Citations de Pär Lagerkvist (57)
Je trouve indigne d'un prince d'attacher la moindre importance à l'opinion de la populace qui l'entoure. Il faut toujours que la plèbe crie, pour une raison ou pour une autre. On aurait fort à faire si l'on se préoccupait de ses cris.
Le bourreau peut être bon lui aussi. On a entendu dire qu'il a sauvé des malades et des malheureux, des gens dans la plus grande détresse, que tout l'art médical avait été impuissant à soulager.
Comme les nuages,
comme le papillon,
comme la trace de l'haleine sur un miroir -
Ephémère,
changeant,
disparu en un instant.
Ô seigneur de tous les cieux, de toutes les terres,
de tous les destins,
qu'as-tu voulu de moi ?
Au fond, tous les hommes veulent la guerre. Elle comporte une sorte de simplification qui est un soulagement pour l'esprit.
"Aimez-vous les uns les autres... Aimez vous les uns les autres..." Non, qui pourrait concevoir cela ?
Tout le monde sait qu'on le crucifia en même temps que deux autres ; on sait quelles personnes se tenaient groupées autour de lui : Marie, sa mère, et Marie de Magdala, Véronique et Simon de Cyrène, qui avait porté la croix, et Joseph d'Arimathie, qui devait l'ensevelir. Mais un peu plus bas sur le versant, à l'écart, un homme observa sans arrêt celui qui était cloué là-haut sur la croix et suivit l'agonie du commencement à la fin. Il s'appelait Barabbas. C'est de lui qu'il s'agit dans ce livre.
Il n'existe plus rien au monde que toi, mon enfant,
écoute à ton sein quand tu rêves.
Sens, caressant, comme ton sang, mon enfant,
coule sous la peau de tes mains.
Comme tout est calme. Vide. Un monde est à toi,
et tiennes, toutes les étoiles.
Entre dans le secret de ton coeur
et jamais tes rêves ne tariront.
Tu vas caresser le sein et la joue,
tu vas écouter le vent
qui souffle entre les doigts.
Biche farouche,
biche farouche,
ce ne sont que tes rêves à toi...
Pourquoi es-tu si silencieux,
pourquoi trembles-tu,
pourquoi tes lèvres sont si pâles ?
Mon enfant, mais tu pleures !
au milieu de la vie, la belle, la douce.
Il n'existe plus rien au monde que toi, mon enfant,
aucune tempête ne te caressera.
Tout ce qui est grand est si loin de toi,
tu joueras avec ton âme.
(p.10)
Attablé dans la pénombre de la taverne, le bourreau buvait. A la lueur de l'unique chandelle fumante que fournissait l'hôte, il se penchait vers la table, grand et fort dans son costume rouge sang, appuyant sur sa main son front marqué par le fer rouge.
"En effet, le bourreau peut être bon, lui aussi. On a entendu dire qu'il a sauvé des malades et des malheureux, des gens dans la plus grande détresse, que tout l'art médical avait été impuissant à soulager.
- Oui. Et qu'il puisse souffrir, c'est encore vrai. Ce qu'il fait doit lui être pénible. On sait bien qu'il demande toujours pardon au condamné avant de l'exécuter.
J'éprouvais écoeurement et nausée pour toute cette vie, cette vie de bandits et de soulards, cette vie de criminels de toutes sortes, dont le monde entier semblait rempli et qu'ils dévastaient, le livrant à une destruction absurde, à la misère, à la honte et au désespoir.
Tout le monde sait qu'on le crucifia en même temps que deux autres ; on sait quelles personnes se tenaient groupées autour de lui : Marie, sa mère, et Marie de Magdala, Véronique et Simon de Cyrène, qui avait porté la croix, et Joseph d'Arimathie, qui devait l'ensevelir. Mais un peu plus bas sur le versant, à l'écart, un homme observa sans arrêt celui qui était cloué là-haut sur la croix et suivit l'agonie du commencement à la fin. Il s'appelait Barabbas.
Mon ami, asseyons-nous quelque part dans l'ombre pour boire un verre et passer le temps. Je t'assure, tout est ridicule ! Voici cette terre pleine qui se vautre dans l'univers ; de sa croûte sortent de partout, comme des clous grossiers, comme les piquants d'un hérisson en colère, les hommes languissants, sanglotants, hurlants. Montrons néanmoins que nous savons concevoir ce qu'il y a de comique dans tout ce spectacle pénible ; ne crions pas plus fort que les autres, ne soyons pas plus raides que les plus méchants des piquants. Je t'assure, ce dont on doit se méfier le plus c'est de paraître ridicule.
(p.21)
Sahak écoutait avec stupéfaction, ses grands yeux confiants fixés sur Barabbas. Etait-ce possible ? Etait-ce vraiment possible que ce pauvre esclave crasseux eût vu tout cela ? Qu'il eût été présent au moment où s'accomplissait le plus grand de tous les miracles. Qui était-il donc ? Et comment lui-même, Sahak, avait-il pu mériter une telle grâce, être enchaîné à quelqu'un qui avait assisté à tout cela et s'était tenu si près du Seigneur ?
La grosse femme retourna se recroqueviller au fond de la pièce sur un bout de natte qui couvrait le sol, mais elle continua de fixer Barabbas de ses yeux brillants. Puis , elle alla, pieds et oreils nus, chercher de la nouriture pour lui, car la pensée lui était venue qu'il devait mourir de faim ; on ne vous donne pas grand-chose à manger dans ces maudites prisons. Elle plaça devant lui du pain, du sel et un morceau d'agneau séché. Il ne mangea guerre et passa bientôt les aliments au bec-de-lièvre. Elle se jetta dessus et les engloutit à la façon d'un animal, puis se précipita hors de la maison, et disparut dans la nuit.
Est-ce grand et merveilleux d’être homme et faut-il s’en réjouir? Est-ce dénué de sens et désespérant et faut-il s’en affliger?
Il y a toujours quelque chose au-delà des mots, ce n'est pas seulement eux que l'on écoute.
J'ai exterminé de la terre des peuples entiers, j'ai saccagé et dévasté des royaumes. Tout ce que vous m'avez demandé, je l'ai fait.
Ce sera un grand jour. Oui, ils annoncent qu'une nouvelle ère s'ouvrira, l'ère du bonheur où le Fils de l'Homme règnera dans son royaume ...
L’étranger regarda leurs visages, qu’il cherchait à déchiffrer, et dont beaucoup se tournaient vers lui. La plupart n’exprimaient rien du tout, mais certains rayonnaient de quelque chose qui le remplit d’étonnement et de trouble. Ce quelque chose qu’il avait parfois rencontré chez des êtres humains et qui lui demeurait toujours aussi incompréhensible.
Je regarde devant moi sous les arbres fanés,
j'écoute les cris stridents.
Bientôt immobile sous les arbres vides
je pourrirai parmi les cadavres d'oiseaux.