« Théorie de l'Art » de
Paul Klee édité et traduit par
Pierre-Henri Gonthier (1964, Gonthier, 174 p.) rassemble les idées du peintre pour ce qui concerne l'art moderne. Ce livre regroupe pour la première fois l'ensemble des textes théoriques parus du vivant de
Paul Klee. Il comprend, entre autres les célèbres « Pädagogisches Skizzenbuch » (Esquisses pédagogiques) (1965, Florian Kupferberg, 55 p.) ainsi qu'une série de courts essais et conférences.
Parmi les questions auxquelles Klee tente de répondre figurent : Quelle est la fonction de la peinture contemporaine ? Quels sont les rapports qu'elle entretient avec d'autres sources de création comme la musique, la poésie, les mathématiques ou la biologie ? Quels sont les pouvoirs de de l'espace, de la forme, la ligne, et de la couleur ? Comment expriment-ils notre conscience de nous-mêmes et de l'univers ? Il en ressort d'une part les principes fondamentaux de sa grammaire picturale et une vision originale d'autre part de la place de l'artiste dans l'univers.
L‘art abstrait, au début du XXème siècle, doit beaucoup aux 3 K que sont Klee,
Kandinsky, et Kupka, trois peintres qui ont révolutionné la façon de peindre, pendant que Breton, Arp, Carrington et Tzara inventaient le surréalisme et dada en littérature.
Paul Kee (1879-1940) est un artiste allemand né à Münchenbuchsee, à côté de de Berne en Suisse. Il nait dans une famille de musiciens. Sa grand-mère maternelle l'initie très tôt au dessin au crayon et à la mine de plomb, ainsi qu'à la peinture. Il commence l'étude du violon à l'âge de sept ans, mais préfère dessiner des caricatures dans ses livres de classe. En 1898, il entre à l'atelier d'Heinrich Knirr (1862-1944), où il étudie le dessin figuratif et devient très vite le « meilleur élève de Knirr ». En octobre 1900, il est admis à la « Akademie der Bildenden Künste München » (Académie des beaux-arts de Munich), dans l'atelier de Franz von Stuck, en même temps que
Vassily Kandinsky. Mais les deux peintres ne se fréquentent pas, ou pas encore, pas avant 1911. Il se fiance en 1901 avec la pianiste Lily Stumpf (1876-1946), fille d'un médecin munichois, mais le couple ne se mariera qu'en 1906.
À Munich, en 1907, il visite l'exposition des impressionnistes. « Klee n'adopta pas le style des impressionnistes, mais il vérifia leurs principes pour les intégrer à son expérience. […] Klee était plutôt préoccupé par les problèmes de tonalité, ce qui aboutit au développement de l'aquarelle noire ». Il expose à Berne, puis à Bâle où il fait connaissance d'August Macke, puis il voyage en Tunisie. Dans son «
Journal » il note à Kairouan « La couleur me possède […] Je suis peintre ».
En apparence, la guerre l'affecte peu. Il est nommé secrétaire de la « Münchener Secession » (Nouvelle Sécession munichoise), une association d'artistes de Berlin et de Vienne venus étudier et vivre à Munich. Celle-ci est dissoute en 1938 par les nazis lors de la « purification culturelle ».
Après la formation au Bauhaus, dirigé par Walter Gropius, Klee y est nommé et enseigne la peinture sur verre, puis le tissage. Avec
Kandinsky, il donne des leçons sur la forme et expose la première théorie systématique des moyens qui clarifie les possibilités contenues dans les procédés abstraits. Les notes de ses cours forment les « Contributions à la théorie de la forme picturale » puis la «
Théorie de l'art moderne » publiée de façon posthume en 1945, traduite par
Pierre-Henri Gonthier (1964, Gonthier, 174 p.).
Paul Klee résilie son contrat avec le Bauhaus en 1931. En tant que musicien, il cherche à lier peinture et musique dans l'idée d'un « rythme pictural », suggérant d'observer les mouvements d'un chef d'orchestre ou le rythme naturel des marées. Il structure alors ses tableaux comme une partition musicale. Puis en 1933, considéré comme « juif galicien » lors de son licenciement de l'académie de Düsseldorf, il est violemment attaqué par les nazis, faisant de lui le précurseur le plus important de « l'art dégénéré ». En 1935, il ressent les premiers effets d'une maladie de la peau, la sclérodermie, que l'on ne savait pas reconnaître, et qui l'affectera beaucoup. Il meurt en 1940 à Locarno.
Il faut aller voir le musée qui lui est dédié, le « Zentrum
Paul Klee » à côté de la ville de Berne. Conçu par l'architecte
Renzo Piano sous forme de trois bâtiments en forme de vagues, semi-enterrés, le musée regroupe près de la moitié de l'oeuvre de l'artiste. Au total, 4000 tableaux, aquarelles et dessins sont exposés, ainsi qu'une superbe collection de marionnettes confectionnées pour son fils Félix.