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Critiques de Pedro Cesarino (14)
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L'attrapeur d'oiseaux

Le besoin de déviations vers d’autres mondes possibles, qu’il a en commun avec les gens de là-bas, en amont du fleuve de l’Amazonie, du narrateur, un anthropologue brésilien, est à l’origine d’une quête perpétuellement titillée, celle du dernier mythe amazonien de L’Attrapeur d’oiseaux. Une quête qui le poussera à s’enfoncer dans la jungle pour chercher son récit complet auprès du chaman d’une tribu . Un voyage en pirogue long et difficile, dans des conditions limites,  dans cette zone de non-droit aux confins de l’Amazonie dans un monde totalement étranger à la nôtre, à la poursuite d’une illusion.



Les mythes sont nombreux dans cette partie du globe, où la nature domine l’homme . Comme ce fleuve qui coulait dans les deux sens,mais victime d’un malfaiteur des temps mythiques qui voulu le garder pour lui seul l’avala mais dû le recracher parce que….il ne coule plus que dans un seul sens. L’auteur Pedro Cesarino , antropologue lui-même, dont le cœur de ses recherches se porte sur le chamanisme et les grands textes oraux qu’il traduit, ainsi que sur la cosmologie et la mythologie du peuple Marubo, bascule dans un autre plan de l’existence qu’il nous relate brièvement mais explicitement dans ce texte de 133 pages . En Amazonie, non seulement le temps s’écoule d’une façon différente de notre temps domestiqué, réglé pour le flux du capitalisme  mais la nature aussi a un rapport différent avec les peuples indigènes. Ne pouvant la maîtriser, ces derniers ont établi une relation de médiation diplomatique avec la forêt, la société des animaux et les collectivités spirituelles qui leur sont associées et ont réussi à trouver un autre équilibre , sûrement plus équitable que celui de nos mondes civilisés arrogants qui sont en voie de sa destruction.



Un texte intéressant où l’ironie est assez présente. Un homme est un homme, anthropologue ou pas, les petits détails de reluque sur les seins nus des femmes de ses hôtes m’ont fait sourire. L’humour y est aussi présent avec ces mondes si différents des nôtres qui pourtant ont envie de profiter des avancées de la technique pour faciliter leurs vies dans la mesure qui leur convient. Ils lui réclament une fusée du genre Challenger ou Discovery, vu dans une revue laissé par l’anthropologue, “C’est bien pour aller en ville, en pirogue c’est plus possible ….” L’incompréhension qui s’en suit entre la tribu et l’anthropologue est mordante 😁…..



Ce livre qui ne se veut pas autobiographique est une réflexion profonde sur la relation entre le chercheur blanc ou brésilien et les Amérindiens, notamment leur conception différente de l’amitié et sur une relation qui se devrait plus respectueuse avec l’Amérindien, souvent considéré comme le sauvage. Il remet aussi en question le travail de l’anthropologue définit par l’homme blanc, « L’anthropologie n’est pas une explication de la pensée de l’autre, affirme Cesarino, il s’agit de penser dans une relation de frontière entre deux modes de connaissance distincts. Un moyen d’y parvenir est la traduction des textes oraux amazoniens. Parce que c’est exactement là qu’on trouve la différence radicale de la pensée. » Notre narrateur , qui insiste à connaître la totalité du mythe dont il est à la recherche finira par comprendre que tout lui échappe , «comme dans les tragédies grecques ». Au contraire de nos sociétés qui veulent tout comprendre , tout rationaliser, tout contrôler et remplis de personnages qui savent tout, ces peuples ont l’humilité d’accepter que l’homme fait partie d’un cosmos et d’une nature qu’il ne peut dominer et en violer le mystère le portera fatalement à un déséquilibre létal. Pourtant des paradoxes dans les petits détails font à nouveau sourire, ils dévorent les biscuits venus de la ville, ils aimeraient bien descendre en ville prendre une bière….. Un livre que je conseille absolument à qui s’intéresse au sujet et a envie un peu dépaysement 😊!

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L'attrapeur d'oiseaux

À Vila Bittencourt, un court moment de Wifi. Je poste mon billet .

Je me suis perdu lorsque j’ai retrouvé l’Attrapeur d’oiseau.

Ce n’est pas rien d’organiser une expédition, de remonter un fleuve qui descend en même temps, d’aller à la rencontre des mythes fondateurs et des apocalypses. Je me suis perdu et donc retrouvé auprès de Baitogogo, mon grand frère indien Marubo. Là bas, le langage se dilue, le temps n’est plus le même, il disparaît inexorablement Qui va remplacer le Grand Chaman et sortir tout un peuple de sa mélancolie .Pour qu’il retrouve ce rapport à la nature que nous avons définitivement perdu, menacés par les catastrophes et l’ individualisme absolu. Un grand merci à Pedro Cesarino pour ce voyage anthropologique inclassable et un peu terrifiant.

J’ai adoré toute cette histoire, Tragédie amazonienne d’où l’on revient avec de la fièvre, déboussolé mais un peu plus lucide.

On se dissout dans ce livre incroyable. Comme si on avait fait soi-même le voyage. Il sera temps de revenir du Brésil quand j’aurai retrouvé mes principes d’adaptation à la « civilisation ». En attendant, suivez le guide, suivez Cesarino ..

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L'attrapeur d'oiseaux

Au Brésil, pas loin de la frontière colobienne, un anthropologue arrive sur les territoires des indiens d'Amazonie pour se faire raconter la légende de l'attrapeurs d'oiseaux, un mythe qui le fascine et dont il ne sortira pas indemne.



Pedro Cesarino est l’un des plus brillants anthropologues de sa génération.



L’Attrapeur d’oiseaux est son premier roman et réussit le pari d’être à la fois plein d’humour, extrêmement sérieux et parfaitement documenté.

Très belle réflexion sur la culture, sur l’importance des mythes et des rites pour faire sens pour vivre et mourir en paix parmi les siens, et pour prolonger la légende en en devenant un des héros. Un conte philosophique et initiatique teinté de cruauté et de dérision, une lecture étonnante et éprouvante!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'attrapeur d'oiseaux

Qui est mieux placé pour dénoncer les limites de l’enquête anthropologique sur le terrain qu’un anthropologue ?

C’est ce que fait Pedro Cesarino dans son premier roman dont le titre l’Attrapeur d’oiseaux fait référence à un mythe des origines que le narrateur, anthropologue, rêve de transcrire.

Poursuivant ce graal depuis des années, soutenant l’existence de ce mythe devant ses collègues dubitatifs, notre anthropologue retourne une énième fois dans la tribu qui l’a adopté. Mais cette fois le cœur n’y est plus : la pluie, la fièvre et l’isolement le coupent peu à peu de ceux qui ont placé en lui sa confiance et le considèrent comme un fils et un frère. Seul le récit par bribes du mythe de l’attrapeur d’oiseaux par un membre de la tribu allié aux esprits le pousse à prolonger son séjour. La mort du chaman, protecteur de la tribu et garant de l’harmonie entre ses membres, plonge les membres de la communauté dans le désespoir et entraîne une suite de perturbations qui conduit chacun à révéler sa vraie nature.

L’auteur réussit le tour de force de nous plonger dans l’atmosphère pesante et étouffante de la jungle tout en nous conduisant par glissements successifs hors de notre rationalité. Embarqués avec le narrateur, nous perdons progressivement nos repères et nous le suivons au bout de ses questionnements, là où la logique n’a plus cours.



Dans ce récit s’inspirant de ses travaux, Pedro Cesarino questionne la légitimité de l’anthropologue dans sa démarche qui consiste à gagner la confiance des indigènes dans l’intention louable de recueillir mythes et récits avant leur disparition pour regagner la « civilisation » une fois ceux-ci obtenus. Au passage, il égratigne le travail des missionnaires évangéliques qui imposent leurs croyances sans chercher à comprendre celles des indigènes. Il évoque également les ravages de la modernité dans la description de la ville frontière d’où part le narrateur et où échouent nombre d’indigènes, privés de leur mode de vie traditionnel par l’accaparement des terres.

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L'attrapeur d'oiseaux

Gardien des légendes



L'attrapeur d'oiseaux. Ce titre trompeur vous égarera peut-être sur ce dont l'auteur veut parler dans ce court récit qui oscille entre le récit anthropologue et le conte philosophique. Embarquez sur la pirogue de Baitogogo et tâchons d'y voir plus clair.



Le récit est avant tout une immersion dans une région humide, qui transpire les caresses sans fin d'un soleil impitoyable. La plume immersive de l'auteur permet de ressentir la moiteur de la jungle amazonienne mais aussi toute sa beauté indomptable.



Véritable passeur de savoir, le narrateur récolte les légendes locales comme d'autres les informations. Légendes qui achèvent de donner au récit une couleur et une bonhomie qui tranche avec la réalité sociale livrée aux affres du capitalisme.



Bien qu'empreint d'un certain onirisme, le récit n'en reste pas moins un tableau saisissant des conditions de vie des minorités ethniques dans un Brésil qui a renié ses valeurs humanitaires. La violence sociale est omniprésente, tout comme le racisme envers ses populations qui refuse le conformisme occidental. Par les yeux du narrateur c'est une peinture bien sombre qui nous est dépeinte.



Un tableau que le narrateur allège par son optimisme affable et sa volonté impassible, rendant ce voyage moins âpre. Une légèreté qui se retrouve dans sa manière de s'intégrer aux tribus locales, à adopter leurs us et coutumes, à s'imprégner de leur mentalité à coups de mésaventures et de déconvenues. Son amour pour cette région et ses habitants transparaît à chaque page.



L'attrapeur d'oiseaux combine donc habilement le récit d'aventures et la critique sociale, le tout mâtiné de légendes exotiques. Un voyage en terre inconnue qui laisse un souvenir impérissable.
Lien : https://culturevsnews.com/
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L'attrapeur d'oiseaux

Plongée critique, et spéculative, dans les méandres, et mensonges, de l'aventure ethnographique. Un homme veut reconstituer un récit, il s'embarque sur le fleuve, part pour la selve et les fièvres. En connaissance, sémantique, de cause Pedro Cesarino se livre à une très fine parodie des récits ethnographique, leurs topiques de l'altérité, leur amalgame aussi dans le mythe. L'attrapeur d'oiseaux ou comment on se laisse prendre à ses propres récits.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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L'attrapeur d'oiseaux

Le moins que l'on puisse dire c'est que l'enquête démarre d'abord pour le lecteur. Il faut comprendre que cet anthropologue repart en pirogue en pleine Amazonie, après moult achats nécessaires, nourriture, médicaments, petits cadeaux, et même hélices pour la pirogue, accompagné de membres d'un groupe qu'il 'étudie', avec lesquels il a des liens de frère, dont il parle la langue, et qui l'ont laissé en plan dans la narration d'un mythe, celui de l'attrapeur d'oiseaux. Bref, ce n'est pas sa première incursion dans le coin.



"Est-ce pour cela qu'ils m'embrouillent depuis des années lorsque je les interroge?(...) Pourquoi affiche-t-il cet air de contrariété et de réprobation lorsque j'aborde la question?"



Chaleur, moustiques, guépards l'attendent à nouveau. Le fleuve, lui, est capable de couler à contresens. "Les dernières années passées dans la jungle ne m'ont pas suffi pour apprendre que le fleuve peut couler dans un sens différent au milieu ou le long des berges." Pour les habitants, c'est comme ça et il y a une 'histoire'.



L'ambiance est bien rendue, y compris le côté non prévisible du voyage, le groupe restant pas affolé et encore moins tributaire d'une montre. Le narrateur connaît leurs us et coutumes, accepte leur gentille moquerie, se tient à carreau avec les femmes, commet des bourdes, mange comme eux mais pas complètement non plus. Ils semblent l'avoir accepté, la preuve au retour il retrouve tout son matériel comme laissé auparavant.



"Je ne suis pas sans savoir qu'ici le secret et la discrétion n'existent pas. Le commérage n'est pas exactement un vice, mais l'un des moyens les plus efficaces pour que les relations existent, pour saupoudrer la vie en société de quelque grâce ou conflit."



Un vieil homme décède durant son séjour, et l'on découvre d'intéressants rites.



Et l'attrapeur d'oiseaux? Cela permet une fin originale.



Si vous aimez les anthropologues bien baladés, il y a Nigel Barley.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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L'attrapeur d'oiseaux

Nous y suivons un narrateur dont la voix instille en nous le poids d’une lourde mélancolie, d’une lassitude liée à sa condition, devenue trop répétitive, d’éternel voyageur. L’homme est anthropologue, fasciné par les tribus amérindiennes vivant dans les territoires reculés de la forêt et avec lesquelles il se sent des affinités, notamment cette même tendance à la "dérivation vers d’autres mondes possibles".



Depuis longtemps il collecte leurs histoires, récits d’une mythologie mettant en scène humains et animaux au cœur d’une nature puissante et prodigue d’un symbolisme révélant une spiritualité profonde. Or, il lui reste "une histoire à écrire, qui ne lui laisse aucun répit". Pour la énième fois, il va tenter de recueillir ce mythe de "L’attrapeur d’oiseaux" qu’on n’a jamais voulu lui raconter, et qu’il pressent détenteur d’une signification existentielle primordiale.



Le voici donc de nouveau en partance sur le fleuve, accompagné d’autochtones qui lui sont proches, en direction du cœur de la forêt. La pirogue, surchargée, progresse au rythme lent du temps indien, on s’arrête pour chasser des pécari aperçus sur les berges ou pour faire une sieste à l’ombre d’une végétation luxuriante. Son corps, déjà fatigué par ses péripéties et rendu maussade par le manque de sexe, le trahit dès le début du voyage par une diarrhée qui l’affaiblit. Il semble ressentir avec une intensité inhabituelle l’environnement autour de lui, ses bruits, ses odeurs, ses couleurs. Son mauvais sommeil est à l’inverse habité de rêves aux contours imprécis, dans lesquels il entend la voix de proches dont il s’est éloigné, fuyant les attachements susceptibles de le sédentariser. De même, il ne s’est jamais résolu à rester avec les Indiens qu’il considère quasiment comme sa famille. Coincé entre deux mondes, il est ainsi, et nous avec, comme plongé dans une nébuleuse qui semble peu à peu altérer sa capacité à interpréter objectivement le comportement de ceux qui l’entourent.



Sa quête le confronte à un univers qu’il fréquente régulièrement mais dont il peine à appréhender certains codes, certains épisodes révélant le fossé qui sépare culture autochtone et mode de vie occidental, dont les Indiens subissent dramatiquement les conséquences. Expulsés de territoires où s’installent des vagues de blancs opportunistes, ils vivent à la merci des orpailleurs, des marchands de bois, éprouvant les ravages du mercure, de la cachaça, des viols et des assassinats.



Les visions émergeant des transes chamaniques ne s’y trompent pas, qui commencent à se parer d’une dimension apocalyptique, échos d’une dévastation environnementale dans laquelle se dessine la fin du monde.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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L'attrapeur d'oiseaux

Ce livre nous emmène au cœur de l’Amazonie, à la suite d'un anthropologue brésilien quelque peu usé, blasé, qui est à la recherche de son graal, son dernier objectif : cerner le mythe de l'attrapeur d'oiseaux.

C'est comme le fleuve : long ! Le récit s'étire, s'étire tant est si bien que je m'y suis noyé !

A oublier.
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L'attrapeur d'oiseaux

Dans ce roman, nous voyageons au cœur de la forêt amazonienne et nous suivons un anthropologue qui part à la recherche du fameux mythe de l’attrapeur d’oiseaux. Il retournera également auprès de sa famille adoptive amazonienne ce qui sera source de nombreuses péripéties.



Tout d’abord j’ai trouvé ce roman très poétique. L’écriture de l’auteur est très bien travaillée, il y a assez peu de dialogues mais l’atmosphère de la forêt amazonienne est très bien retranscrite et perceptible. On est facilement dépaysés grâce à la plume de l’auteur. Ce style d’écriture original peut-être déstabilisant au début mais on s’y habitue rapidement au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire.



L’auteur maîtrise parfaitement son sujet, étant lui-même anthropologue et ayant vécu lui-même une expérience au cœur d’une tribu amazonienne.



On ressent qu’il connait les moindres détails et toutes les conditions des vies de cette partie du monde ce qui est très enrichissant pour le lecteur.



Le mythe de l’attrapeur d’oiseaux a une place essentielle dans l’histoire car il expliquerait l’origine du monde.



Par ailleurs, des thématiques à la fois bouleversantes et enrichissantes sont abordées, comme les conflits entre les diverses populations, notamment colombiennes et brésiliennes, la pauvreté, les dérives et la violence.



Ainsi, la plume poétique de l’auteur nous fait découvrir ce coin du monde à la fois fascinant et magique tout comme son côté plus sombre qui sont racontés avec beaucoup de profondeur. Grâce à lui, j’ai a pris beaucoup de choses sur les conditions de vie des habitants de cette partie du brésil, sur son histoire et sa géopolitique.



Je remercie beaucoup les éditions Rivages pour cette découverte de cette belle fiction ethnologique.







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L'attrapeur d'oiseaux

Le narrateur, anthropologue, effectue ce qu’il estime être sa dernière mission en Amazonie pour combler les lacunes d’un travail sur un chant chamanique. Or, son parcours est semé d’embûches, du radeau de fortune aux pluies torrentielles, des crises de paludisme à la défiance de certains villageois. Il n’est pas dans son état habituel, et ce énième voyage l’éloigne de la vie stable à laquelle il aspire. Pourquoi le fait-on attendre ? Que cache ce mystérieux récit cosmogonique qui ne puisse être divulgué ?

Pedro Cesarino nous livre ici un récit initiatique sur les peuples autochtones d’Amazonie où chaque animal, chaque signe de la nature s’incarnent en esprit. Son histoire est aussi parsemée de drôleries, depuis son attirance pour une femme du village qu’il peine à contenir jusqu’à ses amitiés et inimitiés qui se nouent et dénouent au fil des événements : une élection à la plus haute fonction du village ou une discussion animée sur la fusée comme moyen de transport. On est frappé par la force imaginative de cette magnifique complainte éthologique et de sa mise en scène, à l’exact opposé de nos représentations.
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L'attrapeur d'oiseaux

Quarantenaire célibataire, doté d’un tempérament sombre et mélancolique, le narrateur est un chercheur brésilien qui étudie depuis des années une tribu indigène d’Amazonie. Il a appris leur langue, leurs coutumes et a créé des liens forts avec certains membres de la communauté. C’est son obsession pour l’histoire de l’attrapeur d’oiseaux, un mythe sur l’origine du monde, dont il n’a fait qu’entendre des bribes lors de ses précédents séjours, qui l’amène à repartir dans la forêt afin d’essayer d’en savoir davantage. Le récit s’ouvre sur son départ pour une énième expédition, les préparatifs dans la dernière ville de frontière aux portes du « labyrinthe vert ». Il se poursuit sur le long périple en compagnie de sa famille indigène adoptive – Sebastião Baitogogo, sa femme et ses enfants –, son arrivée dans le village. S’ensuivent plusieurs scènes de vie quotidienne, entrecoupées de discussions avec le pajé Tarotaro qui habite dans un autre village ; l’anthropologue re-transcrit l’histoire à mesure que le chamane la lui raconte. La mort du présidente Antonio Apiboréu, beau-père de Baitogogo, bouleverse la communauté qui doit lui trouver un successeur.

S’apparentant à un journal intime d’un ethnologue en mission, le texte est une véritable plongée dans la vie des Indiens d’Amazonie, un univers sombre et fascinant. Il est question à la fois de leurs habitudes quotidiennes (chasse, repas, consommation de tabac, etc.), mais aussi de leurs mythes, superstitions et histoires cosmogoniques, ainsi que des rites religieux et funéraires qu’ils pratiquent scrupuleusement. La forêt amazonienne est au centre de ce roman dont le narrateur évoque à plusieurs reprises la chaleur épouvantable, les tempêtes, l’omniprésence du fleuve, de la faune et de la flore. Les personnages doivent souvent lutter contre la malaria et autres maladies tropicales provoquant fièvre et diarrhées. De manière générale, tout est marqué par une grande violence.



Raconté au présent à la première personne, le récit est structuré en huit chapitres. La narration est entrecoupée de quelques courts dialogues, ainsi que de la retranscription des mythes sur lesquels le narrateur interroge Tarotaro.

La description détaillée des scènes de la vie quotidienne et des rites (notamment funéraires) contraste avec l’omission de nombreuses informations. Ni les toponymes des villages, ni la présence de la forêt, ni la mention des pays frontaliers (Pérou, Colombie) ne nous permettent de définir avec précision le lieu et l’époque de l’action, pas plus que le nom de la tribu dans laquelle séjourne le narrateur. On ignore également le prénom de ce dernier, la ville où il habite, l’institution (« le Laboratoire ») pour laquelle il travaille, son métier (anthropologue, ethnologue ?). En effet, si le narrateur donne quelques détails très intimes sur ses intestins ou ses frustrations sexuelles, on sait peu de chose sur lui. Il omet également de mentionner le nom du « vieux Français » qui a étudié les mythes amérindiens, notamment au Brésil, et qu’il évoque à plusieurs reprises.

Le lecteur découvre un univers méconnu, ainsi qu’un champ lexical très spécifique autour des plantes, des habitudes, des aliments, etc. ; la répétition des occurrences permet au lecteur de com-prendre de quoi il en retourne. La mythologie et le chamanisme sont au centre de L'Attrapeur d'oiseaux. La figure du pajé revêt à cet égard une importance fondamentale. Le texte évoque la vision du monde des indigènes, leur perception du temps et de l’espace radicalement différentes de la nôtre. Les rêves et cauchemars traversent le roman depuis celui du narrateur la nuit à l’hôtel la veille de son départ qu’à ceux de Pasho, le nain.

Certains passages sont drôles, voire grinçants, comme celui des missionnaires nord-américains effrayés par les rites funéraires des indigènes. Ou encore lorsque la communauté veut se procurer une fusée, aperçue sur un numéro du National Geographic laissé par le narrateur lors d’un précédent séjour.

Si on ne trouve pas de longueurs, on peut à certains moments constater un manque de rythme, sans doute une façon d’insister sur la torpeur amazonienne. Tout comme l’évocation répétitive de la fascination du narrateur pour le mythe de l’attrapeur d’oiseaux est une façon de montrer son caractère obsessif. Sans recourir aux ficelles classiques de la narration permettant de happer le lecteur, l’auteur est parvenu à créer un texte à la fois sobre, exigeant et intense. La tension est créée par la violence du décor, des histoires et anecdotes, ainsi que par le récit fragmenté du fameux mythe de l’attrapeur d’oiseaux que les membres de la communauté semblent résister à ra-conter à l’ethnologue. Celui-ci en comprendra les raisons trop tard – l’accélération de la fin est particulièrement réussie et laisse le lecteur dans un trouble profond.

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L'attrapeur d'oiseaux

L’anthropologue brésilien prône une nouvelle relation avec les peuples autochtones d’Amazonie, impliquant une compréhension mutuelle. Sinon ? C’est ce qu’il met en scène dans un roman formidable, « L’Attrapeur d’oiseaux ».
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'attrapeur d'oiseaux

L'auteur et anthropologue brésilien Pedro Cesarino invite à une plongée fascinante au cœur de l'enfer vert amazonien.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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