Citations de Peter Levine (328)
Comme bien de comportements que nous pensons purement humains, la mémoire épisodique s'avère avoir des racines largement répandues dans l'évolution.
Les souvenirs épisodiques sont plus spontanés et dynamisants que la "liste des courses" des souvenirs déclaratifs. Ils ont souvent une influence importante, même si souterraine, sur nos vies.
Bien plus fondamentale encore que ces "guerres de la mémoire", se trouve l'incompréhension profonde de la nature même de la mémoire.
Reconnaissant qu'en fin de compte ces deux aspects du souvenir, faux ou retrouvé, sont sans objet, particulièrement en ce qui concerne le rôle de la mémoire dans la guérison du traumatisme.
Les personnes traumatisées voient leur vie s'arrêter jusqu'à ce qu'elles soient, d'une façon ou d'une autre, capables de traiter ces intrusions, de les assimiler, et, ensuite, finalement, d'en former un récit cohérent leur permettant de dissiper ces souvenirs, autrement dit, d'être en paix avec leurs souvenirs. Cet achèvement restaure la continuité entre le passé et le futur, et initie une persévérance motivante ainsi 'un optimisme réaliste et un mouvement vers l'avant dans la vie.
A l'inverse des souvenirs "ordinaires" (bons ou mauvais), qui changent et évoluent avec le temps, les souvenirs traumatiques sont fixes et statiques.
C'est en fait l'impact émotionnel attaché à un souvenir qui est principalement responsable de l'initiation et du renforcement de l'apprentissage.
La mémoire, réduite à sa fonction la plus vitale, est liée au fait de sécuriser le futur en choisissant de façon sélective dans le passé et en bâtissant sur ce qui s'est avéré efficace, tout en ne répétant pas les réactions qui ont été délétères ou nocives - en bref, de sécuriser un futur qui soit influencé, et non pas limité de façon excessive par notre histoire.
L'hypothèse centrale de ce travail est le fait que notre état émotionnel du moment est peut-être le principal facteur déterminant ce dont - et comment - nous nous souvenons d'un événement particulier.
Mark Twain confia un jour : "Je suis un vieil homme et j'ai connu bien des malheurs, mais la plupart d'entre eux n'ont jamais eu lieu." En d'autres termes, ses malheurs du miment présent l'avaient fait "se souvenir" d'événements (en réalité les construire) qui ne s'étaient jamais produits. En effet, la recherche récente démontre de façon éclatante que la mémoire est un processus de reconstruction qui choisit, ajoute, supprime, réarrange et actualise constamment l'information, tout ceci afin de soutenir le continuer le processus adaptatif de survie et de vie.
Pouvons-nous donc observer nos souvenirs sans, ce faisant, les modifier ? La réponse brève à cette question est non.
En réalité, la mémoire est une reconstruction continuelle qui ressemble aux électrons capricieux et imprévisibles du principe d'incertitude d'Heisenberg. De même que le simple fait d'observer les électrons modifie leur position ou leur vitesse, les fils de chaîne et de trame de la mémoire s'entrelacent pour former un tissu soyeux qui change de teinte et de forme selon les ombres et la lumière du jour et des saisons.
... il nous faut vivre dans l'acceptation inconfortable du fait que la mémoire n'est pas quelque chose de concert, de définitif et de reproductible comme un enregistrement vidéo peut être visionné à volonté. La mémoire est au contraire plus éphémère, changeant sans cesse de forme et de signification. La mémoire n'est pas un phénomène distinct, une construction fixe, qui reposerait pour toujours sur des fondations en pierre. Elle est plus comme un fragile château de cartes, bâti de façon précaire sur les sables mouvants du temps, la merci de l'interprétation et de la confabulation.
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Les conceptions erronées à propose des soi-disant remémorations de souvenirs ont vraiment causé trop de souffrances et de douleurs inutiles chez les patients et leurs familles, et engendré de la confusion et du doute chez les thérapeutes qui les soignent.
Le traumatisme choque le cerveau, stupéfait l'esprit et fige le corps.
Ce livre porte sur comment nous pouvons apprendre à nous réconcilier avec les souvenirs qui nous obsèdent et nous libérer de leur tyrannie.
Peut-être n'y a-t-il nulle part dans le domaine du traumatisme autant de confusion qu'en ce qui concerne le rôle joué par le souvenir traumatique tant dans la pathologie que dans la guérison.
Quand les gens prêtent une attention sélective aux souvenirs fascinants de leur passé, le sommeil devient leur ennemi et la vie perd toute couleur.
Le travail de Peter Levine nous aide à transcender ce qu'il nomme "la compulsion destructrice 'explication" et à créer un sentiment intérieur d'appropriation de soi et de maîtrise sur des sensations et des réactions jusque-là incontrôlables. Pour y parvenir, il nous faut faire l'expérience d'une action qui soit incarnée, en opposition à une capitulation impuissante ou une rage incontrôlable.
La SE [Somatic Experiencing] ne consiste pas à "désapprendre" les réactions conditionnées au traumatisme en les ressassant, mais à créer des expériences nouvelles qui vont à l'encontre des sentiments d'impuissance en les remplaçant par un sentiment d'appropriation des réactions et des sensations physiques.