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Critiques de Romain Verger (25)
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Fissions

De l’asile où il est interné pour s’être crevé les yeux, le narrateur nous raconte comment, le jour de son mariage, sa vie a basculé dans les ténèbres. Entre Noëline et lui ça avait pourtant été comme une évidence. Tout s’est enchaîné très vite et quelques mois à peine ont suffi à sceller leurs destins... Le mariage était fixé au 21 juin, le jour le plus long, à Rochecreuse. Mais une fois les vœux échangés, le narrateur sent que quelque chose cloche. La mariée s’isole en poussant des cris de démentes, la belle-mère ne cache pas sa méchanceté naturelle, la belle-sœur quant à elle se montre très entreprenante et les invités se distinguent par leur laideur… Très vite, le malaise s’installe, une tension que même l’alcool ne parvient pas à effacer. Et pourtant, ce n’est encore que le début du cauchemar…



C’est le premier roman que j’ai l’occasion de lire au « Vampire Actif » et je dois dire que je me suis complètement laissé prendre dans cet engrenage de l’horreur mis en place habilement par Romain Verger. Dès le départ, le ton est donné, on sait qu’un drame est arrivé, néanmoins il est impossible d’imaginer la violence à venir… L’auteur mêle savamment les genres avec une dose d’horreur, de fantastique et de roman noir à donner des cauchemars ! Comme la narration est faite à la première personne, il n’est pas toujours évident de démêler le vrai du faux, le réel de l’imaginaire. Le narrateur étant interné en hôpital psychiatrique, on se demande jusqu’à quel point son témoignage est celui d’un dément. Mais la folie est bien au cœur du récit et elle contamine, progressivement, chaque personnage. Un texte sous haute tension, qui peut déstabiliser par son étrangeté !



Je tiens à remercier vivement Libfly et Le Vampire Actif pour cette découverte réalisée dans le cadre de « La Voie des Indés » !
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Fissions

Je n’avais jamais lu Romain Verger ni aucune publication des éditions du « Vampire actif » (Quel nom !) mais après « Fissions », je me suis promis d’être plus attentif à leurs travaux respectifs. Car « Fissions » est un très bon roman transfictionnel et noir qui ménage parfaitement ses révélations.

La nuit de Noces a viré au cauchemar. Le lecteur n’en sait guère plus sinon que le narrateur, à la suite de cette nuit traumatisante, s’est crevé les yeux. Le procédé est habile et le lecteur tenu en haleine. Il faut attendre les toutes dernières pages pour que tous les événements nous soient connus et l’horreur révélée.

Au thriller, « Fissions » mêle des éléments de grotesque, savamment dosés, crescendo, qui lui donnent sa principale couleur esthétique. Romain Verger a vraiment bien travaillé cette ambiance bizarre et inquiétante, notamment avec la belle-famille qui a tout de la galerie de monstres (physiques ou moraux). Il faut aussi mentionner une touche de fantastique (très légère) qui fait basculer le récit définitivement dans l’horreur.

Le tout forme une transfiction très convaincante, servie par une écriture au cordeau. Car, c’est un point qu’il ne faut pas omettre : Romain Verger a du style ! Le lire est un régal.

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Fissions

Chronique de Flingueuse : Les Lectures de Maud pour Collectif Polar

Un drame magnifiquement bien écrit et relaté à la première personne. Les personnages sont bien décrits, leur souffrance, leur caractère. Comment ce jour qui devait être le plus beau de leur vie va virer radicalement au cauchemar ? Comment la folie s’est immiscée dans leur couple ? Comment les drames familiaux, le vécu peuvent faire basculer une personne, une famille, que rien ne puisse soulager, aider, ni soigner.

L’auteur grâce à une plume littéraire et puissante à la fois, nous emmène dans ce roman noir, dramatique et où l’amour, l’amitié ne suffisent pas à rendre heureux les personnes. J’ai été bouleversée à la fin de ma lecture, du noir, de la violence, mais un livre magnifique que je recommande vivement.

Voyez par vous-même jusqu’où le narrateur est prêt à aller par Amour.

Découverte au Salon de l’Autre Livre – Paris 2018

Tags : France, amour, trahison, folie,

Pour en savoir plus sur ce polar et son auteur, vous pouvez cliquez ci-dessous
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Ravive

Neuf nouvelles diaboliques où le réel se dérobe et bascule en beauté horrible.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/10/02/note-de-lecture-ravive-romain-verger/
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Forêts noires

La forêt profonde, objet de fantasme mortel par ce qu'elle pourrait receler...



Publié en 2010 chez Quidam Editeur, le troisième roman de Romain Verger poursuit un fascinant cheminement de récit tout en non-dit, dans lequel, comme dans "Zones sensibles" (2006) par exemple, un narrateur tout en introversion se confronte à ses souvenirs et à un environnement où le fantastique affleure et menace, bien que n'étant jamais que suggéré, sans preuves et sans démonstrations.



Un jeune chercheur français en géologie est envoyé, assez brutalement (les intrigues et les mesquineries du patron de son laboratoire n'y sont pas étrangères), en mission au Japon, au bord d'un lac volcanique situé au pied du Fuji-Yama, au bord d'Aokigahara Jukai, la "mer d'arbres", l'une des plus étendues et des plus anciennes forêts du Japon.



Entourée d'une sulfureuse et mortelle réputation (des hommes viennent régulièrement s'y perdre et mourir, dans un obscur appel au suicide...), la profonde forêt voisine provoque chez le jeune chercheur la résurgence de souvenirs de jeunesse jusque là plutôt enfouis, dans lesquels l'obsédant Vlad, au nom dénonciateur, camarade plusieurs fois perdu de vue et resurgi, amateur obsessionnel de sang et de chasse, compagnon d'insolites échappées sylvestres, vient jouer le rôle ambigu d'un Meaulnes inversé et maléfique, ou d'un terrifiant mentor issu de la "Scène de chasse en blanc" du Suédois Mats Wägeus.



Une bien inquiétante réussite.
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Zones sensibles

Voilà un bien étrange ouvrage. Il m'a rappelé Truismes de Marie Darrieusecq. Le roman est composé de deux parties. Dans la première, on suit le parcours du narrateur (plus ou moins autofictionnel) prof en zone sensible et tenaillé entre la survie en collège hostile, les transports en train et ses visites chez le médecin afin de tenter de calmer ses douleurs dans le dos. Au passage, des digressions poétiques amènent légèreté au propos. Dansune seconde partie, il se fait opérer, puis part en rééducation dans un centre de balnéothérapie tout à fait singulier. Sa mutation opère peu à peu. C'est très bien écrit. Le poisseux, l'humide et le liquide innondent le récit. C'est poétiquement très maîtrisé. La prose est concise. On se laisse embarquer, mais bon, on n'irait pas soi-même !
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Ravive

Les neuf nouvelles de ce recueil sont toutes plus sombres et inquiétantes les unes que les autres. L'auteur ne nous accorde aucun répit et que peu d'espoir. Toutes parlent de mort, de fin du monde, de catastrophes, d'humanité menacée voire moribonde...Autant dire que ce livre est proscrit aux dépressifs. Moi qui étais plutôt en forme au début, l'étais un peu moins à la fin...

Ironie mise à part, je dois dire que j'ai trouvé à ce livre un charme "vénéneux". Je n'y prenais pas beaucoup de plaisir mais ne pouvais le lâcher, comme fascinée par cet objet bizarre, intelligent et poétique. L'écriture est très belle. Lecture intéressante, mais anxiogène. A lire, mais averti.

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Fissions

Écriture de précision, noirceur inégalée ancrée dans l'ordinaire faussement blafard.



Publié en 2013 chez le toujours étonnant Vampire Actif, le quatrième roman de Romain Verger confirme le singulier talent de l’auteur pour créer, dans un cadre initialement quotidien, voire banal (des douleurs de dos de « Zones sensibles » au mariage à préparer de ces « Fissions », en passant par la tranquille mission scientifique de « Forêts noires »), des récits autres, étrangers, authentiquement inquiétants, où la raison du lecteur semble glisser, accompagnant le doute, puis l’angoisse, des protagonistes, pour basculer in fine dans une folie cauchemardesque dont on ne s’échappe pas.



Création d’un climat paysan séculaire aussi lourd que madré que ne renierait pas le Pierre Jourde de « Pays perdu » ou même de « Festins secrets », quête acharnée de bonheur ordinaire qui résonne avec le Philippe Annocque du formidable « Liquide », indices troublants pointant vers une fêlure de l’axe du monde, sur laquelle le narrateur ne peut justement mettre le doigt, mais que l’on sent croître, comme nous en régalent certaines des plus sombres nouvelles de Mélanie Fazi, Romain Verger déploie ici un art tout en densité, télescopant avec minutie les quêtes illusoires de légèreté mises en œuvre par des personnages que guette à chaque instant le poids d’un regard passé, et les failles présentes, proprement infernales, où ils vont s’abîmer, qu’elles soient simplement esquissées ou, dans ces « Fissions » plus que jamais auparavant, gravées dans la souffrance de la chair.
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Fissions

La déflagration du récit est brutale, directement sur la plaie dès l’entame.

Le désastre a déjà eu lieu et le narrateur écrit, quelques heures chaque jour, et tente de comprendre, ou au moins de fixer les traces de cette destruction.



«Je prends les choses comme elles reviennent, dans le plus grand désordre, les attrapant à la gorge quand elles percent de ma camisole chimique. Ce sont tes cris, Noëline, le visage fêlé de tes sœurs ou la fosse emplie de nuit et de silence, les vœux du prêtre, pluies de riz et giboulées de roses, d’interminables routes entaillées dans le vide ou j’avance sans garde-corps, rasades de vodka, éclaboussures de sang, l’éblouissant crépuscule que dévore les crevasses.»



Romain Verger aveugle son lecteur, perdu dans l’incompréhension totale du drame qui s’est joué, et constatant ses traces, blessure, mutilation, médicaments, enfermement en hôpital psychiatrique … et, avec des cailloux blancs semés au fil des pages, l’horreur se révèle de cette soirée de noces qui a viré au cauchemar, avec cette écriture somptueuse au service de la monstruosité, comme une poésie de la souffrance au trait indélébile.



Dans un moment de dissolution de sa vie, rencontrant Noëline, le narrateur avait rêvé d’un amour idéal, d’une union de siamois. Écrivain ayant perdu le petit boulot qui le faisait vivre, il s’était retrouvé à brasser de la merde dans une déchetterie, envahi par la merde, incapable d’écrire, puis il était tombé sur Noëline, au hasard des clics d’un site de chat-roulette.



Leur mariage rapide, après seulement quatre mois, dans l’isolement d’une campagne fétide infestée d’insectes, auprès d’une belle- mère terriblement sadique qui ne fait qu’annoncer le reste de la noce, va virer au cauchemar. Dans cette foire aux monstres, le sol se dérobe, et on lâche la rampe du réel, et celle des certitudes tandis que l’on avance à tâtons vers la noirceur.



Romain Verger a brûlé le manuscrit de son livre et en a tiré de magnifiques photos qu’on peut voir sur son site, mais « Fissions » va continuer de nous brûler les yeux.

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Zones sensibles

Thalassothérapie, abandon, mutation. Un étrange et magnifique premier roman.



Publié en 2006 chez Quidam Editeur, le premier roman de Romain Verger impressionne d'emblée.



Professeur dans un collège de banlieue, le narrateur est à bout de souffle, broyé entre des voyages pendulaires quotidiens (dont la description prend d'emblée des accents gracquiens de route des Syrtes), des heures de cours toujours plus épuisantes et toujours moins gratifiantes, un stress et un mal de dos de plus en plus tenaces et de plus en plus éprouvants. Après une opération chirurgicale, le narrateur entame sa convalescence dans un étrange centre de thalassothérapie...



Sur ces prémisses relatiement ténues, Romain Verger, d'une écriture à la fois précise et poétique, bâtit un conte onirique surprenant et extrêmement attachant, qui rappelle à sa manière que si l'être humain surgit il y a bien longtemps de la mer, il peut - il doit ? - y retourner. Si les échos paradoxaux d'un Robert Merle, d'un David Brin ou d'un Hugo Verlomme ne sont pas si éloignés, comme souvent lorsqu'il y a communion - fût-elle glacée - entre la mer et une intelligence, c'est aussi par un fantastique aussi discret que profondément inquiétant que nous frappe Romain Verger, et il nous frappe d'autant plus fort, avec son sourire dissimulé, que l'on a été témoin, dans la "vraie vie", de la suprême passivité qui caractérise le "patient", une fois qu'il a remis son sort aux mains des autorités médicales (des autorités tout court, sans doute), et plus encore, de la curieuse allure de carnaval des zombies que prend aisément la scène hôtelière d'une thalassothérapie... A moins bien entendu que tout ne soit que bouffées de rêve ou d'imagination narrative issues du cerveau surchauffé d'un écrivain hypocondriaque... Comment savoir ?



Une bien belle réussite qui donne nettement envie de découvrir les autres romans de l'auteur.
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Fissions

Un drame magnifiquement bien écrit et relaté à la première personne. Les personnages sont bien décrits, leur souffrance, leur caractère. Comment ce jour qui devait être le plus beau de leur vie va virer radicalement au cauchemar ? Comment la folie s’est immiscée dans leur couple ? Comment les drames familiaux, le vécu peuvent faire basculer une personne, une famille, que rien ne puisse soulager, aider, ni soigner.

L’auteur grâce à une plume littéraire et puissante à la fois, nous emmène dans ce roman noir, dramatique et où l’amour, l’amitié ne suffisent pas à rendre heureux les personnes. J’ai été bouleversée à la fin de ma lecture, du noir, de la violence, mais un livre magnifique que je recommande vivement.

Voyez par vous-même jusqu’où le narrateur est prêt à aller par Amour.


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Zones sensibles

Lu, d'une traite et sous tension : Zones Sensibles, roman atypique et dérangeant, écrit dans une prose poétique acérée qui ouvre les cavités des entrailles, les charge avec précision, y plaçant ce qu’il faut d’attachement entre le cœur, le ventre, les poumons, pour ensuite éviscérer, passer au karcher ces cavités, laissant par la force du jet une empreinte noire sur les muqueuses blanchies par le sel et l'angoisse. Angoisse des débuts amniotiques, qui continue de flotter dans les odeurs marines quelque soit l’endroit, angoisse mue par la nostalgie de l'enfance où seuls les images et les gestes comptent, où les barrières de l'entendement s'élèvent et perturbent l’innocence des découvertes immédiates. Une fois ces barrières passées - on suppose par cauchemar plus que par miracle - elles ouvrent sur les foisonnements de l'adulte condamné à voir, à ressentir en toute conscience, et à subir des douleurs de carcasse, des abandons multiples et l'anéantissement salvateur auréolé de retrouvailles morbides.

Une quête onirique, dont l'aboutissement serait de n'être plus rien ou de prouver que d’aller vers le Rien est la direction à prendre au lieu de tendre plus communément vers le Tout ; une quête dont le but serait d’atteindre ce rien pour n'être plus atteint par les autres et ne plus même avoir à prendre le risque de s'atteindre soi-même.

Or, par une écriture de mots d’écume, de mots d’un monde lisse, visqueux, de mots glissants qui veulent faire oublier la chair, Romain Verger réussit à scarifier avec cette matière organique et rappelle a contrario que l’être est plein – si sous ces mots il saigne. Pour le lecteur en instinct de survie, tout vibre, tout lutte, dans la vision de ce qui pourrait être un anéantissement.

Le narrateur s'efface, tandis que ses cinq sens mutent avec l’enveloppe du corps, et il parvient à vivre de son apparente destruction - remise d’abord entre d’autres mains, comme s’il ne voulait pas en être tenu pour responsable. Destruction de lui-même servie par une audition et une vue accrues, ou plutôt modifiées, qui le mèneront au bout de sa quête. N’être rien, dans la mort, avec ses morts. Ou être enfin quelque chose auprès de ces mêmes disparus. Etre, survivre autrement, par ou à cause de l’abandon des êtres rencontrés – car après tout, sont-ils vraiment tous morts ? - dans ce nouveau monde, imposé ou désiré, où les disparus montreraient qu’ils palpitent, là, envers et contre la chair commune.

Dans une sorte de réalisme magique, l’éternité semble apparaître sous les écailles, l’éternité en ce qu’elle a d’intemporel, et cela dans chaque particule souvent ignorée, dans ce qui demeure peut-être malgré le narrateur, malgré tous ses efforts, par une mémoire enfouie de l'origine et par les restes de l'instinct de survie transmués en instincts de mort.

Il est donc possible de percevoir une sorte d’espérance dans cette démarche qui se veut passive et morbide. Ce serait une description peu commune pour parler d’elle et l’auteur sème le doute sur ses intentions, jusqu’au bout. Quelles qu’elles soient, l’eau, même noire, est toujours vivante et le Tout pourrait bien se révéler dans le Rien.

Reste dans le ventre, une perle monstrueuse ; et dans le souvenir obsédant, un roman magistral.



EM

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Grande Ourse

Les romans axés sur le principe du « mais qu’est-ce qui rapproche les deux protagonistes distants de milliers d’années ? » est quelque chose qui a toujours éveillé ma curiosité. Le résultat n’est pas forcément aussi bon que ce que j’attendais, mais n’empêche. J’aime ce concept. Donc forcément, en lisant le synopsis, je ne pouvais que me laisser tenter par cette lecture.

Comme je l’ai dit juste avant, il s’agit d’un court roman de 90 pages. Généralement, pour lire 90 pages il me faut 1h15 à 1h30. Selon la taille des caractères, la complexités de la langue, mon état d’esprit, le sens du vent et la couleur de mes chaussettes. Ça, c’est quand je lis un roman plus conséquent. Sauf que, quand il s’agit d’un livre court, et surtout quand je l’ai acheté, j’ai tendance à lire plus lentement. Parce que ces livres aux pages peu nombreuses sont la plupart du temps au même prix que des romans de 300 pages. Et psychologiquement, le lire trop vite me donne l’impression de ne pas en avoir eu pour mon argent. Ouais je sais, j’ai des idées bizarres parfois :D



En refermant le livre, la première chose que je me suis dite fut : « T’as compris ce que tu viens de lire ou pas ? ». Et le truc, bah c’est que sur le coup je n’en étais pas vraiment sûre. Il a fallu que je prenne un peu de distance avec cette histoire pour pouvoir l’apréhender dans son ensemble, pour mieux la comprendre.

Alors, le lendemain de ma lecture j’y ai pensé, j’ai tenté d’analyser ce que j’avais lu. Et j’en ai conclu que cette lecture ne m’avait pas emballée outre mesure. Non pas que j’ai détesté, mais disons plutôt que j’ai trouvé ce livre très curieux. Trop curieux.



Le texte met en parallèle deux hommes distants de 35000 ans et que tout oppose. D’un côté, il y a Arcas, homme du paléolithique ayant perdu les siens. Il tente de survivre dans une nature gelée, qui le prive de nourriture et de tout contact avec le monde vivant. De l’autre il y a Mâchefer, homme du présent, qui fuit le monde, la nourriture. Deux extrêmes qui finalement se rejoignent sur bien des points. Enfin, en particulier sur un : ce besoin primitif et bestial de repousser ses limites, que ce soit dans la quête de la survie ou dans celle de l’anéantissement de soi-même.



Dans cette histoire nous rencontrons d’autres personnages, qui auront tous une place importante. Que ce soit cette ourse, sorte de déesse vivante qui va croiser le chemin d’Arcas, que ce soit Mia, cette demi-géante avec laquelle Mâchefer aura une relation bien particulière, ou encore Ana, la vieille voisine de Mâchefer, qui semble si étrange. Enfin, il y a ce bébé dont la figure se résume à une bouche.

Plus que des êtres humains en tant que tel, ces personnages font figure de métaphore sur la nature, sur notre monde. Et c’est ce là que ça a pêché pour moi. Car d’un côté, cette histoire très imagée apporte au texte une grande richesse. Les phrases sont poétiques, parfois même mélodieuses. On a envie de se laisser bercer par les mots eux-même. Mais d’un autre côté, j’ai trouvé que l’histoire recelait trop de figures métaphoriques, et j’ai fini par m’y perdre.



Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de mal à rédiger ce billet, tant mon ressenti sur ce livre est confus. Finalement, je ne suis pas sûre d’avoir réellement apréhendé ce roman. Je pense qu’il restera pour moi une grosse part de mystère non résolue. Je n’exclus pas, néanmoins, de m’essayer à un nouveau roman de Romain Verger, car sa plume est agréable à lire.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Grande Ourse

« Grande ourse » m’en a balancé à la gueule. Ma lecture s’est faite dans une sorte d’attirance-répulsion, un mélange de fascination et de dégoût, une intense curiosité parsemée de nausées… de l’émerveillement et de l’angoisse intimement imbriqués. Ce qui ne l’a pas rendue facile d’ailleurs : il m’a fallu entrer dedans, reposer le livre à plusieurs reprises pour me reposer, surmonter des vagues de dégoût… lecture inconfortable, oppressante, angoissante et en même temps si intrigante, happante.



Deux histoires se succèdent : celle d’Arcas, homme préhistorique qui connaît la faim et la solitude suite à une période de grand froid, celle, actuelle, de Mâchefer (son descendant ?) qui se refuse à manger, rêvant d’un état de grâce et vivant d’étranges expériences. Sommes-nous dans la folie ou le rêve-cauchemar ? Irréel à la limite du réel ou l’inverse ? La mémoire corporelle de Mâchefer porte-t-elle en elle la faim-souffrance-jouissance d’Arcas au point de vouloir la revivre ?



Corporelle, corporalité, écriture corporelle… le corps est central dans ce livre, on le sent, on le vit, on le voit, on le goûte tant et tant que le malaise est profondément et intimement physique. Romain Verger avec son imagination assez incroyable et son écriture si détaillée et visuelle a réussi à me plonger viscéralement-organiquement dans son roman.



Certainement très cinématographique également cette écriture car jamais un livre ne m’avait donné de sensations aussi fortes (de dégoût notamment) et ne m’avait autant fait penser aux films qui par leurs images le peuvent… films angoissants, oppressants, oniriques… livre lynchéen : du monstrueux onirique, des organes (et de l’absorption-expulsion), du cauchemar trop réel ou de la réalité cauchemardesque, de l’incompréhension, du flou… Et pour moi spectatrice du malaise profond, des envies de vomir, et toujours cette répulsion-attirance… attirance…



Lire « Grande ourse », ce fut donc accepter d’être confrontée, secouée, mise mal à l’aise, imprégnée de sensations inconfortables tout en étant fascinée, émerveillée et nourrie par cette expérience unique.
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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Grande Ourse

Derrière l’ourse qui cajole et absorbe, le sombre et somptueux pouvoir de la métaphore.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/10/note-de-lecture-grande-ourse-romain-verger/

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Fissions

Ce roman est le témoignage d'un jeune homme. Il avoue un meurtre et veut un jugement impartial, mais la folie a eu raison de lui. Jugé irresponsable, il clame sa culpabilité. Il raconte sa rencontre avec Noëline, son mariage et sa nuit de noce. Ses mémoires sont-elles imprégnées d'une démence sournoise.

Ce court roman, à la première personne, nous immerge dans l'univers de cet homme, solitaire, introverti, et apparemment sujet à des souffrances inexplicables et des délires, l'un et l'autre étant certainement liés. Le récit se déroule comme une réminiscence clinique, chirurgicale. Il nous raconte la rencontre, cet amour éperdu pour sa future femme, et la nuit de noces, avec tous ses invités bizarres, et les réactions irationnelles des acteurs de ce drame. Nous pourrions imaginer que le marié souhaite se justifier mais le sentiment ne perdure pas longtemps, il nous explique la nuit avec un vision claire, sans fioriture, expliquant ses actes le plus simplement possible.

Le seul moment qui pourrait nous éclairer sur la folie de cet homme est le dénouement tragique qui paraît nous jeter plus dans le flou que nous donner une explication. Un mélange de fantastique et de folie, une folie sévère, mauvaise, créant chez l'autre une fission de l'esprit, le brisant, revêtant l'esprit d'un linceul de peur effroyable.

Ce roman pourrait être qualifié de thriller macabre. L'auteur nous prouvant une grande facilité à mettre en place une ambiance malsaine, il devrait proposé la prochaine fois un roman plus étoffé, celui-ci se terminant un peu trop rapidement.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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Grande Ourse

Ce livre, écrit dans un style brillant, me rappelle 'L'artiste du jeûne" (pour le corps) de Franz Kafka et "La grande vie" (pour l'aspect sexuel) de Jean-Pierre Martinet...



Ce livre, je l'ai pris chez une amie qui m'avait prévenue : l'auteur fait dans le trash... bon, comme je n'aime pas cela, je regarde celui qu'elle n'a pas encore lu et lis le 4e de couverture. Ayant fait des études en Préhistoire (période assez peu présente dans les romans) et n'identifiant pas d'éléments traumatisants à la lecture du pitch, j''embarque le livre dans ma valise...



Et me laisse embarquer par lui ! Quel style !



Malgré le "trash" (j'entends par là, corps en souffrance et sexualité dérangeante), je suis séduite !



Il nous berce au-dessus d'un buisson d'orties et de ronces ! C'est poétique, mais le sujet, -mon Dieu ! vous rappe l'âme, vous dérange la norme sociale fermement ancrée dans le crâne... Wahou ! On n'en ressort pas indemne ... avec une fin dans une brume indécise... oui ça ressemble à Kafka.



Pour moi, je pèse mes mots, ce roman, c'est de la littérature ; car le style est là, sans lourdeur, sans style qui se montre, qui veut faire du style, non, un vrai regard. C'est de la littérature ; c'est du "jamais vu" en dépit de l'intertextualité que j'ai cru voir (?).



Romain Verger est un auteur vivant, ça fait plaisir ... (je n'en ai pas beaucoup dans ma bibliothèque...!!!)
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Fissions

C’est un livre qui ne vous laissera pas indifférent. Une véritable tragédie grecque (les unités de temps, de lieu et d’espace sont là) une montée en puissance du drame jusqu’au point nodal.

Ce devait être le plus beau moment de leur vie; leur mariage célébré le jour le plus long de l’année. Une alliance précipitée de deux personnes qui se connaissent à peine. Une union de deux êtres à vif comme une tentative de normalité. Cette journée particulière sera décrite par le menu, comme une réminiscence du narrateur qui tente de recoller les morceaux de cette ascension vers l’horreur. Il y un hommage permanent au mythe d’Œdipe, entre le rapport de Noëline, la jeune mariée, à sa mère et l’acte d’auto mutilation du narrateur. On retrouve aussi « La grande bouffe » de Ferreri dans une scène stupéfiante de banquet de mariage aux allures orgiaques qui précèdera le drame, comme un dernier excès avant la chute. Il y a deux mouvements dans ce texte qui s’alternent ; la plongée dans la folie est traduite par la montée d’une crise délirante.

Ce roman m’a mis extrêmement mal à l’aise, paradoxalement c’est un livre que j’ai beaucoup aimé, je crois que le vrai talent littéraire est de faire réagir le lecteur et non pas de le bercer. J’ai ressenti la même aversion parfois qu’à la lecture de « Sukkwan island » de David Vann. La description de la folie fait peur, car devenir fou est peut-être la plus grand angoisse de l’homme.

Bouffée délirante ou réalité du narrateur ? Le doute plane toujours…
Lien : http://loeilquifume.wordpres..
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Forêts noires

« Forêts noires » est le troisième roman de Romain Verger, paru en 2010 chez le hautement recommandable Quidam Éditeur.



Le narrateur, chercheur en biologie, est envoyé pour deux ans en mission dans un village du Japon pour y étudier l’influence des roches magmatiques sur la forêt d’Aokigahara voisine, au pied du mont Fuji, une magnifique forêt née sur une coulée de lave, mais de sombre réputation du fait des nombreux suicides qui s’y produisent.



Quittant une vie artificielle et étouffante à la ville, où il s’occupe de sa mère en fin de vie après le décès de son père, il emménage au Japon dans un bungalow rudimentaire, sur les bords d’un lac et aux abords de la forêt. Son matériel de travail s’est perdu dans le déménagement de France, alors il occupe ses journées, noue une relation avec une villageoise, veuve d’un suicidé, cherche à échapper à la surveillance de son inquiétant voisin au visage impassible, et, comme un rituel, se promène en bordure de cette mer d’arbres ténébreuse qui repousse puis absorbe à la manière d’un trou noir aimanté.



Allégorie de la mémoire dans laquelle on pénètre et on s’enfonce de plus en plus profondément, les ombres de la forêt d’Aokigahara font renaître toutes les expériences traumatiques, vers une chute en toute lucidité.



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Zones sensibles

« Zones sensibles » est le premier roman de Romain Verger (2006), et encore une très belle découverte chez Quidam Éditeur.



Le narrateur, jeune professeur dans une banlieue difficile, nous livre un récit en forme d’instantanés intimes, dépeignant le rythme du train, carcasse d’acier qui le transporte à travers la banlieue de son domicile vers son collège, la dureté des rapports aux élèves, la glaire des crachats et les barrières qu’on dresse, les douleurs de son dos qui le brûlent comme une carapace, les consultations chez le médecin qui lui semble un démiurge, les rêves qu’il fait de son père disparu à l’automne précédent, son attirance pour Ariel, l’enseignante en arts plastiques à la pédagogie étrange, qui fait cuisiner des livres aux élèves.

Ce quotidien est empli de visions marines, de cours d’eau et d’écluses, de marées et d’océans, par un narrateur qui se malmène lui-même comme un noyé roulé dans les vagues.



Le mal de dos devient insupportable, il doit se faire opérer et accepte de suivre une cure pour sa rééducation, et le récit s’enfonce davantage dans le registre fantastique si particulier de cet auteur, grand dès ce premier roman.

Romain Verger impose d’emblée une image de puissance, celle d’un écrivain habité de visions d’une force archaïque, de visions organiques, morbides et poétiques.



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