Citations de Paul Klee (242)
L’ambiance me pénètre avec tant de douceur que sans plus y mettre de zèle, il se fait en moi de plus en plus d’assurance. La couleur me possède. Point n’est besoin de chercher à la saisir. Elle me possède, je le sais. Voilà le sens du moment heureux : la couleur et moi sommes un. Je suis peintre.
(p. 309)
Un artiste qui, indépendamment de la production de ses œuvres, fournirait des éclaircissements à leur sujet, ferait preuve d’une médiocre confiance en lui-même.
(p. 269)
Tout dépend de la volonté et de la discipline. De la discipline l’œuvre dans son ensemble, de la volonté l’œuvre dans ses parties. Volonté et capacité ne font qu’un, qui ne saurait pouvoir, ne saurait vouloir.
L’œuvre s’achève ensuite à partir de ces parties en vertu d’une discipline visant à l’ensemble.
(p. 258)
Celui-là trouve son style qui ne peut autrement, c’est-à-dire qui ne peut faire autre chose. Le chemin qui mène au style : gnoti seauton.
(p. 249)
Le dialogue avec la nature reste pour l'artiste condition sine qua non. L'artiste est homme ; il est lui-même nature, morceau de nature dans l'aire de la nature.
L'art, est à l'image de la création. C'est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du cosmos.
Apprends à regarder plus loin que les apparences pour atteindre la racine des choses
Paul Klee
En songe (j'avais deux ou trois ans), je vis le sexe de la bonne. C'était quatre petits sexes masculins, qui ressemblaient quelque peu au pis d'une vache.
Je suis semblable à la pente où la sève cuit au soleil, où les fleurs se dessèchent. Seule me peut rafraîchir la nuit du Walpurgis, là, ver luisant, je vole, sachant bien où se trouve, allumée, une petite lanterne.
La tempête me clarifie et la vie me captive.
Rire à se pâmer. Et je le dis à nouveau, ce rire élève au-dessus de l'animal.
« L'amour comme soleil, moi comme marécage » :
Empestement du soleil en reconnaissance de la puanteur du marécage qui s'élevait de chez moi.
Les fées sont toujours d'un certain âge et quelque peu sévères. Car autrement il faudrait bien que dans un conte quelconque, lors des trois souhaits habituels, il arrivât que le garçon, pour une fois, souhaitât posséder la fée.
« La loi qui porte l'espace », tel devrait être le titre approprié de l'un de mes futurs tableaux ! Aujourd'hui je n'en suis pas encore là ; à la question : « Aimez-vous la nature ? » Je réponds provisoirement : « La mienne sans doute ! »
Moment heureux. Louis m'indique quelques friandises chromatiques et pense devoir s'en remettre à moi pour les retenir. J'abandonne maintenant le travail. L'ambiance me pénètre avec tant de douceur que sans plus y mettre de zèle, il se fait en moi de plus en plus d'assurance. La couleur me possède. Point n'est besoin de chercher à la saisir. Elle me possède, je le sais. Voilà le sens du moment heureux : la couleur et moi sommes un. Je suis peintre.
Au commencement la masculine spécialité du choc énergique. Ensuite la charnelle croissance de l'œuf. Ou encore : le fulgurant éclair, puis la nuée pluvieuse.
On abandonne la région d'ici-bas pour aller construire de l'autre côté dans une région au-delà qui peut au moins exister intacte.
Abstraction.
Le froid romantisme de ce style sans pathos est inouï. Plus ce monde (d'aujourd'hui précisément) se fait épouvantable, plus l'art se veut abstrait, tandis qu'un monde heureux produit un art porté vers l'ici-bas.
Un chantier d'inauthentiques éléments pour la formation d'impurs cristaux.
Voilà où nous en sommes.
Mais ensuite : il arriva que saigna la druse. Je pensais en mourir, guerre et mort. Puis-je donc mourir, moi cristal ?
Moi cristal.
Peut-être est-il philosophe à son insu, et s’il ne tiens pas, comme les optimistes, ce monde pour le meilleur des mondes possibles, ni ne veut affirmer non plus que celui qui nous entoure est trop mauvais pour qu’on laisse le prendre comme modèle, il se dit toutefois : de cette forme reçue, il n’est pas le seul monde possible.
I L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible.
Credo du Créateur