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Critiques de Richard Gaitet (36)
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Nicolas Mathieu, un écrivain au travail

120 pages d'entretien entre Nicolas Mathieu et Richard Gaitet, soit la transcription d'un podcast diffusé en 2020 sur ArteRadio et d'un échange de mails datant d'Avril 2022.



Nicolas Mathieu raconte brièvement les moments-clés de son existence qui ont contribué à faire de lui un écrivain exigeant, lauréat du Prix Goncourt à 40 ans en 2018, pour son deuxième roman "Leurs enfants après eux". Plutôt balèze.

Mais il décrit également son processus créatif, revient sur les auteurs qui l'ont marqué, ausculte ses trois romans et sa novella, et donne des conseils aux apprentis-écrivains ; il propose même un exercice d'écriture. Il aborde aussi les sujets qui l'indignent ou l'émeuvent, comme le grignotage du Code du Travail, le démantèlement de l'industrie, le phagocitage de l'Etat par la pensée managériale, ou le fameux effet "transfuge de classe" ressenti avant lui par Annie Ernaux.

J'ai beaucoup aimé la simplicité des échanges, la justesse et la profondeur des propos, tout ce qui finalement dresse le portrait d'un homme attachant et réfléchi, devenu le formidable auteur réaliste qu'il est dès lors qu'il s'est mis à écrire sur ce qu'il connaissait le mieux : le monde ouvrier et des petites classes moyennes, et surtout "nos vies, qui sont si grandes au fond sous leurs dehors apparemment si médiocres".



C'est donc une lecture qui ravira les fans de Nicolas Mathieu, mais aussi les amoureux de la littérature et les écrivains amateurs. Vraiment, une belle rencontre enrichissante d'un bien bel auteur (soupir, émoticône coeur, smiley bisou, etc.).
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Rimbaud Warriors

J'ai découvert Richard Gaitet en apprenant qu'il était l'inventeur du Prix de la Page 111 qui récompense la meilleure page 111 des livres de l'année. Ce qui m'avait ravie. J'ai appris depuis qu'il a aussi imaginé le prix de Chlore qui récompense la meilleure scène de piscine. Le prix de Chlore! Or, qu'y a-t-il de plus poétique que le jeu de mots? N'est-ce pas l'une des plus délicieuses façons qui soient de faire se télescoper deux réalités a priori invisibles l'une à l'autre, ici les piscines et le monde germano-pratin, à faire pâlir de jalousie un parapluie en quête d'une machine à coudre...

Donc, quand j'ai appris que le joyeux Gaitet avait décidé, en compagnie d'une petite troupe de doux dingues de son espèce, de remettre ses pas dans ceux de Rimbaud pour une nouvelle traversée des Ardennes, me suis-je précipité sur l'ouvrage qui porte le merveilleux titre de Rimbaud Warriors.

Bon, après, évidemment, c'est un peu comme les bandes-annonces de certains films: on ne gagne pas grand chose à aller voir sur 90 minutes ce qui nous avait réjouis en 3. de temps en temps affleure ce qui aurait pu être: la victoire de la poésie sur le temps qui passe avec ce patron d'un restaurant de tacos qui fonce acheter du jambon, du beurre et des tartines en apprenant que 150 ans plus tôt le Cabaret-Vert siégeait en lieu et place de son établissement et que Rimbaud y commandait " [...] des tartines / de beurre et du jambon qui fût à moitié froid." Ou la découverte brutale du fossé qui sépare le gamin sur-doué qui jouait sa vie avec les citadins en quête de sensations qui sont partis sans même un sandwich, croyant naïvement trouver des super-markets ouverts 24h./24 entre Fumay et Givet. Ou le désespoir d'une région bien loin de l'opulente province où Rimbaud conspuait la bourgeoisie triomphante quand désormais le chômage y tue toute envie.

Restent quelques anecdotes pas très saillantes et des calembours à la pelle, dont celui-ci, qui a fait ma journée: le créateur du personnage de Rambo a toujours affirmé qu'il s'était inspiré de notre Arthur national à cause "d'Une saison en enfer", titre qui selon lui condensait toutes les souffrances de son prisonnier de guerre torturé au Vietnam; le cas béret vert".

🤩🤩🤩
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Tête en l'air : Un blanc-bec au Mont Blanc

Démarrage pas très engageant avec un auteur qui décide de faire le Mont-Blanc pour idée de publication de livre. J'ai pensé : « Avant, ils racontaient un exploit, maintenant ils font un exploit pour le raconter. » Mais très vite, Richard Gaitet est arrivé à capter mon attention. J'ai apprécié son autodérision et surtout sa grande admiration pour les ‘héros' montagnards de toutes générations tel que Messner, Profit, Kilian Jornet, en autre. Les moments de partage avec ‘son guide' et sa femme donnent une belle image de ce qu'ils sont vraiment : bourrus et responsables. C'est avec humilité que l'animateur de Radio Nova raconte son entraînement pour sa conquête du toit de l'Europe, y mêlant ça et là sa vie, son enfance avec son père chasseur alpin, des références musicales et littéraires, la montagne, et bien sûr Chamonix. Je ne peux m'empêcher d'y faire une similitude avec un autre bouquin paru l'an passé ayant les points identiques : parisien, novice, écrivain, Mont-Blanc. Dans celui-ci aussi, il parle des chaussures qui sont importantes, mais sérieusement cette fois (LOL). Les éditions Paulsen et Guérin sont liées. Une vendeuse m'a expliqué que Sylvain Tesson s'était inspiré de Un an de cabane de Olaf Candau pour un roman, est-ce pareil ici ? Quel roman a inspiré l'autre ? Merci à l'éditeur et à masse critique qui m'ont fait visualiser un paysage et des têtes qui ne me sont pas inconnus.
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Découvrez Mykonos hors saison

Deux joyeux lurons partent en vacances à Myconos.

Seulement voilà, en mars, à Myconos, ce n'est pas la joie.

Tout est quasiment fermé.

Il n'y a qu'à partir de onze heurs du soir qu'ils arrivent à trouver des bars et des clubs ouverts.

Ils sont bien décontenancés.

C'est gai, plein d'humour et on ne s'ennuie pas à la lecture.

La bamboche, ce n'est vraiment pas toujours facile.

Mais nos deux compères y reviendront peut-être à la bonne saison où l'île n'est qu'une fête permanente.
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Les heures pâles

Un jeune journaliste se penche sur la vie de son père.

Un super flic qui a ensoleillé son enfance.

Jusqu'au jour du grand cataclysme familial, la découverte d'une double vie de ce père héroïque et de l'existence d'une demi-sœur de dix-huit ans.

Quel beau et sincère témoignage d'une vie qui passe de sereine à bouleversée.

Les sentiments de chacun sont parfaitement analysés et résonnent en nous.

Je pense, sans en être sûre, que ce récit est autobiographique, l'auteur l'ayant précédemment publié sous le nom de Gabriel Robinson.

Auquel cas il aurait encore plus de valeur et augmenterait l'émotion de lecture.

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L'aimant

Gabriel Chanteloup, jeune belge de vingt ans, embarque à bord d’un cargo pour un an.

D’Anvers à Buenos-Aires, c’est parti pour des aventures rocambolesques.

Entre la vie à bord et les escales, les événements se succèdent.

Un pur roman d’aventures allant de l’humour au fantastique. Pas de temps morts, de l’action en permanence

Nous voilà sur les traces de Jules Verne et d’Edgar Allan Poe.

D’ailleurs la couverture, jolie en l’occurrence, n’est pas sans rappeler celles des livres de Jules Verne.

Les illustrations de Riff Reb’s sont très belles et très parlantes.

Nul doute que ce roman ravira les amateurs d’aventures maritimes et de fantastique.

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Nicolas Mathieu, un écrivain au travail

En 2023, on peut lire des livres issus de podcasts (belle ironie !), et j’y ai pris beaucoup de plaisir.

En tant que fan inconditionnelle de Nicolas Mathieu, j’ai beaucoup apprécié cet entretien mené avec brio par Richard Gaitet dont je n’avais jamais écouté le podcast, Bookmakers.

L’auteur y raconte ses techniques d’écriture, ses sources d’inspiration et se dévoile juste comme il faut. Un bon moment de lecture.
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L'aimant

Pour être honnête, j'ai vraiment eu beaucoup de mal avec ce livre là. Je l'ai terminé, mais j'ai failli abandonner plusieurs fois. Le résumé me paraissait vraiment sympathique, mais je n'ai pas l'impression d'avoir retrouvé tout ça à l'intérieur. J'ai eu la sensation que les différentes scènes se juxtaposaient, sans transition, sans vraiment de lien avec l'intrigue principale. Du coup, je n'ai pas toujours tout compris, et je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire.

Ceci-dit, j'ai la sensation de l'avoir lu à un mauvais moment, et d'être passée à côté de quelque chose de bien. C'est donc un livre à relire plus tard pour avoir un deuxième avis.

En revanche, j'ai apprécié les illustrations.



Merci à Babelio et aux Editions Intervalles pour cette opération Masse Critique
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Les heures pâles

Quel étrange roman que celui-ci !



Découvert par hasard dans un rayon abandonné de ma librairie, attirée par la quatrième de couverture prometteuse, je me suis dit « Pourquoi pas! ».



Dans ce roman, le narrateur de 23 ans raconte l’histoire de son père, un flic droit dans ses bottes, à la carrière sinon brillante, assez logique. Un homme sans histoire donc, un boulot, une maison, une femme et deux enfants.



Sauf que le père transparent n’est pas exactement celui qu’on pense être. Non, car pendant vingt ans, il a mené une double vie, avec une autre femme, et une fille.



Alors qu’il vient de quitter le nid familial pour commencer ses études à Paris, notre narrateur se retrouve à porter le poids de toute une famille sur les épaules et avec lui, l’effondrement de toute une croyance, de tout un idéal.



Confronte à sa mère devenue fragile, qui tente de se suicider, ébahie, dans sa robe de mariée qu’elle a ravagée, avec autour d’elle toutes les photos de famille brûlées, c’est une nouvelle vie qui commence. Mais, loin de blâmer son père, ce nouveau fils propulsé prodige malgré lui, va chercher à comprendre, calmer sa mère, comprendre son père et rencontrer sa sœur.



Je dois avouer que cette lecture m’a laissée très perplexe au début. Pendant les cinquante premières pages, je ne voyais pas trop où j’allais, ni où l’auteur voulait m’emmener. Le voyage au Mali reste pour moi superflu (il s’agit en fait de reconstituer l’imploration aux dieux que ses parents ont faite pour avoir un enfant) et contribué à perdre le lecteur.



Néanmoins, dès que le récit de la famille commence, dès que le cocon implose, j’ai été happée ! J’ai dévoré cette lecture, qui rend extrêmement bien compte de la difficulté du narrateur à souder cette famille désormais anéantie !



Une très belle découverte et une belle plume, drôle et tragique à la fois !
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L'aimant

A peine arrivé sur les quais d'Anvers où le Sirius, navire marchand, l’embarque pour l'Amérique du sud, Gabriel se retrouve déjà dans une bagarre puis nommé radio pour cette grande traversée de l'Atlantique.

Fort pour un démarrage. Et déroutant par la suite, tellement les histoires se succèdent à vive allure.

Il y a Alizea, la spécialiste mondiale du magnétisme terrestre et aimantant notre jeune matelot;

Puis, c'est l'arrivée aux Açores où Gabriel va se retrouver seul dans les entrailles d'un volcan;

Et cette disparition planétaire de nos pièces de monnaies???

Sans compter la maman de Gabriel, éclopée après une chute à la recherche de son mari...

Bref, il y a de quoi s'y perdre dans ce maelström de récits. Quoique.

Dans ces tribulations maritimes, deux livres de route ont une importance capitale pour Gabriel et le lecteur. Il s'agit de "Arthur Gordon Pym", récit inachevé de Edgar Allan Poe et "le sphinx des glaces" de Jules Verne, ce dernier se voulant la reprise du précédent.

Heureusement que les chapitres sont courts, car Richard Gaitet nous emmène tambour battant dans des histoires rocambolesques (j'ai adoré, entre autres, le passage sous l'Equateur et le bizutage de Gabriel). J'ai eu l'impression d'être attaché au bateau sans avoir la possibilité d'en sortir.

Les volcans, les tempêtes ou la glace n'ont pas eu raison de ma lecture. Et je me suis régalé.

Avec ce livre au ton bordeaux, à la couverture cartonnée et parsemé d'illustrations de Riff Reib's, j'ai replongé dans une version remastérisé des voyages merveilleux de Jules Verne.
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Découvrez Mykonos hors saison

Il était une fois deux jeunes hommes qui sont partis en vacances à Mykonos. Ils ont choisi de partir hors saison. Pour profiter des hauts lieux touristiques sans touristes ? Si l'on veut - ou du moins, si les bars sont considérés comme des hauts lieux touristiques.

Erreur stratégique de la part de nos deux touristes : il ne se passe pas grand chose, ni sur l'île, ni dans le roman. Ils errent sans profiter de la beauté de ce qui les entoure, boivent, boivent, et boivent encore, dans les rares établissements ouverts hors saison. Ils draguent également, en espérant trouver "mieux" que les deux roumaines croisées au comptoir. S'ils ne s'aperçoivent pas que le bâtiment sur lequel ils urinent est une chapelle, ils n'oublient pas leur numéro de carte bleue (elle va très bien, je vous remercie, et pourtant, ils ne la ménagent pas).

Le dernier tiers du récit est plus intéressant, quand la légende rejoint la réalité. Nos deux touristes ne sont pas chez les lotophages, ils ne sont pas prisonnier de Circé (ni de cette chère Démitra), leur périple ressemble pourtant de plus en plus à une errance sans fin sur une île devenue prison.

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Découvrez Mykonos hors saison

Mykonos est très réputée pour ses fêtes arrosées, enfumées, homos… « Eden touristique généreux en plaisirs universels –sun is shining, danse, chaleur, fête, feta, cocktails, shakés, rencontres importantes ». Pour ça, il convient d’y séjourner l’été. Nos deux compères, hétéros (je le souligne vu la réputation de cette île) ne l’ont sans doute pas compris pour débarquer en mars. L’île est déserte, les plages nues, les night-clubs fermés, sauf 1 ou 2 bars ouverts toute l’année. S’ensuivra, il faut bien respecter les traditions, une tournée des rads ouverts d’où ils sortiront fin saouls pour pisser sur le mur d’une église, qu’ils n’avaient d’ailleurs même pas vue. Ils vont passer leurs journées à picoler, à pisser, à essayer de draguer. Bref, des vacances hautement joyeuses et animées !! Fiasco sur toute la ligne, ils tombent de Charybde en Scylla (faut bien respecter les lieux et la mythologie !), rien ne leur réussit, heureusement, la carte bancaire fonctionne. Cette partie de l’histoire m’a agacée, ennuyée ; les errances alcooliques de ces deux paumés, très peu pour moi. Pourtant, avec l’arrivée du touriste et sa prédiction, l’histoire prend une autre tournure. Mais, prédiction ou visions d’ivrogne (l’éléphant rose transformé en touriste fou) ?



J’ai peiné à entrer dans l’histoire, je me suis essoufflée à suivre nos deux ivrognes de bars en night-club paumés. Heureusement la seconde partie m’a plus emballée. Richard Gaitet s’est amusé à détourner quelques légendes grecques, des chansons plus actuelles. L’écriture est rapide, alerte. Quelques jeux de mots faciles et éculés comme « Nino rota », mais bon avec nos deux paumés alcoolisés, on ne peut s’attendre à autre chose.

Je suis un peu déçue pas ce livre. Que voulez-vous, les errances nocturnes alcoolisées, ce n’est plus de mon âge !


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Nicolas Mathieu, un écrivain au travail

Au départ il y a la "Nova book box", une émission littéraire sur radio nova, un peu confidentielle et animée par Richard Gaitet. On y découvre des bouquins oubliés ou méconnus, avec la certitude de passer un moment hors du temps lorsque l'animateur lit des passages notamment. L'émission s'arrête et Richard Gaitet à l'occasion de poursuivre un projet similaire autour du livre sur les ondes d'Arte Radio. Il propose un podcast dans lequel il recevrait des autrices et des auteurs pour parler techniques derrière les bouquins, discuter des recettes autour de la création, des habitudes de travail ou encore de l'argent. Et avec de longs entretiens en plusieurs parties et un montage aux petits ognons comme souvent sur Arte Radio, on assiste à la création du podcast "Bookmakers". Les premiers invités rendent les émissions intéressantes (Jaenada, Dany Laferrière ou Lola Lafon) et le concept de s'arrêter en profondeur sur le travail des écrivains fonctionne très bien. C'est tout récemment que la retranscription papier chez Points de ces entretiens permet de les redécouvrir sous un nouveau jour. À commencer par la retranscription de l'épisode sur Nicolas Mathieu où l'on découvre le parcours d'un auteur qui se lance tardivement dans l'écriture et qui discute toutes en nuances de ses différents bouquins. À noter au passage que l'on trouve des parties inédites ajoutées justement à l'occasion de ce passage papier du podcast. Que l'on ait déjà écouté ou pas les épisodes de "Bookmakers", on lit ces échanges autour de l'écriture avec beaucoup d'intérêt.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Rimbaud Warriors

Dans ce récit, on part donc à la suite des "Rimbaud Warriors", comme le titre l'indique. L'auteur, Richard Gaitet, décide, un peu sur un coup de tête, avec une bande d'amis aussi gentiment fous que lui de partir sur les traces du jeune poète, de suivre le chemin de sa deuxième fugue. En effet, Rimbaud était connu pour avoir fui le domicile familial à plusieurs reprises, je pense que tous ceux qui l'ont étudié à l'école auront retenu cet aspect de sa vie. Certains de ses poèmes les plus connus ont d'ailleurs été composés lors d'une escapade de Charleville-Mézières, son lieu de résidence, jusqu'à Charleroi. On peut comprendre, dès lors, la tentation de revenir sur ces lieux de chargés d'une atmosphère créatrice, de mettre les pieds dans ceux du poète afin de mieux s'imprégner de l'état d'esprit qui devait l'habiter alors. L'épopée de ces marcheurs a été aussi motivée par leur fascination curieuse pour le nombre 111 (ils sont d'ailleurs derrière un prix littéraire des plus originaux, mais que je trouve plutôt intéressant : le prix de la page 111). Après avoir calculé, de façon plutôt hasardeuse visiblement, que le trajet emprunté par Rimbaud faisait pile 111km, le doute n'était plus possible, ils devaient se lancer dans cette aventure, et parcourir, à pied, le tracé de cette fugue.



Ce pari un peu fou prend assez vite la tournure d'une aventure plus ardue que prévue. En effet, on peut facilement s'amuser devant le peu de préparation de ces marcheurs plutôt inexpérimentés, de leur naïveté peut-être très citadine. Les kilomètres à parcourir, qu'ils pensaient pouvoir avaler aisément, vont s'avérer représenter un véritable challenge pour certains. Dès lors, les pauses qu'ils font pour se ménager sont prétextes à autant de digressions sur la vie du poète, sur le thème de la fugue dans la vie de ces "warriors". Leurs étapes, quant à elles, sont l'occasion de rencontrer des personnages hauts en couleurs pour certains, qui amusent le lecteur, ce qui est très certainement le but recherché dans la façon de raconter ces anecdotes. Mais en creusant un peu ce vernis de désinvolture, c'est aussi la population d'une région un peu sinistrée que nous découvrons, qui reste malgré tout très attachée à ce territoire ardennais. En filigrane, une part de la vie de Rimbaud nous est dévoilée, et c'est un plaisir d'en apprendre plus sur ce personnage assez intrigant. Quant au plaisir de retrouver ses vers, parsemés et parfois réinterprétés dans le texte, il est assez régressif.



C'est donc une lecture plutôt légère, mais qui nous enrichit finalement bien plus que ce qu'on ne pense. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette petite fugue, écrite sur un mode badin, qui rend cette lecture bien plaisante.




Lien : https://chroniqueetudiantele..
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Rimbaud Warriors

Merci aux éditions Démarches et à Masse Critique pour cette jolie fugue !

Le récit d’une aventure peu conventionnelle : parcourir le trajet effectué par Arthur Rimbaud lors de sa deuxième fugue à 15 ans en octobre 1870 !

Un groupe de fans du poète enfile leurs chaussures et partent de Charleville-Mézières pour 111 km de marche sur les pas de l’homme aux semelles de vent, destination Charleroi !

Habitant les Ardennes, Rimbaud est en effet omniprésent dans cette région : mis à l’honneur (plus ou moins bien !) par des bières, terrine ou autre produits locaux, il laisse sa trace dans le paysage, notamment dans le festival du Cabaret Vert (fin août à Charleville, je vous le conseille !).

L’auteur voulait rendre hommage à ce punk, ce rebelle anticonformiste … Pari réussi ! A la fois une découverte du paysage, de la vie et de l’œuvre d’Arthur, ce récit nous permet de rencontrer des personnages truculents et le style de l’auteur nous fait vraiment voyager.

Un très bon moment de lecture !

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Tête en l'air : Un blanc-bec au Mont Blanc

Tête en l'air, Richard Gaitet, Paulsen, 2018...,



Motivé pour être le premier écrivain dans l'espace, projet qu'il explique aux éditrices de Paulsen, Richard Gaitet se voit proposer plutôt d'être le premier à écrire un livre sur le mont Blanc du point de vue d'un novice. Son guide sera René Ghilini, un alpiniste réputé, chasseur de cristaux. C'est l'histoire de la préparation à cette ascension que Richard Gaitet raconte, puis en apothéose, cette fameuse montée jusqu'au sommet.



Génialement sous-titré par une longue phrase qui résume fond et forme : "Récit authentique et déséquilibré d'une ascension du mont Blanc par un blanc-bec à lunettes inexpérimenté qui, au cours de son voyage, réapprit à marcher.", ce livre est aussi l'occasion pour Richard Gaitet d'en appeler aux écrivains majeurs qui ont écrit sur les grands espaces, la montagne, les voyages, les sensations fortes et aux pionniers de l'alpinisme, à ceux qui ont découvert le mont Blanc et d'autres sommets. Très documenté et très drôle l'histoire de la préparation de ce "sportif proche de zéro, bigleux comme pas deux, finaliste annuel des championnats du monde des empotés, fêtard gourmand doté d'un charmant petit ventre à bière, descendant d'une longue lignée de cardiaques et intello poli du 20e arrondissement de Paris" (p.13)



Le décor planté, je dois dire que j'ai apprécié ma lecture bien que je sois très loin de la montagne, que je n'y sois allé qu'à de très rares occasions et que l'exploit sportif est aussi loin de moi qu'un saucisson pur porc d'un musulman (très) pratiquant. Ma relation avec le sport est conflictuelle, je ne l'aime pas et il me le rend bien.



Le plus de ce livre par rapport à tout autre, c'est évidemment le ton, entre le sérieux de la préparation et la fanfaronnade quasi permanente. Et puis un peu de lyrisme dans les descriptions des paysages et dans la fin lorsque l'objectif est atteint, sans doute le manque d'oxygène, le fameux mal des montagnes qui touche le romancier-alpiniste bien qu'il soutienne ne pas en avoir souffert, mais nous à le lire, on le ressent bien, ou alors c'est l'euphorie d'avoir réussi, c'est même sûrement cela, les deux causes ayant les mêmes conséquences.



C'est aussi une histoire de rencontres, avec René Ghilini et sa femme Petra bien sûr, mais aussi de plus éphémères avec des compagnons d'ascension ou d'entraînement, tous des gens fous de montagne, qui mesurent les risques tout en sachant que parfois, la montagne n'en fait qu'à sa tête, surtout maintenant avec le dérèglement climatique qui gêne les prévisions météorologiques et bouleverse fondamentalement la nature.



Récit musical aussi, Richard Gaitet met en exergue -entre autres- une phrase tirée d'une chanson d'Alain Bashung, de son excellent et noir album L'imprudence. D'autres groupes et chanteurs sont cités. Personnellement, je n'ai pu me défaire, à chaque fois que je lisais le titre du livre, de la chanson de Jacques Higelin, qui porte le même nom.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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L'aimant

Amateurs d'Aventures (avec un grand A), de délires, de fantastique, de personnages et de situations loufoques, burlesques, énormes, restez ici avec moi, que je vous narre succinctement cette histoire et que je vous appâte et vous fasse tomber définitivement dans les mailles du filet de Richard Gaitet. Après un premier roman sombre, introspectif, Les heures pâles, l'auteur m'avait bluffé avec un petit livre un peu barré avec deux fêtards en goguette à Mykonos, Découvrez Mykonos hors-saison, et le voici donc désormais en plein roman d'aventures, encore plus barré que Mykonos.



Petite explication utile : en 1897, Jules Verne écrit Le sphinx des glaces qui reprend une intrigue non résolue du seul roman d'Edgar Allan Poe, Aventures d'Arthur Gordon Pym, écrit 60 ans plus tôt. L'aimant poursuit cette histoire, il est bourré de références aux deux auteurs sus-nommés (ne serait-ce que la couverture, absolument magnifique, rouge basque et or, cartonnée ; les très belles illustrations de Riff Reb's donnent encore plus ce sentiment d'être dans ce genre de roman d'aventures "à l'ancienne" mais pas datées). Superbe présentation à mettre au crédit des éditions Intervalles, excellentes, comme d'habitude.



Comment dire tout mon enthousiasme sans être trop long ? Et bien, sans doute j'oublierai plein de choses que j'aimerais dire sur ce roman. J'ai pris un plaisir fou à le lire, même à me perdre parfois dans les délires de l'auteur pour mieux me retrouver ensuite dans son histoire. Car le mieux est de s'abandonner complètement au rythme, au monde créé par Richard Gaitet. On est en plein onirisme, fantastique, absurde : ah ce chapitre 22 de la première partie qui me rappelle ces histoires absurdes que j'aime tant et que l'on se racontait au fond des amphis de la fac... Ah ces envolées contre la société de consommation et notre rapport au dieu argent : "L'argent, c'est zéro, faut trouver autre chose pour mesurer les échanges entre les hommes -le troc, un truc, j'en sais rien, mais ça peut plus durer." (p.159/160). Ah cette écriture qui nous balade entre aventures style Poe/Verne et notre époque actuelle (j'ai pensé immanquablement à L'île du Point Némo de JM Blas de Roblès) : jeux sur les mots, sur les sons, la musicalité, les niveaux de langage, néologismes, ... La langue est vive, moderne, dynamique, pas de temps mort dans ces 330 pages d'aventures.



C'est un roman initiatique, empli d'épreuves, de rites de passages, ça commence gentiment par un quizz pour aborder d'autres thèmes plus lourds par la suite : la vie, l'amour, la mort, l'hérédité, la condition humaine, la société de consommation, l'anarchie, l'écologie, la politique, la cupidité, l'argent-roi qui mène le monde dans le mur, l'avidité, le besoin d'un retour aux valeurs humaines fondamentales, ... Les références y sont multiples, littéraires (j'en ai déjà parlé), livresques, cinématographiques, musicales ; Richard Gaitet est connaisseur, animateur de l'émission littéraire de l'excellente Radio Nova (la seule que j'écoute avec FIP), Nova book box. Malgré des thèmes parfois lourds, le ton est léger, enlevé, souvent drôle, comme par exemple ces quelques lignes-musicales (prises au hasard, parmi tant d'autres qui font sourire)



"Garçon agile, car il parvenait à mixer en tenant un sceptre au bout duquel figurait une croix d'ankh. Puis il coupa le son.



Et il remit le son.



Puis il coupa le son.



Et il remit le son. Puis il coupa le son." (p.236)



Pour résumer : amateurs d'Aventures (avec un grand A), de délires, de fantastique, de personnages et de situations loufoques, burlesques, énormes... Ah zut, j'ai déjà écrit ça. Bon tant pis, je garde une seconde couche n'est pas superflue pour rappeler d'aller se procurer et lire absolument L'aimant.
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Les heures pâles

Un roman (autobiographique ?) où la vie du narrateur est bouleversé par la révélation de la double vie de son père et la réaction de sa mère. Mais, au-delà de cette nouvelle, je crois que l'important, c'est le moment de cette révélation : le narrateur vient juste de quitter le nid pour voler de ses propres ailes. Le voilà responsable de ses parents, une mère éplorée et un père, Joe l'embrouille.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Les heures pâles

Mis à part un petit passage à vide aux trois quarts du bouquin, léger, quelques pages qui m'ont semblé moins intéressantes avant que la fin ne reprenne le dessus, ce livre est passionnant. Je ne suis pourtant pas un grand fan des épanchements, des "romans" ou récits dans lesquels l'auteur ou son double se raconte -je ne sais d'ailleurs pas ce qui, ici relève de la fiction ou du roman- ou alors, il faut que ça soit excellent : une écriture exigeante qui laisse passer les émotions (dans le genre, j'aime beaucoup Annie Ernaux, Charles Juliet qui ont basé toute leur œuvre littéraire sur l'autofiction, mais beaucoup d'autres également l'ont fait sur des livres très personnels tels Jacques A. Bertrand dans le très beau Le pas du loup). Eh bien, sans vouloir comparer Gabriel Robinson à ces grands noms de la littérature française contemporaine, il réussit à écrire un texte bourré d'émotions, de sentiments, de tendresse, d'admiration mais aussi de frustration envers ce père avec qui il n'a jamais pu parler, ce qui semble être un thème universel il va falloir que je voie cela de près avec mon grand garçon. La colère est présente, ainsi que la compassion envers la mère, touchée, coulée même par la découverte de la double vie de son mari. Le fils devient père pour ses parents et reste grand frère pour son cadet en même temps qu'il découvre sa sœur. Écriture à la fois travaillée et limpide, exigeante comme je l'écrivais plus haut, qui fait la place belle aux émotions, alternant phrases courtes, un peu de dialogues et longues phrases, questions, jeux sur les mots, assonances

J'aurais pu citer nombre d'autres extraits, personnellement, j'ai une faiblesse pour iceux : "Le babil de Babel" me ravit particulièrement. Aimer un texte peut tenir parfois à ce qui pourrait paraître des détails mais qui selon moi est le petit plus nécessaire, le je-ne-sais-quoi qui fait la différence entre deux textes : celui qu'il l'a et qui plaît et celui qui ne l'a pas et qui ne fait pas mouche. G. Robinson a manifestement ce petit plus , ce je-ne-sais quoi, sans doute le plaisir et le talent de faire jouer les mots entre eux.

Tout pour plaire ce livre qui explore les profondeurs des tourments humains, les relations familiales, les dits et les non-dits qui peuvent faire exploser un groupe, des individus ou une seule personne. Finement observé et magistralement narré. Pas larmoyant, même s'il n'est pas toujours gai, il ne tombe jamais dans le sordide, le vulgaire ou le pathos. Un premier roman très maîtrisé qui en laisse augurer d'autres de très bonne facture. Une très belle découverte, très convaincante pour cette rentrée littéraire de 2013.
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Les heures pâles

Les Heures pâles de Richard Gaitet c´est une histoire comme on en croise parfois dans les romans. C´est l'histoire d´un homme qui a refusé de choisir. Refusé de choisir entre deux vies, celle banale de père de famille à ses heures perdues, trop peu nombreuses que sa profession de flic lui laisse parfois et celle qu´il vit dans l´ombre avec une autre femme et une autre fille.



Les Heures pâles c´est l´histoire d´un type qui aime son père comme il aime sa mère, un type qui essaye de comprendre pourquoi quand la vérité éclate et lui tombe dessus.



Les Heures pâles c´est l´histoire d´une quête, celle du narrateur. Il ne sait pas bien ce qu´il cherche au juste. Longtemps, il a cru que c´était la ressemblance avec ce père-flic qu´il recherchait. Et puis au final, lorsqu´il découvre qu´il est le grand frère d´une jeune femme de 6 ans et un jour sa cadette, il n´a plus qu´une obsession : la rencontrer.



Les Heures pâles, enfin, c´est aussi le portrait d´une femme trahie, bafouée qui va jusqu'à commettre l´impensable mais qui finit par pardonner lorsque le flic fait le choix de rester.



En ce court récit, Richard Gaitet nous plonge au cœur de l'intimité d´une famille française banale. Avec humour, grâce et poésie, il se questionne et nous questionne sur notre rapport à la vérité. Car ce qui importe c'est d'être sincère avec soi-même
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