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Citations de Philippe Sollers (1551)


Philippe Sollers
Céline au Panthéon ? On voit bien que la question ne se pose pas et ne se posera jamais . Il y a des écrivains qui font consensus (ce n’est pas pour ça qu’on les lit comme il doivent être lus) et d’autres qui seront toujours l’objet de polémique : Céline est évidemment de ceux-là. Ce n’est pas pour ça qu’on le lit vraiment. L’argument des détracteurs est connu : l’antisémitisme revendiqué de Céline. Il est indéniable et, bien sûr, insoutenable. Mais est-ce une raison pour ne pas lire ? A ce jour, à l’exception de Mea Culpa, les célèbres pamphlets — Bagatelle pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938), Les beaux draps 1941) — ne sont pas réédités [3]. Dans un récent article du N.O., Jacques Drillon rappelait ces mots de Philippe Muray : « Notre époque veut ignorer que l’Histoire était cette somme d’erreurs considérables qui s’appellent la vie, et se berce de l’illusion que l’on peut supprimer l’erreur sans supprimer la vie. » Drillon ajoutait : « Si l’on ne peut pas lire les pamphlets antisémites de Céline, on ne pourra pas démonter son antisémitisme, ni même démontrer que Céline était antisémite. Or il l’était. Donc, trompés, nous mentirons à notre tour. »
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Philippe Sollers
Alors cette question: écrire, pourquoi? Pour respirer, tâcher de rattraper cet
instant si court, si décisif de l'enfance qu'on sent s'éloigner. Passe-t-on sa
vie à regretter le passé qui ne s'incarne plus? Ou plutôt à mimer sa
disparition ?.

Je n'aurais, quant à moi, jamais pu écrire Paradis, Femmes, Portrait du
Joueur, Le Cœur absolu, Les Folies Françaises, Le Lys d'Or, La Fête à
Venise, Le Secret, si Je n'avais senti en permanence planer près de moi la
main dégagée, active, cruelle et indulgente de Nietzsche.
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Roman

On travaille trois ans, en douce, à un roman, il vous a suivi partout, le jour, la nuit, en rêve. La fin s'annonce, les scènes et les dialogues d'adieu s'organisent, deux personnages doivent se rencontrer dans un restaurant et laisser leur aventure en suspens. Voici la dernière phrase. Elle va s'éloigner, rejoindre la première, là-bas. Un matin, très tôt, alors qu'il pleut violemment dehors, on boucle le manuscrit, et on sait que la seule chose à faire est d'en commencer aussitôt un autre. Le titre ? Trouvé. La première phrase ? Ça, c'est le plus dur, il faut la laisser venir et s'imposer d'elle-même. Le reste suivra.
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Un universitaire, l'autre jour, à la télévision, me traite brusquement de "papillon médiatique". Je me demande s'il a bu, mais non.
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Tire-toi d'affaire comme tu pourras, m'a dit la Nature en me poussant à la vie,
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Freud s'est fait euthanasier avec l'accord de sa fille. Il n'en pouvait plus. Tout indique qu'il a quitté sans regret l'océan de la connerie humaine, transformée aujourd'hui en télé-irréalité. Kafka, au comble de la souffrance dit à son médecin : 《 Si vous ne me tuez pas, vous êtes un assassin. 》 La plupart des humains préfèrent la souffrance au néant. En revanche, des clandestins, pour ne pas parler sous la torture, se sont supprimés. Saluons-les.
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Pour exister il suffit de se laisser être,
Mais pour vivre
il faut être quelqu'un
pour être quelqu'un
il faut avoir un OS
ne pas avoir peur de montrer l'os
et de perdre la viande en passant.

(Antonin Artaud)
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Vous pensez sans doute que l’auteur exagère, vous allez me dire que personne n’a jamais vu des fleuves battre des mains, ni des montagnes crier de joie. Moi, si, mais je me garde bien de le dire. On me trouve assez fou comme ça.
L’auteur est déchaîné, il veut que tout exulte et jubile. Il convoque des cors, des harpes, des cithares, des danseuses, des tambours, des cordes, des flûtes, des cymbales, bref « tout ce qui respire ». Qui a enregistré ces fêtes ? Tout n’a-t-il pas disparu ?
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On est tellement à contre courant qu'on ne sait plus où est le courant.
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Les étoiles, les oiseaux, l'air, les mots : c'est notre voyage.
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On parle toujours trop, même en ne disant rien, le silence à deux est un art.
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N'importe quel jeune crétin un peu malin peut vous éblouir aujourd'hui de sa science universelle.Il se connecte,il tape,il sait tout.Le Dictionnaire papier est lent,l'affichage technique est fulgurant.L'ordre alphabétique disparait,la demande est immédiatement satisfaite.D'ou l'importance de la gestion des fiches,des notices,ou l'essentiel est résumé en peu de mots.
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Le nihiliste, à propos du génie : "Quel-
que chose d'autre que lui vivait en lui, passait
par lui, allait plus loin que lui, était très
différent de lui", etc.
Bref, sans cesse : lui n'était pas lui.
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J'arrête la voiture sur les hauteurs, de l'autre côté du fleuve; je descends, je regarde la ville allongée... Silence. Brume. Port de la lune... Croissant argenté dans l'eau... Garonne miroitante blanche... Air d'ailleurs. D'où, au fait ? Voiliers vers Londres, Amsterdam. Anvers, cales bourrées de claret... Arrivées de Montevideo ou Valparaiso... Aliénor d'Aquitaine, mariage avec Louis VII, le 25 juillet 1137, dans la cathédrale Saint-André... Et puis, trahison, à nous l'Angleterre... Nous sommes des traîtres-nés... Nous avons nos bateaux, nos vins, ils n'appartiennent à personne... Palais de l'Ombrière, L'Ormée... Avocats, marchands, étendard blanc à croix rouge... Spectres sortis du gravier... La France? Méfiance. Taxes, commissions, limitation des libertés... A bas Jeanne d'Arc, Louis XIV, Mazarin, les Jacobins, Napoléon et l'Empire... Vivent les princes Condé ou Conti. Louis XV et l'Angleterre, toujours... L'Espagne, s'il le faut... La Fronde... "Caractère frondeur" ..... David contre Goliath... Girondins écrasés. mémoire niée, latérale, transmise à mots couverts contre la version scolaire, militaire... Entrepôts gardant l'odeur des Antilles, gingembre, cannelle, girofle, tiédeur du sucre imprégnant les murs... C'est ici qu'ils viennent se réfugier, ces emmerdeurs de Français, quand ils ont des ennuis à l'Est... Allemands? Russes? Pareils
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Reproduire famille ,reproduire société, reproduire argent, buée, vanité, tuer singularité, propulser nuée, progrès technique, misère mentale, prise de sexe, prise de fric, répétez, roulez. Tout mais pas de pensée, pas de gratuité calme.
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nié face à face, niant la membrane,l'entrée:ce qui s'y trouve existe ailleurs,ce qui n'y est pas n'est nulle part:NE-
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« A quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon nous n’en sortirons pas vivants ? »
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2/
Voilà la décision, donc, à vingt-deux ans,
un matin de printemps, en pleine semaine,
il fait très beau, je m’en rappelle encore, je
n’hésite pas, je me rends dans une papeterie
pour étudiants thésards, je demande à louer
une machine à écrire. Je repars avec le gros
objet dans sa caissette à poignée. Le soleil
jette sur toute la création une lumière insoutenable, dans les rues le moindre objet poli brille comme un diamant, tout paraît transparent et enflammé à la fois, mais d’un éclat
pâle et immaculé, et même plus blanc que
le blanc terrestre.
Une fois revenu chez moi, je glisse une
première feuille dans la machine et je tape
une histoire que je voulais raconter, une histoire de femme. Tout devient si facile une
fois que je l’écris, le monde se met à ma hauteur, il se ralentit ou il s’accélère, il s’adapte
à mon corps, il m’accompagne enfin. Les
étincelles naissent naturellement. Ce que j’ai
vécu, quand je le fais passer à travers le langage, prend soudainement un sens. Tout
s’éclaircit, s’organise, s’anime et vit, le monde
ressuscite d’un coup.Je frappe les touches des lettres et les
mots apparaissent, et ils composent leurs
phrases, qui elles-mêmes choisissent les paragraphes et les chapitres qu’elles souhaitaient
bâtir. Je reste à taper sur la machine à écrire
tout l’après-midi, lentement, d’abord avec
un seul doigt, puis avec l’index de chaque
main. Je suis assis devant la fenêtre ouverte plein sud, le soleil tourne sans faiblir, la lumière est maximale, puis vers la fin d’aprèsmidi sa couleur change lentement à mesure
que sa force diminue, prenant peu à peu des
accents orangés. J’ai composé vingt pages
dans la journée, j’ai raconté mon histoire
de femme d’une seule traite. Peu importe
qu’elle soit bien écrite, intéressante ou forte,
je l’ai gravée, restituée, rendue au monde, et
cela m’a comblé. Sans hésiter, j’ai exercé ce
qui semble être dorénavant mon vrai métier.
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MARC PAUTREL
DES MIRACLES

1/
Le combat est diérent pour chacun,
et le combat est sans fin.
philip roth


Un jour, j’ai goûté la lumière et je l’ai
adorée. C’est comme ça que tout a démarré.
Je m’en souviens très bien, j’ai vingt-deux
ans et l’été précédent j’ai découvert les livres
de Marcel Proust. Je les ai immédiatement
aimés, je les relirai souvent ensuite, sans vraiment les comprendre au début, les admirant
seulement à l’aveugle, découvrant peu à peu
leur magie, je les relirai toujours.
J’ai vingt-deux ans et je suis étudiant,
mais je ne vois jamais personne, mes condisciples masculins sont plats et tristes, les
femmes nerveuses et agressives. Les études
elles-mêmes, le Droit, ne me laissent pas
indifférent, mais les enseignants sont médiocres et déprimants, à l’exception d’un
seul, excessif et brillant, jeune, exigeant, pessimiste et drôle, prophétique et apocalyptique, et dont le nom m’est resté en mémoire,
Monsieur le Professeur Conte, Dieu sait où
il est maintenant.
Bien sûr, près de Bordeaux il y a l’océan,
l’immense forêt de pins sylvestres sur deux
cents kilomètres tout autour, le vignoble et
ses liquides divins, mais je reste pourtant
seul et je m’ennuie beaucoup.
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« On n’a jamais entendu traiter un piano comme ça, force et délicatesse, de biais, sur un pied, à l’envers, en boitant, en s’enfonçant, en s’affirmant, en se désaccordant du faux monde où on n’écoute rien, où on fait semblant. C’est l’appel, à travers le brouillage, d’un moine sphérique tranchant, fou, c’est-à-dire en pleine raison retrouvée par-delà le bruit permanent.
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