Citations de Peter Levine (328)
Si nous reculons parce que nous ne pouvons les contenir ni les accepter (les sensations et émotions pénibles), nous abandonnons nos patients … mais si nous nous laissons submerger, nous serons perdus l'un et l'autre. Si nous incarnons, dans une faible mesure, l'égalité d'humeur et le sang-froid d'un Dalaï Lama, nous pourrons partager et aider à contenir les terreurs de notre patient dans une "couverture de compassion".
En même temps, en apprenant à identifier leurs propres sensations, les thérapeutes peuvent éviter d'absorber la peur, la rage et le sentiment d'impuissance de leurs patients. Il est important de comprendre que lorsque des thérapeutes pensent devoir se protéger des sensations et des émotions de leurs clients, inconsciemment ils empêchent aussi ces derniers d'en prendre conscience. En prenant de la distance vis-à-vis de leur angoisse, nous (thérapeute) nous distançons d'eux (clients) et des peurs avec lesquelles il se battent.
Le paradoxe du trauma est qu'il a à le fois le pouvoir de détruire et le pouvoir de transformer et de ressusciter.
Si nous voulons que le trauma soit transformé, nous devons apprendre à ne pas le confronter directement.
Cette règle sociale qui nous pousse tous à nous comporter en "superman" porte en réalité préjudice tant à l'individu qu'à la société concernés. Quand nous voulons continuer notre vie sans tenir compte de la nécessité de transformer nos expériences traumatiques, notre apparente solidité n'est qu'un leurre : les effets du traumatisme s'amplifient, se consolident, se chronicisent et les réponses inachevées, figées dans notre système nerveux, deviennent des bombes à retardement qui un jour se déclencheront. Tant que les humains n'utiliseront pas les outils appropriés et le soutien nécessaire pour désamorcer ces bombes, ils continueront à s'effondrer de manière inexplicable. Le véritable héroïsme consiste à reconnaître ses traumatismes et non à les supprimer ou les dénier.
Pour les animaux sauvages, ces réponses instinctuelles sont synonymes de survie : elles offrent la capacité d'être en harmonie, de ne faire qu'un avec l'environnement et de rester en vie. Aux hommes, ces réponses instinctuelles offrent bien plus. Elles augmentent leur aptitude à se connecter à la vie et au plaisir. Elles les vivifient et les revigorent. Lorsqu'ils sont en bonne santé, sans traumatisme, elles leur apportent sensualité, diversité et le sens du merveilleux.
Cette odyssée peut certes nous inspirer tous, mais nous ne devons surtout pas perdre de vue que le fondement de sa guérison se trouve en réalité dans la décharge physiologique de l'énergie bloquée par le figement.
L'excitation est la preuve que l'enfant s'est libéré des émotions associées à l'expérience originelle. Elle est positive, souhaitable, nécessaire. La renégociation transforme les sentiments insupportables en émotions agréables.
Le sentiment de triomphe et d'héroïsme révèle presque à coup sûr la conclusion heureuse de la renégociation du traumatisme.
Non résolu, le jeu répétitif peut renforcer l'impact traumatique, comme la "remise en acte" et la reviviscence cathartique peuvent renforcer le traumatisme de l'adulte.
... en réalité nous [sommes] incapables de prédire quand et comment une expérience traumatique influencera la vie d'un enfant - ou même si elle l'influencera jamais.
La résolution d'une réaction traumatique fait bien pus qu'éliminer l'éventualité que les symptômes émergent dans les années qui suivent. Elle renforce l'aptitude à faire face à la menace. Elle procure surtout une résistance naturelle au stress. Un système nerveux habitué à entrer puis à ressortir d'un état de stress est bien plus résilient que s'il le retenait, voire l'additionnait des stress antérieurs.
Mettre en place les conditions nécessaires à la guérison revient à apprendre les coutumes d'un autre pays. Ce n'est pas difficile, c'est seulement différent. Cela vous demandera, à vous et à votre enfant, de passer du domaine de la pensée et de l'émotion à celui, plus fondamental, de la sensation physique. La tâche essentielle consiste à prêter attention à la façon dont les chose sont ressenties et dont le corps réagit. En bref, guérir vient de notre capacité à ressentir.
Si vous ne savez pas si un cycle est achevé, attendez que l'enfant en donne des signes (respiration profonde, cessation des pleurs et du tremblement, bâillement, sourire, contact du regard, etc.). L'achèvement d'un cycle ne signifie pas que le processus de guérison est achevé. un autre cycle peut suivre. Gardez l'enfant concentré sur ses sensations encore quelques minutes pour être certain que le processus est achevé.
Vous pouvez aider l'enfant à retrouver son calme en étant vous-même calme, tranquille et détendu. Si le prendre et l'embrasser semble adéquat, faites-le doucement, sans l'oppresser. Déposer doucement votre main au milieu de son dos, à l'endroit du coeur, lui apporte soutien et réconfort sans interférer avec ses réponses corporelles spontanées. Des expressions de tendresse ou des bercements excessifs peuvent interrompre le processus de guérison (comme l'enfant qui, malgré ses nobles intentions, manipule l'oiseau blessé sans précautions).
Quand les personnes revivent l'instant de l'impact, elles peuvent entendre des bris de verre, des tôles qui se froissent, revoir leurs corps secoués et projetés. Explorez absolument chacun de ces éléments via le felt sense. Lorsque ces réactions surviennent, le corps peut se mettre à bouger (le plus souvent légèrement). Laissez quinze à vingt minutes à ces mouvements pour se terminer, la focalisation sur les sensations corporelles facilitant la décharge d'énergie. Après cette décharge, les personnes ressentent un soulagement, suivi habituellement d'une impression de chaleur au niveau des extrémités.
Quand la décharge se produit, vous remarquerez qu'il arrive que les images de l'événement se modifient.
Lorsque les personnes semblent calmes et détendues, allez plus en détail dans le vécu et les sensations. Il peut s'agir de légères secousses, d'un tremblement. Dites-leur que c'est normal. Faites-leur remarquer que la réaction d'activation décroit, que vous faites en sorte d'amener lentement l'énergie en surface et de la décharger. Ce processus est connu sous le nom de "titrage" (aller pas à pas).
... soyez conscient qu'en parlant de leur vécu les personnes peuvent devenir agitées ou activées. Leur respiration peut devenir plus raide, leur fréquence cardiaque s'accélérer. Elles peuvent se mettre à transpirer. Si cela arrive, cesser de parler de leur vécu et concentrez-vous uniquement sur les sensations éprouvés au niveau du corps telles que ; "Je ressens une douleur dans la nuque" ou "Je souffre de l'estomac".
"Qu'on me donne un endroit pour placer mon levier et je soulèverai le monde !" déclarait Archimède. Dans ce monde de conflits, de destruction et de traumatisme, nous avons découvert un tel levier dans l'intimité de la pulsation rythmique existant entre une mère et son enfant.