Philippe Sollers
EAN : 9782081358287
806 pages
Flammarion
(05/11/2014)
4/5
4 notes
Littérature et politique
Résumé :
« La politique fait semblant de maîtriser un monde qui lui échappe, elle va toujours dans le même sens (gauche effondrée, droite en miettes), alors que la littérature, elle, est sans arrêt partout et nulle part. Ouvrez un livre digne de ce nom : la vraie morale est là, avec l'acide ou l'ironie qui conviennent à chaque situation.Mais je m'aperçois maintenant de ce paradoxe : pour avoir su mobiliser, à travers moi, toute la littérature depuis si longtemps, ce livre es...
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critiques presse (2)
La publication des chroniques de Philippe Sollers fait le pari de mêler la mémoire des quinze dernières années à la pensée lucide d'un écrivain et de résister à la folie de la société du spectacle.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Rien ne lui échappe, ni en littérature ni en politique ; il voit tout, et s'il le faut regarde sous les jupes de la réalité ; il comprend tout, se rit de tout. Il sait ce qui s'est passé, et prévoyait ce qui arrive (ses articles commencent en 1999). Il a des formules qui vont droit au but, et font rire ; il se paie le luxe de louer ses adversaires, pour contempler le miel leur couler dessus.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Qu'est-ce que la littérature ?
Difficile de dire mieux que Hemingway : « Tous les bons livres ont en commun d'être plus vrais que la réalité et, après les avoir lus, vous avez l'impression que tout cela s'est produit, que tout cela vous est arrivé et vous appartient à jamais : le bonheur et le malheur, le bien et le mal, la joie et la peine, la nourriture, le vin, les lits, les gens et le temps qu'il faisait. Quand on peut apporter cela à un lecteur, alors on est un véritable écrivain.
Roman
On travaille trois ans, en douce, à un roman, il vous a suivi partout, le jour, la nuit, en rêve. La fin s'annonce, les scènes et les dialogues d'adieu s'organisent, deux personnages doivent se rencontrer dans un restaurant et laisser leur aventure en suspens. Voici la dernière phrase. Elle va s'éloigner, rejoindre la première, là-bas. Un matin, très tôt, alors qu'il pleut violemment dehors, on boucle le manuscrit, et on sait que la seule chose à faire est d'en commencer aussitôt un autre. Le titre ? Trouvé. La première phrase ? Ça, c'est le plus dur, il faut la laisser venir et s'imposer d'elle-même. Le reste suivra.
DU SANG DANS LE GAZ
Anna Politkovskaïa, la journaliste russe assassinée froidement au bas de son ascenseur à Moscou, avait l’habitude de dire : « Je n’ai que ma plume et Dieu pour me protéger. » Sa plume l’a condamnée à mort, et Dieu, il en a l’habitude, s’est éclipsé au moment du meurtre. Bref, Poutine, et encore Poutine, et toujours Poutine. Il faut le ménager, celui-là, lui faire de petits reproches voilés, lui sourire, ne pas le braquer, surtout, il risquerait de nous couper le gaz. Son surnom, en économie politique, est Gazprom. Gazprom est rigide, déterminé, tenace. Comment le contenir, l’amadouer, le faire entrer dans le jeu démocratique, malgré sa sale guerre en Tchétchénie et ces liquidations brutales (dont il est personnellement innocent, bien sûr) ? Eh bien, en le décorant : Grand-Croix de la Légion d’honneur, ça lui va très bien. Un dessin de Wiaz a tout dit : on y voit Poutine en garagiste, les mains tachées de sang, devant un buste sévère de Staline. Il s’excuse, le légionnaire, devant la statue du père fondateur, en lui disant : « Je sais, je sais, je bricole. » C’est exactement ça, Poutine : un bricoleur. Brave garçon, donc.
p. 502.
LE CRIME EN PLEIN JOUR
Le mot russe est opouskanie. Il est connu de tous, en Russie, pour désigner la sodomie imposée par les matons du goulag. On nous apprend qu’il s’agit d’une pratique courante dans les camps de « filtration » tchétchènes. Les soldats russes donnent à chacun des détenus un nom de femme et les convoquent ainsi à tour de rôle, en tuant sur place celui qui ne répond pas immédiatement. Un témoin : « Ils savent qu’on peut supporter les bombes, les tirs, la mort, mais ça, cette affaire terrible : terrible, on en sort l’âme cassée. » Le même témoin : « Nous vivons dans la merde, le froid, le béton. » Des femmes nues défilent devant les soldats. Le viol des hommes se pratique avec des bâtons plongés dans la neige. Des meurtres ont lieu au hasard, femmes enceintes, bébés flingués dans leurs berceaux. Cassage des os ou de la colonne vertébrale, hurlements, drogue et vodka pour les bourreaux. On lime même les dents, c’est un raffinement de Cosaques. Un témoin : « Cette femme a été battue et violée quatre jours durant, on entendait tout, elle a été libérée à moitié morte, après le passage d’une espèce de commission. »
Car, voyez-vous, il y a des « commissions ». Le camarade Poutine, après avoir encaissé ses dix milliards de dollars, a même nommé un « M. Droits de l’homme ». Nous sommes à un mois et demi de l’élection présidentielle russe, et il s’agit d’habiller un peu les choses pour les conseils d’administration de la Deutsche Bank, du Crédit lyonnais, de la BNP et de la Bank of America. Vous êtes d’ailleurs priés de ne pas exagérer vos sentiments négatifs à propos de la faiblesse ou du cynisme des puissances démocratiques. Car ce pourrait être pire. Nous faisons ce que nous pouvons, nous évitons une aggravation de la situation. Peu importe que le disque ait été passé cent fois, mille fois, il sert encore. Il faut composer avec la Mafia, puisque cela pourrait être beaucoup plus catastrophique. Digestion, digestion.
IL NE FAUT PAS ÊTRE TCHÉTCHÈNE
André Glucksmann, dans Le Monde du 13 juillet, a publié un long article accablant pour la Russie : « Un mois dans le ghetto tchétchène. » Il a en tête Les Possédés, de Dostoïevski (voilà un livre à relire cet été), et il a raison. « Jeter de l’huile sur le feu, encourager l’escalade des extrêmes, incendier les têtes, les cœurs et les rues, les jeux favoris des Possédés de Dostoïevski annonçaient Lénine. Lequel tira les marrons du feu et parvint à corrompre une partie de l’intelligentsia mondiale. On imagine combien les banques et les hommes d’affaires, séduits à leur tour, résisteront mal aux entreprises de corruption mentales et financières machinées par les nouveaux possédés de Moscou. » Est-ce que Glucksmann n’exagère pas, comme tous les anciens gauchistes ? Poutine « possédé » ? Mais non, regardez-le pousser Blair du coude, et l’autre de se retourner et de lui dire bonjour comme à un vieux copain. Il est membre du club, Poutine, un peu récent, c’est vrai, mais il va s’améliorer. On lui fera faire des croisières. Qu’il massacre quelques Tchétchènes pendant ce temps, en dehors des caméras, bien sûr, ce n’est pas si terrible. Il faut quand même lire Glucksmann : « Les conflits d’intérêts divisent l’équipe au sommet. Les héritiers des organes vétéro-staliniens roulent des mécaniques pour brider la moitié de la Russie, qui désespère, tant sa vie se dégrade. Les oligarques aux poches pleines s’affichent indispensables, vu les bonnes relations qu’ils garantissent avec l’Occident créditeur. Les protagonistes s’entre-déchirent en vertu des lois de la concurrence mafieuse. L’issue reste en suspens, chacun demeure solidaire des autres, mais aiguise ses couteaux. » Pauvre Russie ! Il y a eu le cuirassé Potemkine, il y a maintenant le Sedov poursuivi pour dettes. Vous avez des dettes, Poutine ! Reprenez donc un peu de saké.
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Conversation autour de l'écriture en cours du prochain roman de Stéphane Zagdanski
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