Au lendemain de la Première Guerre mondiale, un groupe de jeunes poètes, traumatisé par le conflit et animé par un fort désir de révolte, se lance dans l'exploration de nouveaux territoires de création.
Parmi eux, André Breton et Philippe Soupault vont écrire, au début de l'année 1919, Les Champs magnétiques. Rédigé dans des conditions inédites et radicales, ce texte va bouleverser les conventions littéraires de l'époque et constituer un jalon important de l'histoire du surréalisme. Découvrez pourquoi avec Olivier Wagner, conservateur à la BnF et commissaire de l'exposition « L'Invention du surréalisme », présentée à la BnF du 19 mai au 14 août 2021.
Du 19 mai au 14 août 2021 | François-Mitterrand
En savoir plus sur l'exposition « L'Invention du surréalisme : des Champs magnétiques à Nadja » : https://c.bnf.fr/L7t
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Comme la nuit et comme le repos
comme l'aube et comme le silence
j'attends j'attends
et tu ne viendras pas
je marche dans la lumière
une lueur dans le jour
ton nom et ton regard
je cours dans la nuit
vers la solitude
vers l'infini
tu ne viendras plus
je t'attends je t'attends
come la nuit comme le repos comme l'aube
comme le remords
(" Poèmes et poésies")
Claire comme l'eau
bleue comme l'air
visage du feu et de la terre
Je te salue lune lune bleue
fille du Nord et de la nuit
Marée Basse
Je songe à tous les vents
Simoun , sirocco et mousson
à vous phénomènes et typhons
tandis qu'ici tout craque
et que la chaleur épaisse comme la neige
se répand dans le silence
O Lune simplicité oracle
qu'un vent de crépuscule
réduit en lucioles
O lune tout t'abandonne
toi l'amie du silence ennemie des vents
plus est-ce toi qui mène les nuages
paitre
au-delà de la nuit
tout t'abandonne tout te fuit
obéissante moins aimée
mes yeux se ferme grâce à toi
et ta douceur se répand dans les veines de la terre
je songe à vous absents ivres ou dormeurs
vents de terre et de mer
vous qui apprenez qu'il faut vivre
avec des ailes
ou dormir sans scrupules
quand les oiseaux vos enfants
cueillent les étoiles de la vie et du sommeil
vents des continents
roses vous tremblez
vous qui préférez le supplice du crépuscule
Il s'en va. Car Charlot doit s'en aller, toujours. C'est chez lui une vocation. Rien ne peut le retenir, car il sait qu'au-delà, plus loin, quelque chose de nouveau l'attend. (p.18)
Les courants d’air passaient et repassaient, formant des dessins monotones et reposants.
Anniversaire
Je voudrais te donner
une couronne
constellée de toutes les étoiles
du firmament
Je voudrais te donner
Le chant des rossignols
De toute la terre
Je voudrais te donner
Les silences de l’hiver
Les sourires du printemps
La clarté de l’été
Les flammes de l’automne
Je voudrais te donner
Tout ce que je n’ai pas pu
Pas su
Te donner
Ma vie
Notre éternité
Monsieur Miroir marchand d'habits
est mort hier soir à Paris
Il fait nuit
Il fait noir
Il fait nuit noire à Paris
Sous les arbres mauves…
Sous les arbres mauves
une nuit mauvaise
j’allais contre le froid
tous ceux que la faim faisait doucement gémir
tous ceux qui laissaient tomber les bras
guettaient dans l’ombre
Ils étaient là près de moi
Leurs yeux trop grands étaient des menaces
J’avais honte de savoir marcher
et une lumière plus douce que la neige
me tirait
Tu ne me quittais pas
tu dormais
et ta vie était cette nuit
que je respirais
Je savais par mes yeux mes mains mes pas
que tout s’effaçait
qu’il n’ y avait plus que la terre
que la terre
et toi.
Bien-Aimée
la femme que j'aime ne sait pas tricoter
elle sait rêver rêver rêver
et ses rêves sont des nuages de laine
gonglés d'espérance multicolore
que convoque le crépuscule
Elle sait repasser à merveille
les merveilles rouges et bleues
tout ce qui est crépusculaire miraculeux
pour l'herbier des souvenirs
et les longues soirées d'hiver
La femme que j'aime sait aimer
ce qui est lourd comme la douleur
et dur comme le lendemain
inquiétant comme les jours de fête
quand tout est meilleur que le pire
Je mens
Ma chambre est meublée du souvenir des îles
Et la mer est tout prêt
Ou le métro
Un livre dit un mot
Ne me demande pas d’allumer
Vos voix sont des fleurs
Là-bas ou même ici
Vous êtes morts sans doute
Je n’entends plus
Mais quoi
Quelques fois nous marchons en parlant de la pluie ou du beau temps
Nous rions