Citations de Ragnar Jónasson (682)
La pluie redoublait; une tempête se préparait. En des jours comme celui-ci, la beauté incomparable du fjord et des montagnes s'effaçait derrière les forces de la nature et la ville devenait sinistre - et très, très humide.
On frappa de nouveau plus fort. Erla sursauta, restée derrière Einar qui hésita un instant, puis se décida à ouvrir. Aussitôt une bourrasque neigeuse s'engouffra dans la maison avant que ne se dessinent, face à eux, les contours d'un homme chaudement habillé, avec un épais bonnet sur la tête.
P.43
Dehors, c’était l’été, un été authentique : sans un souffle de vent, avec un thermomètre à presque vingt degrés. Les cytises, en fleur, s’épanouissaient en lourdes grappes dans les jardins qui bordaient la route. Dagur traversait la ville. Il s’arrêta pour respirer à pleins poumons le parfum enivrant de ce véritable été à Reykjavík. Puis il se souvint avoir lu quelque part que les fleurs de cytise étaient toxiques. Cela ne l’étonnait guère : il savait par expérience, hélas, que les apparences étaient souvent trompeuses. Et la réalité, parfois empoisonnée.
La loi n'est pas l'unique arbitre du Bien et du Mal. Parfois, il faut considérer les choses dans leur globalité.
... ses mains, restées à l'air libre pour feuilleter les pages de son livre, étaient désormais glacées. Un sacrifice qu'elle était prête à accepter, car la lecture lui apportait plus de plaisir que toute autre activité ; avec un bon bouquin, elle voyageait loin, si loin de son quotidien, dans une autre culture, un autre pays où le soleil brillait...
__ Si quelqu'un me tuais, je préférerais nettement que l'enquête vous soit confiée.
Hulda ne sourit pas à cet humour noir.
Elle menaçait d'aller tout raconter à la police. J'ai essayé de l'en dissuader. Je devais l'arrêter, vous comprenez?
Qu'était-elle censée répondre? Allait-elle ruiner sa carrière le jour de sa retraite à cause d'un acte de bonté qui se transformait en retour de bâton?
Autant faire simple, tant qu'elle ne disposait pas de preuves suffisantes pour justifier sa démarche. Elle le titillerait un peu pour se faire une opinion sur le personnage.
Hulda s'intéressait-elle au sentiment de culpabilité de ces jeunes? pas vraiment. Sauf si l'un d'eux avait littéralement poussé cette fille dans le vide.
Hulda regagna son lit et ferma les yeux. il fallait qu'elle dorme. tant pis, elle n'avait pas le choix.
p.191
Léna est morte, et vous découvrirez ce qui lui est arrivé jeudi.
Si vous ne le savez pas déjà.
Et pourtant elle continuait de creuser, d'un geste délicat, respectueux pour la tombe qu'elle profanait, mais déterminée à aller jusqu'au bout.
Sunna remarqua à son expression qu'il ne croyait pas lui-même à ce qu'il disait. Personne n'aurait pris par mégarde le sac d'un homme mort. C'était forcément délibéré - ne faisait que renforcer l'hypothèse selon laquelle la mort de Valur était loin d'être un accident.
Il regretta immédiatement sa question. Le but n'était pas de l'effrayer avec un interrogatoire en bonne et due forme. Pas tout de suite. Il courait le risque qu'elle raccroche et ne se manifeste plus jamais.
Elle garda le silence un long moment, puis répondit.
_C'est sans importance. Je sais qu'elle a été tuée.
C'est ma période préférée de l'année, surtout les quelques jours qui précédent notre petite cérémonie. Dans ces moments-là, même l'obscurité fait l'effet d'un cocon douillet, et ici, elle est totale, comme tu as pu le constater, on n'a jamais installé de réverbères. C'est juste dommage qu'il ne neige presque pas. On subit tous les inconvénients de l'hiver sans bénéficier de son plus gros avantage : la neige et la lumière qui l'accompagne.
Hulda Hermannsdóttir ouvrit les yeux.
La fichue torpeur qui l’enveloppait refusait de se dissiper. Elle aurait voulu dormir toute la journée, même ici au commissariat, sur cette chaise inconfortable.
Votre frère n’a certainement pas été assassiné. Ce genre de chose n’arrive pas en Islande. (P.291)
Dès lors qu’elle aurait un moment, elle lui rendrait visite, dans cet appartement enfumé où naissaient ses poèmes et romans, ainsi que ses traductions de romans policiers, que Sunna ne considérait pas moins comme de la littérature- elle ne l’aurait toutefois jamais admis devant les étudiants de sa promotion. (P. 320)
Cette foutue manière de se protéger les uns les autres contaminait toute la classe politique; il ne fallait surtout pas faire de vagues et risquer de déplaire à ceux qui "comptaient". Et Kristian avait joué le jeu. Il tenait à son travail, ne voulait pas se mettre ses supérieurs à dos. (P. 50)
Amoureux de ces vieilles rues avec leurs maisons en bois recouvertes de tôle ondulée bigarrée, il était très critique envers le projet de "nouveau centre-ville" sur le boulevard Miklabraut, principale artère de la capitale.. (P153)