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Citations de Richard Bohringer (349)


Ma page blanche je te mets à plat sous ma main et puis j’écris oiseaux fleurs. J’ajoute rouge, bleu. A l’autre bout de la ligne après le noir de couloir, je fais tomber étincelant à côté de drapés avec des plis dorés. Je fais tomber un drapé étincelant avec des plis dorés.
Je fais des vagues avec les mots de la phrase et puis je finis avec le mot bateau en pensant à légèrement ivre.
J’arrête et je regarde dans la rue.
Nous serons deux sur le bateau. Ou bien je serai seul à essayer de t’oublier.
J’écris sa main sur la nappe blanche, une main blonde appuyée légèrement sur la paume et le bout des doigts, immobile, juste avec le coeur qui bat et le verre de vin blanc embué dans la lumière d’une huître désespérée.
Voyageur immobile à l’imagination fertile. Grands hôtels vides à l’heure des grandes marées. Inoubliable silhouette d’un corps heureux sous un pan éblouissant de soleil d’été.
[p135/136].
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Vie je veux plonger encore en toi. Je veux m’embraser d’innocence et de matin qui divague. Vie je veux plonger encore en toi avec ma femme. Et puis mes enfants et puis tous ceux qui voudront m’aimer, que j’aime déjà. Vie je te veux. Je t’ai toujours voulue. J’avais pas le mode d’emploi. C’est pour ça que j’ai tant attendu. Pour te dire combien je t’aime. Comme si t’avais toujours eu ta place dans mon horizon. Mais comment faire pour t’aimer ? Vraiment t’aimer. Avec les temps et les instants où plus rien ne compte sinon le rire des enfants et le regard si clair de ma blonde. C’est un miracle de chaque jour comme des étés. La blonde je l’ai rencontrée tard, un peu plus qu’au quart quoi ! C’est la même fille que je voulais pour quand je serais grand. Ses yeux j’en ai rêvé dans le regard des autres. Son regard j’en ai rêvé dans les yeux des autres. Et le corps comme un sarment qui s’est arrondi doucement. Ses mains que je trouve bien belles. Tu vois comme les mains qui lavent le linge qui font des bons gâteaux pour les petits. C’est ma soeur. Je la connais depuis toujours. Et quelques zones d’ombre ne gâchent rien à l’affaire comme on dit. Chacun ses petits secrets on se les dit au hasard du temps.
[p127/128].
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Envie de revoir les vieux amis. Voir les yeux et l’amour. Laisser la nuit se passer autour de la table chaude, avec la lumière, faire la couleur du plus tendre des miels. Rire à notre passé avec quelques immobilités, pénétrer la pupille de l’ami, et puis revenir de l’autre côté.
Instants légers où les hommes se palpitent entièrement comme s’ils n’étaient que papilles gourmandes, affamés. Ivresse du son de la voix. Vaincre l’anonymat. Être sûr de rester à jamais dans le coeur de l’autre. Savoir enfin, qu’on ne l’a jamais quitté. Reprendre simplement les choses où on les avait laissées. Quel pied ! Quel tendre panard !
Voilà Paulo comment je suis revenu à la vie.
[p113].
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Je suis un enfant de Jimmy Endrix. Un peu ivre dans cette avenue tu peux comprendre pourquoi ce mec nous a fait planer. Ca swingue, ça bouge, ça ondoie, cette putain de Babylone. Le mélange de l’air avec les regards chargés de hasard, le noir qui devient une couleur, le noir qui devient vert et qui danse comme une gazelle, le noir qui devient rouge comme la sirène des pompiers qui volent, au coin, avec leurs casques qui leur font comme une crinière d’argent. Et puis la musique qui s’échappe. J’étais là où était née la musique que j’aimais.
[p97].
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Je me demande si cette fois je reviendrai.
Si je reviendrai dans la vie. Je vis dans du décolorant. Je me souviens des jours dorés. Je me souviens de l’ombre qui tremble. Je me souviens du pain, du café qui fume, des yeux clos, du soleil qui claque derrière le rideau. Du rire dans la maison claire, de l’âme qui s’envole au matin. Je me souviens de la peau, des doigts qui courent gros câlins. Je me souviens et tout revient. Nostalgie imbécile, quitte-moi donc cet après-midi. Laisse-moi souffler, me reposer. Je suis épuisé. Je voudrais vivre comme hier, avant ce jour maudit où quelque chose s’envola. Imperceptible absence. Vivre dans du décolorant est épuisant.
[p60].
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Après un moment, je pose le verre sur la table et je lui dis que je l’emmerde, qu’il n’est pas mon père. Il me regarde avec ses yeux vieux tweed délavé et il me dit : « Je voudrais bien ».
Je ne lui ai pas dit que ça tombait bien. Que j’étais d’accord. On s’est plus quittés pendant quelques années. Il m’engueulait. Et je me régalais. Je vivais mon père. Mon premier père.
[p51].
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Je passais des heures à les guetter dans les cressonnières et puis je me matais dans l’eau, avec un chapeau tout bleu qui venait du ciel, en me disant que j’étais un gentil garçon, et qu’un jour quelque chose ou quelqu’un me retirerait ce que j’avais là au milieu de la poitrine et qui m’écrasait.
Maman… maman !…
On m’a parlé de tes bras si doux. De cette chair qui sent bon les fleurs. Oh maman… ton fils se meurt… Je t’en prie, reconnais-moi. J’ai tant besoin de toi. Que faire de ma vie maintenant… Je n’aurai de cesse. Et si je meurs cette nuit, comment le sauras-tu ? Comment faire avant que je perde connaissance, avant que je plonge. Comment faire pour savoir que tu m’aimes, que tu regrettes et que te yeux pleurent ton fils maudit. J’étais fait pour chanter ta gloire. Il fallait calmer ma colère. J’étais un enfant de cafard. Sûrement pas un enfant de l’extase. Je faisais pleurer ma grand-mère en lui disant que j’avais rien à foutre de ma mère. Elle me répondait au milieu de ses larmes que je pouvais pas dire des choses comme ça, que je comprendrais plus tard.
Dommage, c’est beau je crois la famille.
Mais j’ai eu des chiens et des terrains vagues.
[p44/45].
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Paulo c’est un mec qui aime les belles choses. Pas dans le genre placard. Moi je mets plus de temps. Je suis plus lourd. Je peux aussi faire dans le genre romantique qui voudrait toutes les baiser.
J’aime pas ce mot. Je suis pas sûr de pouvoir leur donner de l’amour et ça m’écoeure. Je voudrais être tellement généreux. Un peu comme Paulo qui danse et qui voit le coup de chagrin dans mes mirettes. Son clin d’oeil vaut de l’or. Il vient de me rendre riche. Les mines du roi Salomon. Comme si le chagrin d’amour c’était normal. Que le pays était dur. Que la tâche était terrible et le voyage très long pour atteindre les rives d’un nouveau monde.
[p32].
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J'ai appris à écrire sous une tonnelle de roses blanches débouchant sur un potager fleuri où les verts acides des poireaux se mêlaient aux rouges anémiés des carottes trébuchantes. J'ai appris à écrire sous une tonnelle blanche la nuit, dans la silence , à la limite du cri, et mon coeur battait aux rythmes des mots que je jetais comme des paysages dont la flamboyance me laissait pantelant.
J’ai appris à ne plus écrire avec cette putain de drogue, à inventer chaque nuit une nouvelle histoire qui ne verrait jamais la vie. J’ai appris à mentir pour écrire, à me prendre pour un maudit, à tout dire pour qu’il ne me reste rien à écrire. Ecrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s’arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points.
Quand tu t’étonnes tu peux t’exclamer, c’est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.

p154-155.
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Je vivais dans deux cents à l'heure ma vie que je voulais romanesque. Impossible pourtant aujourd'hui de mettre de l'ordre dans ma mémoire mille éclairs mille nuits toutes pareilles pourtant mille petits matin avec le même chagrin, les bouts de bonheur. Les Mêmes odeurs. C'est important les odeurs pour la mémoire. C'est l'habit du visible.
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J 'ai fait ma petite scène avec lui qui se terminait par une gifle. Une gifle de Michel Simon, c'est une porte de placard que tu prends dans la gueule. Il a fallu recommencer une fois. On s'est quittés bons amis. J'avais la tête explosée. J'avais croisé un génie.
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Je suis devenu ami avec René Urtreger, pianiste bebop, pianiste tout court, un swing des phrases-cris magnifiques, et Maurice Vander,d'une folle élégance, fou de Schuman et de Schubert, esthète radical. Radical, mais si soyeuse sous ses doigts la musique de jazz. C'étaient deux musiciens éblouissants, deux hommes épatants.
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Richard Bohringer
Le Club Saint-Germain vibrait au son des plus grands musiciens de jazz du monde entier. Luigi me ramenait dans la nuit, la contrebasse allongée dans le break Citroën. Luigi adorait avoir l'humour descons. Les jazzmen ont beaucoup d'humour, celui qui grince et qui raconte la vie. Dexter Gordon, Eddy Louiss, René Urtreger, Maurice Vander, Bernard Lubat, Alby Cullaz.
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La route était mon domaine particulier, ma part d'espérance de faire exploser l'horizon un jour. Mais je ne serais jamais un champion.
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Je voulais la paix et le silence de ma colère.
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Il faut souvent beau avec toi. *

* à sa fille Romane.
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Elle porte au coin des yeux le gai du triste, comme étonnée que les oiseaux s'envolent.
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On est partis au bord de l'Oise comme on serait partis au Canada il y a deux cents ans. Avec le cœur qui a peur mais qui vibre du tonnerre de Dieu. Qui est plein de devant et plus rien de derrière qui vient salir l'instant.
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Je me serais assis au bord de l'eau. J'aurais préparé ma canne à pêche en prenant mon temps.
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Au bout de l'errance lumière d' été qui frissonne déjà d'odeurs d'automne
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