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Citations de René Boylesve (38)


- Vous glorifiez sans lassitude l'amant ! Mais l'exalatation perpétuelle de l'amant est une honte pour la littérature. Je sias bien que jamais vous n'obtiendrez que l'humanité se défasse d'une forte et secrète complaisance envers toutes les choses de l'amour. Elle sera donc également indulgente aux acteurs de 'lamour quels qu'ils soient. Il n'en est pas moins vrai que 'lartiste, le poète, dont la mission est de donner des exemples de beauté, devra s'abstenir de nous exhiber le spectacle de la passion amoureuse, c'est-à-dire le cas où l'homme se ravale à plaisir au niveau d ela bête, devient inintelligent, obtus, fermé à l'univers entier, prêt à toutes les bassesses, à toutes les trahisons, aux crimes les plus dégradants, dans le seul but de se vautrer sur une créature, de se perdre, de s'anéantir, soi, sa personnalité, son avenir, dans un être dont la séduction se fane dans le temps même qu'elle vous fait pâmer !...
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Que Gérard fût fidèle, en effet, cela pouvait contrister les femmes intéressées à ce qu'il ne le fût pas, au moins à sa maîtresse, mais cela, au contraire, plaisait à une jeune fille.
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Et Mlle Cloque restait seule. S’il était encore de bonne heure, elle prenait sur une petite étagère un livre de dévotion ou quelque ouvrage du grand homme qui avait été le culte de sa vie Atala, René, ou les Mémoires d’Outre-Tombe ; et elle s’asseyait à sa fenêtre dans un fauteuil de cretonne imprimée, pareil aux tentures de la chambre. Les larges feuilles d’un catalpa haut comme la maison se balançaient doucement sous ses yeux, presque au ras de la fenêtre ; et, selon les caprices de l’air, elle apercevait, entre les branches, une petite fontaine située au milieu de la cour du locataire voisin. Cette fontaine à double vasque de bronze, coulait nuit et jour, et son maigre murmure monotone avait souvent flatté les rêves et l’imagination facile de celle qui, à quinze ans, se jetait aux pieds d’un poète. Elle s’efforçait de faire abstraction du bruit du savetier de la rue de la Bourde, de celui des plombiers de la rue de l’Arsenal et des gémissements d’une scierie mécanique que l’on entendait à certaines heures ; et la chute régulière et rafraîchissante des gouttelettes dans le bassin lui évoquait des images du Jourdain où René s’était baissé puiser une bouteille d’eau, ou bien la transportait au pays d’Atala.
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Il y a quelque chose d'indécent à parler politique de nos jours : on se rue sur ce sujet avec tant de frénésie qu'on dirait qu'on satisfait ses instincts les plus bas. Il ne faut pas laisser causer politique, à dîner, ou dans un salon, quand les femmes s'en mêlent. On comprend, à les voir, le rôle qu'elles jouent dans les Révolutions
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La recette du Succès a été donnée par Voltaire. C'est, je crois, dans une lettre où il dit que la fortune de Dante est remarquable parce que l'oeuvre de ce poère n'est à peu près lisible par personne, mais que deux ou trois vers de lui sont dans toutes les mémoires.
Si vous voulez atteindre le Succés - j'entends le Succès de bon aloi - il convient d'édifier patiemment une oeuvre inextricable ou obscure, mais parsemée de quelques pensées ou au besoin de mots qui puissent paraître suggérer des dessous profonds. On ne retiendra que ceux-ci, mais ils passeront de bouche en bouche; on dira que le reste est douteux, mais le reste sera interprété à la faveur des trois pensées ou des trois mots; et précisément parce qu'on ne les comprend pas, il se trouvera quelqu'un pour affirmer qu'il est sublime, et le mot de génie - que l'on refuse ordinairement à l'auteur d'une langue claire - sera prononcé.
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Un bégaiement de la volonté, s’il est permis d’exprimer ainsi l’incapacité de se décider à quoi que ce soit.
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L'intelligence ne consiste pas à avoir appris beaucoup, mais à être apte à tout deviner.
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- Méfiez-vous, dit le baron ; c'est une poupée intelligente.
- Qu'est-ce qu'elle sait déjà ? demanda Jacquette.
- Rien du tout...
- Alors, pourquoi dites-vous qu'elle est intelligente ?
- L'intelligence ne consiste pas à avoir appris beaucoup, mais à être apte à tout deviner.
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A ne pas lire si l'on veut rester en bons termes avec Boylesves, auteur génial qui signe ici le moins réussi de ses livres (le style est parait-il celui de son éditeur, mais l'excuse est un peu courte).
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Pendant ce temps-là, le marquis cherchait sa femme, car il était demeuré, lui, étranger aux componctions des neuvaines, et il convoitait sans cesse plus vivement sa chair fine. Au surplus, il envoyait au diable moines, moinillons et moineries.
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Le terrible capucin foudroya la débauche et les plaisirs illégitimes. Il ne faisait pas longtemps beaucoup de bruit, car sa voix, aussitôt éraillée, se réduisait à un souffle, mais qui semblait venir du ciel même, par une petite fissure ; et ce chuchotement divin, dans les ténèbres de l'oratoire, pour les âmes de bonne volonté, était plus terrifiant que le tonnerre.
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" Je suis content ", dit-il, "d'avoir décidé de donner à ma filleule une poupée, car j'estime que la figure de carton peinturluré qui est enfermée là-dedans sera plus profitable à cette enfant que quatre demoiselles de Quinconas. Ce qu'il faut à Jacquette, ce n'est pas un précepteur, c'est une amie, ou, à défaut, une bonne, mais à qui elle puisse parler à cœur ouvert. La femme demande à épancher ses petites affaires de tête et de cœur, et elle ne s'ouvre qu'à quelqu'un qu'elle sent inférieur ou tout au plus égal à elle. C'est à cette condition qu'elle ne ment point. Inutile, lorsque nous parlons, qu'on nous écoute et nous réponde : que l'on ait l'air de nous entendre, et nous voilà bien à notre aise. Nous sommes assurés, malheureusement, à partir d'un certain âge, que les poupées ne nous entendent point : c'est pourquoi nous les délaissons. Mais ma filleule ne sait pas cela encore ; elle formulera devant cette figure complaisantes ses impressions et sa pensée ; elle apprendra par là qu'elle a des impressions et une pensée ; autrement dit, elle prendra conscience de soi, ce qui nous est facilité par la magie quasi miraculeuse des mots. Car, contrairement à beaucoup d'esprits distingués, je suis enclin à croire que rien n'existe, même au noyau de notre cœur, tant qu'un bon terme ajusté comme un gant ne l'habille. "
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Le marquis Foulques haïssait les figures ingrates et décrépites ; il les prétendait néfastes à la jeunesse et, pour rien au monde n'eût consenti à ce qu'une d'elles respirât au chevet de sa fille. C'est pourquoi il avait tout d'abord froncé le sourcil un peu plus longuement qu'à l'ordinaire, au seul mot de gouvernante.
" - Ma fille, dit-il, ne sera pas élevée par une duègne. Ces vieilles sottes inculquent à l'enfance des idées d'un autre âge ; elles ont des manies invétérées et l'obstination des mules, sans compter qu'il leur arrive fréquemment de répandre une aigre odeur."
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Avertir un garçon de nos jours !... Mais ils n’en croient que leurs yeux...
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Les exemples du monde et la philosophie sont peu de chose au prix d' une gouttelette de beau sang
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Qu' on l' appelle diable ou bien l' amour,il est le même en tous pays, en toutes langues ; honni ici, adoré là, il se plaît ici comme là ; audacieux et charmant, il se rit des hommes et des dieux, car il se sait leur maître.
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On a beau faire pour garantir l' innocence d' une jeune fille ; entassez
gouvernantes, murs de clôture, in−folio édifiants, voire curés et capucins, le démon subtil de l' amour est partout, s' infiltre en tout lieu ; et, à s' acharner à détourner de lui nos enfants, on perd son temps et sa peine ; autant leur dire : jusqu' à vingt ans, mes petits, bouchez−vous les yeux à l' aide de vos deux poings;il ne faut pas connaître la lumière !
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Quand un jeune homme est amoureux, −à moins que ce ne soit d' une jeune fille à marier, − il devient indécent, fût−il le mieux élevé du monde, et a la rage de se promener tout nu : souviens−toi de la statuette de l' amour ! ...
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Celui qui fléchit le genou devant l' objet des désirs de son coeur et s' engage dans la voie des scrupules d' amour s' expose aux pires douleurs.
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L' amour ne sourit qu' allié à l' audace.
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