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Critiques de Pierre Jourde (257)
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Pays perdu

Je pense que pour la première fois j'ai du mettre 5/5 à un livre. Pour une petite partie par attachement à des situations connues (je suis Cantalou de descendance), mais surtout par le sujet et la langue. Quelle belle écriture...Fluide, idéalement construite, pas lourde et pourtant si riche en vocabulaire. Et puis le sujet....ces paysans perdus dans ces recoins du Cantal, s'accrochant encore à une terre ingrate. Raymond Depardon en a d'ailleurs fait des images qui pourraient idéalement illustrer cet ouvrage au cas où l'imagination du lecteur ne serait pas à la hauteur ou tout simplement pour le cas où il n'aurait pas la joie d'avoir connu ces "derniers Indiens" comme dirait une autre grande écrivaine du cru: Marie-Hélène Laffon.
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Pays perdu

Ce livre avait provoqué l'ire des habitants s'étant reconnus dans les portraits féroces de villageois alcoolisés sculptés par l'auteur à coup de serpe vitriolée. Ces autochtones offensés avaient attaqué l'écrivain et sa famille alors qu'il venait passer des vacances dans le village, dans sa maison familiale.

Ce fait divers consternant avait d'ailleurs fait l'objet de commentaires dans la presse nationale et locale lors du procès des agresseurs au tribunal d'Aurillac



Le texte (s'agit-il vraiment d'un roman ?) est vraiment très bien écrit. Il est vrai que l'écrivain ne ménage pas ses modèles, ne voyant chez les êtres qu'il évoque, que les mutilations causées par les outils de travail, la boisson, les animaux. Ce côté glauque, impitoyable, est d'ailleurs un peu trop systématique chez cet auteur, que ce soit dans sa fiction (voir Festin secrets), ou dans son oeuvre critique (la littérature sans estomac) Mais en même temps, comment ne pas voir, au-delà de ces portraits cruels de personnages dévastés par la vie, l'humanité, certes frêle et chancelante, qui émane de ces portraits. J'y vois pour ma part sourdre, au coeur même de l'écriture impitoyable, une profonde empathie envers ce pays (le plateau du Cezalier), abandonné en marge de l'autoroute pas si lointaine, envers les gens qui persistent à vivre et à exister aux marges d'un monde en pleine mutation.

Il est curieux que ce livre rejoigne, dans ses thèmes et son écriture, sa vision d'un monde rural en train de sombrer (ayant déjà largement disparu dans les trente glorieuses), trois autres écrivains du centre de la France : Millet, Michon et Bergougnoux.



Cela me parait confirmer qu'une littérature puisant son inspiration dans le terroir du massif central (ou d'autres terroirs d'ailleurs) - qui n'est pas "régionaliste" et qui est bien plus intéressante que celle de l'école dite "de Brive" - est possible, existe bel et bien.



Tant mieux si de nouveaux Giono peuvent renouveler le genre et sortir un peu la littérature française de l'ornière introspective parisienne dans laquelle elle a parfois tendance à s'enliser.



La France existe aussi au-delà du périphérique, et la littérature doit en rendre compte, à sa manière.


Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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Pays perdu

visions des anciens à la campagne. insalubrité et oublie
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Pays perdu

Arriver à L., petit village du nord Cantal, ça se mérite. Et encore quand il n'y a pas trop de neige. Préférer la belle saison, quoi.



Mais la neige, quand même...

"Je me souviens du bonheur de ces reliefs effacés, enveloppés dans une substance égale, éblouissante, engourdissant les sensations, avalant même les sons. Plus de prés, de bosquets, de haies, de murs ,de chemins, d'herbe, de taupinières, une continuité douce, des ondulations moelleuses laissant seulement la trace des choses qu'on s'étonnait presque d'avoir connues sous une forme moins parfaite. Moins encore que des traces, une allusion, une esquisse de courbe, rien. D'invraisemblables vagues soulevées par le vent, au bord de l'effondrement, et demeurant comme des rouleaux mécaniques figés dans un temps suspendu. Des éclats de paillettes que la lumière allume, éteint, ranime ailleurs.Et parfois, sous la couche régulière, par une déchirure, comme un rappel , le souvenir d'un monde ancien aboli, un aperçu sur des profondeurs noires et pleines de formes enchevêtrées. Si la neige, à nouveau, pouvait tout envelopper, effacer les reliefs et les chagrins, taire les mots."



Pour régler une affaire de famille, le narrateur (Jourde) et son frère se rendent dans le petit village d'où est originaire leur père, apprenant à leur arrivée le décès d'une jeune fille du village. Les obsèques auront lieu le lendemain. Défilé des voisins et de la famille, des habitants des villages environnants dans la maison des parents, occasion de portraiturer ces figures hautes en couleur ou exemplaires. Jourde ne fait pas dans la dentelle, et quelques pages d'anthologie sont consacrées aux bouses de vache...(j'adore, car en plus c'est du vécu et je confirme la ténacité et l'ambivalence de la chose. En revanche j'ai eu du mal avec les descriptions de crasse chez certains...)



Je ne suis pas originaire de ce coin là, mais ma foi, le monde paysan à l'ancienne, que de souvenirs...

"Le vieux célibataire a l'hospitalité cordiale et généreuse. Il sait ce qu'il doit au monde. La simplicité de ses manières, simplicité dont il se réclame en vous forçant à boire un autre plein verre et à accepter un fromage ou une douzaine d'oeufs, n'est que l'apparence conventionnelle d'un attachement intégriste aux rituels complexes de la civilité paysanne. La conversation se tient assis sur des bancs, de part et d'autre de la table. Le verre rempli à ras bords doit durer. Son contenu marque le développement de la première phase, son remplissage permettra une relance. La conversation avec le vieux cousin n'implique pas nécessairement un langage verbal. Son fonds principal se constitue de grommellements dispersés, d'onomatopées entre lesquels on laisse s'installer un silence de bon aloi.

Là-dessus, quelques remarques à propos du temps, des récoltes, de la famille viennent se détacher en guise de fioritures décoratives. Un attrape-mouche doré pend dans le creux profond de la fenêtre, tortillé comme un ornement baroque dans une église. La lumière avaricieuse ne se dépense qu'à l'éclairer, le prenant pour un luxe, et nos laisse dans la pénombre. Sur la spirale glorieuse s'achèvent de minuscules agonies. D'autres mouches profitent du calme ambiant pour avancer avec soin leur exploration de la toile cirée."



Une unité d'espace (les villages proches) et de temps (deux jours) pour une plongée dans ce monde rural incroyable. L'auteur évoquera aussi son père et le secret de ses origines. Mais là n'est point le sujet, on ne s'attarde pas.



Ce récit/roman n'a pas eu l'heur de plaire aux villageois, qui ont agressé l'auteur lors d'un de ses passages en 2005, des noms d'oiseaux ont fusé, un procès s'en est ensuivi, et le dernier opus de Pierre Jourde, La première pierre, revient sur cette histoire. Il me tarde de le lire!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Pays perdu

En bref, un court livre découvert totalement par hasard et qui ne parlera certainement pas à tout le monde. L'auteur prend comme prétexte un enterrement pour présenter un petit village auvergnat, "une communauté humaine qui se compose d'une dizaine de foyers, serrés sur un très petit espace, à quarante minutes de route de la première ville, et où tout le monde se croise tous les jours, [...]".
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Pays perdu

On découvre un univers qu'on croyait perdu à jamais à travers des descriptions effrayantes et d'une grande poésie.L'écriture est magnifique , et le livre se lit d'un trait .Le narrateur a pour la région de ses origines un grand amour mêlé de dégoût et de nostalgie . Le livre édité en 2003 et a valu à son auteur bien des déboires et on a envie de lire " la suite " , " La première pierre " qui vient de paraitre pour la rentrée littéraire 2013!
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Pays perdu

A l'origine, Pierre Jourde voulait juste écrire une nouvelle qui se limitait à la narration des obsèques d'une adolescente, fille d'amis paysans vivant dans un petit village du Cantal dont est originaire sa famille ; village perdu où il a passé ses vacances durant son enfance et où il est revenu ensuite chaque été avec sa famille.



Une fois la nouvelle publiée, fin 2001, influencé par Éric Nolleau, Pierre Jourde a décidé d'en faire un livre, en reprenant des souvenirs personnels et en modifiant les noms de lieux et de famille pour parler de la vie de son village.



L'enterrement de l'adolescente a ramené l'auteur à celui de son père, et à son histoire, alors que celui-ci ne s'était résolu à la lui raconter que lorsque qu'il a eu vingt-cinq ans. Toute sa vie attaché à son village, Pierre Jourde souhaitait montrer la rudesse du pays à travers certains secrets de famille. Il s'agissait de restituer un double sentiment : « des sensations trouvées nulle part ailleurs et un sentiment d'irréalité », tel qu'il a pu le vivre, durant ces séjours là-bas. Pierre Jourde ne perd aucune occasion de rappeler qu'il se sent appartenir à la société qu'il décrit et imaginait sans doute rendre hommage aux habitants de son village. Toutefois, en évitant de tomber dans la complaisance, l'auteur a pu involontairement se montrer parfois blessant dans sa description de protagonistes vivant dans de vieilles maisons inconfortables le long de ruelles où s'élèvent les vapeurs des tas de fumier.



Pierre Jourde a brisé le « culte du silence » qui se transmet de génération en génération dans ces hameaux. Son roman a suscité une vive émotion parmi les habitants de son village. Certains se sont reconnus ou ont reconnu des proches décédés. Les moindres détails ont été pris comme des critiques, des offenses, ou des indiscrétions malveillantes, et ont été considérés comme du mépris. Les réactions vives suscitées par ce livre seront reprises et commentées dans un second ouvrage de Pierre Joudre « La Première Pierre ».

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Pays perdu

Une langue magnifique, précise, poétique, d'une maîtrise parfaite qui décrit merveilleusement ce pays perdu, perdu dans le temps autant que dans l'espace. Mais cette maîtrise m'a aussi mise mal à l'aise quand elle raconte les gens, leur vie, où tout ne semble que misère, saleté, violence et alcool, ce dernier régnant en maître du jeu. Il y a dans ce livre une certaine provocation à réduire le monde agricole même reculé à cette misère. Les pages évoquant l'omniprésence de la merde tant animale qu'humaine sont sidérentes, celles sur le sort des animaux, bétail, volaille ou autres, sont d'une cruauté complaisante. Certains passages sont magnifiques et prenants. Alors, un grand livre, certes, par le propos et la langue, mais avec un côté trop réducteur.. Née la même année que l'auteur, j'ai passé beaucoup de temps de mon enfance à la campagne... même si les monts du Lyonnais n'ont pas l'âpreté du Cantal, encore que, à l'époque, c'était un bout du monde... je garde des souvenirs plus lumineux... C'est cela qui me semble manquer à ce livre... la lumière.

Et puis... j'ai lu dans la foulée La première pierre, livre qui répond aux conséquences et à la polémique suscitées par Pays perdu. Et là, j'ai mieux compris ce que l'auteur avait voulu exprimer, le second apportant les notes de lumière dont semble absent le premier. Peut être eut il fallu le second avant le premier... je n'en suis pas sûre...
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Pays perdu

‌J'ai laissé passer quelques jours avant de commenter, car ce livre m'a bouleversée et réveillé de très nombreux souvenirs d'enfance, de vacances passées chez mes grands-parents en Auvergne également, dans un petit village de 230 habitants proche de Volvic donc beaucoup moins isolé.

J'y suis retournée il y a quelques années après quasiment 40 ans d'absence. C'est devenu à la fois un village de résidences secondaires (héritées et retapées) d'habitants de Clermont, dont de nombreux employés ou retraités de chez Michelin, de salariés de Volvic et de maisons abandonnées, il ne reste que très peu de fermes en activité.

Je pensais retrouver la maison facilement, or j'ai tourné pendant un bon moment. Elle était totalement abandonnée.

Je pourrais continuer avec le fameux "Je me souviens" de Pérec".

Je me souviens des "waters" ou des cabinets (on ne disait pas WC, ni toilettes) au fond du jardin et de mon dégoût.

Je me souviens des orages somptueux qui nous faisaient peur et nous fascinaient.

Je me souviens à peine du maréchal-ferrand (surtout du bruit de sa forge et de ses outils), j'étais toute petite quand il est parti.

Je me souviens du tailleur de pierre.

Je me souviens de la Morande qui tenait l'unique épicerie-bar-tabac-restaurant-station service.

Je me souviens de la Bline alors très âgée, on allait acheter le lait dans sa ferme (beurk !) et dont mon père disait en plaisantant qu'elle avait déniaisé presque tous les garçons du village. Je n'ai pas osé lui demander s'il était concerné...

Je me souviens que le repas était fini quand mon grand-père (un homme pas facile) fermait son Opinel. Là, on pouvait vraiment parler de patriarcat...

Je me souviens du lavoir où j'aimais aller avec ma grand-mère et ses voisines (avant la machine à laver qu'elles ont toutes accueillie comme le sauveur. L'hiver, il fallait quasi casser la glace pour rincer le linge, changer les draps attendrait...).

Je me souviens du four banal près du lavoir (je l'avais complètement oublié celui-là)

Je me souviens des foins, moi j'adorais, mon père moins (il se sentait obligé d'aider, pour ne pas passer pour le parisien prétentieux, même s'il travaillait en usine)

Je me souviens du château de Tournoël alors libre terrain de jeu des enfants.

Je me souviens du raccourci à travers champs pour aller à pieds à Volvic. Il a complètement disparu (Ah ! La voiture...)

Je me souviens aussi des bouses de vaches...

Je me souviens du village-Michelin où vivait un cousin, avec ses maisons Michelin (différentes pour les cadres et les ouvriers), ses camps de vacances Michelin, ses magasins Michelin, ses écoles Michelin et les habitants très contents de leur sort (un loyer symbolique, un bout de jardin, un potager, un grand congélateur pour les animaux chassés, ou... braconnés et du travail de père en fils). Mais ça, c'était avant...

Je me souviens aussi de certaines histoires de famille, de la maison de mon grand-père vendue à un cousin et pas à l'autre. Depuis, ils ne se parlent plus...

Je ne me souviens pas qu'on y ait trouvé un quelconque magot...

Bref, pour moi, la nostalgie est toujours ce qu'elle était...

Mais je vois que je me suis prise au jeu et que je n'ai pas vraiment fait une "critique littéraire" de ce livre.

Ce que sa lecture a provoqué en moi est suffisamment parlant !

Merci Monsieur Jourde.
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Pays perdu

Ce texte de Pierre Jourde m'aura montré à quel point notre regard sur une oeuvre peut changer à douze ans d'intervalle. De ma première lecture, j'avais principalement retenu la qualité de l'écriture et l'audace du propos, loin des descriptions convenues de la vie proche de la nature. Ce que je ressens avant tout aujourd'hui, ce sont la haine, le mépris et le dégoût qu'inspirent à l'auteur ces gens de peu dont il se repait à répéter qu'ils vivent dans la merde, l'alcool et la crasse, engendrant çà et là des enfants aux tares diverses et variées et auxquels notre humaniste n'a pas manqué d' ajouter une petite touche de consanguinité, histoire de parfaire le tableau. Figurez-vous que dans ce pays perdu, lorsqu'une femme s'avise de se défaire de son fichu à cause d'une démangeaison devenue difficilement supportable, le pus secrété depuis des semaines lui dégouline sur le visage ! Pierre Jourde a beau être professeur d'université, il semble lui manquer une certaine intelligence de comportement : n'est-il pas allé jusqu'à citer dans ses remerciements les habitants du village qui a servi de décor à sa logorrhée un brin scatologique ?
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Pays perdu

Description d'un monde de paysans arriérés aux confins de l'Auvergne.
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Pays perdu

Même dans des circonstances très défavorables à ma concentration et à une lecture hachée, je ressens beaucoup de choses pour ce livre. Tant le contenu campagnard, d'exilés du monde, prisonniers d'un autre monde, un monde que j'ai un peu connu par bribes, qui est dur, assez implacable, quelque part.

Tant la forme, une très belle écriture, sans effets, sans procédés, juste juste, juste très juste.

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Pays perdu

Peut-être ai-je mal compris l'intention mais il me reste de cette lecture un ressentiment tel que la qualité de l'écriture s'efface devant le dégoût suscité par la manière dont est traité le sujet. Oublions l'histoire, il n'y en a pas ou si peu. Parce que le propos de l'auteur n'est pas de nous en raconter une mais plutôt de nous décrire de manière féroce et sans humanité les habitants de quelques villages dépeuplés survivants au fin fond d'une région montagneuse difficile d'accès. L'auteur nous les dépeint taiseux, alcooliques, consanguins, déformés, crasseux, vivants dans la merde, le purin et les loques entassées, plus proche de l'animal que de l'humain. Je ne sais pas quels comptes Pierre Jourde a voulu régler avec ce texte, mais je comprends (mais n'approuve pas) la réaction de certains habitants de son village qui l'ont accueilli à jets de pierre quand il a voulu y retourner. Car force est de constater que si la réaction a été aussi violente à son égard c'est que, pour tout illettrés qu'il a bien voulu nous les décrire, ils ont quand même lu le livre sinon compris son propos. L'auto fiction comporte certains risques faut croire
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Pays perdu

Il m'a fallu quatre dizaines de pages pour entrer dans le livre. Il faut se laisser bercer par les évocations de paysages, de personnes faites par l'auteur.

Ensuite, j'aurais voulu tout lire d'un coup, pour "rester dedans".



Pierre Jourde décrit un monde à mille lieues du nôtre, il est vrai. Pourtant, on pense à quelques personnages déjà rencontrés, ou déjà racontés dans des conversations.

Les paysans de ce livre sont rustres ; Pierre Jourde parle de la violence qu'ils vivent : la violence qu'ils subissent (les coups reçus par les enfants, par les "valets de ferme", les nuits à dormir dans la paille de la grange, les coups reçus par les femmes, les accidents terribles avec les machines agricoles... ) et la violence dont ils font preuve (là où des gens reçoivent des coups, certains les donnent...)



A part quelques chansons écoutées, à aucun moment il n'est fait allusion à la culture, est-elle vraiment absente de ces hameaux ? Peut-être après tout.

Est-ce que Pierre Jourde donne une vision trop noire de ces gens ? C'est une vision forcément partielle.



Mais ce que j'ai trouvé marquant dans ce livre, c'est l'absence de jugement. Il me semble que l'auteur ne condamne pas, même la déchéance qu'il observe, il la constate.

En particulier en ce qui concerne l'alcool, son aspect positif aussi bien que son aspect négatif sont mis en avant.



Ce livre m'incite à faire preuve d'empathie.
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Pays perdu

J'avais toujours eu envie de lire ce livre à cause de sa réputation sulfureuse et voilà que je l'ai trouvé abandonné avec d'autres dans la rue. C'est extrêmement bien écrit. Littérairement parlant, c'est du grand art. Il n'y a pas vraiment d'histoire. Le narrateur retourne au pays de ses origines au fin fond de L'Auvergne et nous livre, à l'occasion d'un enterrement, une suite de portraits, parfois méchants, des gens du cru. On comprend qu'ils n'aient pas apprécié.
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Pays perdu

A la faveur d'une veillée mortuaire dans son village natal d'Auvergne, l'auteur détaille les participants. Chacun d'entre eux lui évoque une anecdote, une manière de vivre, l'alcoolisme trop présent, les rivalités et les jalousies ...Il dresse de cette manière une galerie de portraits sans concession. Malgré la franchise et la rudesse des propos, c'est un hommage vibrant que Jourde rend à ces hommes et ces femmes qui, envers et contre tout, arrivent à tirer leur subsistance de ces terres ingrates.

J'ai adoré ce roman.

A la suite de ce livre il fait lire «La première pierre» dans lequel l'auteur analyse les événement survenus et se remet sévèrement en cause.
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Pays perdu

Le voyage intérieur se poursuit inexorablement dans ce pays montagneux du bout du monde. Le le titre du roman, en apparence si simple, si peu engageant, avec sa triste couverture, loin de nous perdre ou nous égarer, nous fait pénétrer dans un monde qui dévoile tout ce que nous avions ignoré ou oublié en faisant ressusciter un passé que l'on croyait enseveli ou qui n'avait peut-être jamais existé véritablement, cachant lui-même d'autres strates, d'autres palimpsestes encore plus mystérieux et inquiétants.



Les choses les plus insignifiantes deviennent "un opéra fabuleux". de la laideur et de la crasse, de cet alcoolisme et de cette brutalité, d'un coin d'ombre ou d'une éclaircie, tandis que surgit, à l'improviste, un souvenir rapporté par le narrateur, de toute cette "tristesse" parfois "majestueuse" naît une beauté singulière qui nous étonne et qui nous délecte.



Les portraits de villageois et villageoises, sortes de petits santons disposés tout autour d'une crèche provisoire et désaffectée, sont des chefs-d'oeuvres en miniature. le silence glacé qui règne, parfois, ou se disperse, quand la mort vient s'abattre avec injustice sur une jeune fille, fait sortir de leurs tombeaux vivants des êtres qui s'animent, de curieuse façon, et qui nous émeuvent.

Nous sommes dans le funèbre, mais le funèbre dont les feux follets n'ont pas fini de courir ici et là, pour révéler des secrets d'outre-tombe, qui semblent avoir choqué la plupart des habitants de ce village, après la parution du livre de Pierre Jourde.



La musicalité et le phrasé, ciselés par la main d'un orfèvre génial, nous laissent dans l'émerveillement que nous éprouvons au Louvre, devant les sculptures ou les tableaux des plus grands maîtres. Pays perdu - où chaque mot est médité et profondément recherché, à la manière de Flaubert - est un chef d'oeuvre, un acte de pur héroïsme et de liberté d'écrivain. Il aurait manqué à la littérature contemporaine, à la littérature universelle, s'il n'avait pas été écrit.

Merci, Monsieur le Professeur. On ne vous oubliera jamais
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Pays perdu

Au début de l’année 2014, j’avais découvert Pierre Jourde avec son livre « La première pierre« . Il m’avait donné envie d’en savoir plus sur cet auteur et j’ai enchaîné avec deux autres de ses essais « Le Jourde & Naulleau » et « C’est la culture qu’on assassine« . Et j’ai été conquise par cet auteur!



Mais cela m’avait aussi donné envie de découvrir ses fictions et tout particulièrement « Pays perdu », le livre qui a créé le scandale et donc le livre « La première pierre ». Et puis je n’ai pas eu l’occasion de mettre la main dessus. J’ai fini par l’acheter, mais j’appréhendais un peu ma lecture, de peur de ne pas aimer.



Mais c’est chose faite à présent et je peux dire que ce fut une lecture très agréable et que c’est sans hésiter un très bon roman. Et un livre de moins dans ma PAL!



C’est la première fiction que je lis de cet auteur et cela m’a donné envie de lire ses autres œuvres de fiction. On verra bien quand je trouverais un moment.^^



C’est sans aucun doute un éloge de ce pays, mais je comprends tout à fait que les habitants de ce village aient pu mal le prendre. Il est vrai qu’il décrit minutieusement ce pays « perdu », au fond de nulle part,ravagé par le froid, la pauvreté, l’alcool.

Moi je sens un amour profond pour cet endroit, pour ses habitants, dont il parle avec tendresse, bonté. Il ne juge pas, il reste partial et se contente de décrire ce qui s’y passe.



Pour nous, il s’agit d’un endroit lointain, le Cantal, mais pour les habitants de là-bas, c’est chez eux. Et cela peut paraître incroyablement insultant, surtout qu’il cite énormément de choses, d’événements, de secrets de famille dont tout le monde est évidemment au courant, mais qu’on fait semblant d’ignorer. Retrouver mes secrets de famille dans un livre que toute la France peut lire, je n’aimerai pas cela du tout. Surtout que son impression est forcément partielle, puisqu’il n’y vit pas toute l’année.



Il n’en reste pas moins que j’étais passionnée. Je me suis vraiment laissée porter par le texte (il écrit vraiment bien je trouve) par les anecdotes, les histoires, les descriptions de personnages…On a vraiment l’impression d’être dans un autre monde.



—————————————–



Un très bon roman sans aucun doute, très bien écrit, je ne peux que conseiller cette lecture! J’ai hâte d’en découvrir d’autres!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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Pays perdu

Le narrateur nous emmène dans le village ou il a passé son enfance il est accompagné de son frère car celui-ci doit hériter du cousin Joseph. A leur arrivée ils apprennent le décès de Lucie qui petite les regardait lire et dont ils gardent en mémoire le sourire qui ne l’a jamais quitté malgré la maladie. C’est l’occasion pour l’auteur de nous offrir une description réaliste de ce petit hameau, avec les habitudes de ses villageois, il nous fait partager leur vie, ses émotions, ses souvenirs dans une écriture sans concession, mais poétique. Je n’ai pas trouvé ce livre dérangeant, il m’a rappelé mes vacances dans un petit village jurassien dont les habitudes étaient parfois similaires. Je pense que certains villageois se sont sentis insultés, les mots peuvent devenir des coups de poignard et être très douloureux quand ils ne sont pas compris ou expliqués.
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Pays perdu

A l'occasion d'un retour dans son Cantal d'origine l'auteur nous dévoile un pays, une civilisation en train de disparaître. Ne restent dans son village que quelques habitants, tels des buttes témoins d'un passé révolu, dont il dresse une superbe et saisissante galerie de portraits. Cela fait parfois penser à Pierre Michon ou à Pierre Bergougnioux, mais en plus âpre, et plus désespéré.

Il pousse parfois le bouchon un peu loin, comme l'histoire de cette vieille dame qui dort avec les cadavres de ses chiens dans son lit, ou ce cadavre récent enfoui dans un tas de chiffons. Là on a du mal à le croire. Encore que...

C'est écrit dans une langue superbe, chaque mot faisant mouche. A lire, absolument !

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