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Citations de Ray Bradbury (1335)


"Les morts sont comme une cire que notre mémoire modèle à sa guise... elle les évoque, leur donne forme, rajoute un petit quelque chose ici, enlève un petit quelque chose là, allonge, étire, forme, reforme, pétrit, sculpte jusqu'à ce que l'image ainsi obtenue n'ait plus rien à voir avec l'original.
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« Je hais le statu quo romain ! me disait-il. Garde toujours des yeux étonnés. Vis comme si tu devais mourir dans dix secondes. Regarde le monde. Il est mille fois plus extraordinaire que tous les rêves qu’on peut fabriquer en série dans les usines. Ni réclame, ni garanties, ni sécurité, jamais un animal de ce nom n’a existé. Et s’il y en avait un, il serait parent de ce paresseux qui reste suspendu à une branche toute la journée, la tête en bas, et consacre toute sa vie à dormir. Au diable ! Secoue-moi cet arbre et fais tomber le paresseux sur son derrière ! »
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Chacun doit laisser quelque chose derrière lui quand il meurt, disait mon grand-père. Un enfant ou un livre, un tableau, une maison, un mur ou une paire de souliers. Ou encore un jardin semé de fleurs. Quelque chose que votre main a touché et vers quoi s’en ira votre âme à l’instant de la mort ; et quand les gens regardent cet arbre ou cette fleur que vous avez plantés, vous êtes là, sous leurs yeux. Peu importe ce que tu fais, disait-il, pourvu qu’en la touchant tu transformes une chose, qui de ce qu’elle était, devient à ta ressemblance, quand tes mains s’écartent d’elle. La différence entre l’homme qui tond simplement le gazon et le vrai jardinier réside dans la façon de toucher aux choses, disait-il. L’homme qui pousse sa tondeuse n’aurait pu être jamais là ; le jardinier y sera présent toute sa vie.
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Quand j’étais petit, mon grand-père est mort. Il était sculpteur. C’était un homme très bon, rempli de tendresse pour le monde entier. Il a beaucoup fait pour supprimer les taudis dans notre ville. Et il nous fabriquait des jouets. Durant toute sa vie, il a fait des millions de choses. Ses mains étaient toujours occupées. Et quand il est mort, je me suis brusquement aperçu que je ne pleurais pas à cause de lui, mais à cause de tout ce qu’il faisait. J’ai pleuré parce qu’il ne les referait jamais ; jamais plus il ne sculpterait un morceau de bois, jamais plus il ne nous apprendrait à élever des pigeons ou des colombes, dans le jardin, ou ne jouerait du violon, ou ne nous raconterait des histoires. Il faisait partie de nous et, à sa mort, toutes ces choses sont mortes avec lui et il n’y avait plus personne pour prendre sa place. C’était un être remarquable, un homme de valeur. Jamais je n’ai pu oublier sa mort. Souvent, je pense à toutes les merveilleuses sculptures qui n’ont pas vu le jour parce qu’il n’était plus là. Combien de bons mots qui n’ont pas été dits, combien de pigeons que ses mains n’ont pas touchés ? Il façonnait le monde. Il changeait le monde. Le jour où il est mort a été la faillite de milliers d’actions généreuses.
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Le téléviseur est réel. Il est présent. Il a ses dimensions. Il vous dit ce qu’il faut penser, vous le hurle à la figure. Il doit avoir raison. Il semble avoir raison. Il vous pousse à un tel rythme vers ses conclusions que votre esprit n’a pas le temps de s’écrier : « C’est idiot. »
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Si vous ne voulez pas que la maison soit construite, cachez les clous et le bois. Si vous ne voulez pas qu’un homme se pose des problèmes d’ordre politique, ne lui donnez pas deux solutions à choisir ; ne lui en donnez qu’une. Mieux, ne lui en donnez pas du tout. (…). Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous écrase d’impôts, peu importe tant que les gens n’en savent rien. (…) Instituez des concours dont les prix supposent la mémoire des paroles des chansons à la mode, des noms des capitales d’Etat ou du nombre de quintaux de maïs récoltés dans l’Iowa l’année précédente. Gavez les hommes de données inoffensives, incombustibles, qu’ils se sentent bourrés de « faits » à éclater, renseignés sur tout. Ensuite, ils s’imagineront qu’ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piétinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie à quoi confronter leur expérience. C’est la source de tous les tourments. Tout homme capable de démonter un écran mural de télévision et de le remonter et, de nos jours ils le sont à peu près tous, est bien plus heureux que celui qui essaie de mesurer, d’étalonner, de mettre en équations l’univers, ce qui ne peut se faire sans que l’homme prenne conscience de son infériorité et de sa solitude. Je le sais. J’ai essayé. Foutaises ! Conclusion : tenons nous en aux clubs, aux réunions, aux acrobates, prestidigitateurs, casse-cous, bolides à réaction, motogyroplanes, au sexe et à l’héroïne, tout ce qui ne suppose que des réflexes automatiques.
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Les classes sont écourtées, la discipline négligée, la philosophie, l’histoire, les langues abandonnées, l’anglais et sa prononciation peu à peu délaissés, et finalement presque ignorés. On vit dans l’immédiat. Seul compte le boulot et après le travail, l’embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre qui que ce soit sinon à presser les boutons, brancher les communications, serrer des vis et des écrous ? (…) La fermeture Eclair remplace le bouton, l’homme n’a pas un instant pour réfléchir en s’habillant à l’aube. Pas d’heure de philosophie, pas d’heure de mélancolie. (…) Vider les salles de spectacle, clowns exceptés ; garnir les pièces de parois de verre et faire passer de jolies couleurs sur les murs comme des confettis. (…) Augmentez la dose de sports pour chacun, développez l’esprit d’équipe, de compétition, et le besoin de penser est éliminé, non ? Organisez, organisez, super organisez des super super sports. Multipliez les bandes dessinées, les films ; l’esprit a de moins en moins d’appétits. L’impatience, les autostrades sillonnées de foules qui sont ici, là, partout, nulle part. Les réfugiés du volant. Les villes se transforment en auberges routières ; les hommes se déplacent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre où tu dormais à midi et moi la veille. (…) Les établissements d’enseignement formant de plus en plus de coureurs, de sauteurs, d’étameurs, de bricoleurs, de pilotes, de nageurs, et ainsi de suite, au lieu de professeurs, de critiques, de savants, d’artistes, le mot « intellectuel » est, bien entendu, l’injure qu’il méritait d’être. On a toujours peur de l’insolite ; tu te rappelles sûrement le gosse qui dans ta classe était le fort en thème, qui se mettait toujours en vedette pour réciter ou répondre, tandis que les autres, assis comme des idoles de plomb, le haïssaient. Est-ce que ce n’était pas ce brillant sujet que vous choisissiez pour le brimer et le torturer après les heures d’étude ? Si, bien sûr. Nous devons tous nous ressembler. Chacun ne naît pas libre et égal aux autres comme dit la Constitution, mais chacun est façonné égal aux autres ; tout homme est l’image de son semblable, ainsi tout le monde est content.
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Et les hommes aux cigarettes vissées à la ligne dure que formaient leurs lèvres, les hommes aux yeux d'aspic soulevèrent leurs machines et leurs tuyaux, leur bidon de mélancolie liquide, le noir dépôt d'immondices, et sortirent tranquillement.
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Remplis-toi les yeux de merveilles, disait-il. Vis comme si tu devais mourir dans dix secondes. Regarde le monde. Il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. Ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n'a jamais existé. Et si c'était le cas, il serait parent du grand paresseux qui reste suspendu toute la journée à une branche, la tête en bas, passant sa vie à dormir. Au diable tout ça, disait-il. Secoue l'arbre et fais tomber le paresseux sur son derrière !
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Les livres sont faits pour nous rappeler quels ânes, quels imbéciles nous sommes. Ils sont comme la garde prétorienne de César murmurant dans le vacarme des défilés triomphants : "Souviens-toi César, que tu es mortel." La plupart d'entre nous ne peuvent pas courir en tous sens, parler aux uns et aux autres, connaître toutes les cités du monde ; nous n'avons ni le temps, ni l'argent, ni tellement d'amis. Ce que vous recherchez, Montag, se trouve dans le monde, mais le seul moyen, pour l'homme de la rue, d'en connaître quatre-vingt-dix-neuf pour cent, ce sont les livres. Ne demandez pas de garanties. Et n'attendez pas le salut d'une seule source, individu, machine ou bibliothèque. Contribuez à votre propre sauvetage, et si vous vous noyez, au moins mourez en sachant que vous vous dirigiez vers le rivage.
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Et j’ai pensé aux livres. Et pour la première fois, je me suis rendu compte que derrière chacun de ces livres, il y avait un homme. Un homme qui les avait conçus. Un homme qui avait mis du temps pour les écrire. (...) Si ça se trouve, il a fallu toute une vie à un homme pour mettre certaines de ses idées par écrit, observer le monde et la vie autour de lui, et moi j’arrive en deux minutes et boum ! Tout est fini.
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Les bons écrivains touchent souvent la vie du doigt. Les médiocres ne font que l'effleurer. Les mauvais la violent et l'abandonnent aux mouches.
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Et un jour, il se retournerait vers l’idiot d’autrefois et le considèrerait comme tel.
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Cet homme n’est autre, me disais-je, qu’un mari, oscillant entre travail et domicile, ville et banlieue, un amant, un employé, un consommateur de déjeuner sur le pouce, habitué à jongler avec les horaires, les somnifères, les tranquillisants, les comptes bancaires et les budgets.

(Folio 2 €, p.70)
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Il est bon de renouveler les sources d'émerveillement, dit le philosophe.
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Si nous oublions à quel point la grande nature sauvage est proche de nous dans la nuit, disait mon grand-père, elle viendra un jour nous emporter, car nous aurons oublié à quel point elle peut être terrible et bien réelle.
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Finalement, épuisé, il saisit l'annuaire peu épais où étaient répertoriés tous les abonnés de Mars. Cinquante mille noms.
Il commença par le premier. Amelia Ames. Il composa son numéro à New Chicago, à cent cinquante kilomètres de l'autre côté de la mer morte.
Pas de réponse.
Le deuxième numéro vivait à New New York, à huit mille kilomètres, au-delà des montagnes bleues.
Pas de réponse.
Il appela les numéros suivants, jusqu'au huitième, les doigts fébriles, incapable de maintenir sa prise sur le combiné.
Une voix de femme répondit : « Allô ?
- Allô ! lui retourna Walter d'une voix tonitruante. Oh, seigneur, allô !
- Ceci est un enregistrement, récita la voix féminine. Miss Helen Arasumian est absente de son domicile. Veuillez laisser un message sur le répondeur afin qu'elle puisse vous rappeler à son retour. [...]
Il raccrocha.
Puis s'assit, la bouche agitée d'un tic nerveux.
Après réflexion, il refit le numéro.
« Quand Miss Helen Arasumian rentrera, confia-t-il au répondeur, dites-lui d'aller se faire voir. »
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Timothy leva les yeux vers l'océan profond du ciel, essayant d'apercevoir la Terre, la guerre, les villes en ruine, les hommes qui s'entretuaient depuis sa naissance. Mais il ne vit rien. La guerre était aussi lointaine et invisible que deux mouches se battant à mort sur la vouste d'une vaste cathédrale silencieuse. Et aussi absurde.
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Une guerre allait éclater sur la Terre. [...]
« Je n'arrive pas à y croire, dit le commerçant.
- C'est parce que vous n'êtes pas là-bas », dit Père Peregrine, qui s'était arrêté en chemin pour passer un moment.
« Qu'est-ce que vous voulez dire, mon Père ?
- C'est comme quand j'étais gosse. On entendait parler de guerres en Asie. Mais on n'arrivait pas à y croire. C'était trop loin. Et il y avait trop de monde qui mourait. C'était impossible. Même en voyant les reportages filmés, on n'y croyait pas. Eh bien, aujourd'hui c'est la même chose. La Terre est notre Asie. Tellement loin qu'on n'arrive pas à y croire. Elle n'existe pas. On ne peut pas la toucher. On ne peut même pas la voir. Tout ce qu'on voit, c'est une lumière verte. Deux milliards de personnes vivraient sur cette lumière ? Incroyable ! La guerre ? On n'entend même pas les explosions !
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« J'ai toujours voulu voir un Martien, dit Michael. Où ils sont, p'pa ? Tu avais promis.
- Les voilà », dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas.
Les Martiens étaient là. Timothy se mit à frissonner.
Les Martiens étaient là - dans le canal - réfléchis dans l'eau. Timothy, Michael, Robert, papa et maman.
Les Martiens leur retournèrent leurs regards durant un long, long moment de silence dans les rides de l'eau...
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