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EAN : 9782364263062
168 pages
Editions Al Manar (28/09/2022)
4.17/5   3 notes
Résumé :
L’histoire d’une vie se ramène à la quête du bonheur.
Sur ce chemin dépourvu de bornes, chacun se cherche
Au gré des intempéries, trop heureux de ne pas mourir Idiot au hasard des faux pas, tellement vivre reste un art
Dont la clé tient en un mot qu’on se retient de chuchoter.

À chacun d’inventer son balancier, son pas de deux.

Structuré en cinq parties – la naissance, les doutes, les amours, les horreurs, la paix... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Réfractaire qu'il est aux impostures comme il les appelle des écritures plates et selon lui convenues qui se pratiquent aujourd'hui couramment, Pierre Perrin livre avec cet ouvrage une suite de textes qui paraîtra au lecteur averti moins contemporaine que très filialement, quoique librement, rattachée à cette longue histoire de la poésie qui liant l'intelligence au sentiment, comme le sens des valeurs à la finesse de la sensibilité, ne répugne pas au discours, à la formule et sait ne pas séparer le poète, au besoin, du moraliste, n'hésitant pas à condamner ce qu'il pense être les errements comme les petitesses de ses tristes semblables.
Intempestive alors pourra sembler cette poésie qui affecte de conserver ses majuscules en début de vers, d'opposer aux facilités des vers courts, elliptiques, sa théorie de vers pleins qui confinant parfois au verset, restent strictement ponctués, rassemblés le plus souvent de façon décidée en strophes, pour renvoyer à travers leur matériel d'images presque essentiellement empruntées au monde paysan, à une enfance auquel l'auteur semble n'avoir jamais pu, su, ou voulu, tourner vraiment le dos.
C'est que ce monde de l'enfance dont l'évocation directe dans la première partie constitue à mes yeux la réussite majeure du recueil aura eu tout pour marquer fortement et définitivement l'auteur. Je ne m'attarderai pas [1] sur ces évocations sensibles, hautes comme on dit en couleurs de « la ferme séculaire » où la vie se partage, cruellement parfois, intimement toujours, avec les animaux, où « la honte/Ruisselle » « pour peu qu'un inconnu frappe à la porte » … Je n'insisterai pas davantage sur cette figure de Mère, prégnante dans le livre, à laquelle l'auteur aura consacré il y a une vingtaine d'années un récit au Cherche Midi éditeur et vers qui se tournera la dernière ou presque dernière bonne pensée du livre. Je serai discret sur ces tentations de suicide, cette rémanence du motif de la corde, de l'image du pendu qui ne manquera pas de frapper le lecteur dans cette forte section. Se trouve à coup sûr là sinon les clés d'un caractère, du moins les fondements sensibles et inquiets d'une personnalité marquée jusqu'au bout par une forte impression de solitude. Un sentiment chiffonné aussi de frustration qui le conduit à vilipender parfois un peu hâtivement ses semblables, son époque.
À ceux qui le liront, Pierre Perrin fera l'effet sans doute d'un homme rêche certes mais habité. Qu'anime à n'en pas douter un intense désir d'ouverture. Qui s'il le pousse à célébrer tout particulièrement l'averse sensuelle et charnelle de l'amour, des amours, ne lui en fait éprouver que davantage l'amertume de ces pertes, de ces manques, de toutes ces grandes ou petites défaites par quoi l'existence impitoyablement nous rappelle le caractère borné, ridicule encore, de notre condition. le poème alors est là tant pour en rendre compte et fournir témoignage que s'affirmer revanche. Apaisante satisfaction peut-être, même si « aucune consolation n'existe », d'avoir ainsi su trouver la force, comme l'écrivait Baudelaire, de s'être prouvé à soi-même qu'on n'était pas inférieur à ceux que l'on méprise [2].

Georges Guillain sur son blog Les Découvreurs, jeudi 10 novembre 2022
Lien : http://perrin.chassagne.free..
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Tout au long de ma lecture, ce recueil de poèmes de Pierre Perrin m'a évoqué « Fantaisie » de Gérard de Nerval, « Il est un air pour qui je donnerais, Tout Rossini et Mozart… » où le sens m'importait peu, seule l'émotion m'imprégnait et je demeurais intriguée par cette dame « à sa haute fenêtre … dont il se souvenait » et que j'aurais bien aimé connaître et aimé aussi.
On découvre dans ses poèmes ces associations inattendues de mots, suspendant à chaque fois la lecture, pour en goûter toute la saveur.
Pour toutes celles et tous ceux qui ne supportent pas de croiser un poncif dans un roman et surtout pas dans une poésie, la lecture de "Des jours de pleine terre" leur est généreusement recommandée.



Lien : https://texteymard.blogspot...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
À la lisière de la paix



L’âge

Au détour d’un sentier, il arrive qu’on redécouvre,
Comme au premier jour, la couleur sable et tuiles
Des maisons. La lumière adoucit la marche. On ne sait
Ce qu’on doit au friselis de l’herbe rase sous le vent.
Dans la ceinture des lauriers, des pruniers explosent
Des feuilles. Le cœur s’emballe à mettre de l’orgue
Sur la chaîne, chorals et fugue ou passacaille. On guette
La voix humaine, les trompettes de Salamanque.
Le soir peut tourner en cendre, des branches casser
Sous une bourrasque ; la vie infuse une tendresse fertile.
On vieillit, la belle affaire ! l’accord grandit
À ce qui se dérobe. La mémoire en perd sa bogue
Et roule un présent presque perpétuel. Le dernier souffle
Effraiera moins que de croiser une ancêtre démaquillée.
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L’ENFANT FOU



extrait 2

Il enrageait, criait parfois. Mais manquant d’audace, une botte de paille déplacée, malmené sans cesse, il pressait sa réflexion d’un lacet sur la gorge. Pour retourner la solitude contre lui, les forces lui manquaient.

La simplicité lui échappait. Tiraillé sans répit, de la braise écartée. Pourtant les années l’avaient gagné ; demeurait le volcan ; à ses pieds, la tendresse avait monté. La tête au ciel, il souriait, de l’herbe plein les lèvres.
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La Vie suspendue



Elle était la tempétueuse, au secret, à la peau plus belle que les blés d’août. Les moindres souhaits décuplés, l’appétit entre ses bras restait insatiable.

Le temps gambadait, s’asseyait, repartait de plus belle. Les alpages n’avaient pas de fin ; haut dans le ciel filaient les charters. Des vallées ne montait qu’une rumeur sans importance.

À la renverse, sans rien craindre de la terre, il écoutait, subjugué, ses angoisses légères. Il la faisait rire à gorge déployée. Tous deux se trouvaient comme les bras d’un fleuve dans la mer.

À chaque instant elle devrait surgir, l’appeler, lui rendre la vie. Son regard s’est éteint, sa secrète odeur volatilisée. Les doigts en l’air se figent pareils à des arbres d’hiver.
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L’ENFANT FOU



extrait 1

Nourri d’inquiètes certitudes, il ne voyait pas de cratères sur la route. Il tombait, se blessait, mais il se relevait. L’âme écorchée, zébrés les reins, sans cesse il courait. Le soleil, le vent, la pluie l’étrillaient, l’étreignaient.

Toujours il fixait la touffe du monde qui reculait sous ses lèvres. Des filles nues perlaient dans le soleil. Il se haussait sous les palmes de leurs bras. La caresse n’était qu’un souffle. Les yeux rouverts, il restait seul.
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Elle a le goût d’ouvrir les bras



Elle a le goût d’ouvrir les bras pour susciter la plénitude.

Si son sourire – arc au repos, de rose sur la neige – paraît

Assassiné d’absence quelquefois, un baiser la fait vibrer.

Au chevet, rien ne surpasse le silence ameuté de ses seins.
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