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Critiques de Rachid Santaki (79)
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Laisse pas traîner ton fils

Roman reçu dans le cadre d'une masse critique Babelio en vue de la rencontre avec l'auteur ce jour même, lundi 26 octobre. Je découvre Rachid Santaki et ce roman documentaire. L'auteur nous accompagne dans une plongée en apnée dans la banlieue, celle dont on entend parler à la télé mais ont on n'a aucune véritable connaissance hormis celles obtenue par le prisme du Karcher de Sarkozy ou des rodomontades de son poulain Darmanin. Santaki comprend et explique sans excuser.

Il décrit avec des mots simples l'engrenage dans lequel se trouvent les personnages de son roman. La loi de la Cité. "Ces jeunes avaient les mêmes codes que les bandes d'Amérique du Sud; Pourtant nous étions en France, le pays des droits de l'homme, un pays où nous étions bien lotis" avance-t-il.

Nous assistons en direct, mais Santaki évite le voyeurisme par son style simple et sans emphase, aux événements qui conduisent trois ados d'une cité du 93 (Damien, Sofiane et Moussa) à commettre l'irréparable (le meurtre de Mathieu) en le faisant savoir car, pour eux, le buzz sur les réseaux sociaux est plus important que le contenu violent ou illégal de la scène qu'ils tournent. le plus important n'est-il pas de vivre "la vraie vie", comme dans ce titre du rappeur de Sevran, Da Uzi, qui chante "la vie est moche comme les toilettes au mitard."

"A la demande d'un bailleur social", Santaki a "mené des ateliers d'écriture" qu'ils jugeait "plutôt prometteurs à Joliot-Curie", un quartier de Saint Denis. Mais il fait part du sentiment de gâchis et d'impuissance qu'il éprouve en quittant l'établissement, face à ces jeunes sans cadre.

Rien pour ces jeunes, hormis les initiatives individuelles, comme celles d'Hamadi, un éducateur qui choisit de rester dans la cité, pour accompagner les jeunes, "pas pour plaire à son chef de service", et se trouve contraint de rejoindre une association car les services sociaux le trouve "trop proche des détenus" et lui reprochent de "ne pas mettre de costume"

Le roman de Santaki pose les questions qui font mal à tous les décideurs depuis un demi siècle en France où, malgré les politiques de la ville menées par les différents gouvernements, rien n'a changé dans la vie des "quartiers" comme on a pris l'habitude de dire !

"Cette jeunesse s'entretuait, elle vivait dans un monde virtuel basé sur l'image et, quand elle en sortait, elle explosait et plongeait dans une violence extrême."

Malgré les succès de ses ateliers d'écriture en prison, la qualité reconnue des liens qu'il tisse avec les détenus, les interrogations ne manquent pas pour Santaki, il interroge ses pratiques, ses origines et ses choix de vie différents de ceux de ses anciens compagnons de la cité. Comme l'éducateur Hamadi, il doute. Il évoque pour eux deux, le "syndrome du conflit de loyauté" et constate simplement qu'ils vieillissent. Les rappeurs politisés de leur époque (IAM, NTM) ne sont plus ceux prisés des jeunes aujourd'hui (Heus, Jul, Lacrim) tournés uniquement vers le divertissement.

L'intérêt de ce roman est de faire cheminer le lecteur au rythme de l'auteur.

Quand Santaki, avec l'aide d'Hamadi, décide de recontacter Kader, celui par qui tout est arrivé, mêmes si il n'est pas directement impliqué dans le meurtre de Mathieu, il ne sait pas comment il va traiter le sujet. C'est lorsqu'il retrouve Sofiane incarcéré à Meyzieu, un centre dans lequel il mène un atelier d'écriture que son projet murira et qu'il le livrera sous la forme du livre qu'il nous est donné de lire aujourd'hui.

Rachid Santaki est un auteur à découvrir. J'ajouterai que ce livre est selon moi un contrepoint interessant de l'ouvrage d'Erwan Duty "Une histoire des banlieues françaises" dans lequel il écrit notamment : "Les banlieues nous aident à comprendre l'ensemble de la société française, car elles en sont un condensé."

Lumineux !


Lien : https://camalonga.wordpress...
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Laisse pas traîner ton fils

J'aime assez le genre du récit-enquête, à mi-chemin du journalisme et de l'essai, dont l'immense Aubenas reste la référence française. Avec Laisse pas traîner ton fils, Rachid Santaki s'y essaye aussi, dans une approche bien différente.



Tout part d'un horrible fait-divers une nuit en Seine-Saint-Denis : pour une histoire mêlant racket, vengeance et appât du – petit – gain, Mathieu va subir une nuit de calvaire, enlevé, battu, torturé et enfin abandonné en rase campagne au petit matin.



Ses agresseurs ? Trois jeunes de son quartier du 93. D. le leader, M. un brin limité et S. passif inconscient, entraîné par l'effet de bande. Un meurtre ? Pas seulement. Car le lynchage a été filmé et immédiatement propagé sur les réseaux sociaux, entraînant la peur des uns et l'envie de revanche des autres.



En partant de ce fait divers survenu dans des quartiers qu'il connaît bien et avec des jeunes qu'il fréquente régulièrement, Rachid Santaki va suivre les suites du drame, de la détention des jeunes à leur procès, de leurs remords à leur mépris, de leur arrogance à leur bassesse. Et il va surtout s'attacher à suivre S., celui qui aurait pu, qui aurait dû mettre fin à tout cela ou à défaut, ne pas s'y mêler.



À travers ses rencontres et ses parloirs et sur fond régulier de références au rap français, Santaki nous redit les limites actuelles qu'offre la société contemporaine à cette génération. Rien de bien nouveau, si ce n'est que la virtualisation de ces existences, exacerbée par les jeux et les réseaux sociaux, pousse chaque jour inexorablement le degré de violence un cran plus loin. Et que les phénomènes de bandes en rajoutent une dose.



Si le propos est intéressant, la forme du livre m'aura rapidement exclu, l'auteur alternant les positionnements factuels (style journalistique) et romancés (réécriture des scènes et dialogues de fait-divers), en y ajoutant ses propres impressions, réflexions et empathies. Un cumul – certes extrêmement sincère – d'angles qui plaira à beaucoup, mais pas à moi.
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Laisse pas traîner ton fils

J'ai été très perturbée par la lecture de cette histoire( témoignage) dont tous les acteurs sont issus des "quartiers" et je remercie vivement Babelio pour cette découverte inoubliable.

Rachid Santaki vit en plein coeur de cette violence dans laquelle il nous immerge. A partir d'un fait-divers dont la monstruosité nous pousserait à rendre une justice barbare (le coup pour coup) ,il tire les fils de l'immense toile dans laquelle chacun des protagonistes a été pris. Tout comme il l'écrit ,on finit par avoir :"de l'empathie pour l'indéfendable" .

Il a pris le parti de ne pas choisir de camp ,ni celui des victimes ,ni celui des bourreaux, mais de faire un intense travail de prospection au coeur de la société actuelle qui, par le biais de certains réseaux sociaux ,pousse les êtres perdus , fragiles ,invisibles, à exister par l'image même si celle -ci est horrible.

L'auteur tente par le biais de l'écriture de redonner un sens à la vie de certains de ces êtres perdus. C'est une oeuvre courageuse et altruiste dont il peut être fier. Très très bon livre.
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Flic ou caillera

Surnommé le « Victor Hugo du Ghetto », et auparavant éducateur sportif, reconverti romancier, Rachid Santaki est un de nos plus brillants auteurs de polar , et un des seuls qui situent ses intrigues en pleine banlieue parisienne.



Il avait notamment publié il y a quelques années un très bon polar Les Anges s’habillent en caillera qui m'avait bien plu, par son mélange de langage local et de série noire prenante et haletante.



Il a récidivé en début d'année avec son nouveau roman Flic ou caillera, publié aux éditions du Masque, qui prend comme toile de fond les tragiques et très médiatisées morts des jeunes adolescents Mehdi et Najet, tués alors qu'ils tentaient d'échapper à la police, ce qui avait enclenché les émeutes de banlieue de 2005.



Partant de cette tragédie sociale , il met en scène deux personnages différents qui doivent faire avec ce climat explosif, un jeune coursier d'une cité de Saint Denis, aux prises avec un gang menaçant, et une jeune flic d'origine magrébine, qui cherche à les faire tomber.



À travers les parcours de Mehdi et Najet, Rachid Santaki nous parle de l'importance des liens familiaux et la nécessité de se souvenir de ses origines. Les deux personnages principaux possèdent en effet deux points communs, celui de vivre dans la solitude et les doutes permanents, et d'être confrontés quotidiennement à la violence et à la drogue. Et ces points communs pourraient finalement, au fil du récit, plus les rapprocher qu'ils ne le pensaient.

L'autre atout du livre est évidemment le style de l'auteur qui sait manier avec aisance cette langue des cités qui mélange le verlan, l'arabe et l'argot. Si l'on est un peu perdu parfois ( j'ai connu la cité, dans mon adolescence, mais je l'ai un peu quitté depuis) dans cette langue dont on a pas tous les codes, l'auteur sait faire preuve de pédagogie ( on a un lexique au début)

Et du reste, l'important n'est pas là , mais plutôt dans le fait que Rachid Santaki parvienne à rendre parfaitement crédible ses personnages et ses situations. Certes, l'intrigue n'est finalement pas si excitante que cela au bout d'un temps, mais sa crédibilité et sa justesse le porte tout haut dans les auteurs de polar français du moment.



Un beau roman noir, tout plein de hip-hop, de boxe thaie ( l'auteur en a longtemps fait) , et de fureur, à lire sans hésiter!!!


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les anges s'habillent en Caillera

Ce roman aurait pu être un vrai casse gueule, un hymne à la petite délinquance, avec le risque de faire de Ilyès un héros. C’est un sujet très sensible, traité à la façon d’un équilibriste sur un fil distendu. Ce roman aurait pu être un total échec, un roman apportant un scandale de plus. Et finalement, c’est une totale réussite. Et le meilleur moyen de vous faire lire ce livre, c’est de vous conseiller d’aller dans une librairie, d’ouvrir ce livre, de lire la préface écrite par Oxmo Puccino (que je ne connais pas) qui parle de Rachid Santaki et de sa volonté d’aider et d’occuper les jeunes, de lire aussi l’Avant propos écrit par Rachid Santaki lui-même qui parle du contexte et de son choix d’auteur. Après cela, vous achèterez le livre.

J’ai suivi le parcours de Ilyès, avec la peur au ventre. Avec la quatrième de couverture, j’étais inquiet du sujet, et surtout de son traitement. Il aurait été facile et dangereux de faire un mode d’emploi du parfait petit voleur, de donner vie à un personnage auquel on se serait identifié. Grâce aux choix littéraires et au style de Rachid Santaki, les pièges ont été évités et le roman en devient passionnant, par le fait qu’il ne prend pas position, qu’il ne juge personne, qu’il ne justifie pas les actes mais se contente de placer quelques traits qui sonnent justes.

Les passages écrits à la première personne sont tout bonnement impressionnants, on a l’impression d’avoir Ilyès en face de nous, en train de nous conter son parcours, nous expliquant qu’il est conscient que ce qu’il fait est mal, mais que d’un autre coté, cela permet à ses parents de retourner au bled chaque été. Toujours, Ilyès oscille sur cette balance avec une lucidité et est prêt à assumer ses actes. Tout est une question de risques. Et dire qu’il a commencé comme ça pour passer le temps, presque s’amuser.

Le roman regorge de personnages, tellement vrais, esquissés par de simples phrases, dont les frères, cousins, parents, flics pourris (ce sont les passages que j’ai le moins aimé). Tous parlent leur langage, entre le verlan et l’arabe, et cela aide à nous plonger dans ce monde, si proche de nous mais si lointain aussi. On y sent le décalage entre les parents qui travaillent et ces jeunes attirés par tant de facilité, par l’accès au luxe qu’ils n’auraient aucune chance de connaître autrement. Je ne cautionne en aucun cas ni ces actes, ni ces choix de vie, mais j’ai eu l’impression de comprendre un peu mieux, même si Ilyès n’est probablement qu’un cas. Pour finir, je citerai le dernier paragraphe de Oxmo :

Malgré tout ce que l’on peut voir et entendre des grands médias, j’ai la chance de rencontrer des personnes animées par un vrai désir politique et d’autres sont sur le terrain, porteurs d’espoir. Donc, je deviens optimiste et … oui, je suis convaincu que tout ira mieux lorsque tous donneront à bon escient ce qu’ils ont de plus cher : un peu de leur temps.

Ce livre est à lire, pour mieux comprendre, pour mieux aider, pour être plus tolérant, pour être positif, pour être moteur. D’aucun verront dans ce livre des exemples, des situations dont ils se doutent ou qu’ils imaginent au travers du miroir déformé des médias. On va en parler de ce livre, parce qu’il parle vrai, parce que le ton est réaliste et qu’il vaut mieux le lire que se boucher les yeux.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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Les anges s'habillent en Caillera

Sans jamais chercher à en faire trop ou à faire de son personnage un caïd plus malin que les autres, Rachid Santaki réussi à nous émouvoir et on s'étonnerait presque d'être pris d'affection pour ce jeune au casier bien garni.



Première lecture de l'auteur et j'ai deja envie de me replonger dans ses écrits.



Bonne découverte!
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Flic ou caillera

Pourquoi je n'ai pas aimé ce polar? Il est pourtant bien écrit et a sûrement le mérite de donner envie de lire à des jeunes de banlieue qui pourraient s y reconnaître.

Quant à moi qui vis dans une de ces villes et qui suis confrontée à cette violence, je n arrive pas à avoir de l empathie pour ceux qui considerent qu ils ont tous les droits parce que leur vie est difficile. Leur prise de pouvoir nuit à ma qualité de vie qui n est pas déjà si grande. Mais je n'ai pas les moyens de vivre ailleurs.

L emploi du langage "hip hop" a encore contribué à la difficulté que j'ai eue à entrer d une façon positive dans cette histoire.
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Les anges s'habillent en Caillera

La banlieue. En quelques années et en quelques romans , elle est devenue une source d'inspiration, une terre d'exploration pour le roman noir français.



« Les anges s'habillent en caillera » de Rachid Santaki offre la particularité d'avoir été écrit par un enfant de la cité. Un fils de ces banlieues tant décriées, où les stéréotypes les concernant sont tellement ancrées dans l'imaginaire collectif qu'il est difficile de croire qu'un jeune qui y grandit puisse s'y construire un avenir autre que celui qui plonge ses racines dans le trafic et la violence, et finit par se faner à l'ombre de barreaux métalliques.



Pourtant Rachid Santaki, a bien suivi un autre chemin. Et le sien est un parcours militant, une lutte pour que l'écriture et la lecture s'épanouissent dans la banlieue, que la musique et le sport y apportent des possibles aux jeunes sans repères . Son combat c'est celui de l'expression, du dire, du faire, pour que les jeunes de ces quartiers puissent conjuguer le verbe exister . Un combat permanent.



La cité il l'a vit de l’intérieur. Qui mieux que lui pouvait en parler avec des mots qui cognent comme des coups de poing à travers un livre qui n'est ni un plaidoyer pour les banlieues, ni un pamphlet contre la misère de ces quartiers, mais juste un roman qui s'inspire de la vie d'un de ces jeunes qui tournent mal , et qui a peut être pour mérite de montrer que derrière le voyou ou le flic ripoux se cache d'abord un homme tombé dans le vide.



On le surnomme « Le Marseillais », il est jeune, et jouit une belle notoriété dans son quartier. Ilyes fait partie de ces jeunes de cité qui veulent tout , tout de suite. Se faire de l'argent, le plus vite possible, pour asseoir sa réputation et se forger une place dans la cité. Mais Ilyes, lui, veut être au plus haut dans l'échelle. Et pour çà , il en a le talent et l'intelligence. Sa spécialité, le vol de cartes bleues et le craquage des codes, pour convertir à coup sûr son forfait en milliers d'euros.



A Mais au moment où nous faisons connaissance avec lui, Ilyes sort de prison. Tombé à cause d'une balance. Alors il a les nerfs et rumine sa vengeance. Et quand avec l'aide d'un caïd de la cité et de ses complices serbes il met la main sur celui qui a causé sa chute, la dette se paiera dans le sang. Mais au moment où Ilyes tue celui qui l'a trahi, les flics surgissent de nulle part.







Stop. Flash back. On rembobine l'histoire de sa vie,on revient sur son parcours,on l'accompagne sur le chemin de son destin. Un destin désiré, revendiqué et décidé. Parce que le crime paie, et plutôt grassement. Parce que tout est facile. Il suffit d'évaluer les risques et le cas échéant de savoir courir vite. Ilyes fait son apprentissage à l'ombre des plus aguerris que lui, mais trouve sa propre voie, son style. Ilyes devient « Le Marseillais » et gagne en renom et en estime parmi les siens. C' est devenu un as. Il compte dans la cité.



Mais ce que « Le Marseillais » a oublié, c'est que la vie est loin d'être manichéenne. Que l'argent ne fascine pas que les voyous, que pour un magot dont cherche à mettre la main dessus, tous les coups sont permis et peuvent venir de n'importe où.



Rachid Santanki dresse une galerie de personnages hors du commun. Loin des stéréotypes, il nous plonge dans les relations incestueuses entre flics et voyous, où derrière la façade se cache une réalité différente, faites de coups bas, de compromissions,de racket ,de lutte de territoire et de marchés. Il nous fait vivre de l’intérieur une cité ou une cellule de prison et découvre au lecteur une chose insensée, que derrière la crapule se cache d'abord un être humain.



Parmi eux Stéphane, un flic violent, compromis , et usé. Un homme orphelin de l'amour maternel qui s'est construit avec un vide dans le cœur. Et quand il rencontre l'amour, il tombe à genou.



SANTAKI« Les anges s'habillent en caillera » est un roman sombre, violent, une histoire qui mêle argent, boxe, flics ripoux, balances,et le tout rythmé au son du Hip hop.



L'auteur est un militant je l'ai dit. Lors de la sortie de son livre il a sillonné les cités pour en faire la promotion, en sillonnant le 93 à bord de sa camionnette à la rencontre des habitants. Car ce roman, c'est le leur.



Indéniablement l'un des meilleurs romans sur la banlieue!
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Laisse pas traîner ton fils

Un grand merci à Babelio et aux éditions Filature pour l'envoi de ce livre qui m'a beaucoup intéressée. Je regrette d'avoir manqué la rencontre avec l'auteur le 26/10 dernier.

Rachid Santaki sait de quoi il parle. La violence dans les banlieues, il la côtoie quand il anime des ateliers d'écriture dans des centres de détention pour mineurs notamment. A cette occasion, il rencontre Sofiane, un jeune qui a filmé le lynchage, commis par deux jeunes, d'un autre jeune qui tentait de s'en sortir. Au-delà de ce sordide fait divers, Rachid Santaki mène l'enquête pour tenter de comprendre comment une telle violence est possible.

J'ai apprécié le fait qu'il s'intéresse à l'histoire des jeunes au-delà de leurs actes, à la souffrance de la famille de Mathieu, la victime, ainsi qu'à l'environnement dans lequel ils vivent. Triste réalité française qui fait régulièrement la une des médias.
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Les anges s'habillent en Caillera

"Les anges s'habillent en caillera" est un polar sombre qui décrit la lente descente aux enfers d'un truand du 93...surnommé "Le marseillais". A chaud, ce livre me laisse un goût bizarre. Bien que se lisant très facilement, l'auteur use et abuse d'un langage familier. Argot, verlan, rabe...tout y passe. Si bien que je me pose cette question : faut-il employer le langage de la cité pour parler de la banlieue de manière crédible ? Pas certain, d'autant que ce style "à la mode" chez les écrivains "new generation" finit par lasser, voir mettre mal à l'aise. J'imagine mal un auteur utiliser le "françois médieval " de Villon pour traiter du Moyen-Age, ou alors un autre poser chaque mot de manière châtiée, guindée et snob pour écrire sur la bourgeoisie...Quelque part ça me gène, car quid de notre belle langue parlée et écrite ? Quant à l'intrigue, bien que menée à un rythme d'enfer...tombe assez vite dans la caricature du milieu gangster / flic telle qu'on peut l'observer dans pas mal de films traitant du sujet, et les poncifs ne sont pas rares, drogue, misère sociale et humaine...



"Les anges s'habillent en caillera" m'a fait l'effet d'un téléfilm noir sur France 2 à 20h30, un style choc...mais déjà tellement vu ! On passe un moment certes pas désagréable, mais tellement vite oublié...
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Les anges s'habillent en Caillera

Voici un roman dont on va parler, un roman qui va faire du bruit. Car le sujet est brûlant, ça touche ce que l’on appelle dans les médias la petite délinquance. Au passage, je remercie les éditions Moisson Rouge pour la découverte d’un nouvel auteur et pour ce très bon moment de lecture.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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Anissa

Rachid Santaki est un écrivain engagé qui intervient dans les prisons et il connait très bien le sujet de la radicalisation. C’est ce qui donne tant de réalisme à ce roman qui est une vraie plongée dans les milieux islamistes du 9.3.



On comprend comment, par le biais de la religion, les recruteurs vont entrer en contact avec les personnes en perte de repères et les manipuler pour tenter de les amener à s’engager dans le djihad.



Le prosélytisme, le paternalisme, la fausse entraide, le soutien intéressé, l’auteur fait le tour de toutes ces techniques de recrutement qui ont fait leurs preuves au sein des populations fragilisées.



Déstabilisée par le mort de son père, Anissa n’échappera pas à cet engrenage intégriste.



Comme dans tous ses romans, Rachid Santaki prend le prétexte d’un polar pour nous révéler les dérives des banlieues et avec Anissa, il dénonce ces milieux terroristes qui s’attaquent aux plus faibles et contre lesquels les services de Police luttent avec acharnement.



Un roman édifiant, à lire non pour comprendre mais pour savoir.
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Laisse pas traîner ton fils

Ce livre témoignage est romancé comme le dit à plusieurs reprises l'auteur.

Pourtant, il n'en reste pas moins détaillé et suivi à la façon d'un reportage.

D'abord on entre dans l'horreur d'un lynchage.

Trois garçons ont séquestré un jeune homme de 17 ans.

Sous le regard acéré de la caméra du portable du plus jeune, il est battu encore et encore.

Son calvaire n'en finit pas et c'est le réseau social Snapchat qui s'en délecte.

Comment en vient-on à une telle horreur, un tel manque d'humanité et une telle perte d'ancrage dans la réalité ?

C'est là la mission de l'auteur : comprendre l'incompréhensible !

Les premières pages ont été particulièrement douloureuses pour moi.

Je me transfert souvent dans le roman pour mieux le vivre et l'apprécier.

Dans l'histoire de Sofiane et Mathieu, j'ai lu une des pires craintes de tout parent.

J'ai lu ce que le manque de repères, de conscience peuvent engendré de pire.

J'ai lu la crise sociétale, le malaise des banlieues, le manque de perspectives et le calvaire de milliers de jeunes.

J'ai lu comme il est facile pour un être fragile, ou fragilisé, de sombrer dans un monde parallèle où la vie, la mort, l'amour et le désespoir n'ont pas la même signification.

J'ai lu le manque de moyens et d'espoir.

« ESPOIR »

Un mot qui pour beaucoup n'as pas de résonnance.

Et puis à un moment j'ai cru lire la résilience.

Peut-être une autre conclusion était possible pour toutes celles et ceux qui sont embourbés dans ce monde ?

J'ai lu aussi l'ambivalence et parfois même la manipulation.

A trop vivre dans la fosse on peut devenir la lie de la société.



Dans ma banlieue « favorisé » on ne rencontre pas les mêmes manques.

Nous avons la chance d'avoir accès à l'éducation encadré par des moyens humains et matériel de qualité, la culture est à portée de main pour tous ceux qui le souhaite et l'espoir n'est pas un vain mot.

Les mots de l'auteur m'ont donné à réfléchir sur ma chance et me l'on fait apprécier d'autant plus que j'espère un avenir, si ce n'est glorieux, au moins sain et apaisé à mes enfants.

Les mots de Rachid Santaki m'ont conforté dans l'idée que je ne laisserai pas mes enfants sans surveillance car même dans ces conditions nous ne sommes pas à l'abri de voir nos enfants prendre un chemin sombre et tortueux.

J'ai hâte de rencontrer l'auteur pour en savoir plus sur ce quotidien que l'on ne voit que 2 à 5 minutes au journal télévisé.



Merci aux Editions Filature(s) et à Babelio pour cette découverte.

Sans eux je serai passé à côté d'un texte puissant.

Merci à Rachid Santaki pour son implication auprès des jeunes et son roman/témoignage



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Les anges s'habillent en Caillera

Ilyès dit le Marseillais est un petit caïd du 9-3 qui s'est fait connaître par son talent pour les vols à la tire, en particulier les vols de cartes de crédit sur Saint-Denis. Balancé à la police par un de ses complices, il est condamné à 18 mois de prison. L'histoire commence avec sa sortie de taule et sa vengeance contre celui qui l'a trahi, mais le bouquin est en fait un retour sur l'histoire de sa vie, sur la manière dont il en est arrivé là. Et c'est finalement une belle description de l'univers des banlieues, entre mafias, petites frappes et flics ripoux. Le style est également très particulier, avec de nombreuses références au rap (le rappeur Oxmo Puccino a d'ailleurs fait la préface du livre), à l'univers des banlieues... et au vocabulaire de ces quartiers ! Tout ce que je déteste, a priori :D Sauf que j'ai adoré ! C'est un roman noir, sombre, violent et le parler caillera y est tout à fait adapté. Ce ne serait pas très réaliste de faire parler les personnages dans un français littéraire et châtié, et on s'y habitue finalement assez vite. On sent aussi que l'auteur, très impliqué dans le milieu associatif de Saint-Denis, connait plutôt bien le sujet. C'est donc un excellent roman noir.
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Laisse pas traîner ton fils

Merci à Babelio et à l'éditeur des éditions "filatures" pour l'envoi de ce livre que je n'aurais jamais ouvert autrement. Pourquoi, parce que le sujet m'aurait semblé trop violent et surtout trop loin de mon univers, mais il m'a pourtant interpellé puisqu'il cherche à savoir comment on peut en arriver à filmer des scènes de tortures et de les mettre sur les réseaux sociaux. La réponse vient à la fin, si tant est que l'on puisse vraiment en donner une. Ce livre est un documentaire et pas un roman, ce qui lui donne plus d'intérêt. Donc 2 jeunes de banlieue défavorisée (Damien et Moussa) torturent, lacèrent de coups de coteaux, noient etc... un jeune qui ne leur a rien fait, sauf peut être, crime suprême, qu'il tentait de changer de vie et d'échapper à la misère morale de cette banlieue. le troisième larron, Sofiane, lui, 16 ans, filme la scène. L'auteur qui intervient en prison pour animer des ateliers littéraire, est fasciné par ce "fait divers" (quelle horreur) et va chercher à savoir comment ils ont pu en arriver là. Damien et Moussa : irrécupérables. Sofiane par contre, le touche et est le seul à donner des signes d'éventuels remords. Le constat est que tous ces jeunes ont un passé familial terrifiant, qu'ils écoutent ou plutôt regardent tous du rap violent sur les réseaux, que le règne de l'image les poussent à se mettre en avant via ce canal et donc à se filmer en permanence, jusqu'à filmer l'intolérable.

Je veux bien comprendre cela. L'admettre non. Le verdict m'a laissé furieuse. 15 ans après avoir noyé, tapé, lardé de coup de couteau un être humain ? il ne prend pas perpétuité ???? Moussa 10 ans alors qu'il va récidiver et que l'on sait qu'il est psychopathe ?? Sofiane... je ne dévoilerais pas mais punaise ?

Oui, ils ont forcément eu une enfance inimaginable de douleur mais celui qui est mort tentait de s'en sortir et pour cela on le tue ?

Évidemment qu'un tel sujet ne peut laisser de glace et qu'il déchaine les passions. La question qui n'est pas posée dans ce livre est : que faire pour arrêter ce que produise les réseaux sociaux ? quelle barrière peut on mettre sans tomber dans la censure ? Comment sauver ces ados avant la dérive ? Ce qui m'a interpellé aussi c'est le rap. musique que je ne connais quasi pas et son influence m'a scotchée. Bref, un livre qui n'a pas d'intérêt littéraire mais qui ouvre le débat, ce qui est une qualité énorme.
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Laisse pas traîner ton fils

J'ai reçu ce livre pas plus tard qu'aujourd'hui, en rentrant du travail il m'attendait. (Merci aux éditions Filature(s) et à Babelio pour ce cadeau et l'occasion de rencontrer l'auteur) je l'ai commencé de suite et j'ai du mal à contenir ma rage, mon dégoût et mon impuissance. Une violence banale et inadmissible : lynchage, humiliation et meurtre sur fond de rap et de réseaux sociaux.

Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec l'autre livre que je lis actuellement : Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon, tout y est des codes masculinistes, l'hégémonie masculine à l'échelle des cités, ce besoin de montrer qu'on domine et tous les codes qui vont avec : drogue, alcool, rap et même la voiture. Voilà ce que coûte le pratiarcat aux hommes, à la société.

En guise d'illustration parfaite de mes propos, p.32 : "lors de son entretien, il a raconté qu'après avoir balancé le corps il avait retenu ses larmes. (un homme ne montre pas ses émotions) Il faisait partie de la famille de la rue et ne pouvait pas être un fragile. (Force et virilité mises à l'honneur, devoir se dominer, être un guerrier)" plus loin, p.35 "puis il a expliqué qu'en cité il y avait une règle - on porte ses couilles - et qu'il avait été victime de cette règle" encore plus loin, p.43 : "la prison était une sorte de passage obligé. Elle faisait de vous un homme aux yeux des autres" (le patriarcat, broie les hommes aussi, souffrance inutile pour prouver quoi ?)

Le dégoût qui s'intensifie quand je lis que les journalistes pour brouiller les cartes, pour donner aux gens ce qu'ils attendent, pour minimiser l'acte, font passer la victime pour un dealer, sans faits, sans preuves. Histoire de briser les proches un peu plus, histoire de dire aux gens biens pensants que cette violence ne les concerne pas, que ce n'est pas pour eux. Leurs enfants vont biens tant qu'ils ne toucheront pas à la drogue. Histoire de les rassurer : mais non la société n'est pas malade, ce sont ces jeunes, spécifiquement, qui le sont. Je ne suis qu'à la page 26 et j'ai le coeur au bord des lèvres, ça promet.

L'auteur nous fait part de son désarroi et de son impuissance face à ses jeunes qui ne répondent à la violence que par la violence, qui n'ont d'autres horizon que ce bout de quartier dans lequel ils ont grandis et les codes qui vont avec. Il cherche des débuts de solution, des pistes.

Il me faudra lui poser la question de sa conscience de l'influence de la société patriarcale dans cette violence des cités. Je ne suis pas sûre qu'il ait envisagé la situation sous ce prisme, ça se voit dans sa façon d'écrire et d'appréhender les choses : les marches blanches sont, de toute évidence l'apanage des femmes, des mères, douleur de femme de perdre un enfant ? Mais où sont les pères dans toutes ces histoires ?

Chaque milieu social a ses propres codes, dans les cités c'est la prison, la violence, les règlements de compte, le territoire, et l'honneur à défendre. Ne pas paraître "faible" voilà ce qui fait de vous un homme dans ce milieu là. Et non la seconde victime n'a pas été tuée par le quartier elle a été tuée par le patriarcat, par les codes masculinistes. Comparer avec d'autres zones du monde n'a pas de sens. Les codes se retrouvent partout.

Il semble dire que le rap peut engendrer de la violence, je pense qu'il ne fait que renforcer quelque chose de pré-existant, il maintient les codes, les transmet aux générations suivantes. Il est notamment question de Moha la squale, de la fascination de Sofiane pour lui. Ce rappeur qui réussit pour sa mère mais qui viole les autres femmes, tout un exemple. L'auteur souligne que la précarité intellectuelle renforce la fragilité aux réseaux, ils manquent de discernement pour tout.

Dans cette histoire sordide, Mathieu, la victime, était devenu de moindre importance dans la hiérarchie de la cité et pour son ami Kader : il avait choisi l'amour, des codes différents. Il n'était plus le profil d'homme qu'on pouvait respecter.

Vient l'histoire de Souad, la mère de Sofiane, reniée pour avoir aimé, tristement banal. Voilà comment le système brise des vies, encore et encore, ça a des répercussions sur toute la famille, sur les enfants et, sans surprise Sofiane répète le schéma.

Vient l'histoire de Moussa, issu d'un viol, sa mère battue par son beau-père, et lui aussi. Il reproduira également tous les schémas, jusqu'au viol. L'auteur fait alors une réflexion pertinente : l'Etat devrait être sur le banc des accusés, j'irai plus loin encore : toute la société. Cette réflexion m'a fait penser à celle de Karine TUIL dans "Les choses humaines"



L'auteur se prend visiblement la violence en pleine tronche, encore et encore, il en souffre, voudrait que les jeunes sortent de cette spirale mais il a du mal à identifier tous les facteurs, il est lui même le fruits de nombreux préjugés et clichés bien enracinés : chapitre 18, il en comprend pas qu'une femme puisse regretter d'avoir eu son enfant mais il suffit de réfléchir : quel bonheur en a retiré Souad ? Abandonnée par tous ceux qu'elle aimait, trahi par le père de son fils, ce dernier qui devient violent. Croit-on encore vraiment si naïvement aujourd'hui que la maternité est obligatoirement une source de bonheur ? Que rien ne peut l'estomper ?



La fin de l'ouvrage m'a un peu plus gênée, l'auteur parle beaucoup de lui, de son ressenti, je m'attendais à un autre but, il n'y a qu'à la toute fin en deux ou trois paragraphes qu'on comprend qu'il veut accuser le numérique, l'image, de rendre tout ça possible, c'est un peu flou. La violence n'était-elle pas là avant ? Pourquoi la mettre en lumière et ne rien proposer de concret ? Il me tarde de rencontrer l'auteur, j'ai beaucoup de questions :)
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Les anges s'habillent en Caillera

Autant, j'ai trouvé l'histoire intéressante et bien construite, autant le style de l'écriture m'a carrément gâché le plaisir de la lecture.

On suit le récit d'Ilyès, voleur à la tire très doué, qui vient de sortir de prison après une peine de 18 mois. En parallèle de ses souvenirs qui nous tracent son parcours et ses rencontres, Ilyes nous livre sa vendetta contre le mec qui l'a balancé. Le roman nous délivre aussi le parcours de flics ripoux, qui croisent et parfois influent sur l'avenir d'Ilyes.

Si on reconnaitre une qualité sur ce livre, c'est celle de nous faire une description intime et précise du mode de fonctionnement de la cité et de ses habitants. Le code d'honneur est toujours là, mais sans le respect de l'être humain : tout est bon même le meurtre de membres de sa famille pour pouvoir rester au pouvoir et dans les affaires mafieuses. C'est terrifiant ce manque d'âme, voire d'humanité de cette caillera. A contrario, le personnage principal avec ses amours et cette conscience désespérée d'être le principal acteur de sa vie (et de ses choix) donne à ce roman une certaine sensibilité.

Par contre, le style du parlé de la cité tout au long du roman m'a réellement exaspéré : si c'est représentatif de la réalité et tenable à l'oral, c'est carrément insupportable pour moi à l'écrit. Dommage.
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Les anges s'habillent en Caillera

C'est une histoire assez classique de flics et de voyous, et de flics qui deviennent voyous, dans un cadre qui est rarement au centre des romans français : la banlieue parisienne. Ce qui diffère franchement c'est le style de l'auteur, qui utilise une langue orale et familière, autant dans les dialogues que dans la narration. Est-ce bien nécessaire? Si cela ne m'a pas déplu au début de ma lecture, je me suis lassée au fil des pages du verlan, des phrases syntaxiquement bancales et d'un vocabulaire plutôt pauvre. Mais peut-être ai-je seulement était déroutée du fait que je venais de quitter Illusions perdues de Balzac...

Mais c'est peut-être aussi l'avènement d'un nouveau genre de polar qui colle plus à la réalité sociale et moins aux codes de la littérature. Pourquoi pas mais je reste à convaincre.

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Laisse pas traîner ton fils

Forcément, une lecture qui ébranle, qui révolte. J’en sors avec le sentiment d’avoir vu une facette de notre société, sans avoir totalement pu appréhender la façon dont nous en sommes arrivés là. Y arriverai-je un jour d’ailleurs ?



Ça commence par un drame, un meurtre atroce. Atroce par sa violence, atroce parce que commis par des mineurs, atroce parce que diffusé sur les réseaux sociaux, largement partagé, commenté, comme au temps des gladiateurs, où le sang giclait à flot pour le plus grand bonheur des spectateurs.



Comment, sur un territoire en paix depuis plus de 70 ans, des enfants, qui n’ont à priori pas connu la douleur de la guerre et de l’exil, peuvent en arriver à tuer un autre pour quelques billets de banque et à diffuser cela gaiement sur les réseaux sociaux ? C’est la question qui taraude Rachid Santaki, qui nous taraude tous en réalité.



Il se lance alors dans une quête, faisant part de ses pensées, de ses désillusions, de ses conclusions. On partage son envie de comprendre à tout prix, qui se meut parfois en obsession. Une hardiesse qui se heurte au plus grand désarroi, aux retours en arrière, aux blocages, aux incompréhensions, à la méfiance.



J’ai le sentiment de ressortir avec des bribes d’explications, ou du moins, plusieurs pistes à explorer. Alors oui, on en est arrivé là parce que l’histoire sociale et les trajectoires familiales se percutent pour engendrer une situation explosive, qui rafle sur son passage, la vie de jeunes hommes et celle de leurs familles. On en arrive là parce que les institutions et les gens qui les composent sont soit démunis, soit désintéressés par cette jeunesse. On en arrive là parce que nous avons atteint un nouveau palier dans cette société de l’image, ambiance Black Mirror, où l’on tente d’exister à travers des écrans, où une partie de la population délaisse le sens critique, la réflexion (l’a-t-on outillée pour en faire preuve ?) et se vautre dans la contemplation du vide, de la violence, au point que la violence fasse partie intégrante du quotidien. On en était déjà là en réalité, puisque cette violence insensée n’est pas nouvelle ; simplement, elle s’affiche constamment sur nos écrans, où que l’on tourne la tête on l’entend et la voit, on ne peut plus l’ignorer. Elle façonne nos gosses, les rend à la fois apathiques, insensibles, et attisent leurs plus vils instincts. La différence, c’est peut-être qu’elle s’exerce avec moins de scrupules qu’avant, ou pour des motifs tellement insignifiants que ça parait ridicule.



Voilà, de façon un peu fouillis, ce que je retiens de cette lecture, de ce procès, de cette sordide histoire. Encore plus de questionnements et de la matière pour pouvoir échanger sur le sujet.

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Laisse pas traîner ton fils

Vivant et travaillant en Seine Saint Denis, je me suis sentie pleinement concernée par le livre de Rachid Santaki. Merci aux editions Filatures et à Babelio pour ce livre.

La rencontre avec l'auteur et les échanges avec les lecteurs a été très enrichissante. Le récit de Rachid Santaki part d'un "fait divers" : comment utiliser ce terme quand un jeune est mort et que son exécution a été filmée et publiée sur les réseaux sociaux !

Les cités de banlieue sont malheureusement des territoires propices à la violence. Trafic de drogue, d'armes, guerre de territoire, la misère est un terreau fertile à la misère.

Rachid Santaki apporte son témoignage, il n'excuse pas, il décrit.

Les faits s'enchainent. Le rejet est bilatéral, on est dans la cité ou en dehors.

Comment freiner cette violence, apporter l'espoir d'un avenir meilleur ?

Je crois à l'éducation, à l'école pour tous.

Un livre que je vous recommande. Les mots de Rachid Santaki sont parfois des uppercuts, mais ils sont utiles.

Il faut mettre des mots sur les maux.
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