Ce quatrième tome vient conclure cette superbe préquelle au célébrissime roman d’Herman Melville.
La couverture est assez éloquente quant au contenu de cette fin de cycle : la confrontation entre Achab Hawthorne et Moby Dick aura bel et bien lieu et, à en croire le titre de l’album, le célèbre capitaine ne sortira pas tout à fait indemne de cette aventure.
La première partie d’album est très bavarde, mais permet de bien saisir l’état d’esprit d’Achab et de ses compagnons. Le développement psychologique du héros de Melville au fil des tomes et des années est en effet l’un des points forts de cette saga. Les épreuves qu’il est amené à traverser, ne font que renforcer son obsession vis-à-vis de celui qui décima une grande partie de sa famille. Une obnubilation qui le fait lentement sombrer dans la folie, au détriment de sa vie affective et de ses proches. Au fil des pages, sa quête vengeresse et sa détermination ne font que s’intensifier et sa folie atteint ici son apogée.
La suite est à nouveau rythmée par les combats inégaux entre mammifères marins et pêcheurs. La dimension épique est donc de nouveau au rendez-vous et chaque apparition du célèbre cachalot vient augmenter la force de ce récit humain, tragique et captivant. Cette alternance entre développement psychologique et scènes d’action, combiné au réalisme et la crédibilité de la description des mœurs et coutumes des habitants de ce lieu entièrement dévoué à la chasse à la baleine, font d’ »Achab » une série intelligente, parfaitement maîtrisée et incontournable.
Ce quatrième tome explique non seulement de quelle manière Achab a perdu sa jambe, mais réserve également quelques surprises/rebondissements au niveau du scénario. La fin du récit emmène le lecteur au début du roman de Melville, incitant même à s’y (re)plonger sans plus attendre. Il faut dire qu’en imaginant la jeunesse d’Achab avant qu’il ne devienne le terrible capitaine du Péquod, Patrick Mallet livre non seulement une aventure humaine envoûtante qui respecte à la lettre l’esprit de ce chef-d’œuvre de la littérature, mais il continue également d’alimenter le mythe de cette célèbre baleine blanche, dont le nom suffit à faire trembler les marins les plus téméraires : Moby Dick !
Les dessins de Mallet, superbement mis en valeur par la colorisation de Laurence Croix qui, à l’aide de tons pertinents, contribue également à installer ce récit dans une ambiance adéquate, valent également le détour et créent une atmosphère qui n’est pas sans rappeler celle de l’excellente saga de Mathieu Bonhomme (« Le voyage d’Esteban »).
Si au sein d’un neuvième Art marqué par de nombreuses adaptations littéraires, « Achab » s’inscrit clairement parmi les extensions réussies d’œuvres connues, il reste maintenant à espérer la parution de ce petit tome supplémentaire qui viendrait couronner cet hommage à Melville : l’adaptation de son roman.
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