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Citations de Philippe Huet (II) (78)


Penché vers son copain, le front ruisselant de sueur, Julien s'était transformé en un Rouget de Lisle de la béquille, avait entonné la Marseillaise des estropiés, glorifié la volonté des sportifs handicapés, trouvé des exemples d'hommes magnifiques, cisaillés, coupés en morceaux, qui soulevaient le poids de leur infirmité comme un sac de plumes.
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La loi des quais était celle des dockers. [...]
Ils régnaient , faisaient bosser qui ils voulaient , viraient qui ils voulaient .
La toute puissance , croc sur l'épaule, gants de travail dans la poche arrière. A la Marlon Brando.
Mais, c'est fini tout ça. L'embauche à la criée, la dictature des bordées, c'est du passé .
La cloche d'appel ne sonne plus, devenue pièce de musée.
[...] Le port du Havre aujourd'hui, c'est une science de l'étagère. Des milliers et des milliers de boîtes géantes et multicolores empilées, rangées et alignées sur des centaines d'hectares arrachés à l'estuaire du marais.
De loin ,on dirait une ville aveugle, robotisée.

[...]au temps de sa jeunesse , Masurier s'évadait très loin sans jamais quitter les quais , vers les pays du coton, du café ou des bois précieux.
Les cargos semblaient eux-mêmes ensorcelés, répandant sur le port des senteurs exotiques ...
Maintenant, le port ne fait plus rêver, se protège comme un coffre fort avec grillages, guérites et miradors.
C'est Sing-Sing .
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- Je suis sûr qu'il plie son pantalon avant de faire l'amour, avait raillé Julien au cours de leurs rares scènes de démolition mutuelle.
- C'est possible, avait répliqué la délaissée, mais lui au moins il fait l'amour.
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La baraque sentait le moisi et le renfermé, et le drap pesait sur lui comme un torchon humide. Dehors, c'était le vent, la pluie, le désert, l'apocalypse.
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...C'est toujours ainsi, quand on ne ressemble pas aux autres, on décourage.
Ou alors, on fiche la trouille.
Certains le contournaient, d'autres baissaient les yeux, il y en avait aussi qui l'observaient avec curiosité, comme s'ils cherchaient un petit bout d'eux -mêmes dans ce reflet déformé.
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Maurice ...
Un sale caractère, un pète-sec teigneux.
" Une sorte de Robic du pauvre ", le charriait Alfred toujours inspiré.
Car Maurice avait été un p'tit roi de la p'tite reine, avait même couru le Tour en 1938, celui de Bartali.
Enfin, plus d'une heure derrière le Campionissimo. Mais le jeunot promettait, et Maurice possédait son musée d'antiquités sportives, coupes, médailles, affiches, et tout un amas de photos et coupures de presse jaunies qu'il collait régulièrement sous le nez de ceux qui doutaient.

Quand ce n'était pas le vélo qu'il sortait de la cave. Un La Perle haute époque, rutilant, huilé, briqué, prêt à servir.
"Mais cette putain de guerre m'a coupé les jarrets ! " déplorait l'espoir d'avant-hier.

N'empêche qu'à soixante quatorze balais, Momo le teigneux entretenait sa ligne de coursier.
Un peu momifié de l'épiderme évidemment...
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- Vous n'allez pas publier ça, hein, Fournier ? Trois cent ou quatre cent morts... Dans ma ville ! Il est fou. Pas cette phrase... faut pas, mon petit Fournier.
- Je vais me gêner, raille Louis-Albert.
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Même le cimetière a une tête de coupable
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Il était aussi regardant sur ses fringues qu'un paysan corrézien pouvait être curieux d'Internet, voyageait moins qu'un poisson rouge dans son bocal, et limitait ses mondanités à quelques rares déboulades hygiéniques non préméditées entre copains.

[même si en tant que descendant de paysans corrézien....]
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C'est parfois exaspérant , les amis, et envahissant. Surtout les vrais, les sincères, les humanistes du soutien. Ils croient tout savoir sur vous, sur ce que vous pensez, ressentez, sur ce que vous devez ou ne devez pas faire.
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Victor n'y croit pas. Cela fait des années que ça va mal, de plus en plus mal. L'eldorado américain s'est effondré, a entraîné le Vieux Continent dans sa chute. Plus de boulot, et les veinards qui s'y accrochent sont de plus en plus mal payés. Dix pour cent de moins sur le salaire... et six mois plus tard, encore dix pour cent. Défense de te plaindre, si tu n'es pas content, bon vent ! D'autres sont moins difficiles, qui attendent à la porte. Et ce n'est pas fini, il paraît qu'on peut encore rogner autour de l'os. Urbain Falaize, César de la presse locale de droite, ne s'est pas gêné pour l'écrire dans son dernier édito : "Les salaires trop élevés ne rendent pas nos produits compétitifs." C'est donc le travail qui coûte cher. Une notion que Victor comprend mal. Il n'y a qu'à voir la prospérité des magnats qui trônent au sommet des entreprises. Mais de là-haut, les patrons prétendent qu'il faut accepter de douloureux sacrifices, qu'ils souffrent toujours malgré les réductions d'effectifs et la baisse des salaires. Ils souffrent tant que les gouvernements, qui se succèdent tous les trois mois dans un monotone jeu de chaises musicales - Toujours les mêmes : Bouillon, Flandin, Laval qui passent par tous les ministères. Et Herriot surtout, l'indéboulonnable Edouard Herriot - les gouvernements, donc, dorlotent les chefs d'entreprise, allègent la pression fiscale, laissent les profits capitalistes s'envoler. Seul moyen de relancer la croissance. Tel est le credo que l'imbécile d'ouvrier, celui qui coûte cher et qui n'a plus rien à bouffer, s'entête à ne pas comprendre.

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Il y avait eu la famine et les répressions, l 'assassinat deSergueï Kirov, l 'arrestation de Kamenev et
Zinoniev, et les quatorze condamnations à mort de décembre 1934. Tous des traîtres passés à l'impérialisme, des félons et des contre révolutionnaires, comme titrait l'huma avec une impassibilité de granit? La digestion de Louis -Albert se faisait de plus en plus lourde. La théorie du complot sans cesse radotée ne passait plus.Et que dire de l ' atroce comédie du procès de Moscou? Il doutait....Il oubliait....Il doutait....Il oubliait.... et il est probable que ce petit jeu du balancier aurait pu encore durer longtemps, si un événement n'avait pas tout fait basculer . l'intrusion du Parti dans sa vie privée.
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S'endormir seul devant la télé allumée, en chaussettes et les pieds étalés sur la table basse... tel était, pour Robert Bassot, le nirvana d'été.
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L'expérience, c'est bien connu, est la défroque des vieux cons.
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Évidemment , des incidents finirent par éclater un peu partout, opposèrent les travailleurs blancs aux profiteurs basanés, et , en janvier 1918, lorsqu'un docker fut blessé à coups de revolver par un "Arabe", ce fut la curée. Ce jour là, la fièvre raciste sortit de sa litière malodorante, s' empara des bas-quartiers du Havre, et des centaines de "vengeurs" se lancèrent dans une délirante chasse au faciès, lynchant les immigrés qui avaient le malheur de croiser leur chemin.Parmi eux, un certain Ahmed Larbi. Il était en France depuis 19 10, avait choisi d'y vivre, s' était intégré, allant jusqu'à donner des prénoms occidentaux à ses deux fillettes. Mais pour la bande d ' enragés qui le prit en chasse, il n'était qu'un bicot de plus.Ahmed avait été poursuivi jusque dans les étages de l'école Brindeau, où il venait attendre ses enfants.Rejoint, il avait été enfermé dans une armoire, et cette armoire avait été balancée dans le vide, du haut du troisième étage. Un " bicot" de moins.
Ahmed Larbi était le père de Denise.Elle avait six ans.
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Aurélie avait un peu honte de son ignorance. Arsène Lupin lui avait toukours semblé aussi ringard que Fantômas ou Rouletabille. Mais à Etretat, c'était quasiment une icône. Un hôtel se targuait même de louer la chambre où il avait dormi !
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Elle lui parlait comme à un vieux con, maintenant. Berçante, rassurante, pour ne pas affoler pépé. Gus sentit un retour de lassitude. L’âge le grignotait comme la mer grignote la falaise. A petites secousses imperceptibles. Et puis, un beau jour, sans crier gare, tout le pan se cassait la gueule.
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... un jeune écrivain fraîchement goncourisé, dont les critiques vantaient la limpidité et la souplesse du style.
Max détestait les auteurs qui exhibent leur sueur. Des terrassiers, disait-il, qui trempaient leur pelle dans l'encrier.
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"Tu vois Fred, le ghetto de la vieillesse, c'est quand ton père te fait chier avec Kopa, que toi, tu fais chier ton fils avec Platini, et que ton fils, plus tard, fera chier le sien avec Zidane."
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《 je n'ai pas de traditions, je n'ai pas de parti, je n' ai point de cause, si ce n'est celle de la liberté et de la dignité humaine.》 Alexis de TOCQUEVILLE.

《L homme, il est humain à peu près autant que la poule vole.》 Louis - Ferdinand CÉLINE.
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