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Critiques de R. F. Kuang (220)
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Babel

J'ai beaucoup hésité à partager mon avis sur ce titre. Je n’arrivais pas à trouver les mots justes pour exprimer ce que je voulais dire, et du coup j’avais peur d’être très maladroite face à ce récit si complexe. Mais voilà, cette lecture m’a marquée alors j’ai quand même envie d’en parler. Je pourrais arrêter mon avis à « quelle lecture ! ». C’est le peu de mots que j’ai réussi à trouver après avoir fini le livre. C’était juste fracassant à tout point de vue, et si j’ai mis énormément de temps à le lire (deux mois !), j’en ai apprécié chaque phrase ! Babel c’est, pour moi, un récit avant tout politique, totalement engagé, qui résonne particulièrement avec l’actualité.



Habituellement j’écris moi-même un résumé du livre. Mais là j’ai bien peur de spoiler, du coup je vous renvoie à celui de l’éditeur plus haut ! ;)



Le livre a bien-sûr des défauts. Le contenu intellectuel lié à la traduction est très présent et alourdit un récit qui met du temps à se mettre en place. On peut donc s’ennuyer, ou être rapidement perdu.e devant tant d’explications approfondies sur le sens de mots. Personnellement, j’ai fait des études de lettres et du latin jusqu’en première année de master, donc j’ai l’habitude. Mais si ça n’avait pas été le cas, je me serais peut-être sentie assommée par ma lecture… Puis, l’autrice attache beaucoup d’importance à la description du quotidien des étudiants, quelque part cela enterre les revendications que peuvent avoir les personnages pour eux-mêmes et pour nous, les lecteurices. Aussi, chaque événement marquant est soudain et brutal. Ils ont d’autant plus d’impact qu’on ne s’y attendait pas, comme on est noyé.es dans le quotidien de leurs études. De même, la lenteur du récit permet un développement profond, et complexe, pour chaque personnage, entraînant un attachement particulièrement fort pour chacun d’eux. Impossible pour moi de ne rien ressentir devant les choix et le destin de chacun d’eux. Au contraire, j’avais l’impression de les connaître intimement au fil des pages, alors forcément je me sentais impliquée émotionnellement tout le long de la lecture.



Ainsi, je me sentais très énervée à chaque fois que les personnages subissaient du racisme ordinaire en toute décomplexion, c’est-à-dire tout le temps ! C’est juste insupportable ! Au-delà de l’ambiance dark academia, le livre remet brillamment en question d’une part le colonialisme et l’hypocrisie dont fait preuve l’Europe qui cache sa volonté de s’attribuer toutes les richesses d’un peuple sous une volonté intellectuelle ou de bienfaisance ; et de l’autre le racisme (et le sexisme) quotidien de ces gens, une bande de vieux blancs riches, qui se croient au-dessus des autres alors que sans eux ils ne sont rien. Le tout avec le côté magique de l’argent, mais on peut tout à fait remplacer cela par une ressource plus réaliste comme le pétrole ou les matériaux qui composent nos portables. J’aime comment est construit le schéma de l’oppresseur, totalement toxique, qui se croie philanthrope alors que c’est tout le contraire. Il y a une scène qui m’a particulièrement marquée, où un de ces riches bat un des personnages pour finir par le traiter de sauvage. Je trouve que c’est totalement représentatif du roman et de ce qu’il y dénonce avec force.

Il y a un basculement radical dans le récit, vers la fin, un peu trop soudain et extrême, mais ça m’a plu et ça m’a beaucoup émue. Ça correspond au message de désespoir que font passer les personnages… Selon moi, la lecture de ce roman est essentielle. Bien que la Chine y soit au centre, ce qu’il y dénonce devrait rendre sa lecture indispensable, notamment pour mieux comprendre les mécanismes en jeu dans les terribles conflits et génocides en cours actuellement dans le monde.



J’ai donc été particulièrement touchée par cette lecture qu’évidemment je recommande à tous, il ne peut que faire réagir qu’on aime ou non ! Et je finirai cet article en évoquant une situation que je trouve assez ironique compte tenu du message du livre : l’éviction de l’autrice pour Babel du prix Hugo de 2023 qui se déroulait en Chine et qui aurait censuré les auteurs… l’article est à retrouver sur actualitte.com.


Lien : https://lesaffamesdelecture...
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Babel

Robin est un jeune chinois qui a été ramené en Angleterre par un professeur en langues après le décès de toute sa famille. Il va être élevé dans l'optique de faire de lui un étudiant en langues brillant afin de pouvoir intégrer le fameux institut de traduction d'Oxford, qu'on appelle Babel. Mais une fois passé l'émerveillement devant ce pourquoi il a oeuvré toute sa vie, il prend conscience de tout ce qui sous-tend cette magnificence : l'esclavage, l'exploitation des ressources de pays étrangers, l'aveuglement de la population. À partir de ce moment-là, Robin va beaucoup évoluer, développer une conscience politique, morale. Il va essayer de se battre contre ce système mais doit pour cela renoncer lui-même à beaucoup de choses qu'il apprécie (son confort, sa vie d'étudiant, la vie plutôt facile). Il va finir par adopter une attitude extrême, très loin du gentil garçon inoffensif du début du récit.

Ce roman est vraiment très poignant et riche. Il soulève beaucoup de question quant au colonialisme et à tout ce que ça induit pour les pays soumis. Mais il va plus loin car il nous incite à nous regarder sans concession : serions-nous prêts à renoncer à certaines choses qui sont produites dans des conditions inhumaines? Le livre aborde aussi les questions de racisme et le fait que les principaux personnages soient très différents les uns des autres permet d'explorer de nombreux points de vue.

Enfin, ce livre est centré autour de la question des langues, de la traduction d'une langue à l'autre, et montre à quel point une langue est bien plus qu'un moyen de communication mais bien une façon de voir le monde. Et toute la réflexion sur ce thème est tout aussi passionnante.

Bref, c'est un livre très riche, assez fascinant et très émouvant que je recommande avec vigueur.
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Yellowface

Je ne m’étais pas attardée sur cette couverture et après l’avoir aperçue sur l’insta de @l_encre_de_la_magie, ce livre m’a intrigué. Un livre coup de poing, addictif, corrosif et déroutant. On se questionne sur la propriété intellectuelle, la légitimité d’un auteur et cela est assez perturbant, car ces questions ne sont pas simples. Je trouve que ce roman est impactant, car en plus des problèmes de conscience qui se posent, la narratrice s’adresse directement au lecteur, ce qui nous inclue dans ses réflexions. Le malaise est présent tout au long de la lecture : par moment et c’est un peu honteux, j’avais envie que tout fonctionne pour Juniper, même si cela était moralement discutable. Et à d’autres moments j’avais envie de précipiter sa chute tellement elle était détestable. Et c’est ce qui fait toute l’ambiguïté du livre ! Ce livre interroge aussi sur la place du talent, des maisons d’édition et des réseaux sociaux dans le succès d’un roman et c’est vraiment un sujet complexe, même si j’ai trouvé beaucoup de situations finalement très tristes. Le mode de l’édition semble assez impitoyable. Bon, par contre, je n’ai pas trop aimé la fin. Pour toutes ces raisons, ce sera un 4/5.
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Yellowface

Ce roman sort bientôt en VF chez @desaxus et je ne peux que vous recommander de foncer vous le procurer ! C'est une lecture addictive !



Athena Liu et June Hayward ont fait les mêmes études et ont le même rêve de vivre de leur plume. Si la première rencontre la gloire, la deuxième n'a qu'une réussite modeste et s'enfonce dans l'aigreur et la jalousie vis à vis de son "amie" si brillante. Jusqu'au jour où Athena décède, June vole les notes de son dernier manuscrit et le publie en se faisant passer pour l'autrice originelle. A son tour elle connaît l'ivresse du succès jusqu'à ce que des doutes émergent...



June est une narratrice un peu-beaucoup-de mauvaise foi, qui cherche sans cesse à se justifier sur ses actions. Elle inspire un mélange de mépris et de pitié et en même temps, on ne peut s'empêcher de lui trouver des excuses et paradoxalement de vouloir qu'elle s'en sorte.



Le roman est une plongée dans l'industrie du livre et particulièrement du côté éditorial et marketing et j'ai adoré découvrir cet aspect qui m'est inconnu, c'était passionnant de voir comment un roman se négocie et se lance. L'autrice égratigne tout de même bien le milieu au travers de certains personnages !



A côté de ça il y a tout un aspect autour de l'appropriation culturelle, June étant blanche et Athena une Chinoise Américaine : peut on écrire sur l'histoire d'un peuple avec lequel on n'a aucune attache ? Si non, est ce une forme de censure ?



Le roman se passant à notre époque, les réseaux sociaux sont très présents dans le roman et c'est marquant de voir à quel point quelques tweets ou hashtag peuvent détruire (ou non) une carrière et comment les gens peuvent se comporter en vautour derrière leurs écrans, par frustration ou envie, sans chercher la vérité d'eux mêmes mais en suivant le mouvement.



Le tout en fait un roman addictif et jubilatoire, qui nous tient en haleine car on est pressés de savoir si June va s'en sortir et si non, jusqu'où ira sa chute.
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La Guerre du pavot, tome 1

Progressivement le roman devient sombre alors que des actes de barbarie de plus en plus horribles sont décrits. La guerre contre l'envahisseur se transforme en véritable massacre de masse. Cette évolution est inspirée par la guerre sino-japonaise, et les atrocités rappellent le temps de la domination japonaise en Corée. Les moments sont difficiles et marquants, et ne conviennent pas à de jeunes lecteurs.



C'est pourquoi j'ai été si déçue que la période académique de Rin, la protagoniste, appelle les banalités de la littérature jeunesse. On y retrouve l'éternel rival, la protagoniste dotée d'un extraordinaire passé, le meilleur ami intelligent, le professeur excentrique et puissant. Ces stéréotypes diminuent l'originalité du récit et le rende prévisible.

De plus, l'installation laborieuse des bases de l'univers, bien que nécessaire, occupe une place disproportionnée au début du livre, ralentissant son rythme.



Ainsi, l'originalité de l'histoire n'est présente qu'à la fin du roman. Le fait qu'il fasse partie (comme tant d'autres désormais) d'une trilogie m'agace, car je pense qu'il possède une conclusion satisfaisante, sans nécessité d'être prolongé sur plusieurs volumes.
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Babel

Une Ode à l'amour des langues. En tant qu'étudiante en langues je comprends la fascination de l'étymologie ou encore la richesse des langues "oubliées" telles que le latin et le grec.



En démarrant cette lecture, j'avais peur de m'ennuyer au vu du nombre de pages et je voyais passer des commentaires autant positifs que négatifs. Pourtant, la plume de l'autrice (et donc à fortiori du traducteur) m'a conquise. Les longues divagations sur un mot attise ma curiosité et je me tarde de vérifier leur véracité...



Outre l'aspect langue/traduction, la narration est fluide et on embarque facilement aux côtés de ce jeune homme. Certes le texte est fortement engagé en écho autant avec l'époque victorienne qu'aujourd'hui, mais je ne trouve pas cela dérangeant. Malgré le fait qu'on a l'impression que les "blancs" sont tous mauvais ce qui serait renverser un peu trop aisément le traditionnel manichéisme...



Au niveau du rythme, je n'ai pas senti les pages tourner. Les actions et les secrets s'enchaînent de manière logique et la cadence de lecture est maîtrisée.

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Babel

J'avoue, je l'ai acheté parce que c'est un De Saxus, et que le travail éditorial est vraiment magnifique. Je n'ai même pas lu le résumé, et je n'ai pas suivi la vibe booktock anglophone. J'aime choisir mes lectures, parfois au hasard.



Je suis heureuse d'être tombée sur un roman fantasy plutôt new-adult, que young-adult (lire cela à 15 ans, ça m'aurait extrêmement ennuyé).



L'histoire met vraiment du temps à se mettre en place, beaucoup de détails, beaucoup de cours d'étymologie, des annotations en bas de page à n'en plus finir qui m'ont fait ressentir tout le poids que Ramy, Robin, Letty et Betty avaient sur les épaules en tant qu'étudiants. C'était lourd, un peu oppressant, j'étais fatiguée pour eux !



Ensuite, sur la deuxième partie du roman, on comprend les enjeux de leurs études, ce que la société attend vraiment d'eux. Nos personnages grandissent et agissent.



Et puis, la troisième partie. Je ne m'attendais pas à cela. Ces jeunes gens pleins d'idéaux, voulant changer le monde. Où est le mal ? Où est le bien ? La violence est-elle nécessaire ? Certains petits détails que l'on voyaient sans importance au début du roman nous reviennent en pleine face.



Cette lecture ne m'a pas laissé indemne, elle m'a touché, et m'a appris aussi beaucoup de chose.



Le petit bemol : l'autrice nous rabâche que la traduction, c'est le mal incarné, c'est un acte de trahison... et moi je le lis en français. Aïe, ça pique.

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Babel

En ce moment, je suis dans ma période Dark Academia, un genre que j’ai découvert avec Le Maître des Illusions de Donna Tartt, un roman que j’ai adoré. Il était donc évident que je voulais découvrir le livre qui se voulait comme « une réponse » à l’œuvre fondatrice du genre sortie trente ans plus tôt. Babel coche toutes les cases du genre : cadre universitaire, récit se déroulant dans le passé, réflexions philosophiques, société secrète, meurtre… Se rajoute à cela un système de magie original et le tour est joué.



Mais la force de Babel ne repose pas là. Le roman parvient à renouveler le genre en introduisant un angle nouveau. Les études, ici celles des langues, sont un prétexte pour interroger notre passé et notre monde. Plus qu’une réflexion sur la littérature, R.F Kuang aborde des sujets que je n’avais encore jamais vu traité dans le genre de la Dark Academia : le racisme et les conséquences de la colonisation.



Déjà, par le système de magie qui repose sur la traduction. En gravant sur un lingot d’argent un mot dans une langue, ainsi que sa traduction dans une autre, le métal produit l’effet voulu : il s’anime, il soigne, il fait disparaître et bien plus encore… Pour cela, il faut que le traducteur soit parfaitement fluent dans la langue. Qu’il rêve même dans ce langage. Les étudiants qui rejoignent Babel, l’école des traducteurs à Oxford, sont donc triés sur le volet… Problème : le pouvoir des langues utilisées finit par s’épuiser. Les langues mortes comme le latin et le grec ancien font de moins en moins effet et c’est aussi le cas des langues romanes. Pour contrer cette perte, l’Empire Britannique se tourne vers des langues « orientales », dont les différences dans l’alphabet, les significations et la culture vont pouvoir renouveler leur magie d’argent. Et comme ces pays possèdent également une quantité importante d’argent, métal dont la Grande-Bretagne a besoin pour conserver son plein pouvoir sur le monde, alors le prétexte est tout trouver pour la colonisation. On comprend très vite à quel point dans Babel, le savoir représente le pouvoir. On assiste, impuissants, aux manigances de ces riches hommes blancs, ces universitaires qui prétendent aimer le cantonais, le mandarin ou le sanskrit, tout en considérant ces peuples comme des sous-hommes.



Dans son intrigue, R.F Kuang dépeint avec brio le mécanisme fatal de la colonisation et le conteste. Par cela, le roman peut se montrer sombre et pessimiste dans cette réalité qui résonne encore aujourd’hui. L’intrigue se passe dans les années 1830 et nos protagonistes seront confrontés au racisme et à la misogynie de ce siècle. Il y a Ramiz, l’étudiant indien. Victoire, la jeune fille d’origine haïtienne dont les tuteurs français lui interdisent de parler créole. J’ai adoré ces deux personnages par leur personnalité et leur histoire de survivants.



Et puis il y a Robin Swift, notre héros, fils d’une femme chinoise et d’un homme blanc. L’autrice écrit la difficulté de trouver son identité quand on est ainsi divisé entre deux pays, deux cultures. Il y a aussi cette volonté de s’intégrer coûte que coûte dans cette société blanche, même si celle-ci ne l’acceptera jamais complètement. Le professeur Lovell, le père de Robin, n’a eu aucun remord à laisser la mère du garçon périr de la maladie. Et il n’a sauvé Robin que pour le ramener en Angleterre et utiliser son talent pour les langues dans sa conquête du savoir/pouvoir. Robin fera tout pour être aimé de ce père qui ne veut pas le reconnaître. Il aura peur, se montrera lâche et commettra des erreurs et pour cela je l’ai trouvé profondément humain. Le lien qu’il forme avec ces camarades de Babel m’a beaucoup touchée jusqu’à m’émouvoir aux larmes. C’est une belle histoire d’amitié, d’âme sœur dans l’adversité, de non-dits et de sentiments qui dépassent tout le reste.



Mais le sous-titre complet de Babel est celui-ci : La nécessité de la violence. Il arrive un moment de basculement, où Robin ne supportera plus les injustices. Parfois, quand les mots ne suffisent plus, seule la violence demeurera. Il faut viser le savoir, faire s’effondrer ses tours. Mais la violence est peut nous échapper et elle n’épargne personne. Certaines scènes m’ont révoltée, d’autres m’ont fait pleurer toutes les larmes de mon cœur. J’ai saigné en même temps que Robin, Ramiz et Victoire. Et quand j’ai refermé le livre, j’ai su qu’une part de moi resterait toujours auprès d’eux, coincée entre ses pages.



Babel est une ode aux langages, à leur diversité et leur beauté. C’est un plaidoyer contre les ravages de la colonisation, encore vivaces aujourd’hui. C’est une déclaration d’amour à l’art de la traduction et la pluralité des mondes. Ce roman fut une claque et il s’imposera sûrement comme l’une de mes meilleures lectures de l’année 2023.
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Babel

J’ai lu ce livre en VO (car il n’est pas encore traduit). Je trouve le style de l’autrice incroyable et très beau. À noter que le niveau d’anglais est assez élevé, l’autrice ayant fait beaucoup de recherches pour adapter la langue aux variations du milieu universitaire d’Oxford du 19e siècle. D’ailleurs, je salue le travail titanesque de recherche qui a dû être effectué en amont.



Cette chronique n’est pas facile à écrire, car il y a tellement à dire. Je commence donc mon ressenti post-lecture : je tremble et je ne sais plus quoi faire de ma vie. Clairement, ce livre m’a choquée et secouée. Ce livre m’a tantôt émue, tantôt révoltée, et j’étais tellement plongée dans ma lecture que j’ai eu l’impression de vivre avec les personnages toutes leurs aventures, tous leurs malheurs et tous leurs bonheurs.



Babel, c’est parfois dur de par les sujets traités : le colonialisme, le racisme et la misogynie, principalement. En effet, on parle ici de jeunes enfants plus ou moins arrachés à leur pays natal pour en faire des traducteurs en Royaume-Uni, véritable empire colonial qui s’assied sur les droits des autres nations. Et donc servir ladite puissance, même quand ça revient à s’opposer à son pays natal.



Ici, on n’est pas toujours dans l’action pure et dure (on suit d’abord l’enfance puis les années d’études du protagoniste), mais le rythme s’accélère au fur et à mesure du livre.



Déformation professionnelle oblige, j’ai A-DO-RÉ les passages qui traitent de la traduction (le système de magie du livre se base justement sur la traduction), j’ai trouvé toutes les réflexions super intéressante. Certains trouveront peut-être ça long… Moi pas. D’ailleurs celui qui traduira ce lire en FR aura du boulot (prions pour qu’une certaine ME connue pour ses mauvaises trad ne s’en occupe pas…).



Pour moi, ce livre est un essentiel. Lisez-le, s’il vous plait.



PS : ambiance dark academia et pesante assurée.

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La Guerre du pavot, tome 1

Un gros coup de coeur !



Toute personne ayant un intérêt pour la Chine sera conquise par cette nouvelle saga ! Et toute personne lisant de la fantasy pourra apprécier les nombreuses qualités de ce premier tome.



Etant passionnée par la culture chinoise, ce roman est une réelle pépite à mes yeux. Je ne pouvais m'empêcher de faire des parallèles entre des événements historiques, des anecdotes culturelles et les événements fictifs du roman. Le livre nous plonge dans une monde médiéval qui est très clairement inspiré de la Chine, de son histoire et de sa culture. On y retrouve les fameuses guerres de l'opium (ici du pavot), une guerre qui s'annonce avec une île proche (hum ne serait-ce pas le Japon ??), des petits états avec qui ce pays a des tensions (Taïwan et Hong Kong). Et puis des petites anecdotes culturelles comme la différence d'accent entre le nord et le sud, les concours mandarinaux, les légendes des divinités enfermées dans une montagne, le taoïsme et le confucianisme et surtout l'art de la guerre. Bref c'est passionnant de retrouver toutes ces similitudes !!



J'ai beaucoup aimé le personnage principal, Rin, qui se relève dès qu'elle pose un genou à terre, elle sait ce qu'elle veut et qui elle veut devenir. Elle grandit et se construit dans l'adversité, dans la colère et l'injustice avant de rencontrer des amis et un mentor. Pendant toute la première moitié du livre, on suit Rin dans ses aventures à la capitale, son apprentissage, ses diverses rencontres puis dans l'autre moitié du roman, on bascule dans une époque de guerre où la violence et la cruauté sont de mises. Cette partie est très sombre et il faut s'accrocher. Elle marque la fin du peu d'innocence qu'il restait à Rin.



J'ai beaucoup aimé l'école où étudie Rin, cette façon de mêler plusieurs arts : chamanisme, médecine, guerre, stratégie et autres. Leur scolarité est passionnante ! On s'attache très vite aux divers personnages, aux ennemis tant qu'aux amis. C'est vrai que comme dit la quatrième de couverture, l'univers scolaire du début et l'histoire de Rin peut rappeler le monde d'Harry Potter. Rin a son Draco Malfoy ! Mais la comparaison s'arrête là surtout quand commence la seconde moitié du roman.



J'ai pu être gênée par le côté manichéen du roman mais avec le recul, je trouve cela cohérent avec la trame principale et le caractère de notre héroïne. Nous sommes face à une héroïne qui est plongée dans un monde sombre, un monde d'adulte, elle cherche des réponses, la liberté et surtout le pouvoir, le pouvoir d'être indépendante, de mener sa barque seule et de ne plus jamais être malmenée. Le pouvoir est pour elle la seule manière d'être invulnérable. Elle peut alors paraître comme butée et immature. Puis elle vers la deuxième partie du livre, on sent bien que le monde est divisé en deux parties : les gentils et les méchants, c'est blanc ou noir, on peine à trouver des nuances grisées. Tous ces éléments sont compréhensibles et logiques au vu de la situation de notre héroïne, elle se débat seule dans un monde d'adulte où il est rassurant et simple de créer un monde binaire, un monde où chacun ne peut sortir de sa case. J'ai donc très hâte de lire le tome 2 pour voir l'évolution de ce personnage. L'auteure pose les bonnes bases pour que son personnage puisse gagner en maturité, voir sa construction psychologique est sans doute l'un des points les plus intéressants de ce tome.



Bref j'ai lu ce tome en un après-midi tant j'étais déconnectée de la réalité et plongée dans ce monde de dark fantasy.
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Babel

Incroyable sur tous les points.



Les personnages sont très bien développés, ils sont loin d'être parfaits, les choix des protagonistes ne sont pas ceux que l'on voit habituellement. Ils sont imparfaits mais par conséquent parfaitement écrits. L'histoire est certes longue, et certains trouveront des longueurs, mais c'est là toute la beauté du livre. On apprend avec les étudiants, on découvre l'univers à travers leurs yeux et leur journée. On les connaît grâce à ce développement et on comprend leurs choix.



Le sexisme de l'époque est très bien décrit dans ce livre.



L'argentogravure, qui représente très bien la mécanisation de l'époque, nous amène à une critique du capitalisme très bien rodée.



« En vérité, seuls semblaient profiter de la révolution industrielle de l'argent les individus déjà riches, et quelques rares autres, assez malins ou chanceux pour le devenir.»



Toujours la bille en culture G que je suis, j'ai dû louper des choses importantes, mais j'ai tellement appris sur le colonialisme et je me suis énervée devant ce livre sur ces putains de connards !



Les notes de bas de pages de R F Kuang apportent énormément au roman, j'étais trop contente quand il y en avait.



Je ne suis pas d'accord avec les avis qui disent que les personnages blancs sont caricaturaux et exécrables (Ils sont exécrables oui). Il y a de grandes chances qu'au 19ème siècle, la majorité des blancs pensent vraiment comme c'est décrit dans ce livre, et ça vous fait du bien de voir le racisme sous un prisme qui ne vous donne pas le bon rôle, c'est le but du livre et vous prendre une claque littéraire comme celle-ci, ça peut être nécessaire.



Et par ailleurs, si vous êtes bon en anglais, je pense que la lecture en VO peut être plus immersive !
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Babel

🧑‍🎓 Babel apparaît d'abord comme une fiction innocente et agréable, qui se déroule en Angleterre dans les années 1830. Ce qui n'est pas sans rappeler Harry Potter ou Oliver Twist pourrait le rester ; ce sont les aventures d'un jeune protagoniste, pauvre, seul, et ségrégué par la société, qui intègre une école prestigieuse type 𝐝𝐚𝐫𝐤 𝐚𝐜𝐚𝐝𝐞𝐦𝐢𝐚. La plume au passé simple est 𝐚𝐜𝐜𝐫𝐨𝐜𝐡𝐚𝐧𝐭𝐞, entre traits d'esprit et procédés de style d'une auteure qu'on devine brillante.



🧐 Babel est d'abord un texte novateur, car 𝐞́𝐫𝐮𝐝𝐢𝐭 et ouvert. Il pose des questions et se répond à lui-même avec les 𝐧𝐨𝐭𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐛𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐠𝐞, entre références culturelles, notions linguistiques et données historiques. R.F. Kuang s'est beaucoup renseignée pour alimenter sa thèse, et son livre pourrait presque être lu comme un manuel d'histoire. Roman élaboré, on aimerait être un étudiant de Babel et étudier la magie de la traduction - que signifie 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐮𝐢𝐫𝐞 ? Traduire, est-ce forcément trahir ?



📢 Mais Babel est aussi un roman qui cherche la criante vérité d'un monde 𝐜𝐫𝐮𝐞𝐥, dans la 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 des 𝐜𝐮𝐥𝐭𝐮𝐫𝐞𝐬 et des 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞𝐬, et les interférences qu'engendrent leurs traductions. C'est un roman tranchant et foncièrement actuel, qui 𝐝𝐞́𝐧𝐨𝐧𝐜𝐞 férocement le racisme, la xénophobie, la misogynie et le 𝐜𝐨𝐥𝐨𝐧𝐢𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞. C'est un texte brillant qui prend une tonalité et une ampleur 𝐮𝐧𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 quand le savoir se mêle à des questions politiques.



💭 Utiliser l'imaginaire pour faire émerger une réalité prégnante du monde, a toujours été le meilleur objectif que l'on puisse servir, et Babel le réussit. Un roman à lire, donc, pour comprendre le rapport aux langues, et l'histoire d'un monde qui tire son 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫 du 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫, et de la tendance profonde des hommes à vouloir dominer un autre fondamentalement inférieur (supposément).
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Babel

J’avais très peur que ce livre soit une déception. J’avais peur qu’il soit trop lent (même s’il y a quelque longueur c’est supportable).



J’ai bien apprécié cette lecture et ces valeurs. La fin est pour ma part assez inattendu.



Les personnages sont tout de même assez pénible par moment par leurs décisions ou même comportement.
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Babel

Un roman de fantasy historique d'une grande intelligence !



L'autrice a fait un travail de recherche incroyable pour ce roman, que ce soit concernant les similitudes et différences des nombreuses langues parlées dans le monde, mais aussi concernant de nombreuses inventions célèbres, qui ont ici vu le jour grâce à l'argentogravure. Elle mêle d'ailleurs si parfaitement les faits réels et inventés (renforcé par des notes de bas de page très détaillées), qu'il m'a parfois été difficile de démêler le vrai du faux.

Mais si ces éléments m'ont fascinée, j'y ai aussi trouvé beaucoup de longueurs. Les cours suivis par nos protagonistes m'ont bien trop souvent ennuyée. Il y a, selon moi, beaucoup trop de détails sur les racines et histoires des mots, mais aussi sur l'argentogravure en elle-même, à tel point que je me sens prête à graver des barres d'argent enchantées (Comment ça l'argentogravure n'existe pas ?!).



Malgré tout, il m'a été impossible de poser ce roman car, à côté de ces longueurs, j'ai été particulièrement touchée par l'amitié des personnages principaux, par leur histoire et leurs combats. C'est un roman profondément engagé et l'autrice aborde beaucoup de thèmes forts comme le colonialisme, le racisme, le sexisme...

Et quand je repense à la fin... !!! Non vraiment je ne peux rien dire si ce n'est, lisez-le ! Parce que finalement, les longueurs sont vite oubliées à côté de toute la richesse de ce roman.



Je recommande ce livre aux amoureux des mots et de leur étymologie, mais aussi aux passionnés du genre Dark Academia, prêts à retourner, le temps de quelques pages, sur les bancs de l'école.
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La Guerre du pavot, tome 1

Alors que j’étais une grande fan d’Heroic Fantasy à l’adolescence, c’est un genre que j’avais totalement délaissé depuis plusieurs années. Mais, passant un jour à la librairie Millepages (Vincennes), je suis tombée sur le premier tome de "La Guerre du pavot" qui portait un bout de papier présentant l’avis élogieux d’un(e) libraire. Ayant une confiance aveugle en cette incroyable équipe, je me suis emparée de ce roman qui m’a suffisamment plu pour que je regrette que la suite de cette trilogie ne soit pas traduite en français.



S’inspirant des guerres de l’opium et du conflit sino-japonais, entre autres, ce récit nous plonge dans les provinces de l’Empire nikara où la jeune Rin, orpheline, évite de justesse un mariage forcé en réussissant l’examen d’entrée de l’école militaire de Sinegard. Suivant un schéma classique dans la littérature Fantasy, R.F. Kuang nous donne à voir le parcours initiatique d’un héros qui a tout de l’outsider jusqu’à ce qu’il prenne conscience de son incroyable pouvoir.



Cependant, j’ai particulièrement apprécié le fait que les personnages soient nuancés, qu’aucun ne soit fondamentalement bon ou fondamentalement mauvais. Le cadre historique, géographique et sociétal est décrit avec suffisamment de détails pour qu’il en devienne crédible, à quelques exceptions près, et que l’on accompagne avec curiosité Rin dans ses aventures qu’il s’agisse de la découverte des enseignements de Sinegard ou de la guerre avec l’île de Mugen qui s’annonce.
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Babel

Babel est le tout dernier roman de R.F. Kuang, reine de la fantasy moderne et autrice de La Guerre du pavot (petite merveille recommandée) et, oh boï, le roman excelle dans l’art de la « dark academy ».



Le récit est principalement raconté du point de vue de Robin Swift. En 1828, Robin perd sa famille à cause du choléra et est emmené à Londres par le mystérieux Professeur Lovell. Celui-ci l'entraîne à apprendre le latin, le grec ancien et le chinois, bien que le chinois soit sa langue maternelle. Cette préparation vise à le préparer à intégrer la prestigieuse université d’Oxford, également connue sous le nom de Babel.



Babel est le centre mondial de la traduction et, plus important encore, de l'argenture (en espérant que ce soit traduit comme ça en français) : l'art de manifester le sens perdu dans la traduction à travers des barres d'argent enchantées pour des effets magiques. L'argenture a fait de l'Empire britannique une puissance inégalée, et la recherche de Babel dans les langues étrangères sert la quête de l'Empire de coloniser tout ce qu'il rencontre.



Oxford semble être un conte de fées pour Robin. C'est une utopie dédiée à la quête de la connaissance, et la connaissance signifie le pouvoir. Mais pour Robin, un garçon chinois élevé en Grande-Bretagne, cela signifie inévitablement trahir sa patrie. Robin doit décider s'il doit continuer à poursuivre la connaissance et rester à Babel, ou s'il choisira de se ranger du côté de la mystérieuse société Hermes, une organisation dédiée à saboter l'argenture, qui en essence, défie Babel.



Le roman explore des thèmes tels que le colonialisme, l’hypocrisie de la fin de l’esclavagisme, le racisme, les langues, les traductions, les identités, la nécessité de la violence et la recherche d'un lieu d'appartenance. Kuang a surpassé toutes les attentes avec ce roman.



Le livre aborde également la question de la traduction et de la complexité de la communication à travers les langues.



En tant que lecteur bilingue, j'ai particulièrement apprécié les réflexions sur la linguistique, l'étymologie et la traduction présentes dans le livre. Kuang a clairement effectué des recherches approfondies pour apporter une dimension réaliste à ces thèmes, ce qui enrichit la profondeur du monde qu'elle a créé.

Babel se démarque par ses personnages, en particulier Robin Swift. Kuang parvient à développer de manière minutieuse et crédible la trajectoire de ce personnage principal. Ses émotions, son ambivalence, l’évolution du personnage, sont parfaitement rendus, et le lecteur ne peut s'empêcher d’empatir.

L'écriture de Kuang est fluide et efficace, et elle parvient à capturer les émotions et les motivations de ses personnages de manière convaincante. Le roman aborde des thèmes complexes de manière nuancée, laissant les lecteurs réfléchir à la moralité et à la nécessité de la violence.

Babel offre une immersion complète dans un monde riche et complexe, avec une reconstitution historique alternative fascinante et des éléments de magie liés à la traduction. Cela suscite le désir de visiter les lieux décrits, notamment Oxford, et renforce l'appréciation du rôle crucial des traducteurs.

En résumé, c’est un chef-d'œuvre qui offre une expérience de lecture inoubliable et confirme la position de R.F. Kuang parmi les grand.es auteur.ices de fantasy contemporains.
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Babel

Traduttore, Traditore. L’adage voulant que traduire, c’est trahir est au cœur du nouveau roman de R.F.Kuang, elle-même traductrice : Babel. L’histoire commence à Canton en 1828, dans une maison pauvre où un garçon de 10 ans malade attend la mort près du cadavre de sa mère. Il est sauvé par un professeur de linguistique anglais qui lui donne un nom, Robin Swift, et l’emmène en Grande-Bretagne. Son objectif, le former à l’étude des langues pour lui faire intégrer la Royal Institute of Translation d’Oxford, véritable cœur caché de l’Empire britannique. En effet, dans l’univers de Babel, le développement industriel et l’essor économique sont liés à l’exploitation de l’argent et à la façon dont en assemblant deux paires de mots dans deux langues différentes, il est possible d’obtenir des effets magiques. Comment ? En exploitant les failles de traductions, les nuances d’un mot à l’autre. Ainsi la paire « parcelle/parcel » accouple deux mots, le premier en français, le deuxième en anglais voulant tout deux dire morceau d’un tout, mais avec un sens supplémentaire en anglais où le mot désigne aussi un colis. Dans cet univers, elle est utilisée par la Poste royale pour permettre aux chevaux de transporter plus de colis sans augmenter significativement le poids (qui n’est magiquement qu’un morceau du poids d’origine). Et plus l’écart linguistique est grand (en raison de l’évolution temporelle des langues, ou de la distance géographique de leur origine), plus la magie est puissante. Oxford fait donc appel à des orphelins comme Robin venu des quatre coins de l’Empire pour exploiter leurs langues d’origine, comme l’empire exploite sans ménagement ses colonies. Élèves loin de chez eux, au milieu de gens qui les méprisent en raison de leur origine et de leur couleur de peau, ces traducteurs vont peu à peu comprendre qu’ils sont amenés à trahir les leurs. Où ira leur loyauté ? À ceux qu’ils ont connus enfants, mais qui sont morts et ne peuvent plus les aider, ou à ceux qui les ont « recueillis », nourris, logés, formés ? Ou encore à la Royal Institute of Translation elle-même, au savoir qu’elle promet et aux amitiés qu’ils y nouent ?

Par le regard de Robin, R.F.Kuang nous propose un voyage intéressant dans l’Empire britannique de la fin du XIXe siècle. Celui-ci est l’étranger où qu’il soit. Trop chinois pour réellement s’intégrer dans la masse des étudiants d’Oxford, trop britannique et bourgeois pour comprendre. De ses tentatives de compréhension et d’assimilation à sa rébellion, de l’enfance à l’âge adulte, Babel nous raconte son parcours. R.F.Kuang y livre au passage des réflexions sur le colonialisme et ses mécanismes, mais également sur le sexisme. Elle nous raconte également un essai brillant sur la façon dont les mots et les langues forment les esprits et donnent ainsi vie à certaines réalités, comment ils peuvent lier les gens, mais également comment ils peuvent les libérer. L’autrice n’est pas béatement optimiste et le sous-titre de son livre Or the Necessity of Violence : An Arcane History of the Oxford Translators’ Revolution n’est pas du tout usurpé. Elle mène la vie dure à ses personnages, qui sont attachants, tout en nuance et dont certains vous briseront le cœur à la lecture. Pris un peu par hasard et parce que j’avais aimé sur une thématique proche Babel 17 de Samuel Delany, c’est certainement mon premier gros coup de cœur pour l’année 2023
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La Guerre du pavot, tome 1

La guerre du pavot commence comme un roman d’apprentissage. Le personnage principal Rin est une orpheline de guerre, pauvre, venant du Sud du pays bien loin de la Capitale. Alors que sa « mère adoptive » décide de la donner en mariage lorsqu’elle atteint ses 14 ans, Rin se révolte. Elle commence alors à étudier pour passer le concours Jeju, concours national qui permet d’intégrer différentes école réparties sur l’ensemble du territoire du Nikan. Rin vise la seule école gratuite, la meilleure : Sinegard qui forme les officiers de l’armée du Nikara. Une fois admise avec les honneurs commence alors pour Rin un apprentissage aussi bien social qu’académique dans cette école où les autres élèves sont pratiquement tous issus de familles nobles.



J’ai trouvé cette première partie du roman extrêmement accrocheuse. L’autrice y démontre une envie de sortir des terrains classiques de la Fantasy et nous propose une héroïne vivante et passionnante que l’on découvre « en construction ». A noter, que l’autrice n’hésite pas à mentionner les menstrues de son héroïne ce qui contribue à nous la représenter très « réelle ». Un roman de Fantasy qui marque son coté atypique en développant le shamanisme des guerriers « traditionnels » de l’empire Nikara. Ces guerriers qui se mettent à disposition des dieux et qui acquièrent alors une partie de leur pouvoirs. Étonnant et fort bien manié car tout en ambiguïtés : le prix à payer pour ces guerriers étant particulièrement élevé.



Le roman évolue ensuite avec le début de la seconde Guerre du pavot : d’un récit d’apprentissage il passe à un récit de guerre et c’est là que l’autrice m’a moins convaincue. Alors que le coté shamanique de la troupe d’assassins du Nikan créé par l’autrice m’a bien accroché, c’est les relations entre les personnages qui pour moi manquent de profondeurs. Certaines relations sont surjouée ou sonnent faux notamment celle de Rin avec Altan. Le dernier tiers du roman m’a laissé perplexe, du bon mais un récit décousu qui m’a laissé un poil dubitative.



Il faut savoir que même si La guerre du pavot est un récit de fantasy, il s’inspire, sans se cacher, des guerres sino-japonaise : un grand pays divisé et une ile de guerriers ayant un objectif de conquête et d’asservissement voire d’éradication. C’est là aussi que ce roman n’est pas à conseiller à tout le monde. Les scènes de guerre sont particulièrement explicites et violente : âmes sensibles s’abstenir. La guerre du pavot est aussi un livre qui parle d’indépendance, de recherche d’identité et d’addiction. Des thèmes que l’autrice aborde de manière intelligente même si c’est parfois avec quelques maladresses. C’est tout de même le point fort du roman pour moi : une réflexion sur la possibilité de l’ascension social lorsque l’on ne connait pas ses origines, le doute, la colère devant l’injustice et la tentation de l’oubli via les drogues. Des thèmes qui restent puissants.

Au final je trouve que La guerre du pavot est un premier roman réussi. On pourrait le qualifier de Fantasy historique avec des éléments Fantasy très présents. Certes, il y a quelques maladresses dans la narrations et les relations entre les personnages manquent parfois de réalisme mais l’univers créé est très intéressant. Je rappelle (parce que ce n’est pas du tout visible sur la couv’) que La guerre du pavot est un tome 1, pour le moment il y a trois tomes sorties en VO.
Lien : http://chutmamanlit.fr/2020/..
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La Guerre du pavot, tome 1

Je n'ai pas pu le terminer. L'idée était prometteuse mais...

L'auteur s'inspire lourdement de l'histoire et de la culture chinoise (d'où mon intérêt initial) ainsi que de la guerre sino-japonaise des années 30-40 (et des atrocités commises par les Japonais -- pensez au "viol de Nankin", entre autres), mais c'était vraiment "étrange" d'être plongée dans une histoire "fantastique" en étant constamment ramenée à la réalité et à l'histoire. Peut-être que j'en connais trop sur l'Asie pour apprécier, c'était juste trop ou pas assez.

La personnage principale (Rin) est juste pénible (pour ne pas dire "chiante). Aucun diplomatie, aucune profondeur (elle veut juste le "pouvoir" et donc? pourquoi, quelles sont ses motivations exactement???)

Comme Rin, aucun des autres personnages n'a d'histoire, de profondeur, de caractère propre.

Les dialogues sont infantiles, pour ne pas dire pathétiques. Les relations entre les personnages, aussi. Des élèves peuvent insulter leurs instructeurs dans des académies militaires, vraiment????

L'histoire aurait pu être intéressante mais il y a trop de problèmes pour passer au travers. Dommage.
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Yellowface

Impossible de passer à côté du phénomène qu'est Yellowface.



Déjà c'est divinement bien écrit – bien traduit –, la plume de Rebecca F. Kuang est sublime et addictive. Elle réussit à nous faire entrer dans la tête d'une personnage à la morale douteuse, et, même si on ne peut pas s'attacher véritablement à Juniper, on se retrouve parfois à exprimer un peu d'empathie pour elle. June fait pitié, autant qu'elle fait ressortir la colère en nous.



En volant les écrits de sa défunte « amie » Athena et en les publiant sous pseudonyme, June se frotte à l'appropriation culturelle et le racisme systémique. À aucun moment elle ouvre les yeux et change de comportement. On la retrouve aussi confrontée au monde de l'édition et à ses attentes, qui ne lui permet jamais de se remettre en question. Elle a du succès, elle a mérité ce succès et personne ne peut lui enlever.



La protagoniste est tellement convaincue par ses bêtises, convaincue de la personne qu'elle veut et croit être, qu'elle pourrait presque nous convaincre aussi, qu'elle a de bonnes raisons d'agir comme elle le fait, que finalement, elle ne fait rien de mal.

Toute cette histoire est une ascension folle, on part d'une « simple » affaire de vol de manuscrit, et ça ne s'arrête jamais dans son escalade. Quand on pense « Elle ne va pas faire ça quand même ? », on est vite surpris.e car... Si, en fait. Elle va le faire.



J'ai adoré le fait que l'ombre d'Athena rode. Que sa présence et ses souvenirs hantent June. J'ai trouvé les derniers chapitres dingues, j'étais incapable de stopper ma lecture et, quand la fin arrive, j'ai eu l'impression pouvoir respirer de nouveau. Et le premier mot qui m'est venu pour décrire ce que je venais de lire était « wahou ».



Je ne veux pas en dire plus, car il faut que vous découvriez par vous-même cette histoire !

Merci R.F. Kuang pour cette claque.
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