Pauline Dreyfus

Sémites, ce front, ces narines, ces oreilles ?
Judaïques, son regard, son expression, son faciès ?
Devant son miroir, elle grimace, sourit, tire la langue, tourne ses épaules pour épier son profil,
Judaïques vraiment, ces mimiques ? Elle répète le mot, comme pour se flageller davantage.
Elle se rappelle comme elle était étonnée et même vexée, quand tout le monde lui faisait remarquer sa ressemblance avec l'écrivain Irène Némirovski, au moment où paraissaient dans la presse les premières photos de l'auteur de David Golder ; une femme que les journalistes qui voulaient donner une idée de son physique à leurs lecteurs décrivaient comme une « piquante israélite » !

p. 20: "Ainsi allèrent ses pensées, oscillant entre l'allégresse et l'anxiété, la jubilation et la révolte- états d'âme changeants comme ce ciel d'avril qui avait vu naître son premier enfant"

Paul Morand à Hélène, son épouse:
"Maurice Rheims est venu me voir ce matin, dans le style de l'hyperbole admirative, il est un peu lourd quand même (à croire qu'un jour lui aussi convoitera un siège), "Vous et Aragon, mes dieux de jeunesse, enfin il offre ses services pour le côté Résistance de l'Académie. Tu sais ce que je lui ai rétorqué ? "La Résistance fut une prodigieuse comédie, admirablement mise en scène par le parti communiste et jouée vingt-cinq ans, dans toutes les langues, par le meilleur acteur qu'on ait vu depuis Napoléon: de Gaulle" Il en resté coi."p.114