Philippe Sollers
EAN : 9782070137602
176 pages
Gallimard
(02/01/2014)
3.02/5
21 notes
Médium
Résumé :
médium(du latin medius,au milieu):personne susceptible,dans certaines circonstances,d'entrer en contact avec les esprits.
La géométrie sollersienne se révèle en core une fois bien rodée dans son dernier opus:
Médium. La quadrature du cercle est comme d'habitude (voir
L'Eclaircie,
Trésor d'Amour etc.) formée d'un lieu: Venise (la vraie, celle des Zatterre et du Dorsoduro, non loin de la gare maritime où l'écrivain vient écrire dans une pension); d'un homme: l'auteur vieillissant, nostalgique de la Chine et de sa vie déclinante qui en vient à se doper; d'un sentiment amoureux, cette fois-ci ce n'est plus une philosophe mais une masseuse et une serveuse de restaurant, le propos y gagne en délicatesse; et de l'évocation d'un grand de l'Histoire, cette fois-ci, après Nietsche, Mozart et Casanova, c'est à
Saint-Simon que le lecteur a droit. Mélangez le tout, tentez de sortir un propos fédérateur et symbiotique, vous obtenez
Médium. Pourquoi
Médium? Mais c'est tout simple pour l'écrivain vieillissant: parce que côtoyer Venise, fourrer une masseuse, écrire un livre et évoquer
Saint-Simon permet à coup sûr de communiquer avec l'au-delà. le problème est que ce qui est évident pour l'auteur l'est moins pour le lecteur que
Sollers prend un malin plaisir à rouler dans son inculture. Il en reste un bon
Sollers, nostalgique, révélateur, avec de beaux mots et ceux qui aiment
Sollers apprécieront. Mais il me semble qu'ils sont de moins en moins nombreux...
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Présenté sous la forme de courts chapitres thématiques, ce livre m'a paru hermétique au début.
Puis, après quelques efforts, j'ai réussi à rentrer dedans.
Le “professore” passe ses week-ends à Venise, et le reste du temps à Paris.
Il a ses habitudes en Italie, fréquentations, ballades, drogue, et c'est là-bas qu'il écrit son livre.
État des lieux du monde dans lequel il vit (de sa description du marché des cadavres à celle du marché de l'art), il se place en tant que
médium : lucide, et « contre-fou. »
Fervent admirateur de
Saint-Simon (qui d'ailleurs passe sur ma pàl !), il cite aussi volontiers
Proust.
Plus sombre qu'un
Jean d'Ormesson, moins cynique qu'un
Beigbeder, ce livre m'a donné envie de découvrir les autres de cet auteur, mais je ne pense pas que je le recommanderai.
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Je ne connaissais pas Phillippe
Sollers
Je viens de le découvrir avec son livre
Medium
Je reste mitigé..
il parle de l'humanité,fait souvent appel a de grand penseurs,peintre et surtout a Saint sinon.
Il décrit fort bien et avec ironie l'ironie,et l'absurdité du monde dans lequel on vit ,et nous écrit un manuel de contre folie.
je le trouve un peu sévère avec les
femmes...ce n'est que mon avis personnel..
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critiques presse (3)
Il y a cet écrivain, attablé à la terrasse d'un restaurant vénitien, et qui, pendant la semaine, s'éclipse pour l'Hexagone, puis revient. Dans sa valise, pleine à craquer, on trouve largement de quoi puiser - non des objets, plutôt des propos à relater.
Lire la critique sur le site : LaPresse
C'est aussi pour cela qu'on lit les romans de Sollers : parce qu'ils nous ramènent toujours vers la grande Bibliothèque et les grands textes pour toujours vivants. Parce qu'ils relient et intercèdent, tracent des liens, tirent des fils. Parce que, à travers eux, Sollers aussi est un médium.
Lire la critique sur le site : Telerama
Nous sommes à Venise. Un roman de P. S. vous a toujours un petit air de post-scriptum au précédent; et sa trame n'est qu'une gaze légère.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
DOSE
Quand je viens de Paris, je prends le dernier vol d’Air Cœur, le vendredi soir à 21h30, arrivée à Marco Polo à 23heures. Avec un motoscafo à toute allure, je suis chez moi peu avant minuit. Tout le quartier dort, pas un bruit. Je repars le lundi en fin de matinée, j’ai mes rendez-vous à Paris dans l’après-midi.
Ce week-end va rester mémorable. J’ai pris, le samedi matin, une dose trop forte, et je me suis vite retrouvé en état de désagrégation violente. Là, le corps ne sait plus où il est, il a juste une perception de lit et de chambre, mais le lit flotte, la chambre est ouverte à tous les vents, elle devient, comme le cerveau bousculé, sans limites. Drôle de truc, d’avoir un cerveau cosmique, et de ne plus savoir qui l’on est. Vous êtes en pleine hémorragie de mémoire, comme un mourant dans sa vision panoramique des moindres détails de son existence, mais aussi au-delà, flot des générations, bloc d’humanité animale, prolifération d’atomes, collisions de particules dont vous n’avez pas la moindre représentation. Les « coups de mémoire », eux, se présentent comme des sphères autonomes, planètes délirantes fonçant vers l’avalement des trous noirs. Vous êtes un trou noir dans un univers à cordes. Oui, à cordes , comme des milliards de violons jouant chacun une partition différente. La souffrance est énorme, vous respirez quand même (mais rien ne le prouve) dans une sorte de coma lucide. Au bout de deux ou trois heures, vous retrouvez un bras, une main, puis une jambe, et, selon toute probabilité, un visage.
Vous etes fou,c'est entendu,mais vous n'avez aucune raison de préféré la folie des autres à la votre.Celle des autres , vous la connaissez depuis l'enfance ,elle est lourde ,elle vous suit partout ,elle essaye ,par tous les moyens ,de briser la votre,que vous avez la folie(c'est le mot) de trouver enchantée,légère
La folie fait du cinéma, votre contre-folie est astrophysique. La matière noire vous émeut, la découverte du boson vous comble, le néant marche avec vous dans la rue. Vous aimez les enfants, dont la contre-folie est évidente. On tente sans arrêt de les rendre fous, mais ils multiplient les incartades, les jeux de mots idiots, les maladies, les chagrins rentables. Ils sont là pour aggraver la folie de leurs parents, des éducateurs, des maniaques sociaux. Ces emmerdeurs-nés enfantins sont coriaces. Vous êtes comme eux, mais, vous, vous allez le rester contre vents et marées. Ils grandissent, vous rapetissez, ça y est, vous êtes maintenant un atome invisible. Pas besoin de dissimuler, vous êtes caché. »
*
« Au fond, j’ai recréé ici un rêve enfantin. Tout le monde est parti, je reste seul dans les maisons, je vais de pièce en pièce en célébrant le silence. La grande différence, c’est la vie du port, les variations colorées de l’eau. Je veux bien être une particule issue d’une conflagration multimillénaire, un boson, si l’on veut, ma main parle, elle s’adresse à moi depuis plusieurs endroits à la fois. On n’écrit pas à 12 ans, mais il vaut mieux être resté à l’âge de 12 ans pour écrire. Tout revient vers vous sur des pattes de colombe, le présent remercie le passé, l’avenir est au bout d’une phrase, les morts vous sourient, un vent doux chasse vos soucis. »
N'importe quel jeune crétin un peu malin peut vous éblouir aujourd'hui de sa science universelle.Il se connecte,il tape,il sait tout.Le Dictionnaire papier est lent,l'affichage technique est fulgurant.L'ordre alphabétique disparait,la demande est immédiatement satisfaite.D'ou l'importance de la gestion des fiches,des notices,ou l'essentiel est résumé en peu de mots.
...cette formule de pascal...
"Qui aurai trouvé le secret de se réjouit du bien sans se facher du mal contraire,aurait trouvé le point,c'est le mouvement perpétuel"
Cette formule,à apprendre par coeur,vous donne,en effet,la vive sensation du mouvement perpétuel.
C'est un secret,c'est un point,un point dans un secret,un secret dans un point.
https://linktr.ee/lafinroman
Conversation autour de l'écriture en cours du prochain roman de Stéphane Zagdanski
00:00:00 Thèmes de la soirée
00:07:20 Archiver avant et depuis internet
00:10:40 Documenter la vaccination en Israël
00:12:07 Documenter un essai consacré à un auteur
00:15:31 Exemple sur Saint-Simon
00:17:45 le choix des citations
00:19:05 Exemple sur Debord
00:22:30 Tricherie pour la télé sur Hemingway
00:24:15 Lire les classiques
00:27:55 Explications de textes scolaires
00:29:00 L'exemple de Sollers
00:31:30 le cas de "Pauvre de Gaule!", roman et essai
00:35:00 Comparer la Bible et Shakespeare
00:37:30 Dialogues inventés
00:39:04 le corps en littérature (Céline)
00:41:45 le cas de "Chaos brûlant"
00:46:30 le tremblement de terre d'Agadir en 1960
00:48:10 Question sur le mimétisme
00:51:40 Lecture sur Agadir
00:56:55 Question sur le cut-up
01:00:35 L'antisémitisme contemporain
01:01:50 L'exemple de Brafman dans "Chaos brûlant"
01:05:25 L'exemple de Nafissatou Diallo
01:09:15 L'exemple de Sac d'Os
01:12:30 Question du classement des archives
01:14:35 Exemple des décapitations dans "La Fin"
01:16:59 Nafissatou Diallo et les Djinns
01:23:10 Les lieux : Israël
01:25:10 le pont de Wards Island à New York
01:32:10 Sondage sur la lecture à voix haute
01:34:29 Lire des livres qu'on n'aime pas
01:36:35 L'exemple du Ministère de l'Économie
01:45:15 La documentation d'un roman
01:48:26 Être dupe de sa documentation : Houellebecq et Wikipédia
01:49:45 Critique de Twitter dans "Chaos brûlant"
01:54:38 Retraduction de "Moby-Dick", mauvais usage de la cybernétique
02:12:45 S'inspirer de l'actualité pour "La Fin"
02:15:44 Non valeur artistique de la documentation en soi
02:16:20 Combattre le monde, la réalité est un personnage
02:19:05 Exemple de l'ARN Messager
02:21:30 Les personnages : l'exemple de Rima Hassan
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02:31:00 Trucage des discours, usage spectaculaire du mot "génocide"
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02:42:15 Lecture à voix haute
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02:47:00 le dernier des Mohicans juifs
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