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Critiques de Rémi Mathieu (8)
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Le classique des poèmes

Un petit livre pour aborder la poésie classique chinoise et ce qui est, au Pays du soleil couchant, le plus grand de ses recueils, le Shijing ou le Classique des poèmes.



Dans cette anthologie qui regroupe 305 poèmes qui remontent pour les plus anciens d'entre eux jusqu'au Xème siècle av. J.C. et pour les plus récents aux VIième et Vème siècles av. J.C, on retrouve un ensemble assez disparate de chants anonymes aux origines très différentes.



Le Shijing a été compilé par Confucius, à une époque où la Chine n'était constituée que de nombreuses principautés, où elle n'était pas encore unifiée (elle ne le sera qu'au IIIème siècle av. J.C.). Les territoires sont à cette époque formés d'une grande diversité ethnique, linguistique mais aussi culturelle et religieuse. Au travers de cette variété de sociétés s'impose pourtant des normes d'écriture des poèmes. Chants populaires issus de la paysannerie ou stances créées dans l'élite princière et royale, la plupart d'entre eux sont composés de vers quadrisyllabiques où seul varie le nombre de strophes :





« LA PUÉRAIRE CROÎT -



Sur l'épineux croît la puéraire ;

Au champ s'étend l'ampélopsis.

S'en est allé mon bel ami ;

Aujourd'hui, qui reste avec moi, solitaire ?



Sur la ronce croît la puéraire ;

Sur les tombes l'ampélopsis.

S'en est allé mon bel ami ;

Désormais, qui m'offre un repos, solitaire ?



Élégant oreiller de corne,

Brillant brocart de couverture !

S'en est allé mon bel ami ;

À l'aube, qui est près de moi, solitaire ?



Après les longs jours de l'été,

Après les longues nuits brumales,

De cent années de longue attente,

J'irai dormir dans sa demeure.



Après les longues nuits brumales,

Après les longs jours de l'été,

De cent années de longue attente,

J'irai dormir en son tombeau. »





La plupart des poèmes du Shijing sont des chants amoureux dans lesquels le sujet (homme ou femme, individu ou groupe) se désole de l'absence de l'être aimé, se réjouit de sa venue prochaine ou l'accable de reproches pour son indifférence... En contrepoint et de manière subtile, les poèmes intègrent la nature immuable et le temps qui passe.





« LA BARQUE DE CYPRÈS -



La barque de cyprès ballotte,

Ballotte au gré de ce courant.

L'esprit troublé, je ne dors point,

Comme assaillie de sombres peines.

Non que je manque de bon vin,

Pour flâner et pour divaguer...



Mais mon coeur n'est pas un miroir :

Je ne peux rien y deviner.

Mes frères aînés et cadets,

Je ne peux les solliciter.

Si je leur livre mes pensées,

Je vais leur colère susciter.



Mais mon coeur n'est pas un rocher :

Je ne peux pas le déplacer.

Mon coeur n'est pas natte roulée :

Je ne peux pas le déplier.

Mon maintien digne et gracieux

Je ne peux y renoncer.



Mon triste coeur est accablé,

Des gens médiocres me harcèlent.

J'en ai souffert bien des affronts

Et supporté nombre d'insultes.

En silence je pense à lui,

À mon réveil frappant mon sein.



Pourquoi le soleil et la lune

Alternent-ils donc leur clarté ?

La mélancolie de mon coeur

Colle comme chemise sale.

En silence je pense à lui,

Mais ne peux voler loin d'ici. »





À côté de la récurrence de leurs thèmes et de leur forme, la grande composante de ces poèmes anciens, est la part accordée aux rythmes et aux sons (aux rimes parfois aussi). Comme un travail sur le motif, les auteurs comme les chanteurs et les récitants observent de très près cette règle. Si la part rythmique des poèmes transparaît bien dans le livre, la sonorité peine à se frayer un chemin jusqu'à nous, malgré le travail considérable de traduction. Certains des termes anciens restent aujourd'hui encore intraduisibles.



« LES GRILLONS



Les grillons gîtent dans les salles,

L'année bientôt touche à sa fin.

Si nous ne jouissons de l'instant,

Jours et mois s'enfuiront bien vite !

Mais ne passons pas la mesure,

Pensons aux tâches d'intérieur.

Aimons les plaisirs sans excès :

Un sage est toujours vigilant !



Les grillons gîtent dans les salles,

L'année bientôt va trépasser.

Si nous ne jouissons de l'instant,

Jours et mois s'éloigneront vite !

Mais ne passons pas la mesure,

Pensons aux tâches d'extérieur.

Aimons les plaisirs sans excès :

Un sage est toujours avisé !



Les grillons gîtent dans les salles,

Nos charrettes sont au repos.

Si nous ne jouissons de l'instant,

Jours et mois s'écouleront vite !

Mais ne passons pas la mesure,

Pensons aux possibles tracas.

Aimons les plaisirs sans excès :

Un sage est toujours réfléchi ! »





Traduit, présenté et annoté par Rémi Mathieu, grand sinologue, chercheur au CNRS et enseignant à Paris VII, ce petit livre en édition bilingue est une très belle porte d'entrée dans la poésie classique chinoise et au Shijing.

Bien que ce volume ne rassemble que 49 des 305 poèmes que contient le Shijing, il est le témoignage vivant que la poésie, à une époque où la société était profondément hiérarchisée et traversée de tensions et de soubresauts, était un espace de liberté dans lequel chacun pouvait se retrouver et imaginer l'harmonie d'un autre monde.

Une lecture précieuse.



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Anthologie de la poésie chinoise

Quatre ans pour lire ce volume, quatre ans que je le compulse, que je lis et relis ces poèmes, en progressant petit à petit dans les époques, puisque je l'ai lu bien sagement dans l'ordre chronologique !

Que critiquer dans cet ouvrage ? Je ne suis pas sinologue, résumer 1200 pages de poésie s'étalant sur 3000 ans serait un peu présomptueux...

C'est une bible, un recueil unique en langue française et donc précieux pour se plonger dans les différents styles de poésie chinoise.

On y découvre des styles variés, des règles qui évoluent, des modes qui vivent et meurent, puis ressuscitent, et en filigrane la société chinoise qui évolue, elle aussi...

A ce titre la dernière période est très instructive, même si à titre personnel c'est plus la poésie classique qui m'a plu, avec sa nature, ses réflexions simples mais magnifiques, empreintent de spiritualité...
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L'Eclat de la pivoine

Ce livre m'a un peu laissé sur ma faim, même si au final il apparaît comme une bonne introduction à la civilisation chinoise et aux relations entre Chine et Occident.

Éminent sinologue, Rémi Mathieu est notamment traducteur et éditeur du volume des Philosophes confucianistes dans la Pléiade et traducteur du Tao te King.

Son livre parcourt de nombreux aspects de la civilisation chinoise, depuis la philosophie et la littérature jusqu'à la démographie et la politique. Il esquisse l'histoire de sa réception en Occident, ainsi que la façon dont la Chine se projette à l'extérieur et dont l'étranger est perçu en Chine. On y croise ainsi Paul Claudel, Victor Segalen et Henri Michaux. Mais à vouloir parler de tous ces sujets dans un espace réduit, l'auteur ne fait qu'en survoler la plupart. La principale vertu de cette méthode est que l'on a envie de lire d'autres choses pour en savoir plus, mais on reste un peu insatisfait du livre lui-même. Il reste que l'information est solide et dresse des perspectives intéressantes. Mais la partie actualité d'un livre de 2012 est vite dépassée en raison de l'évolution rapide de notre monde.
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Anthologie de la poésie chinoise

Cette anthologie est (presque) aussi longue que la muraille de Chine.



Mais dans l'esprit du Tao, si présent dans la poésie chinoise, ce n'est pas tant l'étape finale, indéterminée, qui importe que le chemin, où se nouent les flux.

Plusieurs années de lecture, qui du reste n'est jamais vraiment achevée, comment pourrait-elle l'être ?

Une lecture au long cours, un chemin sinueux en lacets dont on ne lasse jamais. Deux pas en avant pour découvrir de nouveaux poèmes, trois pas sur le côté pour en relire d'autres, des escapades pour s'attarder sur un auteur dont on a trouvé une oeuvre intégrale.

Objectivement les prix imposés par Gallimard pour les ouvrages pour la collection de la Pleiade sont excessifs, mais là au cas présent cela n'a rien de scandaleux. Beaucoup, sans doute la majorité de ces poèmes, sont sûrement très difficiles à trouver, même dans une librairie spécialisée.

Remi Mathieu a ainsi intégré quelques voix de femme, peut-être plus sobres mais qui ont toute leur place dans un ouvrage de cette nature pour l'embellir davantage encore.



Il y a bien sur toutes les « icônes » légendaires des dynasties Tang et Song mais aussi une multitude de plumes inspirées, dès la période antique, où on écrivait sur des tiges de bambou.



La poésie a toujours occupé une place privilégiée dans la société chinoise, dignitaires, empereurs de Cao Cao à Mao ont calligraphié.



Nombre de ces poètes n'étaient pas de « simples » poètes mais s'illustraient par d'autres talents comme la peinture, tel Wang Wei  ; ils ont souvent bénéficié de statuts privilégiés au plus haut niveau, avant de connaître une vie retirée, volontairement ou non, un peu comme si après avoir vécu dans le confucianisme, ils privilégiaient le Tao.



« Tout le monde a une passion invétérée,

La mienne consiste à aimer composer.

Les dix mille attachements ont disparu ;

(...)

Parfois, quand j'écris un nouveau poème,

Je monte seul au pic de l'est par le sentier.

M'appuyant sur un rocher blanc escarpé,

M'aggripant d'une main à un cannelier vert,

Je surprends les ravins en chantant fort ;

Gibbons et oiseaux se cachent pour m‘épier.

En ce moment, je crains d'être ridiculisé ;

Alors je viens en cet endroit retiré.»

(« Seul dans la montagne je récite des poèmes »- Bai Joyi p. 461)



Leurs mots conjuguent par conséquent grandeur, ivresse, humilité, l'intimité avec la Nature.



« Eaux du fleuve et de la mer se joignent au printemps ;

Avec la marée, la lune brillante surgit sur la mer.

Sur des milliers de lis, son éclat suit les vagues ;

Sur le fleuve printanier, il n'est d'éclat que lunaire.

Le fleuve sinueux ondule parmi les champs parfumés ;

Le clair de lune inonde les fleurs et les arbres de grésil.

On ne perçoit pas la blanche gelée qui vole dans le ciel ;

On ne voit plus le sable blanc répandu sur les îles.

Fleuve et ciel d'une seule couleur, sans aucune poussière,

Seul dans le ciel, le disque lunaire d'un blanc immaculé.

Sur les rives du fleuve , quel homme l'a vue le premier ?

Depuis quand sur le fleuve la Lune a t-elle éclairé l'humanité ?

Génération après génération, la vie continue à se perpétuer ;

Les années passent, la Lune du fleuve ignore le changement.

On ne sait pas pour qui la Lune sur le fleuve s'attarde ;

On ne voit que le long fleuve escorter le courant.

Un fragment de nuage blanc s'éloigne tranquillement ; (...)

(« Sur le fleuve au printemps, nuit de fleurs et de Lune »- Zhang Ruoxu p. 332)



Le désir , les troubles de la sensualité apparaissent en « ombre chinoise » enveloppés dans une ambiance bucolique délicate.



« Parc au soleil levant, calme, nulle brise ;

Dans les cristaux de brume, fleurs éclosent partout semblables,

Je me souviens : dans le palais profond des Talents assemblés,

Une danseuse ajustait dans ses cheveux les épingles de jade. »

(« Cristaux de brume » p. 576 Zeng Gong p. 576)



« (...) Je me souviens encore d'anciens récits au fond des palais :

Cette belle endormie

Aux verts sourcils papillons que frôle une fleur ;

Ne sois pas comme le vent du printemps,

Insensible à la grâce,

Prépare lui plutôt des maintenant une chambre dorée.

Car si tu laisses ses pétales partir au gré des vagues,

Vite tu te plaindras des airs tristes modulés par le dragon de jade,

Et si tu attends trop de retrouver cette obscure senteur,

Elle sera déjà enfermée dans le large lavis près de la petite croisée. »

(« Ombres trouées de lumière » Jiang Kui p. 738)



Mais même s'il s'agit de figures de styles récurrentes les poètes n'ont pas seulement célébré la grâce des fleurs de lotus, l'intimité des clairs de Lune, l'onirisme des paysages karstiques.



Le vin est souvent un compagnon :



« Lune cruche de vin parmi les fleurs ;

Sans aucun de mes proches, seul je bois.

Je lève ma coupe pour inviter la Lune ;

Avec mon ombre nous sommes trois.

Évidemment, la Lune ne sait pas boire ; (...)

Trois coupes : on se lie au Grand Dao ;

Plus encore ; on se fond dans la Nature.

Si vous saisissez la signification du vin,

Ne le révélez pas aux sobres gens »

(« Libation solitaire sous la Lune »-Li Bai- p. 380)



Et ces vers trouvent un écho sept siècles plus tard, en forme d'hommage, à l'éternité du lyrisme poétique.



« Il y avait déjà une Lune avant Li Bai

Mais seul Li Bai sut la célébrer de ses vers.

Combien de fois la Lune a t-elle cru et décru

Depuis que Li Bai est au pays des immortels ? "

(« Chant du buveur face à la Lune » Tang Yin p. 900)



Cette ivresse est également chantée par des poétesses, signe de la vivacité de cette pratique.



« Feuilles rouges répandues :dragon de feu laisse tomber ses écailles ; (...)

Tant que vous ne serez pas fin soul, hé ! Sur votre cheval nous ne vous hisserons pas ! »

(« Feuilles rouges répandues »-Yifeur p. 869)



La pauvreté, la précarité de la condition humaine, l'exil, la solitude sont des sources d'inspiration en résurgence.



« (...) Les monts et les marais s'enchaînent l'un à l'autre

La lande et les forêts s'étendent sans limite.

J'entends feuler un tigre au fonds d'une vallée

Et un faisant crier tout en haut de son arbre.

Un vent désolé souffle au profond de la nuit

Une bête esseulée traverse mon chemin.

Mon coeur s'émeut au spectacle des choses

Et mes sombres pensées s'emmêlent et se nouent.

Je me retourne alors vers le pays natal,

Mais ne voit que mon ombre et je pleure sur moi. (…)  »

(« Sur la route de Luoyang » Lu Ji p. 209)



Tristesse aussi de la femme asservie



« J'étais autrefois la perle sous la main.

De mes parents : aujourd'hui, ne sais comment, atterrie à Pingkang.

Devant les gens faisant l'enjouée et la coquette,

Mille rangs de larmes par derrière.

Trois printemps qu'en ces terres du Sud je bamboche et ribaude,

Pas une seule chose dont les autres ne soient maîtres à ma place.

Inconsolable.

N'y aura t-il pas quelque part dix setiers de perles,

Dont on pourrait racheter nuage ? »

(« J'étais autrefois la perle sous la main... » Zhenzhen p. 823)



Chacune, ou presque, des 1 295 pages de l'ouvrage offrent des émotions sidérantes.

Et ce qui le rend aussi si attachant, en tout cas de mon point de vue, c'est cette étonnante proximité ressentie en dépit de la distance du temps et de l'espace, qui en principe séparent ces poètes du lecteur occidental contemporain.

Et pourtant ne serait-ce que formellement, même pour nombre d'oeuvres écrites il y a plus de mille ans, l'expression apparaît singulièrement « moderne ».

Naturellement, l'écran de la traduction impose fatalement, en principe, une altération préjudiciable des textes. le passage de la calligraphie, qui offre une verticalité, (par exemple, l'homme- « ren » 人- devient subtilement, « naturellement » ciel-tian 天) à l'écriture occidentale, horizontale, plate, mutile la Beauté du texte. Mais en dépit de ce problème ces oeuvres sont magnifiques.



La lecture de cette anthologie constitue incontestablement un véritable défi, mais loin d'être insurmontable tant le lecteur est « récompensé » page après page.
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Le taoïsme

Voici un petit livre (126 pages) qui n'a pas d'autre ambition que de brosser le panorama d'une « galaxie de pensée » que beaucoup de Français perçoivent souvent encore d'une manière bien fantasmatique.



D‘abord, il est bon de rappeler (ce qu'omet curieusement Rémi Mathieu) que le terme de « taoïsme » n'existe pas en chinois classique. En effet, en chinois, pas de isme (zhuyi 主義) avant le XXe siècle et le décalque des notions européennes. « Taoïsme » est rendu en chinois par au moins quatre termes qu'il est bon de distinguer : Daojia (道家, École du Dao), terme forgé par l'historien Sima Qian (司馬遷, 145-86) dans son Shiji (史記, Annales du Secrétaire), qui permet de catégoriser bibliographiquement l'une des six écoles de penser de l'Antiquité et leurs auteurs paradigmatiques (Lao Zi et Zhuang Zi) ; Huanglao (黃老, mot forgé à partir de la figure de Huangdi [黃帝, l'Empereur Jaune] et de Lao Zi [老子]), qui est un courant du début des Han (前漢, -206/+8) légitimant l'ordre politique par le biais d'un naturalisme social, comme le fera en Chine la plupart des pensées du pouvoir despotique ; Daojiao (道教, religion taoïste), qu'on peut dater symboliquement de + 142, lorsque Zhang Daoling (張道陵, mort en 157), après une vision, fonde la Voie des Cinq boisseaux de riz (Wudoumidao 五斗米道) et devient le premier des « Maîtres célestes » (Tianshi 天師), le premier patriarche de la lignée d'un mouvement, qu'à la suite des spécialistes, ont peut dorénavant nommer religion (avec diverses pratiques plus ou moins ésotériques : rituel, exorcisme, méditation, diététique, sexologie, alchimie, quête d'immortalité, monachisme, etc., selon les différentes écoles qui vont naître par la suite) ; Laozhuang (老莊, concrétion de Lao Zi et Zhuang Zi) qui est l'aspect commentarial et herméneutique de cette quadripartition (c'est à la fin des Han et durant la partition du Moyen Âge qu'on voit fleurir cette approche néo-taoïste des textes fondateurs ; les prémices en sont Wang Bi [王弼, 226-249], le premier commentateur important du Laozi, et Guo Xiang [郭象, 252-312], celui du Zhuangzi ; ces deux commentaires inauguraux, auxquels feront suite beaucoup d'autres, sont toujours cités dans les éditions modernes comme des références par leur brio hautement philosophique). Le « Taoïsme » n'est donc pas univoque. Pour se rendre compte, par exemple, de l'extrême polysémie de la notion de Dao (道) dans l'Antiquité, on peut se reporter en chinois au Guxun huizuan (故訓匯纂, Corpus de gloses anciennes) qui fournit 307 nuances dans les textes antiques (Beijing, Shangwu yinshuguan 商務印書館, pages 4298-4304, 2007 [2003]).



Malgré ses belles qualités de clarté et de concision, l'opuscule de Rémi Mathieu ne permet évidemment pas de tout évoquer. On aurait aimé cependant qu'au moins une page soit consacrée au Canon Taoïste (Daozang 道藏), collection d'environ 1 500 ouvrages qui rassemble tous les textes (sur plus de deux millénaires) de ce que nous avons appelé en commençant une « galaxie de pensée ». Enfin, à la bibliographie succincte de la fin du volume (qui ne reprend pas tous les ouvrages cités dans le corps du texte), il faut impérativement rajouter les trois titres suivants :

- Anna Seidel : Chronicle of Taoist Studies in the West 1950-1990 (« Cahiers d'Extrême-Asie », n° 5, pages 223-347, 1990).

- Livia Kohn (dir.) : Daoism handbook (Leiden, Brill, 2000). 914 pages.

- Franciscus Verellen & Kristofer Schipper (dir.) : The Taoist Canon : A Historical Companion to the Daozang (Chicago, The University of Chicago Press, 2004). 3 volumes. 1637 pages.



Pour terminer, signalons que l'auteur est en train de préparer une nouvelle édition dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade (chez Gallimard), du tome 1 des « Philosophes taoïstes ». Elle remplacera (enfin !) celle coordonnée par René Étiemble en 1980 et qui était déjà périmée… à sa date de parution ! A paraître en 2022 ?

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Anthologie de la poésie chinoise

Même si le texte chinois en regard aurait été bienvenu (comme dans toutes les autres anthologies de poésie de la Pléiade), cela reste une excellente anthologie, très large dans ses choix de poèmes et très diverses dans ses approches de la traduction. La section consacrée à la dynastie des Song est particulièrement réussie. Dans l'ensemble, l'anthologie offre une magnifique promenade dans un territoire poétique encore assez méconnu, quoique immense et renversant.
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Le taoïsme

Livre décevant. Celui ci n’explique que très vaguement ce qu’est le taoïsme. Il s’agit surtout d’une compilation de dates, d’auteurs, de penseurs. On ne peut même pas parler d’histoire puisque ce n’est pas comme cela qu’on fait de l’histoire. Je n’ai rien appris sur le taoïsme. Ce livre devrait plutôt s’appeler « histoire du taoïsme », ce serait plus conforme au contenu. Aucun intérêt pour qui s’intéresse à la philosophie du taoïsme.
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L'Eclat de la pivoine

J'ai lu L'éclat de la pivoine - Comment entendre la Chine de Rémi Mathieu sinologue réputé pour ses traductions savantes de textes anciens confucianistes et taoistes. Il cherche à expliquer pour un vaste public les différences culturelles entre la Chine et l'Europe et l'incompréhension qui a presque toujours existé entre les deux. Au moment où le développement économique de la Chine commence à provoquer çà et là une sinophobie primaire, c'est certainement bien venu.



La fresque est ambitieuse, mais je ne suis pas sûr que le résultat soit atteint. Il reste, à mon avis, trop marqué par sa méthode universitaire d'approfondissement de problèmes ponctuelles et limités. Même en juxtaposant de nombreux éléments provenant de ses propres recherches ou de celles de collègues émérites, cela ne suffit pas à donner un exposé convainquant de ces fameuses différences culturelles.
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