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Citations de Philippe Erlanger (24)


Ce Sultan, fils de Sélim II l’Ivrogne, était un jouisseur effréné. Il passait pour avoir “un cœur modéré et paisible”. On en donnait pour preuve que si, lors de son avènement, il avait, selon l’usage, fait tuer ses cinq frères, en revanche il s’était montré clément envers vizirs et gouverneurs.
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Tenir conseil, donner des audiences, lire des rapports, signer interminablement, prendre des décisions , tout cela ennuyait profondément le jeune Empereur et souvent le mettait à la torture. Mais le pire était le scrupule, la crainte permanente de ne pas remplir son devoir. Se sentir en conscience obligé de gouverner et se savoir incapable de la faire comme les circonstances l’exigeaient, constater sa faiblesse devant ces grands monstres qui se nommaient Philippe II, Catherine de Médicis, Elisabeth d’Angleterre, quel intolérable supplice !
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Le crime du dernier des Valois, fut d'avoir devancé son temps non seulement par l'audace et le raffinement des mœurs, mais surtout par la lucidité, la tolérance, l'abnégation morale. Crime à tel point odieux que la France, sauvée grâce à ce prince, persiste à lui dénier la paternité de son oeuvre, qu'il s'agisse du maintien de la communauté nationale, de la liberté de conscience, de l'Académie ou du premier Code civil. et pourtant, rien de tout cela n'eût existé sans lui.

197 - [Le Livre de Poche n°3257, p. 7] Avant-propos
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Il n'est pas vrai que l'Histoire reste indifférente aux caractères de certains hommes. A moins qu'une puissance mystérieuse ne façonne précisément ces caractères de manière à faciliter la marche de l'Histoire.
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Son erreur n'était pas de vice de volonté, mais d'entendement, qui croyait volontiers voir dans les secrets de la Providence divine qu'il ne voyait pas.
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Un Hanovrien régnait à Londres,un Français à Madrid,un Saxon à Varsovie,un Polonais à Nancy,un Lorrain à Florence un Espagnol à Naples.Ce qui ne serait pas tolérable un siècle plus tard semblait conforme au sens de l'histoire,bien que le terme fû encore inconnu.
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[...] ... Arrachant les ciseaux des mains du bourreau, il coupa une partie de ses boucles brunes et pria le Père de les brûler avec le portrait. Peut-être espérait-il que le religieux remettrait ces reliques à la princesse Marie. On ne sait ce qu'il en advint.

Selon ses vœux, l'assistant du Père Malavette lui coupa les cheveux et non le bourreau.

- "Ah ! Mon Dieu !" soupira-t-il pendant l'opération, "Qu'est-ce que ce monde !"

Ayant prié quelques moments, il se tourna soudain vers l'exécuteur :

- "Que fais-tu là ?" cria-t-il. "Qu'attends-tu ?"

L'homme sortit d'un sac un couperet "qui était comme celui des bouchers mais plus gros et plus carré."

- "Allons ! Il faut mourir," soupira Cinq-Mars. "Mon Dieu, ayez pitié de moi !"

On ne lui banda pas les yeux.

Monsieur le Grand, "d'une constance incroyable, ... posa fort proprement son col sur le poteau, tenant le visage droit tourné vers le devant de l'échafaud. Embrassant fortement le poteau, il ferma les yeux et la bouche et attendit le coup que l'exécuteur lui vint donner assez lentement et pesamment, s'étant mis à sa gauche et tenant son couperet des deux mains. En recevant le coup, il poussa d'une voix forte comme un : "Ah !" qui fut étouffé dans le sang. Il leva les genoux comme pour se lever et retomba dans la même assiette qu'il était. La tête ne s'étant pas entièrement séparée du corps par ce coup, l'exécuteur passa à sa droite par derrière et, prenant les cheveux de la main droite, de la gauche il scia avec son couperet une partie de la trachée artère et la peau du cou qui n'était pas coupée."

La tête charmante qui avait troublé tant de cœurs roula le long de l'échafaud et tomba sur le sol, au milieu de la foule, d'où s'éleva une immense clameur. "Les plaintes et les gémissements firent un bruit si horrible que l'on ne savait où l'on était."

Le corps, difficilement détaché du poteau tant le malheureux l'avait serré, fut enveloppé d'un drap sous lequel le bourreau plaça également la tête. ... [...]
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[...] ... A défaut de sainteté, Cinq-Mars avait sa propre "nature" qui ne l'attirait en aucune façon vers les "étrangetés" sur lesquelles les libertins lui avaient fourni quelques aperçus. Il ne s'en trouvait pas moins dans une situation inextricable. Le moyen de repousser un roi après l'avoir effectivement attiré ? D'ailleurs, repousse-t-on le Roi, l'Oint du Seigneur, le maître absolu des personnes et des biens ? N'est-il pas grisant, même pour un garçon furieusement épris des femmes, de voir à sa merci le personnage sacré auquel Dieu a remis la France ?

La question a soulevé d'âpres controverses. Beaucoup d'historiens modernes ont repoussé avec horreur la scandaleuse hypothèse. D'autres ont voulu laisser à Louis XIII le bénéfice du doute.

Les contemporains n'en éprouvaient aucun. Perrault écrivait au prince de Condé : "Votre Altesse se peut remémorer ce qu'elle a su de l'histoire de Henri Troisième quand il affectionnait Monsieur d'Epernon et de sa conduite quand il lui faisait des présents." Vittorio Siri partageait l'opinion ainsi sous-entendue. Et aussi le grave Henri Arnauld, futur évêque d'Angers, frère des célèbres Jansénistes, familier de l'Hôtel de Rambouillet, "qui savait de première main tout ce qui pouvait intéresser la Cour et la Ville." Il en informait régulièrement le président Barillon, alors en exil, auquel il ne laissait pas ignorer le moindre épisode de l'affaire Cinq-Mars. Quant à Tallemant des Réaux, il cite des faits précis, nomme ses informateurs qui en furent témoins. L'auteur des "Historiettes" fut longtemps tenu pour un amateur de scandale, un collecteur de ragots, une source extrêmement suspecte. Nous savons aujourd'hui que, s'il poussa très loin le non-conformisme, il mérite d'autant plus d'être pris en considération. Ses tableaux réalistes du XVIIème siècle doivent souvent être préférés à tant de peintures trop décoratives.

On ne saurait donc écarter absolument l'idée d'une liaison singulière où l'orgueil et la curiosité de l'un laissèrent le champ libre à la passion de l'autre. ... [...]
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[...] ... Le dernier de sa lignée, Louis courut les chemins, coucha à la belle-étoile, se battit en soldat, rendit la justice, se mêla personnellement de chaque incident de la vie du royaume. Comment aurait-il jugé un Louis XVI qui, sauf le sacre, un voyage à Cherbourg et la fuite de Varennes, ne quitta jamais l'Île-de-France et qui, à une heure décisive, fut incapable de passer une revue à cheval ? Qu'aurait-il pensé du comte d'Artois, près de tomber entre les mains de Napoléon (en 1815) à cause d'une question d'étiquette qui ne permettait pas de le tirer de son lit ? Car telle fut la pente descendue par ses héritiers en moins d'un siècle et demi.

Le dernier aussi, il exerça une autorité simple, directe, patriarcale, analogue à celle d'un propriétaire scrupuleux, d'un bon chef de famille. Un jour, l'administration cherchait querelle à des soldats parce qu'ils avaient pris indûment du bois pour se chauffer en forêt d'Halatte. Le Roi se fâcha :

- "Vous pouvez jeter vos informations au feu ! La forêt et les soldats sont à moi ! N'en parlez plus !"

Louis XIII ne mit jamais le despotisme au service de ses passions, de ses caprices. La rude discipline qu'il imposa aux autres, il se l'appliqua d'abord à soi,-même. Surtout, il se garda de s'isoler des masses. C'est après lui que le contact se rompit. C'est après lui que le souverain cessa peu à peu de connaître ses sujets qui ne le connurent plus du tout.

Le second des Bourbons clôt, enfin, la série des princes qui menèrent la lutte non seulement de la royauté, mais encore du peuple contre la féodalité et les privilèges. Pas une fois il ne trahit la confiance passionnée que le Tiers lui avait manifesté aux Etats généraux de 1614. Malgré l'incompréhension, malgré les révoltes, son effort ne cessa de servir la vocation du pays. Il incarna la souveraineté nationale - si nous osons cet anachronisme - autant que le droit divin. ... [...]
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Rodolphe répondit comme l’aurait fait trois siècles plus tard un souverain constitutionnel : « Nous sommes arbitre, intermédiaire et juge, nous ne devons prendre parti en aucun cas. » Rester le juge suprême au-dessus de la mêlée : ce devait être sa constante maxime.
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la leçon du traité de Madrid n'avait servi à rien. L'empereur donnait une une nouvelle preuve de son obstination granitique en agissant à l'égard de Clément VII exactement comme il avait agi à l'égard de François 1er.
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L'Empereur songe à son règne. Il a fait tout son possible et ce n'était, hélas ! pas suffisant. Aucun de ses grands espoirs n'est devenu réalité. Du moins a-t-il, plus qu'aucun homme au monde, célébré le culte de la beauté et permis la création d'œuvres immortelles. Est-il conscient d'avoir accompli bien autre chose encore et puissamment contribué à changer les perspectives de l'humanité ?
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La marche de l'Histoire est comparable à celle d'un homme qui gravirait la rampe en spirale de quelque tour babylonienne. Plus il s'élève, plus vaste est le paysage offert à ses regards. A chaque pas en avant son angle de vue s'amplifie, diffère, mais demeure incomplet. Il n'y a pas de progrès absolu en Histoire (il faudrait que notre homme eut atteint le sommet de la tour). Il y a seulement des progrès partiels dont l'importance peut toutefois être suffisante pour entraîner des révision considérables dans certains jugements.
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Il se rencontre un phénomène si constant chez les hommes d'action qu'il est permis de l'ériger en loi. Qu'ils se nomment rois de l'acier, Césars, découvreurs de continents, il leur est impossible, l'âge mûr arrivé, de supporter la solitude. C'est de la solitude, même relative, qu'ils meurent quand elle ne les conduit pas à Waterloo.
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La pensée profonde de la Révolution n'est pas celle du philosophe, mais celle du bourgeois, ce n'est pas Rousseau qui lui a donné son idéal durable, c'est Napoléon.
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Jamais un Anglais ne souhaitera être roi : son histoire s'y oppose, sa poésie lui en ôte le désir. Il sait que l'existence de Cour est aussi ennuyeuse que celle du milliardaire américain pourvu d'un golf privé et d'un médecin personnel. Que l'ambition le saisisse, il imaginera un paysage de pelouses et de haies basses, un habit rouge, une écurie peuplée, des matins d'automne, l'appel du cor ...
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Générateur de l'aventure collective, le patriotisme se situe aux antipodes de l'aventure pure qui est, par essence, individuelle. Aussi voyons-nous les races les moins aventureuses (la française et, de nos jours, la britannique) sensibles entre toutes au patriotisme. Parallèlement, la vie des aventuriers révèle, outre le mépris des lois, une indifférence flagrante à l'égard du pays natal.
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Les aventuriers changent de nom aussi logiquement que les religieuses, les acteurs et les femmes galantes. Les uns et les autres abjurent ainsi leurs devoirs envers la société et rompent leurs attaches avec elle.
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"Il n'y a plus que Dieu ou la mort du Roi pour m'empêcher d'être Reine de France".
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Mlle de Lenclos eut pendant cette période un gros rhume qui mit tout Paris en émoi. Régnier-Desmarais, secrétaire perpétuel de l'Académie française, célébra sa guérison, en vers naturellement. Il eut la curieuse idée de lui envoyer en même temps une épitaphe :
Ci-gît la femme qui voulut
Etre honnête homme et qui le fut.
Voilà votre épitaphe faite
Et, par amour, Dieu merci,
Puissiez-vous comme je le souhaite
La lire dans cent ans d'ici !
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