Citations de Paul Martin (66)
Allez ! Elle décide de s’y mettre vraiment et commence à vider le placard. D’abord, enlever les livres moisis et passer un coup d’éponge.
Elle feuillette rapidement les livres de Papi : de vieux cahiers de coloriage, des recueils de contes, des albums aux illustrations vieillottes. C’est bizarre, on dirait plutôt une bibliothèque de fille. Violette a du mal à croire que son grand-père lisait ces trucs.
-Le monde a toujours été bizarre. Ce qui est fou, c’est de croire qu’il peut être normal.
Elle avait souvent constaté que les compagnons les plus petits étaient des alliés d’un grand secours.
En effet, les Trolls se plaisaient à rester inertes. Leur nature minérale, leur poids, leur longévité, tout les portrait à détester le mouvement. C'était peut-être la raison de leur hostilité envers les bêtes et même les plantes : ce qui bouge, court, sautille, pousse et s'agite dans le vent leur semblait à la fois futile et agaçant. Eux tiraient leur force de leur capacité à rester sans faire un geste, sans respirer ni même cligner des yeux, pendant que le reste du monde tournait autour d'eux.
C'est pourquoi ils ne passaient pas à l'attaque. Ils auraient aisément pu ravager la place du marché, piétiner les pauvres protections mises en place par ses occupants, et contraindre ces faibles créatures à leur donner ce qu'ils voulaient. Mais cela n'était pas dans leur nature. Ils préféraient faire ce que savent le mieux faire les pierres : s'enfoncer dans le sol, être des obstacles, plus dur que le bois de chêne, plus patient que le félin à l'affût, jusqu'à ce que leurs adversaires viennent leur donner ce qu'ils demandaient.
- Eh bien, je préférerais que tu me vouvoies. Tu comprends, si je suis une héroïne, c'est important que je montre mon autorité aux gens. Donc, merci de me dire désormais "vous", fidèle destrier !
- Hein ? Te dire "vous" ?
- Oui ! J'ai toujours eu envie qu'on me vouvoie, mais les gens disent toujours "tu" aux enfants. Allez-sois chic !
Le chien se passa la patte gauche sur l'oreille, ce qui était pour lui un signe de grande perplexité. Puis il finit par lâcher :
- Bon. Comme vous voudrez, Violette !
-(…)Et si je tombe dans un gouffre plein de lave ? D’acide ? Si des croques-cailloux m’attrapent ?
Violette soupira.
-Des croques-cailloux ? C’est quoi ça, encore ? Ça existe ?
-Je ne sais pas. Mais ça pourrait exister.
- On va dire... On va dire que... j'étais une héroïne, et tu étais ma fidèle monture. Et on se cachait dans ce jardin. Le jardin fantastique. Euh, non, pas fantastique. Le jardin...
Vu d'ici, le jardin semble totalement différent. Les silhouettes tordues des arbres, les herbes fouettées par le vent, les allées envahies d'orties et de ronces... Tout lui apparaît mille fois plus déroutant, mille fois plus vaste. Et le nom la frappe comme une évidence.
- Le Jardin Sauvage !
Comment les fleurs se reproduisent-elles ?
1. Sur la plupart des fleurs, on trouve une partie mâle, qui qui produit le pollen : les étamines ; et une partie femelle, qui reçoit le pollen : le pistil.
2. Pour que naisse une nouvelle fleur, il faut que le pollen d'une fleur trouve le pistil d'une autre fleur de la même espèce. Une graine se forme alors. En germant, elle donnera une nouvelle fleur. Comme les fleurs ne peuvent pas se déplacer, le pollen est transporté par le vent.
3. Mais les insectes aussi transportent le pollen. En butinant de fleur en fleur, ils emmagasinent un peu de pollen sur leurs pattes, et le déposent plus loin.
La vraie vie, c’est pouvoir agir sur son destin, se dit-elle.
-C’est comment d’être un loup ?
L’animal inclina la tête sur le côté : il avait besoin de regarder le monde sous un angle différent pour trouver sa réponse.
-C’est plus simple que d’être un humain. Je ne passe pas mon temps à me demander ce que je dois faire. Je sens le monde autour de moi par mes yeux, mes narines, mes oreilles. S’il y a une proie, j’attaque. S’il y a un danger, je fuis. Si je ne peux pas fuir, je me bats.
Dominant la forêt, la lune noire projetait l’obscurité autour d’elle, comme une tache d’encre se diffusant lentement dans le tissu du ciel.
Bien avant que les bêtes à poils, à plumes ou à écailles ne grouillent sur la Terre, bien avant les fleurs, les lianes, les fougères et même les algues, les Roches étaient là.
Un siècle est pour elles aussi fugace que le passage d'une averse, les millénaires marquent à peine leur surface.
Elles sont lentes, mais puissantes. Avec la patience de ceux qui ne respirent ni ne saignent jamais, avec plus de vigueur qu'aucun muscle n'en a jamais eu, avec une force qui courbe les montagnes et comble les océans, elles ont façonné le monde.
Ensuite, les êtres vivants sont arrivés, et le temps a changé de rythme. Aux yeux de tous, les roches ont paru mortes, dénuées d'âme. Elles qui étaient reines du monde sont devenues nourriture pour les plantes, refuges pour les bêtes. Puis ressources pour les humains, qui n'hésitèrent pas à les briser afin de prendre leurs éclats tranchants, puis à les faire fondre afin de s'approprier leurs pouvoirs. (p.132)
S’il y avait une chose que sa longue expérience lui avait apprise, c’était que la panique était toujours mauvaise conseillère.
Regarde : même dans leurs villes, les Terriens ont laissé des bouts de forêts juste pour promener leurs chiens.
( sous un flap, dans les toilettes)
G+2PQ
Le puits est recouvert d'une lourde planche de bois, percée d'un trou en forme de trèfle à quatre feuilles. Possèdes-tu un objet qui a cette forme ?
Je ne suis pas historien, non, même si je sais ce que cela veut dire. Je suis un listorien. Celui qui fait des listes. D’un geste élégant, il montra les innombrables papiers qui les entouraient.
- Les listes que suivent les Jardiniens ! s’exclama Violette. C’est donc vous qui les écrivez !
- Oui, et cela me demande beaucoup de travail. Oh, ces listes -là sont bien monotones. Ma vraie passion, c’est de tenir à jour des listes de tout : des listes de ce que j’ai vu, des listes de ce que j’ai cru voir, des listes de ce qu’on m’a raconté… et même des listes de listes.
Mais Violette savait que la peur peut être aussi redoutable que la méchanceté.
J’était la protectrice. Tu était ma fidèle monture. Et tous les deux, on était de retour dans le jardin sauvage!
Violette Hurlevent sent la colère bouillonner en elle. Contre qui ? Dur à dire. Contre sa mère, qui les a forcés à emménager dans cette vieille baraque puant le champignon ? Contre son frère, Ivan, qui passe son temps à pleurer ? Contre sa chambre sinistre ? Contre ce quartier coincé entre la route et la voie ferrée, ni ville ni campagne mais loin de tout ? Contre ce jardin misérable ?
Oui… Contre tout ça. Et contre son père, bien sûr, sans qui il n’y aurait pas eu besoin de s’enfuir.