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Citations de Philippe Soupault (160)


Avant dire

Penche-toi
et perce la lisse surface

oranges
bleus
gris
vermillons
glissent et nagent
mes poèmes

Tout autour de ma pensée
virevoltent
les poissons verts
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Lorgnons et lunettes

Les sonnnettes et les champignons
se marieront si nous voulons
près des ruches
les bonbons et les cigarettes
rouleront si nous les volons
en cachette
Il ne reste plus qu'à courir
avec des lorgnons
avec des lunettes
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Car là-bas groupés comme des nuages…



Car là-bas groupés comme des nuages
ceux qui veulent ce que je fuis ceux qui demandent
et exigent le pardon leur part leur dû
hurlent comme quatre mille et un million de sourds
les voraces qui tremblent encore de peur mais que dévore la faim
ceux qui veulent profiter du moment opportun
et lèvent les bras vers un ciel de cendres vers les astres fous
vers le soleil qui est né d’une mare de sang
murmurent et proposent et jurent et affirment
Sauterelles qui protestent dans le tumulte
foule à la foire qui couvre jusqu’au bruit du tonnerre
on ne distingue qu’à peine les éclairs couleurs de lilas
les opales qui éclatent en déchirant le ciel
quand les draperies noires tombent sur les mourants
avant même qu’ils aient poussé leur dernier soupir
l’orage des quarante mille nuits et des quarante mille jours
pas même les désespoirs des inconsolés
ni le bruit de la haine qui siffle comme un lance-flammes
lorsque s’approchent les vautours couverts de vermines
fantômes des vivants héros des crépuscules
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PLAINTES DE LA TRICOTEUSE


Suspendez les points
points de suspension
point et virgule
virgule virgule point
Exclamons les points
points d’exclamation
interrogeons les interrogations
points d’interrogation
plusieurs points
point point point
et point à la ligne
à la ligne
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Philippe Soupault
Vive le roi vive la reine
vive l'amour à bas les lois
puisque tu es la souveraine
de nos rêves et de nos joies
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Voies lactées
A quoi bon ces adieux ces larmes cette souffrance
qui n’a ni fin ni sens
et ces cris que nous poussons
tellement inutilement
a quoi bon cette souffrance
sans fin ni sens
et cette délivrance
qui n’a pas de nom
et à laquelle nous ne pouvons échapper
pa plus qu’à l’éternité
ou à la vérité
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Philippe Soupault
Je voudrais donner la paix
à celles qui m'ont un peu aimé
ne laisser qu'un souvenir
image d'une flamme incertaine
qui s'efface peu à peu
trace d'une brûlure
qui disparaît au fur et à mesure
que le temps passe
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Georgette possédait un charme dont on ne pouvait s'empecher d'etre dupe. Lorsqu'elle allait à Montparnasse au début de la soirée et que Verbaut et les autres se groupaient autour d'elle, elle gardait encore cette suprématie. Eux, qui n'avaient pourtant que mépris pour les femmes dont ils s'entouraient, acceptaient son air indifférent, son indépendance. Ils réclamaient sa présence.
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Le Pirate


Et lui dort-il sous les voiles
il écoute le vent son complice
il regarde la terre ferme son ennemie sans envie
et la boussole est près de son cœur immobile
Il court sur les mers
à la recherche de l’axe invisible du monde
Il n’y a pas de cris
pas de bruit
Des chiffres s’envolent
et la nuit les efface
Ce sont les étoiles sur l’ardoise du ciel
Elles surveillent les rivières qui coulent dans l’ombre
et les amis du silence les poissons
Mais ses yeux fixent une autre étoile
perdue dans la foule
tandis que les nuages passent doucement
plus fort que lui
lui
lui
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Charlot est, en effet, un poète au sens le plus pur et le plus fort du terme. Sa vie, blanche et noire, n’est aussi émouvante que parce qu’elle s’alimente aux sources mêmes de la poésie
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Je n'ai jamais oublié cette femme, belle comme la boutique d'un marchand de couleurs, qui se promenait dans les rues du quartier que j'habitais, étant enfant. Elle portait une haute perruque poussiéreuse sur laquelle elle avait posé un chapeau démodé, enrichi de plumes d'autruche et de boucles de métal. Sa robe était de soie puce ornée de dentelles noire et blanche et d'une queue qui était maculée de boue. Elle portait de longues chaussures vernies et des gants de chevreau glacé, dont le bout laissait passer la première phalange.
Elle était majestueuse.
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FUNÈBRE



Monsieur Miroir marchand d’habits
est mort hier soir à Paris
Il fait nuit
Il fait noir
Il fait nuit noire à Paris.
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C'était le 9 novembre 1918. Ce fut ce jour-là que nous apprîmes que Guillaume Apollinaire agonisait. Des amis, si on ose l'exprimer ainsi, se précipitèrent boulevard Saint-Germain. Des parasites, notamment Jean Cocteau. Des nécrophages. André Breton et moi attendions.
" Guillaume Apollinaire est mort ", me dit Breton et l'écrivit laconiquement, à Louis Aragon. Cette mort précéda de quelques heures l'armistice du 11 novembre. On a raconté, mais je n'en fus pas le témoin, que boulevard Saint-Germain les gens hurlaient : " A bas Guillaume ! " pour conspuer l'empereur d'Allemagne Guillaume II et que pendant son agonie Apollinaire entendit ces hurlements. J'ai demandé à Jacqueline, la " jolie rousse ", si cette légende était exacte. Elle n'en avait pas gardé le souvenir.
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CHANSON POUR LES BAPTÊMES


Mélancolie Mélancolie
quel joli nom pour une jeune fille
Neurasthénie Neurasthénie
quel vilain nom pour une vieille fille

Je cherche un nom pour un garçon
un nom d’emprunt un nom de guerre
pour la prochaine et la dernière
pour la dernière des dernières

Espoir Peut-être Agénor
ou Singulier ou Dominique
un nom à coucher dehors
au temps des bombes atomiques

Mais je préfère Nuit
pour celle que j’aime et chéris
Nuit brune Nuit douce
Nuit claire comme eau de source
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ÂGES DE L’HUMANITÉ

Dix ans déjà
un sucre d’orge
vingt ans à peine
une canne et des gants
trente et quarante ans
de la barbe au menton
voici la cinquantaine
un miroir et des mitaines
pour les plus de soixante ans
des lunettes et des boutons
la fleur de l’âge soixante-dix
une fleur à la boutonnière
quatre-vingts ans quatre-vingt-dix
un sucre d’orge
c’est déjà trop
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DOIT ET AVOIR


Est-il jamais trop tard
pour bien faire bien dire
bien-aimée
que le temps est déjà passé
de bien faire bien dire
bien-aimée
Aidons-nous les uns les autres
à bien faire bien dire
bien-aimée
Et donnons-nous le conseil
de bien dire de bien faire
bien-aimée
Mourons puisqu’il le faut
sans rien faire sans rien dire
bien-aimée
Est-il toujours trop tard
pour bien faire bien dire
bien-aimée
Ou même encore trop tôt
pour tout faire tout dire
bien-aimée
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BONSOIR


Que la lune est belle à midi
c’est l’été au coin du feu
quand le vent ronfle dans le désert
et qu’il fait nuit dans vos cheveux

Arbres plantés comme l’espoir
au bord des routes en rang d’oignons
pluie qui protège la pensée
petites sources infatigables dormez-vous

Au matin gris suivi de tous les escargots
de la veille et du lendemain
j’avance au son des trompettes
Dormez-vous dormons-nous
dormirons-nous encore comme les sacristains

Les rêves ne finissent jamais vous dormez
les yeux ouverts et les membres en désordre
On a frappé à votre porte
C’est déjà le matin
c’est toujours le matin
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VALSES


Un prénom cendre d’un souvenir
lumière qui s’éteint et s’éteindra
nuage qui se dissipe déjà et pour toujours
Presque rien qu’un regret mort-né
auréole qui n’existait même pas
que dans les mains que l’on offrait
dans la douceur de l’automne
C’est l’hiver qu’on aimait
comme une valse lente d’autrefois
« Lorsque tout est fini »
ou bien ou bien ou bien
une autre valse chez un antiquaire
« Quand l’amour meurt »
Enfant on ne pouvait pas comprendre
ces refrains qu’on ne peut tout de même pas oublier
et qui demeurent comme une couronne d’épines
couronne de souvenirs oubliés
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TOUJOURS APPRENDRE


Apprendre à mourir le travail de chaque jour
se souvenir des crépuscules et les aimer
en attendant le dernier le plus beau
l’incendie des années perdues oubliées
Savoir attendre même le désespoir
et regarder cet enfant ces enfants
qui s’éloigneront avant moi du rivage
où on les attend peut-être on ne sait jamais
C’est toujours peut-être lorsque la vie passe
et qu’il est temps de passer le temps
Faut-il encore choisir un masque un sourire
et se voir dans un miroir reconnaître
celui qui fut et qui bientôt sera
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ANNÉE-LUMIÈRE


Une étoile dans mes mains grandes ouvertes
Un regard une étincelle une joie
Des millions d’années-lumière et une seconde
Comme si le temps était aboli
et que le monde entier se gonflait de silence

L’inconnu s’illuminait d’un seul coup
et cette lueur annonçait l’aurore
Tout était promis et clair et vrai
Un autre jour une autre nuit et l’aube
et que le monde était à portée de mes mains

Ne pas oublier ces angoisses ces vertiges
en écoutant ce qu’annonçait l’étoile
et en retrouvant ce chemin de feu
qui conduisait vers l’avenir et l’espoir
et vers ce que nul ni moi n’attendait plus

Que les nuages lourds comme le destin
s’étalent et menacent comme des monstres
et que l’horizon soit noir comme l’enfer
L’étoile brille pour moi seul
et tout devient lumière et clarté

Étoile qui me guide vers cet univers
où règnent la vérité et l’absolu
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