Modération : Florent GEORGESCO, journaliste au Monde des livres
Avec Robert DARNTON, historien américain, ancien directeur de la Harvard University Library, Jean-Yves MOLLIER, professeur émérite à l'Université Paris Saclay, Versailles Saint-Quentin, Yann SORDET, conservateur général
des bibliothèques.
Du volumen au e-book, le livre demeure un outil indispensable, qui peut paraître indépassable. Nous raconterons son histoire à la fois sous l'angle de sa matérialité, de son commerce et de la circulation des oeuvres et des idées dont il est le vecteur, en nous demandant quelles perspectives s'ouvrent pour lui à l'ère d'Internet.
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... Les bibliothèques ne furent jamais des entrepôts de livres, mais elles ont été et seront toujours des centres du savoir. Leur position au cœur du monde du savoir en fait des lieux idéalement adaptés pour servir d'intermédiaires entre les modes de communication imprimés et numériques.
C'est l'élite qui lisait les livres qui a commencé la Révolution.

Si vous lisez des réclames pour des livres dans les journaux du XVIIIè siècle, vous serez frappé par l'accent mis sur sur le matériau fondamental de la littérature: "Imprimé sur le meilleur papier d'Angoulême." Cette accroche commerciale serait impensable aujourd'hui où les lecteurs prêtent rarement attention à la qualité du papier dans les livres. Au XVIIIè siècle, ils trouvaient souvent des taches formées par les gouttes tombées d'un cadre volant mal tenu ou des fragments de jupon qui n'avaient pas été convenablement broyés. Des remarques portant sur le papier reviennent si souvent dans les lettres des imprimeurs - (...) - que je pense qu'il existait une forme particulière de perception consciente du papier en Europe au début de l'époque moderne. Cette perception a dû disparaître avec l'avènement au XIXè siècle du papier fabriqué mécaniquement à partir de pulpe de bois. Mais, dans les époques antérieures, les gens regardaient le substrat du livre et pas simplement le message verbal. Les lecteurs discutaient des degrés de blancheur, de la texture et de la souplesse du papier. Ils usaient d'un riche vocabulaire esthétique pour en décrire les qualités, un peu comme on le fait aujourd'hui pour le vin.
...nous pourrions accorder davantage d'attention à la lecture comme élément de ce que l'on appelait l'histoire des mentalités - c'est-à-dire des visions du monde et des modes de pensée. Tous ceux qui ont tenu des recueils de citations (...) lurent leur chemin dans la vie en collectant des fragments d'expérience et en les insérant dans des schémas. Les affinités sous-jacentes qui assuraient la cohésion de ces schémas représentaient une tentative pour prendre la vie en main, pour lui donner un sens, non pas en élaborant des théories, mais en imposant une forme à la matière. Rassembler des citations était confectionner un patchwork: cela produisait des images, certaines plus belles que les autres, mais chacune intéressante à sa façon. Elles révèlent des modes de culture: les morceaux qui entrèrent dans la composition, les coutures qui les unirent, les déchirures qui les détachèrent et l'étoffe commune dont ils étaient faits.
Favarger était confronté à la tâche de collecter cette dette et de défendre les intérêts de la STN en trouvant n'importe quel accommodement que Robert et Gauthier seraient susceptibles de faire avec leurs créanciers. Et comment vendrait-il à Bourg en Bresse le moindre livre de la société si son client le plus important cessait ses activités ?
Consolidez les bibliothèques, approvisionnez-les en imprimés, renforcez leurs salles de lecture, mais ne les considérez pas comme de simples entrepôts ou des musées
L'événement clé qui déchencha les manifestations à Berlin -Est se produisit pendant un concert de Michael Jackson le 19 juin 1988. Pendant que M. Jackson faisait du bruit près du Reichstag , du côté occidental du mur , un groupe de jeunes se rassembla pour l'écouter du côté oriental , où ce genre de musique était interdit .La police tenta de les disperser , mais la foule résista : elle revendiquait le droit d'écouter le genre de musique qui plaisait à sa génération et qu'elle avait appris à aimer grâce à la radio et à la télévision occidentales ;
Car, à présent que n’importe qui est libre d’imprimer, ce qu’il veut, on ignore souvent le meilleur et on écrit au contraire, simplement pour le divertissement, ce qu’il serait préférable d’oublier ou , mieux encore, d’effacer de tous les livres. Et même quand on écrit quelque chose qui mérite d’être lu, on le tord, on le corrompt au point qu’il vaudrait bien mieux se passer de tels livres, plutôt que d’en avoir mille exemplaires qui répandent des faussetés par le vaste monde.
(Lettre de Niccolo Perotti humaniste et érudit italien - 1471)
[...] L'Avenir des bibliothèques. Où l'on se demandera ce que pourrait être une République numérique des Lettres. Google et l'avenir du Livre. De la différence entre les bibliothèques et Google [...]
Les gens ordinaires n'ont généralement pas le téléphone . Quans ils ont quelque chose à dire , ils vont chez lui ou le retrouvent dans un café pour discuter . Les Allemands de l'Est parlent tout le temps . Ils surveillaient leur langage lorsqu'ils pensaient que les oreilles de la Stasi traînaient , mais ils parlaient surtout à un cercle d'amis limité et n'abordaient qu'un éventail de sujets restreint .C'était du papotage qui prenait une grande partie de la journée