AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascale Pujol (39)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Décamper

Edité chez Antidata, le petit volume est particulièrement attrayant, avec sa couverture dépliable aux couleurs acidulées. On a vraiment envie de le glisser dans sa poche et de l'emporter partout avec soi pour lire une des 13 nouvelles ici ou là.

Les textes sont très variés, mais ont en commun le thème de la fuite, au sens propre ou au sens figuré. Qui n'en a pas rêvé? A un moment difficile de sa vie, ou simplement lassé d'une routine peu satisfaisante. J'avoue y avoir cédé quelques fois. Un décrochage universitaire pour commencer, et je suis toujours en proie à de récurrents cauchemars où je parcours les couloirs de la Fac sans trouver la porte de sortie. Le narrateur de Stan Cuesta justement fait ce type de rêve alimenté par sa mauvaise conscience alors que lui a déserté son poste à la Maison de la Radio. La musique a gâché ma vie se place en "top three" de mon classement. Sans doute parce que la nouvelle renvoie aux années Pop club et Pollen de José Artur, marquantes pour ma génération qui est aussi celle de Stan Cuesta. Aussi pour son écriture pleine d'énergie et pour son humour, évidemment.

La fuite est savoureusement drôle dans la nouvelle de Jean-Luc Manet - critique musical rock'n'roll - Nigel, même si elle ne conduit pas plus loin que le café du coin. Le texte atteint un niveau comparable aux dialogues de Michel Audiard dans le film culte Un singe en hiver . Il comporte des envolées remarquables dignes du maître. A ce titre, je fais également entrer Nigel dans mon "top three".

Y figure aussi En Avant, de Guillaume Couty. Il a puisé son inspiration dans un sujet d'actualité, puisqu'il traite de la période Covid dont nous ne sommes toujours pas sortis. Mieux vaut en rire, et c'est ce que Guillaume Couty propose au lecteur.

Il y a enfin une nouvelle à part, incomparable à mon sens, c'est Golconde, last but not least ! Elle fait écho au film de Cédric Klapisch sorti juste avant l'an 2000 : Peut-être. Comme ce film, elle offre une ouverture merveilleuse vers un autre monde émergent du sable et auquel on accède par inadvertance. Elle nous invite à remettre en question toute notre existence. Et cela au moyen d'une très belle et envoûtante écriture.

Je remarque que mes textes favoris s'inscrivent dans le milieu musical, et sont écrits par des auteurs musiciens eux-mêmes ou qui baignent en tous cas dans la culture rock. J'en conclue donc que la fuite a plus de force et me touche particulièrement lorsqu'elle est portée par l'esprit rebelle des musiques actuelles. Vive le rock'n'roll ! Merci Antidata !
Commenter  J’apprécie          580
Décamper

Douze échappées très variées et un écoulement ravageur : sous le signe de la fuite, le formidable nouveau recueil collectif de nouvelles des éditions Antidata.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/16/note-de-lecture-decamper-collectif/



Comment se relient entre elles treize nouvelles aussi catégoriquement ou subtilement différentes en apparence que celles mettant en scène un bucolique jardin aux délices où se rejouent en toute poésie et en toute horreur quelque Battle Royale ou Chasse du Comte Zaroff (Théo Castagné, « Le cimetière aux fleurs »), les glissements de temps s’opérant entre 1891, 1959 et 2015 à propos de certaine marche effectuée loin de l’autre (Pascale Pujol, « La randonnée »), le traitement ironique et soigneusement maximaliste des gestes barrières généralisés (Guillaume Couty, « En avant »), le mythe de la veste restant éternellement sur la chaise de bureau porté à sa puissance maximale, au cœur du milieu de la musique et de la radio, et en hommage à José Artur (Stan Cuesta, « La Musique a gâché ma vie »), la leçon d’empathie paradoxale et décalée fournie par un détour science-fictif appliqué aux exilés et réfugiés contemporains (Gabriel Berteaud, « Le deuxième recueil »), le détournement sauvage et tendre d’un rade la nuit pour y refaire le monde et actualiser le garçon de café sartrien (Jean-Luc Manet, « Nigel »), la réécriture malicieuse des jeunes années d’Arthur Rimbaud (Nathalie Barrié, « Semelles de vent »), la mise en résonance d’une célèbre chanson rock française devenant, au crible du grunge, comme le filtre et le miroir des modes en matière de musique actuelle (Nicolas Fert, « Un jour j’irai à New York »), l’appréhension d’un phénomène donné par les regards croisés pas nécessairement convergents et les mémoires indécidables ou carrément divergentes des autres (Jean-Yves Robichon, « Les témoins »), ou encore le détour par la science-fiction, à nouveau, pour rappeler la nécessité de la pause et de l’échappée comme la valeur métaphorique pure de tout récit (Maxime Herbault, « Golconde ») ? Sans oublier naturellement la cruauté tragique d’une prise au pied de la lettre de certaines injonctions apparemment si innocentes telles que « ouvrir bien en grand » (Claudie Gris, « Traversées »), le recours savamment incongru au moment d’absence de Tolstoï au stade enfin terminal de la lutte des classes (Laurent Dagord, « Astapovo ») ou enfin la mise en jeu de paille pourrie par l’humidité et de conséquences à gérer, mobilisant les souvenirs pas toujours reluisants de l’Occupation et de la Libération dans un petit village agricole (Éric Bohème, « Y’a eu comme une fuite »).



Placé sous le signe de la fuite (que seul le formidable mauvais élève Éric Bohème aura détourné de son sens ici le plus communément accepté, en lui offrant sa signification la plus hydraulique), « Décamper », le nouveau recueil collectif de nouvelles des éditions Antidata, publié en novembre 2021, nous rappelle, à l’image de ses désormais et heureusement nombreux prédécesseurs, « Ressacs » (la mer, en 2019), « Petit ailleurs » (la cabane, en 2017), « Parties communes » (les voisins, en 2016), « Terminus » (le dernier, en 2015), « Jusqu’ici tout va bien » (la phobie, en 2013), « Version originale » (le cinéma, en 2013), « Temps additionnel » (le football, en 2012), « Douze cordes » (la musique, en 2012), ou encore « CapharnaHome » (la maison, en 2010), à quel point est puissante la beauté intrinsèque de la forme littéraire courte et de son télescopage thématique à plusieurs créatrices et créateurs. Que l’on connaisse déjà les autrices et les auteurs, à travers leurs travaux dans de précédents recueils collectifs ou dans leurs œuvres individuelles (citons par exemple les « Sanguines« de Pascale Pujol, le « Haine 7« , le « Trottoirs« ou le « Aux fils du Calvaire« de Jean-Luc Manet, ou encore « Le Monico« d’Éric Bohème), ou que l’on ait la joie de les découvrir ici pour la première fois, c’est bien à la patience, à la détermination et au goût exigeant et toujours joueur de Gilles Marchand et d’Olivier Salaün, les deux co-éditeurs attentionnés d’Antidata, en plus d’être tous deux d’impressionnants écrivains (lire absolument « Une bouche sans personne« , « Un funambule sur le sable« , « Requiem pour une apache« et « Des mirages plein les poches« du premier cité, et « Il y a un trou dans votre CV« du deuxième), que l’on doit ce régal chaque fois renouvelé.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          290
L'or et le sel

Une maison de famille, plutôt un grand manoir, voire château , va, après le décès de l’aïeule être abandonnée à la vente par la famille, enfants et petits-enfants.

Chacun s’épanche, famille, femme de ménage, notaire ... nécessité, regrets, remords pour certains ,trop d’absences . Même la maison se raconte et sent sa fin d’autant plus que le nouveau propriétaire n’est qu’un vil personnage qui pense plus au gains commerciaux futurs qu’à admirer la beauté des lieux.

Joli roman nostalgique, belle écriture.

Commenter  J’apprécie          150
Petits plats de résistance

Une friandise dévorée en deux jours.

Ce roman est comme un film choral (type Short cuts) : tous les personnages et les situations vont s’assembler. Vous serez pris dans une farandole de portraits hauts en couleurs, de personnages qui le sont tout autant, dans un agencement qui m’a fait penser à La conjuration des imbéciles. Tout s’assemble et fonctionne ; Pascale Pujol nous montre qu’il était possible que tout ce petit monde hétéroclite se coordonne. Les coïncidences et le sens du détail m’ont fait penser à l’écriture de Françoise Dorin. Sortant du visionnage de la série Grace et Frankie, le commerce de sex toys pour grand-mères m’a quant à lui paru d’actualité ! Un bémol pour ne pas paraître partial : les thèmes grossiers et les mots vulgaires, ou proches du peuple si l’on préfère, sont à la limite de l’excès ; cette limite n’est pas franchie, on reste dans l’ambiance crédible du quartier de la Goutte d’or façon Zola, mais on l’a presque échappé belle…

Commenter  J’apprécie          150
L'or et le sel

"Certains ont cru m'acheter, d'autres me gagner par droit d'aînesse, d'autres encore m'obtenir par la force ; mais aucun, jamais, ne fut mon maître - au mieux mon régisseur".



Dans ce roman à plusieurs voix, celle de la maison est aussi centrale que singulière. Il faut dire que cette belle bâtisse du sud de la France dont les pierres ont vu passer quelques générations de résidents et entendu souffler bien des vents est le centre de l'attention puisqu'elle s'apprête à être vendue. Habituel destin des maisons de famille lorsque la famille rétrécit, éclate, s'éparpille. Quelques femmes s'activent depuis plusieurs jours, il faut finaliser la vente, trier papiers et objets, vider les pièces de leurs meubles, faire place nette pour la nouvelle vie à laquelle la demeure est destinée. Moment propice aux bilans, aux souvenirs pour Emma qui s'était un peu éloignée des lieux et retrouve avec émotion les objets qui ont accompagné son enfance dans les pas de sa grand-mère aujourd'hui disparue. D'autres femmes se souviennent y compris celle qui était chargée d'entretenir la maison, elles égrainent les moments gravés dans la pierre et indissociables de chacune des pièces. Les histoires personnelles sont imbriquées au lieu, parfois joyeuses et d'autres fois plus tristes. Des débuts et des fins. Témoin privilégié, la notaire dont la charge transmise par son père offre une intimité particulière avec l'histoire de la maison. Le futur propriétaire ne fait pas l'unanimité, ni auprès de la famille ni auprès de la notaire - ni même auprès du chat - mais la vente a été acceptée et la signature ne va plus tarder. La maison va sans doute perdre son âme...



A travers ces voix féminines passent toutes les émotions des morceaux de vies réunis par un lieu qui renvoie à chacune l'écho de ses doutes, de ses regrets et de ses avancées. De ce que l'on croit maîtriser et de ce qui nous échappe. "Est-on jamais autre chose qu'un fil tiré entre hier et demain ? Comment s'approprier sa propre histoire et tracer son chemin ?" se demande Emma. Pascale Pujol aime jouer avec le merveilleux, l'occulte (cf Sanguines, son recueil de nouvelles très original) et parvient à surprendre en portant très loin et avec une certaine malice la puissance du féminin. Une chose est certaine : il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d'une maison.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          140
Décamper

La fuite m'intéresse depuis longtemps, c’est une thématique qui me touche particulièrement. Ça me parle. Très souvent, j’ai envie de me lever et de partir sans me retourner en changeant d’identité (chacun son truc 🤷). J’ai retrouvé dans chacune de ces nouvelles un élan semblable au mien. Que ce soit la fuite pure et simple de sa propre vie, la fuite d’un système jugé despotique ou comme moyen de se réinventer, beaucoup de facettes y sont abordées. Même la fuite d’eau. J’ai aimé les différents univers qu’on traverse durant notre lecture, des univers presque trop similaires au nôtre, des absurdes en passant par des univers propres à la science-fiction.

Bien sûr, certains thèmes et certaines plumes me touchent davantage que d’autres, mais dans l’ensemble ce recueil est vraiment réussi : il cerne bien la fuite et l'échappatoire qu’elle évoque. J’ai eu du plaisir à découvrir certains auteurs dont j’essaierai de lire d’autres livres car leur façon de traiter ce sujet m’a séduite.

Je remercie Babelio et les éditions Antidata que j’ai découvertes à cette occasion pour l’envoi de ce livre.
Commenter  J’apprécie          70
Décamper

Livre reçu dans le cadre d'une opération "Masse critique" je tiens à remercier Babelio et Olivier des éditions Antidata.

J'avoue que je ne connaissais pas cette maison d'édition avant.

Apparemment, elle est spécialisée dans le recueil de nouvelles.

Décamper, ce n'est pas une seule histoire, mais 13 différentes, écrites par 13 personnes différentes.

Je ne vais pas faire ici 13 critiques différentes, mais je vais plutôt donner un avis général.

Tout d'abord, je dois féliciter les personnes qui sont responsable de la mise en page, car la présentation de chaque nouvelle et terriblement efficace et original, bravo.

Ensuite je dois dire que chaque auteur a sa vision de la fuite, car oui, ce sont peut être 13 nouvelles différentes, mais toutes axées autour du thème de la fuite.

On a différents styles, de la SF, de l'anticipation, du contemporain, du classique, etc...

Le point faible étant que l'on a pas le temps de s’habituer à une nouvelle, que c'est déjà la suivante.

Avec 13 nouvelles pour un peu plus de 200 pages, on a une moyenne de 15 pages par histoire.

C'est comme les courts métrages pour le cinéma.

Étant donné qu'il y a beaucoup de style différents, je n'ai pas plus aimé que ça une ou deux histoires.

Mais il s'agit évidemment plus du genre que de l'histoire elle même.

Mon avis général étant quand même très positif.

Commenter  J’apprécie          70
Je vous embrasse

En une quarantaine de pages, ce bref roman évoque le sentiment amoureux sans mièvrerie ni complaisance. La narratrice, éprise d’un homme distant et manipulateur guette et interprête les moindres signes d’affection qu’il consent à lui donner. Mais l’amoureuse ne va pas se laisser abuser longtemps. Et le regard qu’elle va poser sur cet homme au comportement désinvolte qui s’amuse à jouer au chat et à la souris, va devenir impitoyable. Savoureux et cinglant comme du Oscar Wilde, ce brillant opuscule est un véritable régal à découvrir absolument!
Commenter  J’apprécie          70
Sanguines

Avoir ses menstrues, ses époques, ses anglais, ses ours, ses lunes, ses affaires, ses règles, ses ragnagnas, sa semaine ketchup, ses coquelicots, ses catimini, ses histoires...

Des histoires, oui. Des histoires esquissant douze sanguines déclinées du vermillon à la brique en passant par l'écarlate et le carmin. Toutes les nuances du sang qui s'écoule périodiquement du corps des femmes suscitant aussi bien la douleur physique, la honte, la frayeur que l'épanouissement, la fierté et la tranquillité. Douze manières de briser le tabou qui entoure si solidement ce flot mensuel que la publicité nous laisse encore croire que le sang des femmes est bleu.

Il fallait un bel aplomb pour braver cette sorte de malédiction littéraire qui fait que les règles sont escamotées de la plupart des univers romanesques. Il fallait un sacré talent pour réussir à créer des récits aussi vigoureux sans tomber dans le croustillant, ni le scabreux. Pascale Pujol a eu cet aplomb et possède ce talent. Ses douze nouvelles sanguines parcourent le territoire du jamais-dit, en nous plaçant entre maléfice et enchantement, entre réalisme et symbolisme, sans jamais lâcher la part d'humour léger et d'indulgente ironie qui donne tant de relief à son écriture. Elle nous emmène dans un voyage ou la répulsion côtoie la fascination et où l'on met au jour les pulsions les plus primitives des êtres.

Dans ses histoires, les règles deviennent philtre d'amour ou métamorphose du corps adolescent, les hommes en sont dégoûtés ou médusés et les femmes en font une épiphanie ou un fléau. Chaque nouvelle possède un ton qui lui est propre, une atmosphère singulière, et suscite des émotions et des réflexions différentes, parfois contradictoires, toujours complémentaires. L'homogénéité du recueil vient du thème, bien sûr, mais surtout de cette écriture qui façonne le réel tout en l'étirant vers des contrées poétiques, culturelles et même anthropologiques. Jamais l'auteur ne cède à la tentation du sublime ou de l'éthéré. Jamais non plus elle ne s'abîme dans l'obscène. Et c'est sur ce fil ténu que son écriture parvient à tenir l'équilibre.

"Sanguines" brise avec éclat l'accord tacite qui établit que "l'on ne parle pas de ces choses-là". En lisant ces douze nouvelles, je n'ai eu qu'un regret : que le recueil n'en comporte pas davantage !

Commenter  J’apprécie          71
Petits plats de résistance

Pascale Pujol nous offre un premier roman choral bourré d'humour, avec une galerie de personnages truculents, tous aussi mesquins les uns que les autres, centrés autour de trois personnages principaux: une employée de Pôle Emploi qui se fait un devoir de traquer les fraudeurs, le patron d'un journal libéral au bord du gouffre, un demandeur d'emploi idéaliste mais surtout fainéant.

On ne peut que penser à la famille Malaussène de Daniel Pennac en dévorant les chapitres de ce roman qui se savourent comme des nouvelles.
Commenter  J’apprécie          70
Petits plats de résistance

Vous prenez :

Sandrine une conseillère Pôle Emploi qui sous couvert de traquer les fraudeurs s’ennuie ferme dans son boulot et rêve d’ouvrir un restaurant.

Guillaume son mari qui vend en douce et au rabais des journaux et magazines « prélevés » la nuit sur les dépôts des kiosques.

Leur fils qui ne rêve que de mode et de haute couture qui a 2 ans de retard à l’école.

Leur fille qui elle est une geek de premier ordre qui au contraire de son frère a 2 ans d’avance à l’école.

La mère de Guillaume qui n’est pas du tout une mamy gâteau mais qui au contraire gère une boutique en ligne de vente de sextoys.

Vous y ajoutez les résidents d’un foyer pour migrants, un patron de presse désespéré de la courbe plongeante des ventes de son journal, son fils censé tenir les rênes de la société mais dont la seule préoccupation est de savoir avec quelle fille de son carnet d’adresse il va aller écumer les palaces de la Côte d’Azur, et son bras droit aux dents longues et sans scrupules.

Vous mélangez le tout et vous obtenez un livre savoureux à lire sans modération, dont tous les chapitres portent le nom d’un plat.

Alors je vous propose au menu :

Amuse-gueule.

Caviar, langoustes et macarons

Plateau de fruits de mer.

Bar de ligne au fenouil et gingembre.

Pastéis de nata.

Et pour accompagner le tout : Champagne !

Commenter  J’apprécie          60
Petits plats de résistance

Une gourmandise ! Un plaisir qui titille les papilles et laisse une saveur persistante de petit bonheur !

Cette fable urbaine, circonscrite à Montmartre, met en scène et à table :

Sandrine, la conseillère Pôle-Emploi que les chômeurs aiment détester. Ambitieuse, rouée, pleine de ressources. Elle rêve d'ouvrir un restaurant bio et ne recule devant aucun moyen pour réaliser son projet.

Guillaume, son mari, qui mène une arnaque à la presse écrite en pillant les kiosques pour revendre les journaux à son compte. Mais les progrès de la vidéo-surveillance risquent de faire capoter sa petite entreprise.

Juliette, leur fille de 11 ans, surdouée, géniale et amatrice de bulles de chewing-gum, qui aide sa grand-mère à gérer un site érotique.

Marcel Lacarrière, patron de presse, dont le journal subit les effets de la crise et du succès d'un concurrent spécialisé en Confessions Intimes.

En plat de toutes les résistances, quelques résidents d'un foyer pour personnes en difficultés : chômeur multi-diplômé, artiste cuisinier, fils de président africain, directeur en passe d'être muté.

Ça rebondit, ça s'affronte, ça complote, ça virevolte avec des dialogues vifs, des péripéties qui frôlent l'absurde, des méchants qui auraient mérité d'être gentils et des gentils qui savent jouer les méchants.

On n'y croit pas vraiment puisque c'est une fable et que l'auteur en assume les excès. Mais j'ai été prise dans le jeu, j'ai eu envie de faire partie de cette famille de doux dingues et j'ai ressenti le même genre de plaisir que devant un film de Capra.

Enfin voilà ! Un roman qui fait du bien !
Commenter  J’apprécie          60
Je vous embrasse

Je suis depuis ses débuts les Éditions Lunatique, de fort près, et je n'avais plus lu d'ouvrage de cette maison depuis bien longtemps. Malgré mon soutien intense à cette maison, je dois reconnaître que là, les bras m'en tombent. J'imagine que le propos de ce qui est qualifié de "roman" (42 pages) a bien dû faire rire les personnes concernées, mais en dehors de la private joke éditoriale, littéraire et parisienne, comment dire... Le vide ? Dans un roman (même du 21ème siècle), on peut s'attendre à des personnages, des lieux, des situations, ici rien. On sait que la narratrice est une femme choquée par son amant absent qui signe ses messages par "Je vous embrasse" et que ça se passe à Paris... Pour le reste, il s'agit en réalité d'un long monologue (malgré sa petite taille) qui fait tourner en boucle un propos itératif. C'est bien écrit, fin, agréable à lire, mais je suis totalement passé à côté. Pas de drame non plus. Peut-être la prochaine fois aurons nous droit à "À plus dans le bus", ou bien à "Bien à toi" ou encore à "On se tient au jus" ? Quoi qu'il en soi, je continuerai à suivre Lunatique.
Commenter  J’apprécie          50
Fragments d'un texto amoureux

Avant le délicieux "Petits plats de résistance" Pascale Pujol a publié ces 14 nouvelles, 14 histoires qui pourraient sembler banales si un infime caillou ne venait en dévier le cours et ne les contraignait à se dérouler en spirales, se rejoignant et s'écartant dans un mouvement imperceptible. Ce subtil déplacement prend souvent forme à partir du langage, que ce soit un mot désuet comme "réticule" ou une bribe de discours. Langage amoureux, langage intérieur, monologue, dialogue avorté, dialogue reconstruit ou inventé, texte littéraire... interprètent des portions de réel et lui donnent une signification différente selon chaque personnage... et chaque lecteur.

Ces mots in-édits, in-ouïs, mal-entendus, creusent ou comblent des désirs, des rêves, des gestes interrompus ou des souffrances silencieuses. C'est le jeu qui s'instaure soudain entre une lectrice et un auteur. C'est une existence si enclose dans un réticule que l'on ne sait si elle a été vécue ou seulement rêvée. C'est le viaduc de Millau qui jette une passerelle entre la mort et la vie pour qu'un homme assume sa paternité. C'est Léonard, personnage doublement fictif, qui doit affronter les épreuves incongrues que lui fait subir son auteur. C'est toute une galerie de personnages auxquels nous nous attachons par les mots de Pascale Pujol et par sa manière alerte de raconter des histoires qui nous emmènent toujours vers l'inattendu. Drôles, absurdes, mélancoliques, énigmatiques, ces "fragments" sont un régal de lecture sur laquelle l'auteur fait malicieusement planer l'ombre de Barthes.
Commenter  J’apprécie          50
Petits plats de résistance

Ce premier roman commence fort : Sandrine Cordier est une conseillère de Pôle Emploi contrainte de remplacer une de ses collègues partie en congé maternité, la fameuse Karine Becker. Sandrine Cordier a une vision bien personnelle de son métier : débusquer les feignants, profiteurs et autres sangsues qui, nos politiques nous le disent assez, pullulent à Pôle Emploi. L’État pourra la remercier car grâce à elle, le nombre de chômeurs diminue de façon drastique : rayés des listes faute de n'avoir pas lu les petites lignes de la énième page du formulaire ! Mais Sandrine n'est pas seulement la terreur de Pôle Emploi. Car Sandrine a un rêve, celui d'ouvrir son restaurant.

Beaucoup de personnages qui se croisent au gré de situations des plus loufoques, des sujets très actuels autour de l'emploi notamment, de la mixité sociale et de l'économie alternative et solidaire. Beaucoup d'énergie aussi dans ce livre, qui ne me fera cependant pas oublier cette sensation de confusion et l'impression un peu brouillonne qui se dégage de la lecture. D'un chapitre à l'autre, l'auteur nous bouscule en nous faisant passer d'un personnage à l'autre sans que l'on perçoive bien où elle veut nous conduire. Les histoires s'enchaînent au début sans que l'on sache vraiment s'il s'agit de nouvelles ou si tous ces personnages font partie d'une même histoire.

Cette sensation disparaît quand les histoires finissent par se croiser et quand l'on perçoit le sens du récit. Malheureusement, il m'en est resté une désagréable sensation. Cela n'en reste pas moins un premier roman prometteur, dynamique, foisonnant, riche, joyeux et plein d'espoir. J'attendrai avec curiosité le prochain roman de l'auteure.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
Commenter  J’apprécie          50
Petits plats de résistance

Gourmand, joyeux, graveleux, bruyant, coloré, des femmes qui savent ce qu'elles veulent, des enfants surdoués, des fonctionnaires magouilleurs, des rêves réalisés, une justice approximative et un excellent restaurant bio. Tout y est, et ce qui commence comme un recueil de nouvelles se transforme en roman, liant les récits les uns aux autres et montant crescendo !
Commenter  J’apprécie          50
L'or et le sel

Elle aura bientôt 1000 ans; aucun des humains ne la posséda vraiment même si tous l’ont pensé.

Certains ont cru l’acheter, d’autres la gagner par le droit d’aînesse, d’autres la prendre par la force. Mais aucun ne fut son maître, au mieux son régisseur.



Elle vient à nouveau de changer d’occupant avec un investisseur, hâbleur, crâneur, escroc sans doute; car oui, il s’agit bien d’une maison.



La vielle bâtisse doit être vidée en 3j. Chaque femmes encore en vie et y ayant séjourné, va y chercher ses souvenirs, parfois les voir jaillir comme un coup de poing. Entre sourires et larmes, l’assurance de retours certains dans le passé.



Pour Emma, en rébellion contre cette vente, ce sera le panier en osier avec lequel elle allait ramasser les œufs avec sa grand mère.



Pour Sonia, qui ne veut rien posséder, rien convoiter et garder un cœur nomade, ce sera un souvenir, celui de la petite sirène enfermée dans le puits du château, mais réapparaissant une fois par an.



Pour Carole, ce sera déposer son histoire dans une cachette secrète pour s’ancrer dans l’histoire de l’inconnue qu’elle veut être demain.



Pour Martine, qui a vécu ce château à travers de nombreuses heures de ménage, ce sera rendre hommage à sa grand mère, un peu sorcière mais surtout digne et forte.



Il y a aussi le notaire et le chat qui ne manqueront rien de cette page qui se tourne. Et il y a surtout « elle » la maison, personnage central qui comme les autres femmes va nous faire partager ses sentiments, ses souvenirs.



Un petit livre synonyme de nostalgie, de mise en lumière du temps qui passe.

J’ai aimé l’atmosphère de ce roman choral, sa capacité à nous transporter dans le château le tout dans un style poétique.
Commenter  J’apprécie          40
Sanguines

Avec Sanguines de Pascale Pujol, dont le premier roman Petits plats de résistance paru en 2015 au Dilettante avait enchanté quelques-uns des premiers participants à l'aventure des 68 premières fois, l'auteure s'empare d'un thème tabou, caché, celui des menstruations et livre douze textes assez surprenants, n'hésitant pas à convoquer le surnaturel, les croyances ancestrales ou la magie. C'est parfois très cru, souvent étonnant lorsqu'on plonge dans des pratiques artistiques méconnues (mais qui a lu L'embaumeur d'Isabelle Duquesnoy ne sera pas dépaysé) dans la nouvelle intitulée Technique mixte qui m'a beaucoup plu. J'avoue me sentir plus à l'aise avec des textes plus "terre à terre" qu'avec ceux qui jouent sur l'occulte ; j'ai particulièrement goûté la réunion de cadres au sommet de celui intitulé La coupe est pleine, qui dessine avec une belle acuité la façon dont se prennent les décisions à la tête des grandes entreprises de biens de consommation. Quoi qu'il en soit, ces douze textes sont autant d'instants de vie pris sur le vif et rendus avec force et parfois une certaine malice.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          40
Petits plats de résistance

Un livre drôle farfelu et plein d'exotisme. Une façon de décrire un Paris qu'on nous raconte souvent pauvre, dangeureux, sordide, et là il est un lieu multiculturel, débordant de couleurs, d'épices, de gens... ça donne parfois un côté un peu fouilli mais quand on se laisse embarquer on fait un voyage très agréable.
Commenter  J’apprécie          40
L'or et le sel

De la nostalgie à la poésie, j'ai été totalement touchée par l'histoire de cette demeure. Je n'avais qu'une envie : aller visiter ce lieu chargé de souvenirs.

Mon coup de cœur revient sans aucun doute au personnage d'Emma, auquel je me suis attachée.

Ce roman est un roman choral où la maison à elle aussi ses pages dédiés à son ressenti et ses souvenirs.

Le fait que la maison soit incarnée par un personnage en tant que tel, m'a fascinée d'une part, par le côté original de faire ressentir des émotions à un non vivant (qui n'a pourtant jamais été aussi vivant que dans ce roman, je vous le garantis) et d'autre part, par le fait de lui attribuer des pensées humaines à travers de descriptions poétiques.

Ce roman que je vous conseille, m'a à la fois émue et fait rêver.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascale Pujol (108)Voir plus

Quiz Voir plus

Agatha Christie

Quel surnom donne-t-on à Agatha Christie ?

La Dame du Crime
La Reine du Meurtre
La Dame de l'Intrigue
La Reine du Crime

10 questions
1555 lecteurs ont répondu
Thème : Agatha ChristieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}