Ah, je kiffe Bradbury, j'ai une affinité particulière avec son style, je crois bien.
C'est assez récent, j'avoue. C'est depuis que j'ai lu son excellentissime "La foire des ténèbres", en fait, qui m'a touchée droit au coeur avec une justesse et une poésie (dans l'horreur) assez incroyables.
Ici, j'ai tout aimé ou presque. La seule nouvelle qui m'a échappé c'est "Mademoiselle Vif-Argent" ; je subodore un truc profond avec l'histoire du double, mais c'est trop subtil pour moi, ou alors il a raté son coup, possible aussi vu que, chez mes amis de lecture commune, elle n'a pas été appréciée non plus. Bref, celle-là, elle m'a laissé de marbre, je n'ai rien éprouvé du tout à sa lecture, à part, peut-être, un gros "WTF" dans une bulle au dessus de ma tête à la fin, comme dit BazaR. Mdr !
Pour toutes les autres, j'ai beaucoup aimé.
L'histoire complètement dingue et surréaliste du "Doktor", voire kafkaïenne (Cf BazaR encore sur ma citation), m'a bien fait rire, j'ai adoré.
"Pas-vu-pas-pris" : Très lovecraftienne, celle-là, ambiance glauque et mystérieuse à souhaits, avec la possibilité pour le lecteur de croire ce qu'il veut, finalement. J'ai beaucoup aimé aussi, même si je l'ai trouvée trop courte.
"Meurtres en douceur", excellentissime d'humour noir. M'a grandement rappelé une pièce "culte" à la maison, "Le noir te va si bien", que mes enfants connaissent par coeur, avec Jean le Poulain et Maria Pacôme, et oui, ça ne date pas d'hier, mais l'excellent n'a pas d'âge. Formidable ! (d'ailleurs je pense que l'auteur anglais de la pièce, Saul O'Hara, s'est grandement inspiré de cette nouvelle, car il y a des situations quasi identiques !!! Oo). Un bon moment de rigolade.
"L'échange", enfin, très poétique, onirique même, m'a beaucoup touchée tant je me suis reconnue dans son héros, même si je n'ai pas vécu ni lu les mêmes choses que lui.
Pour moi, c'était presque un sans-fautes, et je suis passée à deux doigts du coup de coeur.
Après c'est normal qu'on n'accroche pas à tout dans un bouquin de nouvelles. En ce qui me concerne, nul doute que je lirai d'autre "Ray", d'ailleurs j'en ai quelques-uns sous le coude...
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Cet homme n’est autre, me disais-je, qu’un mari, oscillant entre travail et domicile, ville et banlieue, un amant, un employé, un consommateur de déjeuner sur le pouce, habitué à jongler avec les horaires, les somnifères, les tranquillisants, les comptes bancaires et les budgets.
(Folio 2 €, p.70)
Une femme suspendue dans les airs... une déesse engendrée par le grand amour dans l'esprit de chaque homme et dont les pieds délicats ne devaient pas toucher terre. il fallait la laisser sur son invisible piédestal. Regardez-ça ! Attention ! Ah, surtout qu'on ne me dise pas comment c'est fait ! Que c'est beau de la voir flotter ainsi, cette femme...
("Mademoiselle Vif-Argent")
"C'est agréable, n'est-ce pas ? Fit-elle. De nos jours... beaucoup trop éclairées, les bibliothèques. Il doit y avoir des zones d'ombre, vous ne croyez pas ? Un peu de mystère, quoi. Afin que le soir tard, les animaux sauvages puissent sortir rôder entre les piles de livres et, tapis auprès de cette lumière-jungle, tourner les pages en soufflant dessus. Vous me prenez pour une folle ?
Vous avez déjà flairé un livre neuf? La reliure, les pages, les caractères... C'est comme l'odeur du pain frais quand on a faim.
- Vous ai-je jamais menti ? (Von Seyfertitz)
- Bien souvent ! (Je, le narrateur)
- Bon, a-t-il répliqué en haussant les épaules, mais ce n'était pas sérieux.
(Dans "Unterderseaboat Doktor")
Chronique de Nyx Pathfinder consacrée à "L'arbre d'Halloween" de Ray Bradbury