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Citations de Philippe Pujol (73)


Le journalisme, c'est aussi se laisser manipuler un peu, en conscience et en contrôle.

1. Les mains noires, p. 9
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Tous sont durs et enragés, à exprimer par les insultes un désarroi profond masqué en haine virile. Voici ce que j’entends sous leurs flots d’injures :
« Vous m’avez tant donné, n’est ce pas ? On m’a laissé tant de chances. Tant de personnes se sont occupées de mon cas : des profs, des assistantes sociales, des éducateurs, des psychologues, des juges et tout l’arsenal de la bonne conscience poisseuse qui tartine les « cas » comme moi. Mais vous me laisserez penser qu’il n’y a rien de naturel à apprécier la bonté quand elle ne vous est pas destinée. Votre charité ne m’est pas destinée, je l’ai presque toujours su. On cache les monstres que l’on crée. Alors oui, je suis devenu de ces cramés qui ne prennent du plomb dans la tête qu’avec de puissantes détonations. Il en faut bien qui meurent, sinon qu’écriraient les journalistes, que raconteraient les politiques, que penseraient les gens, les honnêtes citoyens que les premiers veulent comme les lecteurs et les seconds comme électeurs ? Je suis une arme politique, et on m’a fabriquée pour exploser au bon moment. Les armes ne sont pas faites pour aimer ».
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Au dehors, on se berce d’illusions et, en prison, on s’endort comme on peut. On fume du shit, beaucoup, pour trouver le sommeil. La prison possède ses dealers, et c’est bien plus cher qu’à l’extérieur. On y consomme aussi des anabolisants, pour prendre un peu de muscle et réveiller son organisme. On en sort encore plus chimique qu’on y est entré. La prison te distille un concentré de délinquance pure.
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La culture de la rue offre une alternative à leur marginalisation sociale.
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Ici, on se dit champion de krav-maga, de fumette, ou de Kamasutra, mais jamais, au grand jamais, on n’avancera une grosse tête. On leur a assez démontré que ça n’est pas leur monde, pas fait pour eux. Alors, l’insulte est une forme de ponctuation, une vulgarité protectrice adoptée pour longtemps. (…) Leur contenance, c’est ça : une virilité surprenante pour des gamins aux bras si fins avec, à la bouche des insultes tranchantes comme des couteaux aiguisés placés sous la gorge. Eux appellent ça la culture du respect. Être craint, c’est exister. Le sociologue Philippe Bourgeois analyse cela comme une conséquence de la honte de leur condition.
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Le mythe est le carburant de l'ambition. Et I'ambition, le moteur de toute délinquance. L’émancipation par le crime reste la seule voix pour ceux qui ne croient pas aux diplômes, n'ont pas le sens de la chose publique ou du commerce. Études, réseaux politiques et créativité pernetent de tendre de toutes ses forces vers une vie meilleure, mais ceux qui n'y ont pas accès s’imaginent s’élever par des chemins souterrains, sans vraiment réaliser qu’ils s’y enfoncent.
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Mais dans le même temps l’intégration par le racisme s’est installée. Pas partout, pas massivement, mais par exemple dans les XIIIe et XIVe arrondissements, un maire Front national a été élu en 2014 par des Marseillais, donc par tous ces descendants d’immigrés. Le dernier arrivé ferme la porte. « L’immigré après moi n’est pas bon. » C’est une réécriture même de sa propre histoire migratoire quand on constate que parmi les électeurs de l’extrême droite se côtoient des Italiens dont les grands-parents ont fui Mussolini, des Arméniens dont les aïeux échappaient à un génocide, des Espagnols fuyant le franquisme… Un Alzheimer identitaire. Des quartiers populaires communistes sont devenus des quartiers populistes Front national.
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Une ville qui en fait perdrait des habitants sans ses classes populaires. Et pourtant toutes ces constructions nouvelles sont destinées à accueillir de nouvelles populations, des classes moyennes, dont le profil de vote correspond mieux aux gens en place depuis si longtemps. Mais ces gens ne restent pas… car pas de route, pas de crèche, pas d’école, pas de maison de retraite, pas de piscine, juste des immeubles vite faits mal faits car sans presque aucune contrainte municipale…
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Depuis vingt-cinq ans, Marseille est une démocratie citoyenne abandonnée aux usurpateurs. Ils ne se sont pas sacrifiés pour Marseille mais ont sacrifié Marseille pour leurs carrières. L’âme d’une ville sur leur conscience. Le Rouet, un quartier villageois entier dévasté pour en faire une sorte d’immense résidence bas de gamme impersonnelle. La Capelette minée de barres d’immeubles moches qui se transforment déjà en cités sensibles. Euroméditerranée et sa smart city fantôme. L’aseptisation progressive des noyaux villageois du IIIe arrondissement. Le délabrement des piscines municipales. Les inégalités qui enfoncent toujours plus les quartiers Nord. Des écoles presque en ruine. Les effondrements de la rue d’Aubagne. Au moins 4 000 immeubles présentent un péril à Marseille, on ne le répétera jamais assez. Il est dans l’intérêt des géants du BTP que les immeubles s’effondrent. C’est du business. Et le business n’a pas d’états d’âme. Mais la politique doit en avoir. Elle ne sert même qu’à ça. Et à Marseille, dans la majorité, on est contents ; la majorité vit dans son décor en carton-pâte. Une ville en chocolat.
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Tu le sais, à Marseille, c’est un bon côté, on s’inquiète des gens du quartier, comme dans les villages. Eh bien, là, on l’utilise pour dealer des voix. Donc quand on a listé nos absents certains, on prépare autant d’enveloppes avec les bulletins de notre candidat. Et il y a toujours un moment dans la journée où on se retrouve seul à tenir le bureau. Ça manque d’assesseurs, tu le sais bien. Ils prennent n’importe qui, même des minots, le premier qui se présente. Tu les enboucanes en moins de deux. Comprennent rien. Reste plus qu’à mettre toutes les enveloppes et à faire de fausses signatures pour tous les absents. On gribouille. » Je l’écoute en sachant très bien qu’il dit vrai.
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Tous n’ont pas le même culte, tous n’ont pas la même culture et tous n’ont pas les mêmes coutumes. L’islam de Marseille est fait d’« islamixtes ». Une co-citoyenneté, ou plutôt une mi-citoyenneté. Une identité moitié-moitié mais jamais entière. Moitié comorien et moitié marseillais. Moitié algérien et moitié marseillais. Moitié tunisien et moitié marseillais. Moitié marocain et moitié marseillais. Tous avec une moitié marseillaise, mais ils ne sont pas vraiment considérés comme français.
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L’un des plus formidables échecs de sa mandature (il n'en manque pourtant pas), la réhabilitation de la maudite rue de la République. Il la voulait bourgeoise et luxueuse, elle est désormais vide mais toujours populeuse. L'une des seules avenues haussmanniennes de la ville offre des boutiques majoritairement fermées et des appartements inoccupés. Vous avez un projet d'activité commerciale ? est annoncé sur de grands panneaux colorés, rejoignez-nous dans une rue qui a du rythme. Une bite a été dessinée dessus à la bombe. Jai déja raconté les expropriations viriles, les pressions, les méthodes musclées, administratives ou judiciaires pour se débarrasser de la population pauvre de cette grande artère qui part du Vieux Port vers le port de commerce.
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La franc-maçonnerie est le plus célèbre des réseaux secrets et le plus accessible. C’est devenu là sa faiblesse. La confrérie marseillaise la subit de plein fouet depuis ces vingt dernières années.

« Le niveau s’est effondré dans toutes les loges », se désespèrent plusieurs anciens qui ont pris du recul, devant toute cette médiocrité. Fini cette la connaissance du moi et l’ambition d’éclairer le monde, « on a vu arriver tous les débiles de FO, du Cercle des nageurs et autres syndicats patronaux ».
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Tu vois, ces jeunes… le premier qui les prêche les remporte… l’islam ou le trafic.
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Nous devons leur apporter des réponses avant qu’ils ne se tournent vers le pire des imams, l’imam Google.
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« Donc maintenant, avec les prisons pleines, ils enferment les boucans comme lui dans une camisole chimique… Oh, Amada !… Combien ton allocation ? – 860 euros… Tranquille. » En l’annonçant, Amada fait une moue de satisfaction comme s’il était Pablo Escobar. Je vois bien qu’Aziz gueulerait bien après quelqu’un pour soulager sa colère, il tourne la tête autour de lui pour chercher un ennemi sur qui passer son humeur mais ne voit dans un coin qu’un vieil homme malade qui n’aspire plus qu’à la morphine. Un enfant groggy dans ses bras, une mère embrasse la fièvre de son front. J’ai fait une rapide recherche sur mon iPhone : « le coût moyen d’une incarcération en France est de 2 600 euros par mois et par détenu » que je lance comme un prof de comptabilité fier de sa science. Amada claque alors de la langue et Aziz analyse simplement la situation : « La con de leur race maudite ! »
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Longtemps dans ces quartiers on s’est battu pour l’égalité et la justice. Désormais que la quête paraît illusoire, les combats se sont déplacés des grands idéaux vers la recherche d’une identité plus personnelle. Une mutation du T-shirt Che Guevara vers la djellaba-baskets. Quand le militantisme était dans les années 80 un mode d’intégration pour les habitants de ces cités alors très politisés, des années de clientélisme et de relégations sociales ont sapé les croyances dans les valeurs fondamentales de la République : liberté, égalité, fraternité. De plus, sans emploi, pas de contribution à une société que l’on réfute lentement. En témoigne l’appauvrissement dramatique de la participation des populations issues de l’immigration au processus démocratique. Puisqu’ils considèrent qu’on ne leur laisse pas la possibilité de coller au modèle français, ils décident de se construire leur propre modèle. Celui-ci s’est élaboré ces dernières années autour du port du voile et de l’hystérie collective. Entre la loi de 2004 sur le port du voile à l’école publique, puis la grande polémique de 2009 sur les signes religieux ostentatoires, jusqu’à la loi contre le voile intégral de 2011, avec des débats sur l’identité nationale qui perdurent, après ces années, la réaction est à la djellaba comme elle a pu être dans les années 80 à la crête et aux jean’s cloutés chez les punks.
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Paul Piccirillo a été pendant des années le directeur du centre social de La Renaude, une cité habitée principalement par des familles gitanes. Il s’efforçait de montrer le monde à ces nomades qui ne l’étaient plus et restaient enfermés dans leur camp sédentarisé du boulevard Hérodote qui contrairement à ce qu’indique son nom est en fait une impasse. « Un jour, on a réussi à en emmener une vingtaine dans une station de ski. C’était incroyablement touchant de les voir découvrir la neige, le ski et les remontées mécaniques. Comme des gamins. Les Gitans sont des gamins. On était mal équipé, certains s’étaient faits beaux et skiaient en cravate et veston pour cette grande occasion. Ils riaient tout le temps et buvaient pour se tenir chaud. Des gens dans la station avaient peur, ça se voyait, mais il n’y a jamais eu de problème. On y a veillé, c’est certain, mais c’est surtout qu’ils étaient heureux et ne voulaient pas nous trahir. Et puis à la fin de la journée, j’ai réalisé qu’il manquait quatre personnes. Quatre jeunes hommes que je ne me souvenais pas avoir vus de la journée. On riait tellement que je n’y avais pas prêté attention. Alors je suis vite rentré aux locations, on avait loué des chambres dans une résidence pas trop chère un peu éloignée des pistes. Et quand j’ai ouvert la porte… Ils étaient tous sous les douches. Ils avaient pris huit heures de douche. Toute la journée. Pour eux, la douche chaude était l’un des plus grands luxes possibles, eux qui se lavaient seulement de temps en temps avec l’eau froide d’une bouche à incendie de La Renaude.
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Sur un mur de La Belle-de-Mai on pouvait lire un long message écrit à la bombe noire : « Devant l’indifférence générale, demain est annulé. » Personne mieux que le poète ne sait frapper les cœurs d’une incontestable vérité. Les jeunes petits dealers sous leur plafond de verre préfèrent s’injecter leur propre dose de calamité sans penser plus loin que la prochaine gorgée et l’arrivée d’un client qu’il faudra servir sans rien dire. Le trafic de stups est l’avatar du désespoir.
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Le rouge aux joues, nos élus de droite accusent les méchants Parisiens comme un ado gueule à ses parents « toute façon, vous m’avez jamais aimé » avant de réclamer à l’État son argent de poche et ses subventions pour ne pas se retrouver comme un con à la récré. La relation de la majorité marseillaise et métropolitaine avec l’État me fait vraiment penser à celle d’un ado en pleine crise contre des parents lassés. L’État donne plus que pour n’importe quelle autre grande ville française, l’État intervient comme jamais, l’État tolère les élucubrations politiques avec la patience du daron fatigué. Mais nos élus ne lâchent rien, c’est du bashing, c’est du bashing !
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