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EAN : 9782246789253
238 pages
Grasset (14/03/2012)
3.92/5   18 notes
Résumé :
1968. Cinquième candidature de Paul Morand à l'Académie française. L'écrivain n'est plus l'auteur glorieux des années 30. Il a "perdu sa guerre". Il a 80 ans. Dix ans plus tôt, le général de Gaulle, lui reprochant sa collaboration avec le régime de Vichy, a refusé qu'il entre sous la Coupole. Pour qui sent la mort approcher, l'Académie n'est-elle pas la promesse de devenir immortel ?
Et voici le récit de sa campagne, sa dernière campagne. On croise, dans son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

▶️1968: Paul Morand, 80 ans, présente pour la cinquième fois sa candidature à l'académie française. Les précédents refus de l'y voir entrer jusque là n'ont rien à voir avec la littérature : le procès pour mauvaise conduite sous l'occupation n'était alors pas encore terminé ; le général de Gaule s'est toujours opposé à son entrée sous la Coupole, lui reprochant sont ralliement au gouvernement de Vichy ; Hélène, la femme de Morand, dira : "Nous n'avons renié ni le maréchal, ni Laval, n'avons pas demandé pardon à De Gaulle, ce qui nous eut été facile. Nous pouvons mourir la tête haute". Refus de Mauriac également - les deux hommes de se vouent une haine tenace : «Je ne me présenterai pas à l'académie pour ne pas voir François Mauriac quand il y va ; bien assez d'être obligé de le rencontrer en enfer »...
▶️Cette fois, il est enfin élu, mais la victoire a un goût de revanche sinon même de défaite : «mieux vaut jamais que tard », écrira, perfide, Natalie Barney..
▶️C'est ici le portrait d'un Morand vieillissant, loin de l'écrivain brillant de l'entre deux guerre, de l'Ambassadeur dandy et grand séducteur, qui s'interroge sur sa fin : «la vieillesse; on bouche un trou, il s'en ouvre un autre...en attendant le grand »...
▶️Au-delà de l'élection de Morand, l'auteure nous fait revivre les grandes heures de la vie de l'écrivain, son âge d'or: les rencontres déterminantes, Proust, Cocteau, Chardonne, Nimier, Gallimard, les conquêtes amoureuses, nombreuses, tellement nombreuses, sa rencontre avec Hélène, 10 ans de plus que lui, qui deviendra sa femme - une femme qui lui passe tout : "Un homme qui ne trompe pas sa femme n'est pas un homme"...
▶️Il est aussi question des postes d'Ambassadeur tenus à Londres et ailleurs, de la collaboration puis de l'exil en Suisse, les inimitiés tenaces, Mauriac et De Gaulle...
▶️On y croise aussi la jeune garde des lettres d'alors, Jean d'Ormesson et Patrick Modiano...et une toute jeune Nathalie Baye, engagée comme lectrice pour Hélène..
▶️Balade follement littéraire entre le quai Conti, siège De l'Académie Française et l'avenue Charles Floquet, où résident les Morand, qui reçoivent dans leur grand appartement avec vue sur la tour Eiffel le tout Paris des Lettres - l'occasion pour Morand de continuer à briller et de partager son aversion pour mai 68 et la déliquescence qui l'entoure ; à propos de la jeunesse justement : "c'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est à dire à peu près un jeune homme d'hier". Sur la production littéraire ; "J'en ai assez de ces romans d'une exceptionnelle fraîcheur, je préfère relire les classiques. Et puis dans ce monde moderne où tout le monde s'appelle par son prénom, on n'arrive plus à situer les gens, à se souvenir des personnages. Au moins, quand je lis Flaubert, Balzac ou Proust, je m'y retrouve. Cette manie des prénoms, c'est tout ce que je déteste dans notre époque ; à force, on confond le trottoir et la chaussée". A 80 ans, l'esprit est toujours vif et saillant, le propos souvent cinglant....
▶️Un roman biographique réjouissant, érudit et jubilatoire sur un écrivain aujourd'hui oublié, porté par une écriture enlevée et élégante à l'image de Morand lui-même - un roman biographique court et brillant - j'ai adoré !!.
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Sur la couverture de Immortel, enfin on peut lire "roman". En, fait, c'est ce qui définit le moins ce livre de Pauline Dreyfus! Au mieux, on a affaire à une biographie romancée, mais surtout à une évocation chaleureuse et même empathique de l'élection de Paul Morand au 11éme fauteuil de l'Académie française en 1968 et de sa réception en 1969. Ce qui suppose de connaître, au moins de loin, l'oeuvre de cet écrivain bien occulté de nos jours. En effet, il est difficile de considérer ce récit comme une approche de l'univers romanesque de l'auteur de "L'Homme pressé" tant les références utilisées sont à la fois précises et très marquées dans un temps comme dans un monde artistique particulier. Pauline Dreyfus évoque avec brio l'époque de l'élection et, en se glissant dans les pensées de Paul Morand, elle fait revivre les différentes étapes sa vie: brillant écrivain mondain de l'entre-deux-guerre, Collaboration, opposition à De Gaulle, mais aussi vie facile affichée, succès galants, conquêtes amoureuses, petites vacheries entre écrivains, entre éditeurs et autres coups bas parmi ces demi-dieux de la pensée.
Finalement, ce livre assez riche et plaisant à lire se recommande plutôt pour la fusion ou, du moins, la forte empathie entre l'auteur et son sujet: un style, une insouciance, une élégance, un sens de la formule qui nous replonge avec délectation dans l'écriture et le monde de Paul Morand .... à condition d'en avoir une certaine connaissance antérieure!
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"Immortel, enfin", de Pauline Dreyfus, vient de sortir en format de poche. Séance de rattrapage, donc, pour ce livre paru en 2012. On y découvre un Paul Morand à la fin de sa vie, désillusionné, loin du personnage flamboyant des années 30, mais n'ayant pas pour autant perdu le goût de la brigue en postulant une fois de plus (et ce sera la bonne) pour un siège à l'Académie française. le livre vaut pour l'empathie entre l'auteur et son personnage qu'illustre un style vif et enlevé, mais aussi pour la peinture acide du petit monde littéraire parisien. On goûtera notamment les conciliabules, tractations et autres coups fourrés précédant une élection à l'Académie: plutôt réjouissant !
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1968. Paul Morand va avoir 80 ans et va présenter sa candidature à L Académie Française pour la cinquième fois. le roman se concentre sur cette ultime tentative de l'ancien homme pressé, maintenant désenchanté, dépassé par le monde qui se transforme autour de lui et où il n'a plus de place. La vieillesse est là avec son cortège d'ennuis. Hélène, princesse Soutzo, son épouse est confinée dans le célèbre appartement de l'Avenue Charles Floquet à Paris, mais c'est aussi la plus acharnée à se battre pour cette élection.

Après mon coup de coeur pour "Ce sont des choses qui arrivent", j'étais pressée d'enchaîner avec le premier roman de l'auteure et je l'ai autant apprécié. On y retrouve un peu la même société d'ailleurs, celle qui passe son temps en mondanités, en voyages et en divertissements. Ici le portrait qui est dressé de Paul Morand est subtil, pour l'apprécier totalement il faudrait connaître son oeuvre mieux que moi. Il semblerait qu'il y ait de nombreuses correspondances avec son journal inutile.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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« Et puis, heureusement, il n'est pas de l'Académie. » Michel Déon concluait ainsi un article consacré à Paul Morand dans les Nouvelles littéraires. C'était il ya bien longtemps. Ce premier roman de Pauline Dreyfus, Immortel, enfin, est une réussite totale. Il force l'admiration. C'est le portrait d'un homme qui, après s'être enivré d'ailleurs, est revenu de tout (vraiment de tout). Il y a une jolie phrase qui dit : « J'aimerais mettre un peu de temps entre ma vie et ma mort » Ce livre retranscrit ça admirablement. le portrait d'une vie à son crépuscule. Un portrait enlevé en diable, plein de grâce et d'esprit, roboratif et précis. Aussi jouissif que d'aller voyager avec une dame. Morandien en somme...
Lien : http://www.denecessitevertu...
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critiques presse (6)
Bibliobs
30 janvier 2013
Pauline Dreyfus réussit impeccablement le portrait de cet écrivain en fin de parcours: [...] Elle réussit, parce que son livre n’est ni un réquisitoire ni un plaidoyer. Il est trop intelligent pour ça.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
20 juin 2012
Le tableau est vif, expressif, mais nimbé d'une atmosphère crépusculaire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Le roman de Pauline Dreyfus […] offre de la France de 1968 un tableau dans l’esprit délicieusement ultra de Morand, ainsi que de vifs croquis du milieu littéraire […].
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde
LePoint
03 avril 2012
Ce qui est frappant dans cet excellent libretto, c'est la ferveur empathique avec laquelle une jeune femme se penche sur le cas Morand.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
30 mars 2012
Morandienne jusqu'au bout de la plume, Pauline Dreyfus l'est incontestablement grâce à un sens de la formule et du croquis vif que n'aurait pas renié son modèle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
26 mars 2012
Dans un récit crépusculaire et vernaculaire, Pauline Dreyfus saisit le vieux réprouvé à l'instant de sa réhabilitation.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les jeunes écrivains viennent ici comme au musée. Arrachent des bribes de souvenirs à ce grand silencieux. Quémandent des conseils à Paul. Il n'aime pas parler boutique mais il est touché par leur admiration affectueuse. Elle lui rappelle Nimier et sa hargne à le réhabiliter, au moment où plus personne ne parlait de lui. A tous, il répète :
- On écrit avec son caractère, avec son foie, avec ses rhumatismes, avec ses yeux, jamais avec son intelligence. N'ayez pas trop d'idées : elles font vieillir les livres. Lui-même dit qu'il ne parvient jamais à retenir les idées abstraites (...). Il leur dit encore que la bonne littérature, ça n'est qu'une suite d'images simples qui remuent des couteaux dans des plaies invisibles.
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"Au milieu des trente convives, un petit nouveau qui a l'air hagard ; Jean Denoël le pilote dans cette assemblée beaucoup plus âgée que lui. Il s'appelle Patrick Modiano. Beau visage fiévreux juché sur un corps inexistant, on dirait une tour Eiffel qui aurait des cheveux longs et un regard intelligent. Ce grand garçon maigre de vingt-trois ans vient de publier un court roman, La place de l'Etoile, qui a obtenu le prix Roger-Nimier. Ce gamin est incollable sur des années qu'il n'a pas vécues ; Paul a compris qu'ils étaient hantés par les mêmes spectres".
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Paul Morand à Hélène, son épouse:
"Maurice Rheims est venu me voir ce matin, dans le style de l'hyperbole admirative, il est un peu lourd quand même (à croire qu'un jour lui aussi convoitera un siège), "Vous et Aragon, mes dieux de jeunesse, enfin il offre ses services pour le côté Résistance de l'Académie. Tu sais ce que je lui ai rétorqué ? "La Résistance fut une prodigieuse comédie, admirablement mise en scène par le parti communiste et jouée vingt-cinq ans, dans toutes les langues, par le meilleur acteur qu'on ait vu depuis Napoléon: de Gaulle" Il en resté coi."p.114
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J'en ai assez de ces premiers romans d'une exceptionnelle fraîcheur, vous voyez ce que je veux dire? Je préfère relire les classiques. Et puis dans ce monde moderne où tout le monde s'appelle par son prénom, on n'arrive plus à situer les gens, à se souvenir des personnages. Au moins, quand je lis Flaubert, Balzac ou Proust, je m'y retrouve. Cette manie des prénoms, c'est tout ce que je déteste dans notre époque ; à force, on confond le trottoir et la chaussée.
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Continue à te promener et à trouver de l'intérêt à tout, même aux Vosges. Un jour, pour toi lointain, tu verras s'émousser le tranchant de tout ; un arrière-fond de "ne cherche pas ailleurs ; tu es arrivé ; tout le monde descend".
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Videos de Pauline Dreyfus (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pauline Dreyfus
Pauline Dreyfus vous présente son ouvrage "Le Président se tait". Parution le 17 août aux éditions Grasset. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2639268/pauline-dreyfus-le-president-se-tait
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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