Citations de Philippe Brunel (56)
Greg Lemond : "Au fond, Armstrong, c'est l'histoire d'un type sans conscience qui a triché toute sa vie, qui croit que tout le monde triche et qu'on ne peut y arriver qu'en trichant".
Une chaleur torride, africaine, pesait sur Rome.
Elle calcinait les pelouses, chauffait le bitume à blanc et vidait les rues. À certaines heures, l'ombre semblait immobile.
Il était inutile de ressasser, parce que la plupart des hommes meurent avec leur secret. La vérité, si elle existe, est incertaine, multiple, aléatoire, au mieux provisoire et souvent décevante.
Tué par une overdose de cocaïne et de déprime et par ce sentiment de honte et d'indignité dont il ne s'était jamais délivré.. Dans le flot des commentaires plus ou moins sommaires que ce drame engendra, il n'y eut pas grand monde pour le défendre. Ceux qui s'étaient montrés si prompts à louer sa grandeur quand il représentait une vraie force économique ne jugèrent pas utile d'assister à ses obsèques... Cette mort ne les concernait plus. Elle brassait trop d'interdits, de choses inavouables.
Hormis les cigarettes qu’elle consumait l’une après l’autre, elle n’avait aucun besoin et passait la plupart de ses journées à lire, à aider ses prochains, dans l’oubli de ce monde du spectacle « artificiel et frivole » qui renvoyait, disait-elle, une image « dégradée » de la femme. D’ailleurs, elle avait jeté sa télévision, craignant de tomber à l’improviste sur une rediffusion de l’un de ces films, cette part légendaire, déshabillée d’elle-même, qu’elle rejetait.
Deux mois auparavant, Fabian Cancellara avait gagné le Tour des Flandres - le célèbre Ronde Van Vlandeeen - en distancant l'icône nationale, le belge Tom Boonen sur les pavés rugueux du Mur de Gammont, sans même se lever de la selle. Le soir, en visionnant la course, Boonen avait chronométré la montée du Grammont pour s'apercevoir qu'il ne l'avait jamais gravie aussi vite.
Tout s’était effacé comme sur une fresque couverte de moisissure et rien ne la sauverait désormais du néant, pas même sa performance d’actrice, encensée par la critique. Loin de la consoler, ces lauriers tardifs la désolaient de n’avoir été qu’une chanteuse populaire, la « Callas des variétés ». Une icône traquée par ses souvenirs. Des souvenirs enracinés comme du mauvais chiendent, pareils à ces buissons de ronces qui proliféraient jadis dans le parc déserté du Savoy.
Longtemps j’ai cru que ma confusion m’empêchait de voir clairement les choses. Maintenant, je sais clairement que tout est confus, que les injustices, les malentendus, les trahisons participent à l’équilibre du monde et que le meilleur nous attend quand on croit toucher le fond.
« Laura prisonnière à domicile » Tout était résumé là, sous la forme d’une procédure chorale, tous ces raccourcis journalistiques déroulaient dans leur sécheresse la chronologie d’une lente déchéance sociale.
Nous n’étions alors que deux adolescents mal définis, jetés sans boussole dans la société des hommes. On s’éveillait aux choses. On aimait les mêmes choses. Surtout le cinéma.
Quand on prétend parler des autres, on s’appuie sur des faits, on s’en empare, on les interprète. Il entre alors, dans le récit, une part d’imaginaire et la vérité, si forte soit-elle, sonnera toujours faux. Ses amis, ses proches que j’ai rencontrés, plus avisés que je ne l’étais, l’auraient peut-être, je dis bien peut-être, restituée au naturel sans préjugés ni ratures, dans la force de ses rejets, de cette claustration obstinée que l’actrice s’infligea au couchant de sa vie, vingt-cinq années durant, dans l’abjection de ses démêlés judiciaires. Années souterraines, lacunaires, qui sait les plus sereines.
Je voulais juste te dire...... si demain, tu apprends que j'ai eu un accident ou que je me suis suicidé, n'en crois rien.
Chaque homme se double d’un être asocial, prêt à brûler ce qu’il a mis des années à construire.
Dalida donnait le sentiment de renoncer peu à peu à sa féminité pour se fondre en une créature asexuée, ni homme, ni femme, un peu caméléon, qui s’exhibait sur scène dans des bodys emperlés, de couleur chair, avide de s’anéantir dans un monde où les différences s’effacent.
Ce qui se passe entre deux êtres relève d’une si étrange alchimie qu’il vaut mieux ne pas s’en mêler…
Le sang est comme le tartre, le marc de café, il renferme ses propres secrets.
Je ne sais quel obscur dessein m’entraînait dans ces périmètres insalubres, en fin de bail, le besoin d’ancrer ma solitude, plus sûrement la fatale attraction de ces lieux qui nous habitent plus que nous ne les habitons. On pense s’en être affranchi et voilà qu’ils se rappellent à vous sans prévenir.
"On perd toujours son temps à vouloir comprendre les autres."
Avec d’autres collègues, on pourchassait les célébrités dans la rue, on les photographiait à la volée, à leur insu souvent, on s’ingéniait à les énerver, on les poussait à bout, le résultat n’en était que meilleur.
Dans la vie de Laura A. il y avait eu ce chaos, cette arrestation violente, arbitraire, à son domicile, dans la nuit du 26 au 27 avril 1991. Une nuit froide et lugubre en parfaite résonance avec les faits qui s’y produisirent. Elle avait quarante-neuf ans.