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Critiques de Peter Heller (353)
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Peindre, pêcher et laisser mourir

« Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, je tirerais sur un homme. Que je deviendrais père. Que je vivrais si loin de la mer. Enfant, on imagine parfois sa vie future, à quoi elle ressemblera. Jamais je n’aurais cru que je deviendrais peintre. Que je pourrais créer un monde et y pénétrer pour m’y perdre. Que l’art serait une chose que je ne pourrais pas ne pas pratiquer ».



J’aime qu’un incipit soit marquant, qu’il m’entraîne directement dans un rythme effréné, qu’il me donne envie de connaître le protagoniste, qu’il m’annonce déjà que ce dernier ne sera pas lisse, qu’il me projette dans le genre du roman et dans ses thématiques principales… Je me souviendrai de ces premières phrases de Peindre, pêcher et laisser mourir.



Jim aime peindre. Une vocation venue comme un choc, avec The Fog Warning, tableau de Winslow Homer, qui représente un pêcheur seul, dans la mer agitée, qui doit réduire la distance entre son canot et le navire au loin, sans quoi ce sera la mort assurée. Jim a décidé que pour tout ce qu’il ferait en tant qu’artiste, il tenterait « de le porter vers le vivant plutôt que de l’en éloigner. Même et surtout dans les tableaux les plus abstraits ». Jim, créateur autodidacte, fils de bûcheron, est un représentant de l’art outsider et provoque un dialogue, dans ses toiles, entre les personnes et des poissons, des gallinacés, ou tous autres représentants du règne animal.



Jim aime pêcher. La pêche s’oppose à la chasse, car les poissons sont souvent relâchés vivants, contrairement au gibier qui est tué. De plus, la pêche implique un mouvement permanent et non, comme la chasse, une traque avec de longues phases d’immobilité. Jim est un héros de Nature Writing, qui sait survivre dans le monde sauvage animal mais aussi parmi les hommes.



Après avoir posé ce décor, dans cette histoire, la notion de « laisser mourir » ou de s’y opposer tient également une place importante. Quelle est la valeur d’une vie ? « Cela se résumait à sauter et mourir ou à vivre et être hanté par cette aptitude à choisir. Ce qui, quand j’y pense, pourrait servir de définition à la conscience. J’ai eu de la peine pour à peu près tout le monde ». Jument battue, adolescente égarée, braconnier violent, familles unies et désunies, policiers surnommés l’Athlète ou le Sifflet : tous sont concernés par ce chevauchement de lignes de vie, plus ou moins longues, dans ce récit à plusieurs entrées qui juxtapose les codes.



Peindre, pêcher et laisser mourir a été abordé dans le cadre d’une lecture commune avec HundredDreams, berni_29, Romileon et DianaAuzou, que je remercie. Ce roman comprend plusieurs facettes, en passant de magnifiques descriptions des grands espaces, à des références d’histoire de l’art, jusqu’à la traque proche du thriller. Il est donc particulièrement adapté pour un beau partage.



Peindre, pêcher et laisser mourir était ma première lecture de Peter Heller, mais elle sera suivie, à plus ou moins brève échéance, par d’autres car j’ai apprécié le rythme et les réflexions de l’auteur. J’aimerais notamment découvrir La constellation du chien, qui se trouve sur l’île déserte de HordeduContrevent, et La rivière, car j’ai beaucoup aimé me trouver dans cette nature grandiose dans laquelle on se sent tout petit.

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Peindre, pêcher et laisser mourir

Le titre nous dit tout de la vie de Jim Stegner : peindre, pêcher et laisser mourir.

A écouter sa voix parler de son Art, décrire ses œuvres, ses déambulations le long des rivières, dans les rivières sa canne à la main, on imagine mal la violence intérieure, la colère rentrée qui n’attend qu’un incident pour exploser.

Cet incident, c’est Dellwood qui va le provoquer. Cette brute épaisse, dans tous les sens du terme, bat une petite jument, qui, sans l’intervention de Jim, serait morte sous les coups du bourrin braconnier.

L’engrenage vient de se mettre en place. Jim qui a soif de justice ne se contentera pas de lui mettre son poing dans la gueule et se trouvera exposé au désir de vengeance des proches de Dell.

Echapper aux méchants, échapper aux enquêteurs, échapper à ses tourments intimes, échapper à ses questionnements, le récit alterne entre poursuites sur routes ou rives et fuites intérieures pour oublier, s’oublier dans la peinture ou la pêche.

Si cette dernière est efficace, son Art révèle à ceux qui veulent bien voir les secrets de son psychisme qui mouline sans arrêt.

Raconté du point de vue de Jim, on pénètre dans la tête de cet homme complexe, torturé, blessé, tenté souvent d’abandonner mais toujours relevé par un sursaut vital, une détente semblable à celle d’une truite fario qu’il ferre pour mieux lui rendre sa liberté.

Le rythme du récit est comme le cours d’une rivière, c’est très troublant. Par moment les actions s’enchainent avec rapidité, puis le calme revient et parfois même lors de scènes sensément soutenues l’allure se brise par les rêvasseries de Jim qui semble pris dans les remous de son âme malheureuse.

Une fois de plus je suis séduite par un texte de Peter Heller qui bien que déclinant les mêmes thèmes : la nature apaisante et réconfortante et dont on sent qu’il en parle en connaisseur, le respect et l’amour des animaux, la pêche en rivière, il sait proposer à ses lecteurs d’autres problématiques avec ici une réflexion sur la peinture et le marché de l’Art, offrir des intrigues différentes et les mener de telle sorte qu’à 50 pages de la fin je ne savais toujours pas où il me menait.

Si ce n’est pas absolument un coup de coeur c’est peut être du à la multiplicité de thèmes abordés qui ne sont pas exactement aboutis. C'est sans doute une volonté de l’auteur mais je n'en suis pas certaine.

Cette lecture a été menée en Lecture Commune avec @ Fanny1980, @HundredDreams, @bernie-29 et @DianaAuzou que je remercie pour nos échanges riches, stimulants et fructueux.

Ma dernière remarque m'est venue suite à une intervention de Diana qui a probablement mis le doigt sur ce qui me retenait d'être absolument sous le charme.

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Peindre, pêcher et laisser mourir

Voilà un homme peinard, qui essaye de réapprendre à vivre à travers sa solitude, ses quelques principes et la nature. Mais voilà, à la suite d'une bonne action, il devient l'homme à abattre. L'humour est là mais le cynisme aussi. Roman psycho, écolo, western!
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Après « La Constellation du chien », j'ai eu envie de retrouver la plume de Peter Heller avec « Peindre, pêcher et laisser mourir ».

Le deuxième roman de l'auteur entrelace habilement plusieurs genres littéraires : le roman noir, le polar, le thriller et le nature writing.



Jim Stegner est un artiste-peintre reconnu, passionné de pêche à la mouche. Impulsif, irréfléchi et bagarreur, père d'une adolescente dont la vie s'est terminée tragiquement, il tente de se reconstruire en laissant derrière lui les douleurs du passé.



« Il y a des rivières que vous aimez, voilà tout, et voir le panneau représentant la voie ferrée et la gorge escarpée m'a rappelé que nous pouvons avancer dans la vie aussi facilement d'amour en amour que de perte en perte. »



Hors, un après-midi, alors qu'il part pêcher, il est témoin d'une scène bouleversante extrêmement cruelle : un homme bat à mort une petite jument Rouanne.

Cette scène de maltraitance animale m'a serré le coeur, ma sensibilité et mon amour pour les animaux y sont pour beaucoup. Heureusement, l'auteur n'entre pas dans les détails, laissant la part belle à des émotions poignantes plutôt qu'à des descriptions crues et voyeuristes qui n'auraient rien apporté à l'histoire.



« le cheval, les yeux qui roulent, l'écume aux lèvres hurlantes, une hystérie, aiguë, plus qu'un geignement ou qu'un grognement, quelque chose de quasi humain. »



Ne pouvant rester insensible à cette violence gratuite et démesurée, il intervient. Mais le face à face entre les deux hommes va dégénérer et provoquer une réaction en chaîne incontrôlable.



*

Inévitablement, l'intrigue ne peut se passer d'un personnage principal fort, charismatique.

Peter Heller n'a pas son pareil pour donner vie à de beaux personnages qui ne soient ni lisses, ni parfaits grâce à une étude approfondie de leur caractère et de leur personnalité.



« Jamais je n'aurais cru que je deviendrais peintre. Que je pourrais créer un monde et y pénétrer pour m'y perdre. Que l'art serait une chose que je ne pourrais pas ne pas pratiquer. »



Jim Stegner, le personnage principal, est particulièrement sympathique malgré ses nombreux défauts.

Cet homme complexe revêt de multiples visages. Au fil du récit, sa personnalité s'enrichit de nouvelles nuances : sensible, solitaire, empathique, accablé par le remord et le chagrin, l'auteur donne l'occasion de révéler une autre facette de sa personnalité. Il excelle à retranscrire cette instabilité et ces basculements où Jim Stegner, en proie à des tensions internes importantes, est capable de devenir, suivant les circonstances, un homme irascible, implacable et extrêmement violent.



« La violence qui semblait me suivre à la trace frappait sans aucun discernement et s'attaquait à tout ce qui m'entourait : chevaux, amis, voisins. »



Son histoire personnelle entraine forcément la compassion et l'empathie à son égard. Malgré sa rudesse, sa violence intérieure, son impulsivité, il est impossible de le trouver antipathique et de ne pas s'attacher à cet homme au passé si douloureux.



*

Le récit est prenant grâce à une écriture remarquable, intense, très visuelle, « métamorphique », alternant une écriture lyrique, un registre de langue parlée intégrant des jurons, ou bien une écriture plus acérée, presque violente, intérieure ou exprimée.



Ainsi, l'écriture se pare d'une étonnante poésie, et, devant nos yeux, l'auteur devient un peintre paysagiste, exprimant, par la force des mots, des tableaux de ces grands espaces dont il restitue la beauté avec une facilité déconcertante.



« Voilà vers quoi se dirigeait mon coeur. Vers eux. Vers l'eau fraîche. Les sons légers de l'eau qui coule sur la roche, l'eau fluide sur la roche lisse, soudain perturbée par un rapide bouillonnant, mais tout aussi apaisant. Sous la lune, l'eau blanche serait en lambeaux dans l'obscurité, les étangs seraient noirs ou peut-être que leur noirceur accueillerait le reflet de la lune brillante, la truite invisible mais levant les yeux vers le radieux firmament. J'étais incapable de nommer ce sentiment que mon coeur éprouvait. »



Au coeur de ces étendues sauvages et préservées, ces pages sont comme des écrins de verdure, apportant un parfum de bonheur et de magie. Peter Heller nous enveloppe de sensations douces et apaisantes où la nature est reine. Les traits de pinceau de l'auteur caressent la toile, se faisant léger et minutieux pour peindre les vastes forêts parcourues de rivières, le murmure de l'eau, et la faune sauvage.



Et, l'instant d'après, on est brusquement ramené au centre de l'intrigue. Ces moments de quiétude et cette atmosphère de rêverie sont balayés en quelques coups de pinceau secs, énergiques et violents. La tension monte d'un coup et le récit nous surprend, prenant des chemins auxquels on ne s'attendait pas.



*

J'ai particulièrement aimé la façon dont les tableaux de l'artiste s'intègrent parfaitement à l'intrigue. Peter Heller a une magnifique prose pour décrire les peintures de Jim Stegner. Les descriptions sont si précises, éloquentes que l'on imagine aisément chacune d'entre eux.



L'auteur en profite également pour nous offrir une belle réflexion sur l'art et la création comme facteurs de résilience. La peinture devient une porte d'entrée dans son intimité. A travers son regard, l'art devient un moyen de survivre aux épreuves de l'existence, d'extérioriser le chagrin et la violence, de surmonter les traumatismes pour construire une vie qui a du sens.



On voit comment la vie personnelle de Jim Stegner, ses pensées, son esprit torturé, ses actes, son inconscient influent sur ces oeuvres et s'expriment dans ses tableaux. Tout au long de l'intrigue, le lecteur voit ses tableaux acquérir plus de profondeur, plus de noirceur et de mystère.



*

Vous l'aurez deviné, ce roman a de nombreuses qualités. Cependant, je n'ai pas été totalement séduite. Ce n'est bien sûr qu'un avis très personnel, mais, même si Peter Heller maintient la tension, j'ai été perturbée par le rythme du récit. Au lieu de monter progressivement en puissance, l'intrigue oscille, dessinant en alternance des moments calmes de peinture ou de pêche à la mouche, entrecoupés d'autres soudains, nerveux, violents, palpitants.



De plus, l'auteur se concentre essentiellement sur le personnage de Jim Stegner, explorant ses pensées, ses peurs, ses rêves, et ses sentiments. le récit, raconté à la première personne du singulier, fait valoir uniquement son point de vue, et l'on perçoit les personnages secondaires uniquement à travers son regard. Même si ce procédé est particulièrement intéressant, les autres acteurs sont finalement brossés assez grossièrement.



*

Roman singulier, « Peindre, pêcher et laisser mourir » est un roman de dualité, à la fois sombre et lumineux, paisible et emporté. Ici, la vie côtoie la mort, l'auteur capte ses instants incroyables de parties de pêche brusquement interrompues par la brutalité des hommes.

C'est un beau roman sur le deuil, la résilience, la rédemption, avec pour ligne de vie, l'art, la nature et la pêche.



Attiré par ce titre à la fois poétique et mystérieux, ce « laisser mourir » qui m'a interrogée jusqu'au dénouement, je ne regrette pas cette lecture, bien au contraire. Elle me donne même envie de découvrir "La rivière".



***

C'est avec plusieurs compagnons de lecture que j'ai entrepris ce voyage dans les immensités américaines, Diana (DianaAuzou), Fanny (Fanny1980), Nathalie (Romileon), et Bernard (Berni_29). Je les remercie pour ces échanges si enrichissants, ces lectures communes sont de belles expériences qui permettent de partager nos ressentis tout en découvrant de nouveaux aspects auxquels on n'avait pas prêté attention.
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Peindre, pêcher et laisser mourir

les ingrédients sont là pour faire un bon livre mais je me suis un peu ennuyée dans toutes ces descriptions
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Magnifiques aventures.

Le titre me surprend, tenterait-il de résumer le livre ? Je préfère le titre original "Le peintre" mais peut-être a-t-il été jugé trop bateau.



Ce roman est-il un polar, un roman d'aventures naturalistes, un roman noir ? Et puis pourquoi vouloir le classer ? Juste pour vous indiquer que c'est une opportunité de passer un excellent moment. Depuis la constellation du chien, je suis devenu fan et inconditionnel de Peter Heller. Je lirai tous ses romans. Facile, il n'y en a que quatre à ce jour.



Le style est moins ciselé et légèrement moins original que dans le précédent, ce qui rend la lecture extrêmement fluide. La part belle est faite à l'aventure brute, au milieu de la nature, là où l'on croit qu'il ne se passe rien alors que tout vit autour de nous. On redoute la banalité et une histoire d'américains, mais il n'en est rien.

C'est la vie qui nous est dépeinte. L'auteur écrit avec sa plume, le peintre brosse, les deux nous offrent des tableaux. Le premier des paysages réalistes, le second les méandres de son esprit.

C'est magnifique et tellement bien exprimé. Nous sommes dans les paysages, nous voyons les décors et les personnes.



Je sens qu'à ce niveau je ne vous ai pas convaincus car j'étais dans le subjectif. Passons à l'histoire, haletante. Il y a une aventure très forte durant tout le livre.



Depuis Le Portrait de Dorian Gray, je n'avais pas lu un livre avec d'aussi belles considérations sur le beau et sur l'art. Le héros n'est d'ailleurs pas sans ressemblance avec Dorian dans son immortalité malgré tout, jusqu'au final étonnant, venant réveiller les derniers chapitres qui étaient un peu mornes.


Lien : https://www.patricedefreminv..
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Jim Stegner, peintre à la mode et fou de pêche, est un jour témoin d'une scène très pénible (et très bien décrite!): une jeune jument est battue violemment par des hommes d'une brutalité sans limites. Notre Jim intervient pour libérer l'animal. Or, il va se trouver pris dans une spirale infernale de meurtres et de vengeances qui ne lui laisseront que très peu de temps pour se livrer à son activité favorite: la pêche!

Il y a de l'action, du suspens(( c'est indéniable), de très belles descriptions d'une nature sauvage, des réflexions sur la vie, la mort, l'amour, ... et l'art (peut-être que ça fait trop!). En tout cas, je n'ai pas été totalement convaincue....


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Découverte 15 décembre 2015- Librairie Caractères- Issy- les- Moulineaux , en furetant !- Lecture reprise le 16 juillet 2023



***Lecture ébouriffante , singulière et captivante...avec l'amour de l' Art comme

" colonne vertébrale " de notre narrateur , figure peu banale...se situant loin des artistes de salon.. !



J'ai beau me fustiger régulièrement et de la plus verte façon, mes constantes boulimies me font inévitablement abandonner des lectures, de façon injuste et arbitraire...comme ce roman étonnant débuté fin 2015 et repris seulement en cet été 2023...



Le narrateur, Jim, un artiste peintre assez talentueux et côté, s'est retiré loin des villes, dans une nature où il espère à la fois l'inspiration pour sa peinture, pêcher, sa deuxième passion et surtout tenter de reprendre pied, après la mort violente de sa fille unique, Alse, âgée de seulement 15 ans....et la séparation qui a suivi d'avec sa femme ....



Notre anti- héros est en bagarre avec le monde entier; il ne trouvait son équilibre qu'entre l'amour pour sa fille et sa peinture...Comme c'est un impulsif, qu'il ne supporte ni la

" connerie", ni l'injustice, ni la violence, ni les abus des forts sur les faibles, il a toujours " fort à faire" et se retrouve régulièrement dans des situations délicates et embarassantes avec la

loi !



Le long passage qui suit donne une idée assez juste du caractère

" sanguin" de notre narrateur :



"" C'était quoi votre question ? Pourquoi le fils d'un simple bûcheron peint ?"

" C'est cela, a-t_il répondu en souriant.Pourquoi choisir d'être un artiste outsider dans un marché de l'art inconstant et capricieux, d'affronter les doutes et les tourments de la créativité ?

Je veux dire que cela revient quasiment à vouloir être pauvre, du moins durant les dix ou vingt premières années dans le meilleur des cas, non ? Et votre famille ne doit pas tellement pouvoir vous soutenir financièremnt, j'ai lu que vous aviez grandi dans une caravane en forêt . Pourquoi choisir l'art plutôt qu'un revenu décent et régulier en tant que bûcheron, comme votre père ?"

(...)



Je voyais bien que c'était la question du jour.Était-ce désinvolte de la part d'un fils de bûcheron d'aspirer à être artiste.C'était cette désinvolture qui expliquait cet art

" viscéral, musclé, exubérant et outsider".Ainsi qu'il l'avait décrit dans son introduction.J'ai pigé. Comment fonctionnait le monde de l'art: vous pouviez être un outsider du moment que vous gardiez votre pagne et votre lance, que vous restiez primitif.Que vous ne vous mettiez pas à avoir de trop grandes idées.



Je l'ai regardé. Je savais qu'il n'aurait jamais posé cette question à un étudiant sorti d'une école d'art.J'avais passé des nuits en prison à cause d'hommes comme lui, des hommes condescendants qui m'attaquaient.Me poussaient à me battre.J'avais payé des amendes, été mis en liberté surveillée. "



Revenons à l'histoire de Jim ...loin de la ville, il vit calmement dans une campagne retirée entre son amour de la nature, de la pêche, véritable passion à laquelle il réserve de nombreuses heures de liberté ...et bien sûr son métier de peintre, noyau vital, central , qui le fait "vivre ", dans toutes acceptations du mot...!



Tout aurait presque parfait si Jim n'était pas un jour " tombé " sur une scène scandaleuse et un " abruti fini", Dell, fermier et chasseur du coin ,en train de battre et massacrer une petite jument ! le sang de Jim ne fait qu'un tour, il fonce sur le malotrus et se bat avec lui. Il emmène la bête laissée dans un état préoccupant, appelle un ami éleveur, lui demande de l'aider, de soigner cette pauvre jument...qu'il protège et sauve d'une mort certaine !



Le surgissement de cette violence et barbarie gratuites vont l'affecter immensément !



Jusqu'à une nuit imprévue où Jim surprend Dell, à l'écart de ses compères, il va le tuer, sans préméditation, sa rage explosant contre ce prédateur détesté de tous; prédateur pour les jeunes femmes comme pour les animaux ou pour plus faibles que lui.!



Homme haï et craint de tous, appartenant à une famille du coin, qui compte dans la communauté, finalement, Jim a débarrassé la terre d'un être nuisible ...!



Après son meurtre, sa bande dont son frère vont le soupçonner aussitôt ; ils vont vouloir se venger.Notre " artiste" redresseur de torts

( quelque peu expéditif, certes !) va se retrouver en " gibier traqué" par cette bande déchaînée !

Et on tremble avec lui ! Une vraie montée dramatique



Parallèlement, une enquête va être ouverte....Notre peintre poursuit son travail de peintre, s'attache à une jeune femme, Sofia, qui lui sert de modèle par périodes...et tout cela, en étant sur ses gardes, en déjouant les coups tordus et la traque des " affreux, sales & méchants..." !



Dans cette ambiance inquiétante à souhait, l'auteur nous offre quelques pauses calmes , heureuses, avec des descriptions magnifiques de paysages sauvages , d'une nature inspirante

ainsi que ses équipées de pêche ressourçantes....



il nous offre aussi de grands moments concernant son travail de peintre, et ses élans constants, salvateurs pour l'Art. La révélation qu'il eut un jour pour la peinture se révéla après un coup de colère, où il en voulait, une fois encore, à la terre entière ...il se rendit dans un Musée pour se calmer...et un déclic extraordinaire survint en admirant un tableau

d' Homer Winslow (*** d'autant plus ravie, personnellement, que j'adore l'univers et la palette de cet artiste).À la suite de cette révélation, il comprit qu'il avait trouvé " son essentiel"....



Je me permets d'insérer une longue citation épatante sur le don ou non de REGARDER une oeuvre :



""Un océan de femmes " était peut être un grand tableau. Il emmenait le regardeur en des lieux nombreux et divers, ce qui est l'apanage des grands tableaux. (...)



Un bon tableau devait faire ça. Inviter le regardeur à entrer en lui d'où qu'il se tienne, l'entrainer dans un voyage différent de celui qui expérimentera son voisin.J'adorais ça, observer plusieurs personnes regarder un tableau au même moment.Parce que c'était la transformation qu'il provoquait : devant une oeuvre de qualité un spectateur cesse de voir pour commencer à regarder, une action plus précise, une prise en chasse, une quête, comme on recherche le bateau d'un être aimé sur la ligne d'horizon, ou un élan entre les arbres.Devant un bon tableau, il cherche les indices de sa propre existence."



J'ai eu du mal à quitter notre " peintre en vogue, pêcheur ardent, " et surtout " philosophe artisanal"; j'adore ces derniers qualificatifs...qui confirme le ton de ce texte et la personnalité de Jim, ce peintre habité par son art, se moquant des mondanités et des singeries sociales...



Après cette lecture détonante et prenante ,envie et curieuse de poursuivre la connaissance des autres écrits de cet écrivain !















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Peindre, pêcher et laisser mourir

Tortueuse et complexe est la voie vers les livres : de Peter Heller, c’est le précédent roman, « La constellation du chien » qui m’attire et autour duquel je tourne depuis longtemps comme un chien errant, sans trouver l’entrée. Et voilà qu’une voie intermetteuse se propose, sur les conseils avisés de ma libraire : je ne peins pas, je ne pêche pas mais veux bien me laisser mourir d’abord pour y accéder s’il le faut : va pour « Peindre, pêcher et laisser mourir », donc.



Au premier lancer de mouche, ce livre-là ferre parfaitement son lecteur, branché en direct dans le cerveau à la vitalité brute et hyper connectée de Jim, peintre et pêcheur donc, tout en animalité symbiotique avec la rivière qu’il explore, la nature qu’il peint et la noirceur du monde qui l’agresse sans filtre.

Jim ne pense qu’avec ses yeux, ses pinceaux, ses lancers, pour ne pas penser à sa fille assassinée, pour échapper à la laideur des hommes ; quand celle-ci se présente à lui sous les traits d’un braconnier particulièrement immonde en train de torturer un cheval, il pense avec ses poings : s’ouvre alors une vendetta et une course à l’homme que Jim fuira autant qu’il s’y jettera de front, armes et pinceaux en main, de l’eau jusqu’en haut des bottes.



C’est l’écriture qui happe dans ce roman, écrit voire peint à la première personne en une suite de tableaux bruts, hachés de couleurs vives et d’ombres inquiétantes, laissant apparaître un personnage assez fascinant et dérangeant tout en faisant la part belle à une nature magnifiée par le respect que le narrateur lui porte. La construction narrative quant à elle finit par pêcher un peu, pas des truites pour le coup, par effet de répétition et une croissante perte de crédibilité qui font qu’au bout d’un moment ça fonctionne moins bien.



Reste tout de même l’impact durable d’un sacré uppercut reçu à la lecture entre les deux yeux, et un surcroit d’envie de découvrir « La constellation du chien» !





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Peindre, pêcher et laisser mourir

PEINDRE, PÊCHER ET LAISSER MOURIR de PETER HELLER

Jim a 45 ans, il peint, il pêche, il a une petite notoriété. Steve est son galiériste, bonnes nouvelles il a vendu une toile 22000$ et a obtenu qu’il fasse le portrait des deux filles d’un client pour 35000$. Jim peut paraître un homme paisible mais il supporte mal l’injustice ou la maltraitance, il a d’ailleurs failli tuer un homme dans un bar et vient de casser la gueule d’un type qui frappait un cheval. Sofia pose pour lui, nue, pour 25 euros de l’heure, bientôt elle ne fera pas que poser! Jim est hanté par la mort de sa fille, Alce, il doit également digérer le départ de sa première femme Christine puis celle de Maureen, la seconde mais il ne l’a jamais aimée! Il a beaucoup bu pour oublier mais il a dépassé cette addiction, c’est une femme, Irmina qui l’a sorti de cette ornière. Son voisin à la campagne c’est Willy qui élève des rennes ils ont vite sympathisé sur le dos des types qui maltraitent les chevaux. D’ailleurs Jim en allant pêcher aperçoit Dell l’homme qu’il a frappé et pris de fureur lui fracasse la tête avec un caillou. Le lendemain Dell est retrouvé mort. Peu de gens sont ennuyés par sa mort,l’homme était un sale type. Mais le shérif enquête et Dell avait un frère, encore plus désagréable que lui et un ami qui entend bien le venger. Jim va donc devoir aller en ville peindre les deux fillettes tout en évitant le shérif et les vengeurs de Dell. L’affaire s’annonce compliquée…et violente.

HELLER nous propose un Jim torturé par son passé, la perte de sa fille dont il se sent en grande partie responsable et cette violence qu’il porte en lui qui peut surgir à tout moment tel un volcan qu’on croit endormi. Un très beau roman porté par une riche écriture qui vous emportera.
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Que dire de ce roman, l'auteur nous fait une belle description des paysages. Il donne de l'épaisseur à son héros peindre de renom torturé par le meurtre de sa fille quelques années plus tôt. C'est un être violent que aimé se battre lorsqu'il était jeune, il a déjà été arrêté et mis en prison pour agression et blessure volontaire. Suite à une altercation avec un chasseur cow-boy braconnier au sujet d'un cheval maltraité, il le tue ppar pulsion saisissant l'opportunité. La suite s'est une course poursuite entre le frère du cow-boy ainsi que son neveu (élément que l'on découvre dans les dernière page du roman). Mais voilà l'histoire s'arrête là ainsi que l'intérêt du livre. Tout ça manque de profondeur de noirceur les personnages secondaires passent sans attirer l'attention plus que ça. Un roman relativement agrèable mais que l'on oubliera très vite une fois la dernière page lue
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Quel drôle de titre avec cette couverture...

Jim STEGNER, peintre et pêcheur, arrive dans une ville du Colorado et se fait rapidement remarqué en intervenant auprès de l'un de ses habitants qui maltraite une jument terrifiée. Mais voilà, cet homme est peu recommandable et n'aime pas trop qu'on s'occupe de ses affaires. A partir de cet instant, il met le doigt dans un engrenage qu'il ne peut plus maîtriser et qui l'amènera de fil en aiguille à fuir pour se protéger, mais sans pouvoir retrouver une sérénité au sein de cette nature sauvage.

Au fil des pages, on découvre son parcours, ses peines, sa résilience avec la peinture comme moyen d'expression et la pêche comme introspection. Qui mène la danse? Etre l'appât ou le poisson?
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Le choix d'un livre tient parfois à bien peu de chose. Une belle couverture qui attire le regard et l'ouvrage se retrouve entre vos mains afin de l'examiner plus attentivement pour consulter le quatrième de couverture achevant de vous convaincre d'en faire l'acquisition comme ça été le cas pour Peindre, Pêcher et Laisser Mourir de Peter Heller en constatant avec étonnement que l'image illustrant la couverture n'est pas tirée d'une peinture, mais d'une photographie de Jack Spencer dont l'oeuvre est aussi belle que singulière.



Long est le chemin de la résilience pour Jim Stegner qui s'est retiré depuis plusieurs mois dans une petite ville du Colorado afin d'assouvir ses deux passions que sont la peinture et la pêche. De sa vie antérieure brouillée par l'alcool, il ne lui reste que le souvenir de sa fille disparue tragiquement et un mariage bousillé. Peintre reconnu, il aspire au calme et à la sérénité par le biais de la réalisation de ses tableaux. Un équilibre retrouvé mais extrêmement fragile, car Jim Stegner est un homme dont la colère semble prête à jaillir à chaque instant. Il ne peut ainsi supporter les sévices qu'un groupe d'individus inflige à une petite jument et intervient dans une confrontation violente. Les conséquences seront lourdes et pulvériseront à tout jamais le quotidien du peintre. Désormais la traque peut commencer. Elle sera brutale et sanglante.



Le rapport de l'homme à la nature abordé par le prisme de la pêche devient une thématique récurrente du genre littéraire « nature writing » permettant d'évoquer la grandeur de paysages somptueux alliée à un sentiment de liberté. Peter Heller y ajoute une dimension supplémentaire par l'entremise de l'art, notamment la peinture, pour appréhender toute la beauté de ces régions grandioses et sauvages du Colorado et du Nouveau-Mexique dans lesquels évoluent les différents protagonistes du roman. Ayant collaboré avec des magazines prestigieux consacrés à la protection de la faune et de la flore, on perçoit au travers du roman toute la passion de l'auteur qui nous livre un texte tout en maîtrise n'évitant cependant pas quelques longueurs et quelques passages trop techniques notamment en ce qui concerne la pêche, perturbant ainsi la dynamique d'une intrigue axée sur la thématique de la vengeance.



Chacun des chapitres porte le nom d'une toile de Jim Stegner permettant de faire connaissance avec ce peintre bourru, tourmenté par les souvenirs de sa fille morte dans des circonstances tragiques et dont il ne parvient pas à faire le deuil. C'est au travers de l'inspiration et de l'élaboration de ses tableaux originaux que l'on découvre toute la sensibilité d'un homme fragile qui peine à canaliser toute la colère et la violence qui gronde en lui. Malgré le deuil, malgré le talent et toute sa sensibilité on ne peut s'empêcher d'éprouver un certain malaise vis à vis de ce personnage tuant un homme qui a certes torturé un cheval mais qu'il connaît finalement à peine. Ainsi l'on peut s'interroger sur l'arrogance de ce peintre farouche aux opinions bien arrêtées qui peut ôter la vie dans une explosion de fureur. S'ensuit donc une traque sournoise où les comparses de la victime vont réclamer leur tribut de violence et de sang. Jim Stegner qui s'est soustrait à la justice des hommes est-il en droit de leur refuser cet écot ? C'est dans la confrontation finale avec Jason, un poursuivant aussi mystérieux qu'impitoyable, que l'on découvrira tous les rapports biaisés entre les différents protagonistes qui perçoivent ce qui est bien et ce qui est mal selon leurs propres points de vue. Dans un pays où le port d'arme devient une espèce d'art de vivre, conférant à leurs possesseurs une suffisance aveugle, ces dynamiques de vengeance prennent une dimension tragique qui trouble les rapports sociaux. Dans cette escalade de fureur, le mot de la fin revient peut-être à ce pompiste abordant Jim Stegner pour délivrer un message plein de bon sens : « - Jim, si quelqu'un méritait une fin prématurée c'était bien ce fils de pute. Mais tu sais, on peut pas juste tuer des gens quand ça nous prend. Je dis ça comme ça. »



En suivant le parcours de Jim Stegner, le lecteur découvrira également, dans une vision quelque peu stéréotypée, le monde de la peinture où l'auteur évoque des artistes tels que Winslow Homer, source d'inspiration pour son personnage principal ainsi que des peintres plus contemporains que sont Alex Katz et Eric Aho. Ainsi nous n'échapperons pas à cette sempiternelle confrontation lors d'un cocktail/vernissage où le peintre acariâtre peine à communiquer avec un public élitiste et sophistiqué venu admirer l'une de ses oeuvres. On se demande d'ailleurs si ce public n'est pas davantage fasciné par l'outrance de l'artiste que par ses oeuvres donnant ainsi un écho supplémentaire aux accès de violence de ce personnage troublant.



Finalement on regrettera que Peindre, Pêcher et Laisser Mourir, à l'image de ce long titre, aborde un trop grand nombre de sujets comme le deuil, la vengeance, la pêche et l'art, que Peter Heller traite de manière inégale distillant ainsi, tout au long du récit, une sensation de déséquilibre et un sentiment d'inachevé particulièrement flagrant au terme de l'ultime chapitre d'un roman qui paraissait pourtant prometteur. Que voulez-vous, la beauté d'une couverture ne fait pas tout.
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