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Citations de Philippe Rahmy (52)


La littérature est possible parce qu'elle est périssable. Son agonie, plus lente que la nôtre, nous donne le sentiment de l'éternité. La littérature nous accorde un sursis. Ce qu'on écrit dépasse ce qu'on est.
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Épigraphe
Que de fois n'arrive-t-il pas, dans le cours de notre vie, que le mal que nous cherchons le plus à éviter, et qui nous paraît le plus terrible quand nous y sommes tombés, soit la porte de notre délivrance, l'unique moyen de sortie de notre affliction !
Daniel Defoe, Robinson Crusoé
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Là-bas, en bout de l'avenue, la fenêtre de ma chambre est allumée. Je reconnais la tache rouge de mon écharpe sur la rampe de mon bureau. Les choses continuent d'exister quand nous ne sommes pas là. Il suffit de les disposer avec soin pour que les autres les trouvent belles et s'en servent en notre absence. Écrire. Que sont les livres sinon la chambre vacante d'un écrivain parti en voyage dans ses histoires. p 63-64 folio
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Atteint d'une maladie congénitale incurable, j'ai suivi une scolarité en dents de scie. Je vivais comme les dauphins, immergé dans la douleur en mettant parfois le nez à l'air. Durant quelques semaines, rarement quelques mois, nous faisions des projets d'avenir. Je retournais au collège passer mes examens. Puis nous nous rendions à l'évidence. Il me serait impossible de mener une existence normale. Pourtant, je gardais espoir, car je baignais dans l'affection, et surtout, je me sentais capable de réussir ma vie. J'étais comme un point sur une feuille blanche, immobile et verrouillé, mais ce point contenait un cercle qui ne demandait qu'à s'élargir. La force qui m'emprisonnait pouvait aussi me porter. Il suffisait qu'elle s'exprime durablement.
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On ne sait pas ce que signifie le temps, mais on sait à quelle profondeur de sincérité et de nécessité se situe ce qu’on fait et surtout ce qu’on écrit.
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Je suis mon intuition. Ne rien faire dont je ne ressente pas le besoin. Je m’en remets donc au raisonnement logique et je le laisse s’épuiser. Petit à petit, je sens palpiter l’écriture comme une terre chaude en plein été.
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Jérusalem. Aucun mot pour décrire cette mosaïque de la guerre et de la paix. La ville, découpée en segments antagonistes, forme un unique organisme, une même entité écartelée entre conservation de soi et reconnaissance de l'autre. Je pose mon front contre le mur des Lamentations. La pierre poreuse absorbe et restitue le silence qu'on lui confie. On s'incline seul, on se redresse foule. À deux pas, le tombeau du Christ. Un agrégat rocheux frotté de chair humaine.
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Une poussière bleue couvre la nuit ajourée de néons. Les inscrptions sur les murs, les visages, tout ce qui tranche, tout ce qui heurte, est enveloppé de douceur. On respire un air familier. L'air des Alpes. On croit reconnaître la voix de quelqu'un dans une conversation attrapée au vol. La ville correspond à l'idée que je me fais de la vie antérieure. Une mélancolie humanise le délire urbain.
Brutalement, le vent met fin à ce simulacre d'hiver. Poussière, sables, papiers, sacs en plastique, tourbillons sur tourbillons. p 128
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Une gamine est étendue les bras en croix, percutée par la carriole d'un marchand ambulant. La cargaison a volé sur le boulevard. Maroquinerie, bas, chaussettes, bananes, melons, pastèques. Le colporteur fume sans broncher, tout à fait crétin ou drogué. Les gens passent leur chemin. Rien à signaler. En cas d'accident impliquant des pauvres, les frais médicaux sont à la charge de celui qui appelle les secours. p 171-172
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Je referme mon carnet de notes. Il ressemble à une carte routière. Un enchevêtrement de directions que, pour la plupart, je n’emprunterai jamais. Je serais incapable de nommer un tel espace autrement qu’en disant qu’il constitue désormais le cadre élastique d’une histoire sans début ni fin, mais formant un bloc homogène de fragments qui semble très ancien.
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Notre nom,Iflissen,n'attire pas l'attention.On le croit scandinave.Mes parents se sont entendus sur mon prénom,Abel,un personnage de la Genèse et du Coran.Ce prénom ratissait large.J'étais paré pour affronter la France.
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Shanghai et moi nous partageons bien un ancêtre commun. Je ne l'ai pas croisé dans les rues. Tout se passe comme si mon écriture l'avait traqué jour après jour, triant ce que j'avais sous les yeux. Je comprends pourquoi il m'a été impossible de faire le récit objectif de ce séjour. Ce que je cherchais se trouve pour part dans cette ville et pour part à l'intérieur de moi.
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Shanghai est le mensonge produit par la rencontre de deux force égales et opposées. Quand on s'élance au-devant la mégapole chinoise, il ne s'agit pas seulement d'un nouveau obstacles à surmonter, plus grand et plus parfait, comme le serait un Sphynx soudain dressé au bout de la piste d'atterrissage, qu'il suffirait d'amadouer par quelque belle phrase ; il s'agit d'abord d'un plaisir qui s'abat sur soi avec brutalité, (...) comme peut-être en éprouver le chasseur quand une bête sauvage jaillit de l'herbe haute devant lui.
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Comment la littérature, toute de nuances et de faux-fuyants, qui ne nous aide pas à comprendre la vie, mais à en faire notre demeure, qui nous désoriente avec bonheur, multipliant les chemins des écoliers et les occasions de faire l'école buissonnière sur la ligne droite qui mène du berceau à la tombe, aurait-elle le pouvoir de commander la matière ? Je l'ignore. J'en ai fait l'expérience. Je m'en émerveille chaque jour. Mes blessures se sont raréfiées au cours des années tandis que ma mère poursuivait ses lectures. Encore trop fragile pour affronter le monde, je restais allongé, libéré de mes plâtres, jouissant de la légèreté de mes draps, du moelleux de mes coussins et de mon édredon. Un après-midi, je m'en souviens très bien, nous venions de terminer Le Grand Meaulnes, je me suis redressé. J'ai senti mes jambes prêtes à me porter. Je me suis assis au bord du lit. Je me suis levé. J'étais Augustin Meaulnes, grand et mystérieux au seuil de la vie.
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De même que les plus lointains voyages n'aboutissent jamais aux terres vierges de légende, ou que les plus profondes introspections sont incapables de dévoiler une personnalité originale, l'écriture, qui rêve d'être confrontée à une réalité si nouvelle que les mots viendraient à manquer, redéfinit sans cesse le rhinocéros de Dürer, parle de choses qui ont toujours existé en trouvant les accents d'un émerveillement naïf. Une rivalité s'installe entre ce qu'on voit et ce qu'on prétend voir, ou, de manière plus sournoise, plus intime et radicale, entre ce qu'on voit avec les yeux du corps et ce que regarde l'esprit.
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"Je revois mes parents faire des messes basses dans le couloir des urgences, leurs mines sombres me servant de baromètre pour évaluer la gravité de ma blessure : un sourire embarrassé signifiait que je m’en tirais avec un plâtre, un regard tendre que je restais à l’hôpital. Je juge encore les gens d’après cette échelle : qu’on me témoigne de la bienveillance et je crois qu’on va m’abandonner, qu’on veut ma mort." (p 33)
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Je glisse d'une réalité à l'autre, de l'écriture vers l'affirmation muette du quotidien, et je reviens de ce silence au mystère du langage. L'amour est mon seul besoin, un amour troué, disloqué, mais obstiné, tout entier ramassé dans la littérature, notre petite éternité avant la mort. p 96
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Quelque chose se produit. Une vie plus belle me traverse. Cette beauté fugace est acquise. Elle compte au nombre des promesses tenues. La vérité est que le monde s'offre à ceux qui n'en attendent rien. Il se livre avec simplicité, juste là, au bord du trottoir, sans le support de la lune ou des violons, sans le support de la littérature, au fond d'une ruelle, et c'est alors tout le banal qui fleurit sur un morceau d'asphalte. p 66 folio
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Nuit profonde. Je ne pense à rien. Je vis. Je compte mes morts. Nous ne vieillissons pas à cause du temps qui passe. Nous vieillissons à cause des morts que nous portons et qui continuent de mourir en nous.
(...) Je ferai tout pour survivrs aux gens que j'aime.
p 25 Folio
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Le jour décroît ; la nuit augmente. Les forces de sécurité quittent leurs casernes et prennent position aux carrefours. Une foule digne et douloureuse envahit les allées. Comme j'aimerais ne jamais revoir Paris, renaître au sein d'une famille chinoise, modeste et convenable, quelque part dans cette ville de folle espérance et d'immense résignation.
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