AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre Perrin (24)


Non content de s'éloigner durant des mois, Gustave ne prend jamais le parti de Virginie contre ses soeurs. Il cache sa femme. Il cache aussi Emile. Il renie même son sang. Il n'a pas transmis son nom. Emile reste un enfant sans père.
Commenter  J’apprécie          130
Pierre Perrin
La tristesse sur soi-même résulte sans doute d'une incapacité ou d'un refus d'admettre ses contradictions. L'identité déchirée, ne se discerne en effet que l'échec au regard du passé; l'avenir reste informe. L'hésitation, lorsqu'elle brûle, engendre l'hébétude, et bientôt le dégoût de soi. Or vivre, c'est constamment choisir. Si l'on fait le tour de sa solitude et qu'on accepte autrui - le moi est toujours limitrophe, l'anachorète lui-même a besoin de Dieu pour se réaliser; sans personne, on charbonne -, la vie s'allège, le monde chante. Si peu d'années pour tenter de vivre, et tant de gaspillées dans des tunnels sans fin. Il ne sert à rien de se désoler. Debout enfin, ouvert de partout, le don - le don d'amour - est ce que nous pouvons peut-être réaliser de mieux
Commenter  J’apprécie          130
L’ENFANT FOU



extrait 2

Il enrageait, criait parfois. Mais manquant d’audace, une botte de paille déplacée, malmené sans cesse, il pressait sa réflexion d’un lacet sur la gorge. Pour retourner la solitude contre lui, les forces lui manquaient.

La simplicité lui échappait. Tiraillé sans répit, de la braise écartée. Pourtant les années l’avaient gagné ; demeurait le volcan ; à ses pieds, la tendresse avait monté. La tête au ciel, il souriait, de l’herbe plein les lèvres.
Commenter  J’apprécie          101
L'égoïsme reste la pire tare, le cancer de l'humanité à tous les échelons, individu, famille, nation.
Commenter  J’apprécie          80
Sitôt livré, le tableau est recouvert d'un voile vert par Khalil-Bey. L'Eglise tranche entre la vierge et la putain. L'Immaculée Conception diabolise les caresses. La luxure, la lubricité frappent d'infamie quiconque s'abandonne. En récusant la transcendance, Courbet expulse la honte et ce que la morale tient, au-delà du péché, pour une maladie. Il rend à la nature le passage humain du berceau jusqu'au tombeau. L'Origine du monde établit l'égalité du plaisir et de la maternité. La palette du peintre fait culminer une adoration apaisée de la Femme.
Gustave a perdu Virginie, Emile, mais il peint ce qu'il a compris du monde qu'il habite.
Commenter  J’apprécie          80
Le moi est toujours limitrophe, l'anachorète lui-même a besoin de Dieu pour se réaliser ; sans personne, on charbonne.
Commenter  J’apprécie          60
L’ENFANT FOU



extrait 1

Nourri d’inquiètes certitudes, il ne voyait pas de cratères sur la route. Il tombait, se blessait, mais il se relevait. L’âme écorchée, zébrés les reins, sans cesse il courait. Le soleil, le vent, la pluie l’étrillaient, l’étreignaient.

Toujours il fixait la touffe du monde qui reculait sous ses lèvres. Des filles nues perlaient dans le soleil. Il se haussait sous les palmes de leurs bras. La caresse n’était qu’un souffle. Les yeux rouverts, il restait seul.
Commenter  J’apprécie          60
La Vie suspendue



Elle était la tempétueuse, au secret, à la peau plus belle que les blés d’août. Les moindres souhaits décuplés, l’appétit entre ses bras restait insatiable.

Le temps gambadait, s’asseyait, repartait de plus belle. Les alpages n’avaient pas de fin ; haut dans le ciel filaient les charters. Des vallées ne montait qu’une rumeur sans importance.

À la renverse, sans rien craindre de la terre, il écoutait, subjugué, ses angoisses légères. Il la faisait rire à gorge déployée. Tous deux se trouvaient comme les bras d’un fleuve dans la mer.

À chaque instant elle devrait surgir, l’appeler, lui rendre la vie. Son regard s’est éteint, sa secrète odeur volatilisée. Les doigts en l’air se figent pareils à des arbres d’hiver.
Commenter  J’apprécie          60
À la lisière de la paix



L’âge

Au détour d’un sentier, il arrive qu’on redécouvre,
Comme au premier jour, la couleur sable et tuiles
Des maisons. La lumière adoucit la marche. On ne sait
Ce qu’on doit au friselis de l’herbe rase sous le vent.
Dans la ceinture des lauriers, des pruniers explosent
Des feuilles. Le cœur s’emballe à mettre de l’orgue
Sur la chaîne, chorals et fugue ou passacaille. On guette
La voix humaine, les trompettes de Salamanque.
Le soir peut tourner en cendre, des branches casser
Sous une bourrasque ; la vie infuse une tendresse fertile.
On vieillit, la belle affaire ! l’accord grandit
À ce qui se dérobe. La mémoire en perd sa bogue
Et roule un présent presque perpétuel. Le dernier souffle
Effraiera moins que de croiser une ancêtre démaquillée.
Commenter  J’apprécie          60
- Le silence est parfois une clairière où l'avenir se prépare à jaillir du passé, murmure Gustave. La nuit est noire - enfin, façon de parler car l'éclairage au gaz fonctionne dans les rues de Dieppe depuis 3 ans -, quand Virginie reprend son Balzac : "Jusqu'alors la vie ne lui avait versé que de l'amertume. Y avait-il un heureux dénouement possible aux liens qui unissent deux êtres séparés par des convenances sociales ? Mais aussi le bonheur se paie t-il jamais trop cher ? Puis ce bonheur si ardemment voulu, et qu'il est si naturel de chercher, peut-être le rencontrerait-elle enfin ! La curiosité plaide toujours la cause des amants. Au milieu de cette discussion secrète Gustave arriva. Sa présence fit évanouir le fantôme métaphysique de la raison."
Elle sursaute. Elle a lu Gustave à la place de Vandenesse ! Elle sourit à relire le début du paragraphe : " Pascal a dit : Douter de Dieu, c'est y croire." Pourra-t-elle échapper à Gustave ? Gustave pourrait-il lui échapper?
Commenter  J’apprécie          60
Elle a le goût d’ouvrir les bras



Elle a le goût d’ouvrir les bras pour susciter la plénitude.

Si son sourire – arc au repos, de rose sur la neige – paraît

Assassiné d’absence quelquefois, un baiser la fait vibrer.

Au chevet, rien ne surpasse le silence ameuté de ses seins.
Commenter  J’apprécie          50
L'aube déploie ses cernes jusqu'au ciel et fume de tendresse.
Commenter  J’apprécie          40
« Vous n’avez pas de fils, vous avez un disciple. Votre réalisme est trop bon ! » Lettre d’Émile [18 ans] à son Courbet de père qui ne l’a pas reconnu.
Commenter  J’apprécie          40
La porte du Salon lui reste interdite.
Au troisième refus, Virginie, l'assure de mille consolations, vante son talent. Mais lui, tel un proscrit, s'emporte; il braille devant des convives :
- Qu'importe la jeunesse, le talent n'a pas d'âge! La prétention ne l'effraie pas. Ses prédécesseurs, Ingres, Delacroix au premier chef, ont dû attendre; ils ont obtenu le succès après des années. Qu'est-ce que ça peut lui faire? Il trépigne.
Commenter  J’apprécie          30
Vers la plénitude
Elle avait fait valoir l’ovale du temps quand les doigts se trouvaient, sa bouche agile de mangue fraîche, combien son petit nez pouvait gambader. Il prit du plaisir aux pointes lentes à durcir, qu’elle promenait partout sur la peau comme les fers d’un doux traîneau. Il aima que, solitaire, puisqu’elle le voulait, ou tête-bêche, elle le fît vibrer plus fort. Il idolâtra, au fil des mois, ses hémisphères d’astre miniature où boire et rejaillir quelquefois, et surtout les pétrir et puis les entrouvrir d’un doigt, de deux, de trois, la main à la fin endiablée jusqu’à ce que, la nuque à la renverse, balançant toutes ses boucles, elle n’en puisse plus de gémir, de hennir, de réclamer ce qu’il lui donnait, fougueux, démesuré, et qui entrait comme une aiguille dans un vêtement. Les bourses carillonnaient sans bruit près des lèvres de miel, affamées. Pendant qu’il ciselait encore une framboise, dans un ralenti de râle, la prison se changeait en or, millimètre par millimètre. Tel un arbre il s’abattait sur elle qui tirait, en lasso, la quintessence de ce pourquoi il vivait sur la terre.
Commenter  J’apprécie          20
"Pleurer les morts est une convenance . On ne les pleure pas pour eux mais parce qu'ils nous manquent ; ils ravivent notre égoïsme."
Commenter  J’apprécie          20
"La patience conduit souvent à un trésor"
Commenter  J’apprécie          20
La Plénitude



extrait 2

Nous disposons de peu pour pénétrer l’histoire (un feu froid, sans nous). La moindre inattention nourrit le néant. Le calme s’accompagne de la lente montée d’un étonnement. La paix exige à l’occasion la dynamite, le chaos qui s’exalte, la foudre, le cerveau soufflé.

Les désirs maîtrisés, pourtant, la vie respire au large, à l’abondance s’abandonne. La vie gagnée, on parle sans trembler du royaume des morts. – Le poète propose une carte de l’inconnu, mais aucune langue déliée ne garantit que les yeux n’étaient pas crevés.
Commenter  J’apprécie          10
La Plénitude



extrait 1

Où en es-tu de ta descente (ou de ton ascension, mais de quoi) ? On échange si peu du sel qui porte notre vie. On ne connaît guère qu’un toucher rêche ou humide, un silence dépecé. Erreur, dit le croyant ! L’âme un jour volera – le corps désintégré.

Longtemps la mort n’est qu’un papier qu’on déchire. C’est un royaume sans frontières, sans terre ni mer, ni ciel, sans personne. Le jour où elle fracture le cœur, éclate un vrai collier de perles. L’espace demeure ; le temps tintinnabule. À la panique cède la raison.
Commenter  J’apprécie          10
« Longtemps j’ai détesté mon nom, comme si brûlait encore sur ma peau le fer rouge de l’inculture. » Pierre Perrin
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Perrin (35)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres d’André Franquin ?

Gaston Lagaffe : Le ... des gaffeurs ?

Gang
Groupe
Clan

10 questions
35 lecteurs ont répondu
Thème : André FranquinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}