AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Patrick Autréaux (46)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dans la vallée des larmes

Un médecin malade ... l'annonce d'un cancer et la lourdeur des traitements de chimiotherapie , vécues du dedans . de l'autre coté de la barriere ... et à la premiere personne ... La peur de la mort , tres simple et uinverselle , l'errance emotionnelle et sentimentale .. la perte du desir , l'effritement du couple .. Et , ensuite la fuite vers la vie .. dans tous les bras qui s'ouvriront .... Le sujet est rarement traité ainsi .. SOus cet angle .. qui aurait pu etre vif .... Mais . ... Non , on cotinuera d'esperer .. un jour un livre plus fouillé , vibrant .. Authentique .. moins narcissique .. Il y a tant à dire .... et écrire
Commenter  J’apprécie          10
Pussyboy

C'est cru, une histoire entre deux personnes qui (ne) s'aiment (pas tant que ça), c'est poisseux de sexe, d'une écriture parfois trop haute, lourde d'inceste, de mots non dits, de religion qui prend le dessus sur le placard dans lequel l'un d'entre eux s'enferme.
Commenter  J’apprécie          10
Écrivains d'Italie

Il est des ouvrages où le plaisir du lecteur est démultiplié. Habituellement un livre fait pénétrer dans l'univers d'un écrivain à travers une de ses oeuvres. Écrivains d'Italie propose au lecteur quatorze écrivains italiens choisis par quatorze auteurs français à qui Philippe Vilain a demandé ”de décrire un écrivain italien qui a particulièrement marqué leur parcours d'écriture et qui a contribué à nourrir sa pratique et son imaginaire”. Or comme une lecture entraîne souvent une autre lecture, l'envie vient non seulement de lire ou relire l'oeuvre décrite mais aussi les ouvrages de celui où celle dont la plume a su si bien partager sa prédilection. Un effet domino qui offre un vaste choix et une grande variété de styles et d'époques. De Dante à la mystérieuse Elena Ferrante en passant par Pasolini, Primo Levi ou Pirandello, et d'autres encore, plus ou moins connus, avec Pierre Adrian, Mona Azzam, Pierre Vilain et d'autres auteurs français contemporains, confirmés ou novices, l'Italie vient à nous pour un voyage littéraire, amoureux, intimiste, passionné et passionnant. Bravo à Philippe Vilain d'avoir eu l'idée de ce recueil, palette haute en couleurs et belle occasion de découvrir une littérature italienne quelque peu méconnue de notre hexagone. Une réussite.

Commenter  J’apprécie          40
La sainte de la famille

Sainte-Thérèse de Lisieux et moi

À l'heure de se retourner sur sa vie, Patrick Autréaux s'interroge sur la place que Sainte-Thérèse a joué tout au long de son parcours. Et découvre combien l'écriture est un acte de foi.



Pour certains la question est essentielle, pour d'autres elle est accessoire, mais titille un peu quand même, surtout quand l'âge vient: quel rapport ai-je à la transcendance?

Pour le narrateur, il faut remonter aux premières années de l'enfance, quand il découvrait avec bonheur le jardin de sa grand-mère. C'est sans doute vers cinq, six ans qu'il a entendu parler pour la première fois de la petite sainte. Une sorte de compagne dans les moments difficiles, qui soulageait les peines, qui réconfortait les âmes meurtries et qui faisait même quelquefois des miracles. C'est sans doute pour cela que la Mémé avait fait le voyage jusqu'à Lisieux. Elle avait même mis ses pas de ceux de la jeune fille et touché les reliques. Même si, au bout du compte, elle avait été emportée par la Camarde. Alors pourquoi continuer à la vénérer? «Ma grand-mère était morte après son pèlerinage. Mes parents avaient divorcé. On continuait de croire en toi. De n'importe quel médecin, on se serait détourné, on aurait crié au charlatan. Mais traversant les âges, plus ou moins dissimulé, restait cet attachement à ce qui, faute d’être une infaillible panacée, renfermait une étrange et vivante force.»

La Sainte de la famille est aussi pour le jeune garçon qui cherche sa voie une sorte de lueur dont les écrits définissent un itinéraire, bien davantage qu'un objet de culte. Un peu comme ce message qu'il veut voir dans les premières minutes du Docteur Jivago, au moment des obsèques ou encore lorsqu'il écoute les Kindertotenlieder de Gustav Mahler. Dès lors, il va avancer dans la vie aux côtés de celle qu'il tutoie et qu'il interpelle. Quand sa mère a un cancer et finit par en sortir et quand on lui découvre à son tour une tumeur. Et qu'il réussira lui aussi à vaincre. Comment dès lors ne pas suivre ce mouvement frénétique? «On écrit de partout au carmel normand. On vient sur ta tombe, on y apporte des offrandes et des demandes, on murmure des prières, c'est une chapelle de mots et de désirs, de petits objets, de souffrances qu'on dépose dans l'air ou sous forme d'une médaille, d'un papier, d'un stylo, d’un bouquet de violettes ou de roses, c'est aussi là qu'on sent se serrer contre soi des inconnus, morts ou vivants, exaucés ou déçus, qu'on attend son tour, car parfois la queue est impressionnante.»

S'il n'est pas question de foi à proprement parler dans ce livre qui se veut le premier volume d'un cycle autobiographique, il est beaucoup question d'écriture, avec cette idée sous-jacente que l'un a beaucoup à faire avec l'autre. Avec Victor Hugo, qui affirmait que le but de l'art est presque divin, Patrick Autréaux voit dans son œuvre et dans sa vocation les traces de cette compagne imaginaire. Il a désormais bouclé la boucle en écrivant sur elle.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          340
Quand la parole attend la nuit

Ce livre, le cinquième coécrit par la journaliste ­Monique Atlan et le philosophe Roger-Pol Droit, chroniqueur au « Monde des livres », prolonge leur enquête sur « ce que ­deviennent les contours de l’humain » en abordant le plus grand de nos ­pouvoirs : la parole.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          20
La sainte de la famille

Mais quel beau récit personnel : La Sainte de la famille. La famille ce sont les parents, les grands parents, la grand-mère surtout, malade et qui va mourir alors que le jeune Patrick se nourrit intellectuellement et s’éduque avec Châteaubriand, Tolstoï, Dostoïevski, Gautier, Jankélévitch, comme il l’écrit d’ailleurs : « Dans les livres, les vinyles Deutsche Grammophon et à l’école, j’avais trouvé par où m’échapper. Je m’étais engouffré dans tous ce qu’il y avait à apprendre. » Les coulisses de son histoire, ce sont un peu celui les corons du Germinal de Zola. La Sainte, c’est Thérèse de Lisieux, que l’auteur lit passionnément. « C’est ainsi que tu entres dans ma vie, marquant la limite du royaume des morts, et me tenant la main chaque fois que j’approche cette frontière. » Car la passion plus que la foi, n’est pas exempte de questionnements et est remplie de doutes, tout ce qui fait les fragments de sa vie. Fragments ? Pour l’auteur il s’agit même de débris : « On établit le compte de ces débris qui font l’armature d’une vie. » Sa vie tournera autour de ce désir, de ce rendez-vous improbable, entre Sainteté et Littérature, né après le visionnement de l’adaptation du roman de Pasternak, Le Docteur Jivago. Il s’agira, pour Patrick Autréaux, de parler du deuil, de la maladie, de sexualité (et de son homosexualité), d’écriture – beaucoup ! et il se trouve en ce livre des pages magnifiques -, mais aussi de « ce qui n’a plus de nom dans aucune langue et qui me fait écrire ce livre. » L’une des belles surprises de cette rentrée 2023, d’une grande sensibilité, d’une rare intelligence, toujours pudique, partageant l’intime mais préservant le privé.
Commenter  J’apprécie          70
La voix écrite

Il m'a fallu du temps pour le reprendre, abandonné au printemps.

Vivre pour écrire, écrire pour vivre, le virus m'est passé.

Néanmoins, je suis toujours preneur des moteurs d'écriture, confiés au public, sous la forme d'un récit de survivant. Après avoir frôlé la mort, le médecin psychiatre cesse d'exercer, fidèle à l'appel intérieur, réveil d'une urgence latente, celle d'écrire, afin d'éroder un moi rétif et d'ensuite atteindre les autres.

Cette introspection autobiographique requiert une attention soutenue, exige du lecteur la patience de suivre un cheminement très cérébral vers l'essence du mouvement d'écriture.

Donner forme à l'informe en soi,

exorciser la solitude,

accepter une fragilité fertile,

faire de la maladie un support de renouveau,

voilà ce que dit La voix écrite, d'un verbe extrêmement travaillé, tantôt austère, tantôt vibrant d'une démarche inspirée.

J'ai accepté de suivre Patrick Autréaux.

Je ne regrette rien mais ne rééditerai pas l'expérience.



Commenter  J’apprécie          90
La voix écrite

Livre choisi dans une de mes cavernes d'Alibaba préférées : la Librairie Tschann

( BD du Montparnasse-Paris)- 2 Février 2017- Enfin achevé et relu en août 2022





Une lecture qu'on ne peut oublier !...



Un texte interpellant, douloureux, allant dans les profondeurs de la nécessité d'Écrire , retraçant le parcours unique d'un jeune médecin- urgentiste en

" psychiatrie", se retrouvant à l'Aube de ses 35 ans, de l'autre côté de la barrière., en tant que malade atteint d'un grave cancer...



Patrick Autréaux raconte, détaille son " parcours du combattant" contre la maladie, contre certains soignants , contre la peur , contre la souffrance,..., son besoin vital de l'Écriture ( désir personnel préexistant de longue date) pour "se soigner" autrement, et surtout pour "Survivre"..!



L'extrait suivant que j'ai choisi ,exprime au plus près la démarche du narrateur-auteur :



"Qui sait vraiment rester seul avec un incurable, avec un mourant ? Qui sait ne sait rien faire à côté d'un désespéré, d'un endeuillé ? Qui sait soigner jusqu'en cette réclusion- là ?

La personne qui parle est très bruyante : le livre est la possibilité de parler en étant silencieux.C'est en tout cas ce type de livres que j'avais compris pouvoir, devoir écrire. Et en ce sens, cela avait été une découverte : c'était la compréhension de ma route singulière, qui ne reniait ni le soin ni la littérature, qui les unissait, qui m'unifiait en eux et faisait tendre la main aux autres, à tous ceux qui voulaient bien la saisir.

Écrire, mais écrire pour les temps de malheur. "



L'écrivain nous fait partager ses abondants et douloureux questionnements, quelque part universels, comme La Vie, la Mort, la Maladie, son éthique et sa pratique de Médecin, la nécessité de " thérapies " parallèles comme l'Écriture, La Littérature, la Lecture....



Le "récitant" nommé ceux qui l'ont aidé par leurs écrits, comme Primo Levi, Kertész, Chalamov...Des survivants , en somme, comme lui, d'une toute autre manière !



Il détaille une autre influence notable dans l'appréhension de l'Écriture, et du style: Annie Ernaux...



Et puis tout le long du récit, l'ombre affectueuse , tutélaire d'un vieil ami, éditeur, qui va l'accompagner des années durant dans son cheminement d'"Ecrivain" et nous reconnaissons le célèbre et bienveillant psychanalyste, écrivain, Pontalis ...!



Un ouvrage essentiel, précieux, riche d'enseignements d'un cheminement exemplaire de courage , de lucidité et de vaillance et de talent littéraire..!













Commenter  J’apprécie          320
Pussyboy

Patrick Autréaux commence avec Zakaria une relation qu’il a du mal à définir : c’est plus que du sexe, mais pas encore de l’amour. Il se trouve que Zakaria est très peu fiable : Patrick ne sait jamais quand il viendra. Zakaria reste de longues semaines sans donner de nouvelles, puis appelle au dernier moment pour dire qu’il arrive et souvent ne vient pas. Patrick ne fait plus attention aux lapins que Zakaria lui pose et se résout à apprendre de lui "l'ambivalent plaisir de ce qui n’est jamais acquis”. Mais lorsque Zakaria vient, les corps se rencontrent et se retrouvent d’une façon que Patrick n’a jamais expérimentée avec aucun de ses amants. Pourtant Zakaria est d’une autre sphère : il est arabe, musulman et pratiquant. Sa religion inscrit fortement en lui un interdit sur cette relation homosexuelle.

Dans ce court récit, Patrick Autréaux questionne le désir sexuel et cherche à remonter à sa source. Bien que sa relation avec Zakaria ne semble pas se situer dans les hautes sphères amoureuses, elle prend une place déterminante dans sa vie et lui permet de faire des liens avec son histoire familiale. Dans une écriture qui ne s’encombre d’aucun tabou sexuel, Patrick Autréaux attribue une importance remarquable à une relation qui ne semble mener nulle part. L’auteur donne ainsi une force et une profondeur littéraire à ce qu’on pourrait juger un peu rapidement frivole ou secondaire.
Commenter  J’apprécie          50
Dans la vallée des larmes

Le récit de la voie étroite qui mène de la maladie à la rémission, de la guérison à la résilience.

Patrick Autréaux est médecin, quand on lui découvre un cancer, il bascule dans un autre monde : celui des soins, de l'attente, du silence effrayé devant un avenir incertain. Dans une écriture tout à la fois nette, qui sertit ses phrases dans la douleur du malade, sa brutale hébétude face à la trahison du corps, et hantée par l'angoisse du vide et de la mort, l'homme s'abandonne à cette vallée des larmes qui s'ouvre sous ses pieds. Il lui faut affronter la maladie, la lourdeur des traitements, prendre conscience de la fuite du désir, comme de l'éloignement scellant le sort de sa relation avec son conjoint Benjamin.

J'ai été happée par la première partie du récit, celle qui décrit l'intériorité d'un être foudroyé par la maladie. Par contre, la seconde partie – la reconquête du corps dans une recherche hédoniste – m'a moins intéressée. La sincérité de l'auteur sur sa sexualité aiguisée par le retour à une vie normale n'est pas une pose, loin s'en faut. Il ausculte avec honnêteté sa « seconde naissance », cherche ce qui le pousse vers ces aventures brèves, triviales, consommatrices de chair. Mais, la doublure quasi mystique dont il les enrobe (anges, prophètes se tenant là pour que « le corps entier participe à cette fulguration ») ne me passionne pas.

Patrick Autréaux a puisé des forces dans la lecture de Primo Levi et Fritz Zorn, tous deux restés à jamais dans l'ombre de la mort. Tout au contraire, son bref récit est résolument ancré dans la lumière de la vie.
Commenter  J’apprécie          120
Pussyboy

Dans un style très élaboré, l'auteur nous conte les relations entre un écrivain et un jeune homme berbère : relations sexuelles, mais aussi, et surtout, relation amoureuse, même si justement c'est ce terme-là qui est en définitive l'objet du livre : affection, amitié, amour, en fait une autre réalité, une autre relation plus délicate à définir et à cerner.

Le romancier navigue entre ces pôles tout en constatant l'éloignement progressif qui s'opère entre les deux amants.

L'autre intérêt de ce texte assez bref (116 pages) tient dans le fait que les relations charnelles entre les deux hommes permettent au romancier (l'auteur ?) la redécouverte de son propre corps, le plaisir amenant une autre relation au monde, aux portes "du rêve et de la poésie".
Commenter  J’apprécie          40
Pussyboy

Pussyboy, c'est l'histoire de deux hommes intimement liés. L'histoire d'un amant imprévisible qui lutte entre son attirance envers son partenaire et son amour pour sa religion. C'est un voyage poétique dans un monde de passion, de désarroi, et d'espoir. Les sentiments s'emmêlent et nous mènent dans une bulle intimiste.
Commenter  J’apprécie          90
Pussyboy

Une tornade de sexualité et de passion. On termine notre lecture-orgasme le souffle court. C’est le récit des corps qui fusionnent, qui se manquent, qui se troublent. L’histoire de deux hommes qui se font jouir le cœur. Une lecture intense et haletante.
Commenter  J’apprécie          80
Quand la parole attend la nuit

Essai intimiste entre prose et poésie qui entremêle des réflexions sur l'amour et et la souffrance
Commenter  J’apprécie          10
Quand la parole attend la nuit

Sans Masse critique, je serais totalement passée à côté de ce livre publié chez Verdier. Et je me serais privée d'un passage sublime concernant une chanteuse que je vénère, Nina Simone.

Tout un chapitre est construit autour d'une chanson : Wild is the wind.Un souvenir d'un soir où Solal fait écouter ce morceau à son amant Simon. Où il lui parle du son des magnolias alors que c'est celui des mandolines. Ce chapitre pourrait être une nouvelle à lui tout seul. Ce chapitre a suffit à me convaincre que j'avais entre les mains un très beau livre. Parce qu'une chanson dit bien plus que ce que l'on entend.

C'est un roman sensible, poétique, finement écrit. On suit Solal de la chute du mur de Berlin à celle des Twin Towers, un futur médecin, idéaliste, qui va comprendre au fil du temps qu'il peut seulement faire de son mieux. Solal aime Simon, puis Lou, mais pas comme elle le voudrait, Solal ne comprend pas ses parents mais rencontre Schull, un vieil homme qui deviendra son ami.

C'est un livre beaucoup moins social que ce que la quatrième de couverture peut laisser croire, le résumé est trompeur et c'est un peu au détriment du texte. Car ici on entre dans la littérature de l'intime, et cela demande du temps de lecture et du calme. Et une bande-son appropriée. Pourquoi pas la voix si émouvante de Nina Simone ?

Commenter  J’apprécie          60
Quand la parole attend la nuit

Une voix intime.

Qui demande une lecture attentive ; les images filées sont parfois longues, très longues, mais nous entraînent à une replis intérieur.

J'y ai lu une réflexion sur la fragilité des amours, leur complexité, leur silence : leur irréalité ?

Commenter  J’apprécie          30
Quand la parole attend la nuit

En guise de préliminaires à cette lecture, la photo de Mimmo Jodice (Neapolis, 1986) sur le bandeau, les fameuses céramiques de Bernard Palissy évoquées page 62 et la chanson de Nina Simone, Wild is the wind (Sauvage est le vent), en toile fond sonore (p. 54-55) : Love me, love me, love me, say you do (Aime-moi, aime-moi, aime-moi, dis que tu m’aimes)/Let me fly away with you (Laisse-moi voler avec toi)/For my love is like the wind (Car mon amour est comme le vent)/And wild is the wind (Sauvage est le vent), etc.



C’est un roman sur l’amour et la mort qu’écrit ici avec finesse, élégance et sensibilité Patrick Autréaux. Il utilise la troisième personne du singulier pour nous narrer l’histoire de Solal, depuis ses études en médecine et jusqu’aux premières années d’internat, autant dire cette décennie particulière :

« Pendant une large décennie bordée en amont par la célébration d’un bicentenaire et ces révolutions qui firent tomber le bloc de l’Est, et en aval par la chute de deux colonnes américaines, accueillie par les youyous de joie des uns et la désolation plus ou moins effrayée des autres, on aura répété, et certains se seront laissés aller à cette douceâtre illusion qui tient pourtant du roman d’anticipation, que l’Histoire venait d’entrevoir sa fin, c’est-à-dire que nous étions entrés dans la phase ultime de l’harmonisation mondiale et que devant nous, vers l’éternité, s’étalait son fécond et serein delta. » (p. 17)



Solal est ainsi décrit : « Coupe au bol, silhouette de kangourou, c’était un grand type qu’étonnaient la passivité des carabins et leur indifférence devant ce qui était en train de bouleverser l’Europe » (p. 16). Il a écrit et publié des poèmes, et apprécie Théophile Gautier au point d’en lire un poème lors de l’enterrement de son ami Schull. « Son rapport à l’Histoire, c’est ce que Solal s’était mis à interroger depuis qu’il avait rencontré Schull » ; « pouvait-on être concerné, intimement concerné, pas quelque chose qui ne nous touchait que par les infos, par des images ? »(p. 107)



Le romancier nomme de façon très pertinente, selon moi, la quête initiatique de Solal : « la liberté de voir par soi-même, c’est-à-dire d’échapper à tout ce qu’on apprend, mais une fois qu’on l’a appris. » (p. 12)



La poésie de la chair et de l’âme sous toutes leurs coutures et sutures ! Elle se manifeste surtout la nuit, quand la parole se délivre des turpitudes de la vie quotidienne. Le silence retombe et l’histoire se termine de « façon heureuse » (p. 172) car « l’Histoire vient de reprendre son cours au rythme de cet étrange tocsin qu’ont été les images d’effondrement vues en boucle par le monde entier » (p. 173).

Commenter  J’apprécie          780
Quand la parole attend la nuit

« Le jour qui précédait chaque garde enflait en lui ce qu’il fallait dépasser, ce qui va survenir et qu’on ignore, ces formes qui en silence ou avec fracas sortent de l’après-midi finissant ou du soir, parfois du soleil à son coucher (c’est à cette heure-là que l’angoisse est la plus grande). Et ce qui grossissait ressemblait à la déesse souterraine que Schull avait longtemps conservée non loin de lui et qui se tenait désormais sur le rebord de la bibliothèque chez Solal. Curieuse idole achetée quarante ans plus tôt sur un marché, c’était une pelote de débris et de terre rouge qui tenait entre deux moignons une curieuse silhouette de vide, comme un enfant, une offrande ou un protégé invisible. Ce petit rien, c’est moi la nuit disait Schull. »

Quand la parole attend la nuit, Patrick Autréaux (Verdier), p.125

Une déesse, vieille idole africaine, de terre, bois et chiffons, dressée au bord d’une bibliothèque, comme une mère protectrice, et qui semble ici dicter son destin au personnage… Magnifique image !, au coeur du livre de Patrick Autréaux, roman d’une initiation au monde et à l’amour, récit qui rouvre aussi pour mieux le creuser le sillon du « Soigner » (titre d’un précédent livre de l’écrivain, superbe petit opuscule dans la collection L’un et l’autre, Gallimard, 2010), de ce geste souverain et qui offre à qui l’accomplit, ici le jeune Solal, pratiquant son métier d’infirmier pour mieux apprendre à devenir médecin, un espace plus grand que son petit ego, l’horizon infini des autruis… Roman plein de joyeux clins d’œil – Solal… , Albert Cohen l’aimerait également celui-là !, Schull… -, traversée de l’intimité profonde d’un homme fragile, on y entend surtout, la retrouvant avec quelle joie, la voix unique de l’écrivain, cette « parole » peut-être issue de la nuit, portant vers nous des mots d’une rare sensibilité, éveillant de frissons nos esprits. Bonheur d’Autréaux, comme un bain de jouvence, n’hésitons pas à y plonger !
Commenter  J’apprécie          50
Quand la parole attend la nuit

Au travers de Solal, son alter ego, l’auteur médite sur l’amour et le corps souffrant. L’impossible amour, jamais reçu par l’enfant non désiré, jamais satisfait par Simon qui l’a initié, jamais rassasié par le vagabondage au temps périlleux du SIDA. L’amour naïf offert par Lou qui tarde à comprendre que Solal n’est pas attiré par les femmes. Solal prépare les concours puis travaille dans un service d’urgences psychiatriques. L’introspection minutieuse le prépare à la vision du corps souffrant, à l’écoute d’une raison déviante, au rôle d’acteur et de spectateur d’une bientraitance maladroite, bien vite débordée.



« Il serait heureux que puisse ici s’écrire un roman d’apprentissage ou que Solal prenne les traits juvéniles des héros de quelque saga initiatique, ceux d’un jeune homme enfin prêt à participer au salut de l’humanité souffrante » (p 60). L’impossible roman, morcelé, hésitant, est servi par une écriture sincère où le récit est coupé de poèmes. Les images sont rocailleuses (« Il n’y a que ce ciel sang de poulet qui tonitrue désormais. Couleur plus sonore que n’importe quel cri. Solal pourrait hurler et écouter l’écho escalader à toute allure les étages du puits au fond duquel parvient un peu de lumière » p 12). La réflexion est parfois laborieuse, n’est pas Proust qui veut : « Car que sent-on, que voit-on quand on s’interroge sur ce qu’a laissé un être aimé ? Le plus souvent sous le projecteur trop fort de la conscience, de la volonté de percevoir, on ne fait qu’aplanir tout relief et constater que ce miroir au-dedans de soi ne porte plus qu’une infime rayure, moins qu’un cheveu, dont le gommage ne déforme même pas le portrait qu’on se fait de soi, juste un filament évanescent et l’impression d’une trace de poussière. De la poussière, voilà ce que nous laissent certains examens de conscience rétrospectifs. On s’efforce de regarder à la loupe, mais ça ne rend rien, aucune image qui bouleverse ou nous gêne, seulement le peep-show du passé et notre reflet absent dans la nostalgie vague qui flotte » (p 118).

Commenter  J’apprécie          50
La voix écrite

J'ai l'impression d'avoir raté quelque chose en lisant les autres critiques. J'ai reçu ce livre grâce à Masse Critique... Le sujet me plaisait mais j'ai pas pu rentrer dedans. J'ai trouvé l'écriture péremptoire, avec des maximes assénées comme des vérités... Bref je n'ai pas été du tout sensible à cette écriture.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Autréaux (117)Voir plus

Quiz Voir plus

Un extrait de poème (avec un indice) pour trouver l'auteur.

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Indice : Esmeralda

Jacques prévert
Victor Hugo
Ronsard
Paul fort

11 questions
172 lecteurs ont répondu
Thèmes : amour fouCréer un quiz sur cet auteur

{* *}