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Citations de Robert McLiam Wilson (287)


Tout en conduisant sous le ciel pâle, je me vautrais dans la sentimentalité. Et, brièvement, j'ai pris plaisir à faire ce que je faisais. Conduire avant ma dure journée de boulot. Avec mes gros godillots, ma chemise d'artisan et mon pantalon rêche, je me sentais digne, je me sentais méritant, je me sentais très 1930. (p.89)
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Madame Lurgan rêvait à la soirée glaciale du mardi 2 novembre 1964 quand, âgée de vingt ans et vêtue d’une robe à pois outrageusement courte, elle avait parcouru cent soixante-dix mètres en pleurant et en agitant bras et jambes, sur le toit de la grosse voiture noire qui ramenait les Beatles du cinéma ABC sur Fisherwick Avenue jusqu’au moment où, par pur bonté d’âme, ils avaient fait arrêter ladite voiture et elle-même était tombée sur le macadam, lequel s’était révélé infiniment plus dur qu’on aurait pu le croire.
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Vingt minutes plus tard, Manfred était allongé dans son lit. Les couvertures venaient à peine de se réchauffer et maintenant la douleur était taraudante plutôt qu'insupportable. Il se sentait rompu, mais bien. Ses pensées étaient épaisses et lentes. Il savait que dehors la nuit squelettique égrenait ses vaines lueurs : violettes, vertes et autres exploits chimiques. Il ferma les yeux, reconnaissant de ces ténèbres privées.
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La richesse sert, bien sûr à mesurer la distance qui sépare de la pauvreté. Il s'agit de savoir à quel point vous n'êtes pas pauvre.
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Qui donc a écrit que toute expérience - et surtout la souffrance - est d'une valeur incalculable? Quelqu'un a bien dit ça. D'ailleurs, je crois que c'est moi
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J'ai allumé une autre cigarette et grommelé. Je prenais mon petit déj au Rab's Rotten Café - le Café Pourri de Rab, je jure qu'il s'appelait ainsi -, un rade de Sandy Row ouvert de bonne heure. C'était l'un des endroits qui avaient fait de Chuckie ce qu'il était, si bien qu'il s'agissait peut-être d'une mauvaise idée.
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A mon trentième anniversaire j'ai vécu
360 mois
1 560 semaines
10 950 jours
262 800 heures
15 768 000 minutes
94 608 000 secondes

J'ai uriné environ 74 460 fois
éjaculé environ 10 500 fois
dormi pendant environ 98 550 heures (11 ans et 3 mois)
fumé environ 11 750 cigarettes
mangé environ 32 000 repas
bu environ 17 520 litres de liquides (dont 8 000 environ contenaient de l'alcool)
marché environ 30 440 kilomètres
bandé pendant environ 186 150 minutes
eu environ 5,4 mètres de cheveux
baisé environ 175 fois
gagné environ pas un seul sou, putain.
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Il existe des choses si belles qu'elles vous font oublier la vieillesse et la mort. Il existe des choses si belles que la vieillesse et la mort en deviennent de bonnes idées ...
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J ai découvert l 'auteur dans l 'excellente emission d'Arte : "L 'Europe des écrivains" voici l 'extrait avec Robert McLiam Wilson :
http://www.youtube.com/watch?v=2jmI2K7c1m4
L 'emission complete chez Arte VOD:
http://www.arte.tv/guide/fr/047401-000/l-europe-des-ecrivains
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Magnifique livre, passionnant du début à la fin, histoire de jeunes irlandais, fous et attachant comme des... irlandais
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Matt et Mamie m’avait adopté quand j’avais quinze ans. Quand toutes les hor­reurs s’étaient pas­sées avec mes vrais parents et que les flics m’avaient mis le grap­pin des­sus avec les assis­tantes sociales. Après quelques semaines de salles d’audience et de foyers divers, on m’avait traîné jusqu’à la mai­son de Matt et Mamie.

Des années plus tard, ils m’ont dit qu’à mon arri­vée j’étais un vrai enfant-loup. Violent, ren­fermé, le truc clas­sique. Les divers repré­sen­tants de tous les ser­vices offi­ciels avaient recom­mandé de me pla­cer en ins­ti­tu­tion, mais un esprit opti­miste et huma­niste avait pensé que j’étais indé­nia­ble­ment humain. Et ce même esprit avait aussi pensé à Matt et Mamie.

Ils n’avaient pas besoin de me le rap­pe­ler. Je n’avais jamais oublié mon pre­mier jour chez eux. Ils habi­taient Antrim Road à l’époque. Ils n’étaient pas riche – plu­tôt d’une bour­geoi­sie cos­sue –, mais leur mai­son, leurs biens étaient pour moi inima­gi­nables. Comme à aucun prix je ne vou­lais pas­ser ma soi­rée à répondre à leurs ques­tions bien­veillantes, ils m’ont accom­pa­gné dans ma chambre.

Ç’avait été un tel gâchis, mon enfance, ma jeu­nesse, tout y avait été si affreux – le truc de la pau­vreté, le truc de l’Irlande – et j’avais sur­vécu à toutes ces épreuves comme un cow-boy en contre­pla­qué. En fin de compte, j’avais encaissé tous les coups et, mal­gré les plaies et les bosses, j’étais aujourd’hui debout. Mais ce soir-là j’ai pleur, pleuré à en mou­rir. J’ai san­gloté en silence jusqu’à ce que ma tête soit brû­lante et sur le point d’éclater et que mon nez coule comme deux fon­taines jumelles.

Et tout ça seule­ment à cause de mon dessus-de-lit. Mamie avait étendu un dessus-de-lit vert et brodé sur mes cou­ver­tures. Je ne savais abso­lu­ment pas en quoi il était, mais son poids et sa tex­ture étaient ceux de la pros­pé­rité même. Ce n’était qu’un bout de tissu mais il a été trop pour moi, ce dessus-de-lit. Je n’avais jamais vu un vert pareil. Je n’arrivais pas à com­prendre que cette femme que je ne connais­sais pas ait posé ce machin sur le lit pour mon confort, mon plai­sir. J’ai frotté des­sus mon nez brû­lant et mor­veux, et j’ai dormi tout habillé.

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Alors pourquoi avions -nous fait ça ? Aucun de nous n'avait bu autant depuis des années. Nous n'avions pas été aussi infantiles , insupportables et virils depuis des années. Pourquoi? Je ne sais pas pour les autres , mais c'était très simple dans mon cas.
C'était parce que je savais que Mary n'appellerait pas. C'était parce que je ne voulais pas être là quand le téléphone ne sonnerait pas.
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c'est dans les rapports entre Emma et Manfred que se noue le roman : pourquoi un mari bat-il sa femme bien aimée ?
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Jimmy Eve n'avait rien dit pendant ces dix-sept minutes et demie de télévision nationale. Il avait plusieurs fois essayé de prendre la parole, mais Chuckie lui avait invariablement cloué le bec avec une exubérance cocaïnée. Le politicien était donc resté assis, silencieux, pâle et transpirant, tandis que le protestant fou déblatérait tout son saoul, seulement interrompu de temps à autre par le présentateur abasourdi.
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Elle eut une peur affreuse quand on lui annonça que l'enfant avait survécu. Elle pleura et les injuria. Cette nuit-la, elle rêva de naissances monstrueuses, de bébés répugnants.
Cette chose avait ressemblé à un virus en elle. Elle l'avait expulsée. Cela suffisait. Ils ne pouvaient rien attendre d'elle.
Pendant une semaine au moins, elle refusa de voir l'enfant. Le gentil médecin, au visage couvert des égratignures dues aux ongles de Max, dressa la liste de tout ce qu'elle avait absorbé pendant sa grossesse. Alors que la main du jeune toubib courait sur la deuxième page, Max comprit ce qu'elle avait fait. Le bébé était sans doute un monstre, le résultat de produits chimiques et du cauchemar. Une infirmière lui glissa que le bébé était né drogué et les peurs de Max se trouvèrent confirmées. Elle vit l'affreux avorton aux yeux de lézard brillant de cupidité et d'envie de se droguer.
Quand on le lui amena, elle pleura comme si elle voulait mourir. Son cœur de verre se brisa. Cette chose ratatinée était tout ce qu'elle était. Elle l'avait fabriquée ainsi.
Et, quand le bébé mourut, elle fut apparemment la seule à être surprise.
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À la fin de ces deux années mystérieuses, elle se retrouva enceinte et beaucoup trop défoncée pour savoir de qui. Elle se promis d'avorter, mais curieusement elle n'arrivait jamais à se décider à agir. Un avortement, quel ennui, des coups de téléphone, des médecins, une clinique... Et puis elle n'avait pas l’argent nécessaire. Elle n'avait pas le temps. Certaines nuits, très tard, au moment de s'endormir, elle comprenait qu'elle laissait les choses traîner. Mais le lit était toujours tiède et il était toujours agréable de noyer ce foutu problème parmi ses rêves où elle se réveillait toute mince et non fertilisée.
Elle laissa traîner les choses au-delà du délai légal. Et elle en était à six mois de grossesse lorsqu'elle décida de passer à l'acte.
Ce soir-là, un boxeur de Tulsa à la retraite et elle faisaient la fête avec du crack bon marché. Le bras de Max reposait sur le monticule de son ventre lorsqu'elle y enfonça l'aiguille. Elle savait exactement ce qu'elle faisait, ce qui ne l'empêcha pas de le faire.
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Avec un air infiniment mystérieux et solennel, Suzy m'a balancé tout le tintouin. Selon sa Théorie de la Vie, dès que Suzy désirait quelque chose, elle se débrouillait pour l'obtenir. Alors là, je me suis lancé. Dénué de tout mépris, j'ai essayé de trouver quelques failles dans son raisonnement subtil. Et si ce qu'elle désirait allait à l'encontre des désirs et des besoins d'autrui ? Même lorsque j'eus traduit cette objection en termes plus simples, elle n'ébranla guère la confiance de Suzy. Très bien. Je lui ai parlé de Rousseau et du contrat social, du droit naturel et du droit social ; j'ai évoqué cette idée que, selon ces droits, nous sommes en même temps souverain et sujet, que sa souveraineté à elle impliquait ma sujétion à moi, et vice versa.
Ça a pris vingt minutes, mais au bout du compte elle est partie.
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Le troisième groupe était le plus nombreux. Les étudiants de Queens. Des gamins trop niais pour fréquenter une vraie université et qui se retrouvaient dans ce bar. Presque tous originaires de la campagne, ils se décarcassaient pour se donner l'air de vrais citadins branchés. Quelques semaines plus tôt seulement, ils conduisaient des tracteurs et tondaient les moutons.
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J'ai chopé mon chat et je l'ai obligé à s'asseoir sur mes genoux tout en regardant les vieux qui habitaient les deux maisons d'en face. Je les avais déjà vus jouer leur comédie.
Ces deux-là ne semblaient pas se parler, mais ils faisaient toujours la même chose en même temps. Il était asiatique, veuf de toute évidence, un grand-père bonasse qui recevait souvent la visite de divers groupes d'enfants et de petits-enfants. Quant à elle, c'était une authentique harpie d'Ulster, une vieille aux cheveux bleus qui portait souvent un invraisemblable collant en rayonne rose (pas de visiteurs). Ce soir-là, ils jardinaient dans leurs petits jardinets. Ils se penchaient au-dessus de leurs plantations, leurs têtes se touchaient presque, ils arrachaient une mauvaise herbe mitoyenne de leurs lopins respectifs. Je me disais parfois qu'ils ne s'entendaient pas bien, mais ce soir-là 'al dû reconnaître que la haine partagée des mauvaises herbes contribuait indubitablement au rapprochement des races.
Magnifique.
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Assis dans ce bar sinistre, j'écoutais mes copains de chantier tout heureux qui me prenaient à tort pour un protestant.
Autrefois, j'espérais souvent que l'avenir serait différent.
Qu'une race nouvelle jaillirait hors des brumes obscures du passé et du présent irlandais. Les Nouveaux Irlandais.
Quand toutes les vieilles croyances et les anciennes combinaisons seraient devenues périmées. Alors nous assisterions à la naissance du catholique loyaliste. Du protestant libéral.
Du politicien honnête. Du poète intelligent. Néanmoins, en écoutant mes camarades, j'ai décidé que je n'allais pas jouer les victimes expiatoires ni attendre l'Utopie salvatrice.
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