses personnages existent sûrement quelque part. Un livre grave, sans voyeurisme, sobre et riche. A lire !
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Ce que tient ta main droite t'appartient

Voyage au pays de l'embrigadement



Premier coup de coeur de l'année! Et je suis ravie que ce soit pour Pascal Manoulian, auteur que j'ai découvert avec son inoubliable Les échoués.



Charlotte fête sa grossesse avec ses deux amies d'enfance à la terrasse d'un café parisien où doit la rejoindre Karim lorsqu'elle est victime d'un attentat qui fait 18 morts et 42 blessés.

Pascal Manoukian nous plonge dès le début de son roman dans l'insoutenable avec un réalisme hors du commun.



Dévasté par la mort de Charlotte et la perte de leur enfant, Karim, monteur pigiste pour la télé, se rend compte que l'un des auteurs de l'attentat est Aurélien, un jeune français qui était en classe avec lui en CM2.



Pascal Manoukian décortique l'enchaînement inéluctable qui a entrainé Aurélien vers l'embrigadement avec sa prise en main par cinq barbus qui lui infligent du sport à outrance, des privations et des nuits à ânonner "avec une paille plantée dans le cerveau" avant le départ pour la Syrie.



Animé par la haine et un désir de vengeance, pour "affronter le monstre, lui couper la tête ou perdre la sienne" Karim veut infiltrer Daech et s'inscrit sur Facebook avec un pseudo bien choisi et après quelques échanges devient ami sur Facebook d'Abou Walid, membre de Daech. Tout cela est d'une facilité plus que déconcertante !



C'est très vite le départ pour la Syrie via Molenbeek, quartier musulman de Bruxelles, et la Turquie en compagnie d'autres français attirés par la promesse d'un bonheur vanté sur internet, il y a là Lila une jeune fille de 16 ans et un couple Anthony et Sarah avec leur fils Adam âgé seulement de 2 ans 1/2. Un périple où ils mettent leur vie entre les mains de passeurs et croisent de multiples réfugiés qui eux fuient la Syrie.



A peine arrivés en Syrie, ils sont plongés immédiatement dans l'horreur d'une scène de guerre puis envoyés en camp d'entraînement, passage obligé pour les soumettre, briser les volontés à coups de dressages, de brimades "On leur a trépané la mémoire, les instructeurs n'ont plus qu'à y plonger les doigts pour la reprogrammer."



Ce roman met en évidence les ravages d'internet où les promesses d'un paradis attirent des gens qui ne se voient plus d'avenir dans leur pays et considèrent la France comme une terre de mécréants.

" Al-Qaïda vivait à l'âge des cavernes dans les grottes de Tora Bora, Daech vit du buzz et des réseaux."



Quel plaisir de retrouver la plume de Pascal Manoukian qui fait un clin d’œil à son précédent roman en introduisant deux des personnages des échoués dans ce nouveau roman !



Le récit est bien documenté, Pascal Manoukian livre quelques éléments historiques et propose quelques pistes pour analyser l'évolution de la société avec la disparition du vrai journalisme la profession étant tirée vers le bas, il accuse la multiplication des chaînes de télé au contenu vide d'engendrer une génération sans cervelle (Hanouna n'est pas épargné...) "On leur raconte tellement de conneries à la télévision qu'ils ne croient plus qu'en Internet". " L'inculture est le terreau de tous les fanatismes."



C'est un livre très dur que je n'ai pu lire qu'à petites doses. Pascal Manoukian fait prendre à son héros le chemin complètement inverse de celui d'Antoine Leiris avec son crédo " Vous n'aurez pas ma haine ".



En peu de mots précis souvent glaçants Pascal Manoukian décrit un obscurantisme qui conduit tout droit à la barbarie, il évoque de multiples morts en quelques mots brefs et secs sans s'étendre, on sent qu'il décrit des scènes vécues lors de son passé de grand reporter de guerre.

Le propos est effrayant, d'un réalisme insoutenable mais nécessaire et nous place face à notre impuissance.






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Les échoués

Plongée dans le quotidien des clandestins



Ce livre est une vraie gifle!!!

Après "Venus d'ailleurs" de Paola Pigani c'est le deuxième livre sur l'exil que je lis depuis cet été. Deux livres forts et pleins d'humanité.



Pascal Manoukian, descendant d'exilés arméniens, s'empare du phénomène de l'exil dans cette magnifique fiction. Ancien grand reporter, c'est son premier roman.



Il situe son histoire en 1992. Il met en scène différentes formes d'exil à travers les trajectoires de 4 exilés, chacun ayant quitté son pays pour une raison différente.

C'est la misère après les années de dictature communiste qui contraint Virgil à quitter la Moldavie en y laissant femme et enfants. Assan veut mettre sa dernière fille de 17 ans, Iman, à l'abri de la guerre civile qui lui a déjà pris sa femme et deux filles, et de l'intégrisme qui commence à sévir en Somalie. Chanchal a quitté le Bangladesh pour aider sa famille restée sur place comme le veut la tradition de son pays.



Ce sont tous des héros qui, poussés par le désespoir, ont eu le courage de se lancer dans des périples extrêmement dangereux.



Virgil, Assan et Chanchal vont être solidaires les uns des autres et se soutenir alors que la solidarité n'existe pas entre migrants car la survie prime avant tout. "On croise trop d'injustices pour s'apitoyer sur chacune d'elles, trop de morts pour les enterrer tous. Il faut sans cesse contrarier sa vraie nature, se forcer à oublier ce qu'on éprouvait avant. Il n'y a pas de place pour la compassion et la pitié. Elles vous détournent de vos urgences."



L'auteur resitue le contexte historique de 1992 : les guerres civiles en Somalie, l'installation de régimes autoritaires dans les différents pays issus de l'ex Union Soviétique après l'implosion de l'Union Soviétique, l'Europe qui abolit ses frontières et permet la libre circulation des personnes.



Pascal Manoukian nous décrit leurs voyages effroyables qui durent parfois des mois avec des compagnons qui trouvent la mort asphyxiés dans un camion "cercueil roulant" ou jetés à la mer. Voyages où ils sont transportés comme des marchandises à la merci des passeurs, des trafiquants en tout genre, des négriers, des violeurs de jeunes filles...



Pascal Manoukian nous relate le quotidien commun des clandestins arrivés en France : la solitude, la sensation d'être transparent, la nécessité de passer inaperçu, de ne pas attirer l'attention, l'inquiétude permanente, la violence entre eux, les agressions racistes, le chacun pour soi imposé par le combat pour la survie. "Il faut être prêt à tout arracher à plus misérable, plus fragile, plus découragé que soi"



Il décrit la vie dans les caravanes qui peuvent être brutalement détruites par la police, la vie de Virgil réfugié dans un trou dans la forêt...



Pour ces clandestins, endettés jusqu'au cou, qui vivent l'enfer, exploités par des patrons véreux la France reste malgré tout un paradis "Plus vous vous rendez la vie belle et plus vous nous attirez comme des papillons. Ce qu'il y a de pire chez vous est encore mieux que ce qu'il y a de meilleur chez nous".



L'auteur nous dresse le portrait de personnages très attachants, Virgil le moldave en colère contre le communisme et qui rêve de faire venir sa famille; Assan le somalien fâché contre son Dieu pour tout ce qu'il laisse subir à son peuple; Chanchal le jeune bangladais courageux et attendrissant qui veut envoyer de l'argent au pays pour faire vivre toute sa famille; Iman la pauvre victime de l'excision, fille au "sexe cousu".



Ce sont des pionniers car l'histoire se déroule en 1992, époque où l'île de Lampedusa n'est encore qu'une banale île de la Méditerranée. "Vous verrez, bientôt des milliers d'autres suivront notre exemple et se mettront en marche de partout où l'on traite les hommes comme des bêtes. Il n'y aura aucun mur assez haut, aucune mer assez déchaînée pour les contenir".



A travers les destins croisés de ses personnages, Pascal Manoukian transforme les migrants, trop souvent vus comme des statistiques, en êtres humains qu'on ne peut plus ignorer.



C'est un texte d'actualité très fort, inoubliable, empreint d'une grande humanité. Le livre est pourvu de surcroit d'une bien jolie jaquette...



A lire et à faire connaitre absolument...
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Les échoués

J'ai découvert Pascal Manoukian avec son dernier roman " ce que tient ta main droite t'appartient " qui fut à la fois un coup de cœur pour le style et l'écriture, et un gros coup de poing pour l'histoire.

J'avais envie de souffler un peu avant de lire " les échoués " et puis finalement, temps que j'étais imprégnée de l'univers de l'auteur et ses personnages, je m'y suis plongée sans attendre.

Encore une fois, je me suis laissée cueillir par l'écriture qui touche et qui saisit de Monsieur Manoukian.

Cette fois, il a choisi de nous faire rencontrer 4 personnages, Assan le somalien et sa fille Iman, Virgil le moldave et Chanchal le bengladais.

Tous les 4, désormais clandestins, sont arrivés en France pour fuir la misère, la dictature et la violence de leurs pays.

L'histoire qui se déroule dans les années 90 nous renvoie plus que jamais à notre actualité.

Et tandis que la peur du terrorisme sévissant dresse de plus en plus de barrières entre les gens, ce roman de Pascal Manoukian remet les pendules à l'heure en nous ouvrant les yeux sur le parcours de ces clandestins qui chaque jour risquent leur vie dans l'espoir d'un monde meilleur.

Ce livre c'est Le roman de l'exil.

Un roman certes, mais qui ressemble fortement à un documentaire sur les migrants.

Je rappelle que Pascal Manoukian est journaliste depuis plus de 30 ans, intervenant essentiellement sur des zones de conflits.

Et grâce à ce qu'il a pu voir, il nous offre un regard précis et détaillé sur ce que nous ne percevons pas d'ordinaire.

Il nous abreuve de détails épargnés par nos écrans de télé et qui nous emmènent à nous poser certaines questions essentielles.

N'a t'on pas un devoir d'humanité ? Et si demain c'était nous ?

Pascal Manoukian ne nous épargne rien.

Il relate les violences et le mépris des passeurs, les conditions de voyages effroyables, l'impuissance et la soumission de ceux qui remettent leur vie entre les mains d'un autre.

La question du travail illégal est largement mise en lumière.

Ce livre est un roman phare qui suscite émotion et indignation.

Un roman qui bouscule les idées toutes faites et qui fait réfléchir.

Et comme parfois il peut suffire d'une prise de conscience pour faire évoluer les idées dans le bon sens, voire mitiger des idées bien ( trop ) tranchées, lisez Manoukian !

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Le paradoxe d'Anderson

« le statut social relatif des fils apparaît comme pratiquement indépendant de leur niveau d'instruction relatif » Charles-Arnold Anderson



Et pourtant, c'est tout le contraire ce qu'espèrent Aline et Christophe pour leur fille Léa. Eux, la classe ouvrière, espèrent qu'elle réussira à atteindre un emploi à la mesure des études qu'elle veut entreprendre, et ils sont prêts à quelques sacrifices pour cela.



Mais c'était avant la délocalisation de leurs lieux de travail respectifs, avant la dégringolade, l'enfermement, l'incompréhension.



Dans une région touchée par la gangrène sociale, on voit cette famille, ces gens évoluer dans une situation sans retour, sans avenir positif.

Comment faire face ? Comment garder la tête haute ? Comment expliquer aux enfants, comment simplement continuer à vivre ?
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Le paradoxe d'Anderson

J'ai découvert ce livre sur les conseils récents d'un autre lecteur sur Babelio. Je l'ai lu pratiquement d'une traite tant il est bien écrit. J'ai adoré la première moitié et me suis un peu énervé contre la seconde : trop d'invraisemblance, un raccourci un peu trop romanesque de certaines situations. Le mérite de l'auteur c'est de faire comprendre à ceux qui vivent sur leur petit nuage à quel point peut être grande la désespérance de ceux à qui on veut enlever plus encore que le peu qu'il possède ; le procès d'une société qui ne se contente pas de dépouiller ses membres les plus pauvres mais qui voudrait, de surcroît les réduire en bouillie dans leur vie quotidienne. Je regrette les quelques maladresses dans le scénario qui m'ont coupé l'envie d'un cinq étoiles bien mérité. Le livre est paru à la rentrée littéraire 2018 et on ne peut en tout cas pas accuser l'auteur d'opportunisme par rapport au mouvement des gilets jaunes. Ceux qui l'ont lu dès sa parution ont peut-être mieux compris la vague de colère qui déferle depuis dans nos rues et sur nos ronds points. Peut-être arrivera-t-il un jour où la victoire changera de camp ? Pour l'heur ce n'est pas le cas, le nombre de millionnaires et de milliardaires augmente mois après mois...
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Le paradoxe d'Anderson

C'est l'histoire d'un couple, d'une famille : les deux parents travaillent, ils ont deux enfants, une maison à crédit, une voiture à crédit, la vie est belle... Mais les évènements économiques vont leur faire voir la vie autrement...

Ce livre m'a fait froid dans le dos. Je l'ai lu jusqu'au bout...

Ce n'est pas un thriller, non ça n'en n'est pas un. c'est l'histoire qui peut arriver à de nombreuses personnes, de nombreux couples de nombreuses familles. Et comme toujours, quand je lis un livre, je me mets dans la peau des personnages, et ceux-là, ils se font rouler par le système. Oui, je me rappelle mes cours d'économie au lycée, les règles des investissements, du capitalisme, j'adorais. Quand j'étais en cours, je trouvais cela passionnant, comme Léa qui dans le livre va passer son bac. Mais dans la réalité ?

C'est une très belle leçon d'économie... dans le genre économie- fait de société, j'avais aussi beaucoup aimé le cours d'économie du prof dans "et soudain tout change" de Gilles Legardinier.
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Le paradoxe d'Anderson

Ce livre relate la triste réalité de nos industries, des fermetures de nos usines, des dégâts provoqués dans la vie des employés, des relations familiales, de la protection de l'entourage dans de telles situations

Belle écriture

Beau texte



Un livre à mettre entre les mains des dirigeants peu scrupuleux.



Merci
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Les échoués

Je suis rendue à la page 45.

Je suis soufflée... Complètement immergée par ces histoires et ces personnages.

Je devais vous le dire, maintenant.

J’ai découvert ce livre grâce à ceux et celles qui ont bâti «l’activité» de lecture les «68 premières fois». Merci!Merci!Merci!

J’y retourne.

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Ce que tient ta main droite t'appartient

Le poignard qui décapite appartient à celui qui assassine comme la plume à celui qui dénonce les meurtres. Et c'est là toute la différence entre le bien et le mal.



Le hasard m'a fait lire ce roman juste après Sans Véronique et les deux histoires, se ressemblent, se superposent, se complètent aussi, tissant inexorablement une fin quasi similaire qu'on aurait voulu tellement différente.



Après ces deux lectures, un tigre tente de me dévorer dans un rêve que je maudis et qui devient récurrent chaque fois que le mal terroriste s'approche trop près de moi.



Il faudrait que je me mette aux feel good sans tarder si je ne veux pas devenir insomniaque !



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Les échoués

Un récit bouleversant et remarquablement documenté. Le parcours de réfugiés originaires de trois pays éloignés contraints de partir vers une autre vie qu’ils espèrent meilleure. Ils quittent la violence, la guerre, voyagent dans des conditions inhumaines, arrivent en France dépouillés, hagards remplis d’espoir. Hélas, leur sort n’est guère enviable entre marchands de sommeil, exploiteurs en tout genre. Pourtant, ils se rencontrent, unissent leurs forces et ne baissent pas la tête, endurent un labeur au-delà de l’imaginable. Ils vont croiser des personnes remarquables, bienveillantes et forcer leur destin. Poignant et humain.

Nous retrouverons deux d’entre eux brièvement dans le dernier roman de Pascal Manoukian « ce que tient ta main droit t’appartient ».

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Les échoués

Dans quelques jours, les Français vont choisir leur prochain Président de la République. J'invite donc certains candidats à cette élection (je ne les nommerai pas, ils se reconnaîtront) à lire cette histoire édifiante dont l'action située dans les années 1990 pourrait avoir lieu aujourd'hui.

La littérature et ce texte en particulier ont des pouvoirs que ces candidats ne possèdent pas et ne possèderont jamais : l'empathie, la compassion, la solidarité, le respect, le partage... la liste est longue pour eux malheureusement.



Et si certains rebondissements de cette histoire semblent peu crédibles, on pardonnera facilement à l'auteur ces petites facilités. Virgil le Moldave, Chanchal le Bengladais et Assan le Somalien, réfugiés en France, semblent tellement réels. Pascal Manoukian nous offre sans conteste un premier roman de qualité.
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Les échoués

Il est des romans dont on sait, à peine dépassées les premières pages, qu'ils ne seront pas faciles. Pas difficiles à lire, non. Difficiles à vivre. Difficiles à refermer, à ranger et à oublier. Il est des romans qu'on n'a pas l'intention d'oublier, en réalité.



Les échoués est de ceux-là. C'est un roman précieux. Un roman dans lequel j'ai plongé, que j'ai laissé me happer. Parce que la plume était belle. Parce que les personnages me touchaient. Parce que l'auteur me parlait, doucement, de Virgil, de Chanchal, d'Assan et d'Iman, et que je voulais savoir comment ils allaient s'en tirer. Je voulais m'assurer qu'ils allaient survivre à cette traversée, survivre aux passeurs, aux caches irrespirables, aux contrôles de police, au chacun-pour-soi inévitable quand la vie ne tient plus qu'à un litre d'eau et à une poignée de dattes.



A l'heure où nos frontières se ferment, où nous oublions que nous avons aussi été, par le passé, des réfugiés, ce texte nous fait vivre de l'intérieur (d'un trou, d'un faux-plancher, d'un squat) la réalité vécue par tous ces hommes et femmes qui tentent - simplement - de trouver ou d'offrir à leurs enfants une vie meilleure. Une vie avec de la nourriture sur la table, une vie sans mariage forcé ou sans guerre civile. Ces hommes et ces femmes qui s'endettent pour plusieurs années, simplement pour payer un passeur, sans certitude de réussite, et sans imaginer ce que seront leurs conditions de vie à l'arrivée. Parce qu'après le déracinement, la faim, les risques encourus, c'est l'exploitation qui les attend souvent... Pour autant qu'ils trouvent un travail, non déclaré bien sûr, non protégé (parce qu'exploiter la misère du monde, c'est tellement plus simple et moins cher que d'engager des ouvriers syndiqués, n'est-ce pas), c'est pour une misère qui ne leur servira qu'à rembourser, petit à petit, leur dette. Ah oui, franchement, qu'ils sont pénibles, ces réfugiés, à venir nous voler nos emplois et nos allocations! Le pire (?) étant peut-être de se dire que les histoires racontées ici prennent place dans les années 90 et que depuis, la situation a empiré à peu près partout...



C'est un roman bouleversant. Un roman qui se vit. J'ai eu la nausée et l'impression d'étouffer, j'ai senti les coups, l'humiliation, la peur et la douleur. J'ai respiré et profité avec eux de l'air marin, et senti l'odeur du poulet. J'ai essuyé rapidement quelques larmes, en passant (parce qu'en salle des professeurs, quand même, ça ne faisait pas sérieux...). J'ai eu le cœur tout gonflé de lire ces moments de grâce, ces moments où l'humanité refait surface, où des amitiés se nouent, où même celui qui n'a plus rien trouve quelque chose à donner à un enfant qui en a besoin.



L'histoire d'Iman et de ses compagnons de galère, fictionnelle mais dont on sait qu'elle ne fait que relater la vie de tant d'hommes, de femmes et d'enfants, m'a totalement retournée et me poursuit encore. Elle a précisé un projet qui mûrissait depuis quelque temps et qui a éclos grâce à Pascal Manoukian : j'ai désormais une nouvelle pucette dans mon cœur, une filleule du bout du monde. Il est des romans qui ont ce pouvoir-là...





Merci à Masse Critique pour cette pépite.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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la pesée des âmes

Quatre romans magnifiques et puis s’en va, non ce n’était pas possible. Pour mon plus grand plaisir de lectrice, le voilà de retour, quatre ans plus tard avec un nouvel ouvrage. Pascal Manoukian nous propose cette fois "La pesée des âmes" et c’est un coup de foudre. Une plongée au cœur d’Alep… nous sommes en 2016…



Ernest, journaliste, grand reporter de guerre pour "Horizon", est sur le point de partir à Alep, via la Turquie. Il a rendez-vous avec "sa source". Louise, sa compagne aimerait qu’il reste et Victor Bellone, l’industriel qui vient de racheter la chaîne lui demande de retarder son départ. Il a des choses importantes à dire. D’un côté la Syrie et sa guerre fratricide, de l’autre la France, une chaîne de télévision et un combat, certes plus moucheté, mais, lui aussi, tueur de liberté.



C’est ainsi que par chapitres alternés, nous suivons Ernest au milieu des bombes et ses collègues restés en France parmi les scuds balancés journellement par le fameux Victor. Ce roman est magnifique, foisonnant, émouvant, addictif. Derrière les traits du personnage principal, j’ai bien cru reconnaître l’auteur, ses connaissances du journalisme, de la géopolitique, des conflits armés. J’ai retrouvé sa profonde empathie pour les plus fragiles, l’intérêt qu’il porte aux plus démunis, au travail bien fait, au respect de chacun. Sa belle écriture, à la fois d’un abord aisé tout en étant particulièrement travaillée, permet une lecture limpide de ce récit de guerre – dans tous les sens du terme – mais aussi historique, géopolitique, parsemé d’amour et d’humour.



C’est un plaidoyer pour la paix et une critique virulente contre ceux qui ferment les yeux "Depuis, Nazélie en veut à la terre entière. Aux Syriens de s’entre-tuer, aux Grecs d’avoir craché au visage de sa mère, aux Russes de lâcher leurs bombes, à Armen de croire encore au régime, aux Occidentaux de détourner les yeux … et aux journalistes de l’observer se débattre, de loin, avec leurs jumelles d’experts et, par facilité, de la traiter de rebelle, de l’amalgamer avec tous ces fous de Dieu, comme si les Syriens n’avaient de choix qu’entre Daesh et Bachar." C’est un texte d’une telle actualité. C'est aussi un hymne au journalisme d’investigation, au travail acharné du reporter pour extraire la vérité, la brandir aux yeux du monde, quitte à en oublier les siens et sa propre vie.



En un mot, ce roman est à mes yeux une merveille, un cinquième récit d’une qualité inouïe. Pascal Manoukian est décidément un grand auteur.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Le paradoxe d'Anderson

Ce livre a été écrit en 2018... 4ans plus tard, le chaos économique porté haut et fort par les gilets jaunes est plus que d'actualité



Mais surtout ce paradoxe d'anderson prend tout son sens.

C'est notre histoire celle d'Aline et de Christophe. Celle de nos voisins, de nos collègues, de nos semblables.

Ce roman est rédigé cependant sans aucun pathos, avec une légèreté que l'on pourrait juger naive.

Jusqu'à la dernière page et ces dernières phrases qui résument le monde social dans lequel nous sommes englués, sans bouée ni alternative...

Une perle, ce roman...

J'en ai eu les larmes aux yeux et ne l'oublierai jamais.
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