Romane Rose

Eclair au café ?
Je regarde la devanture, mécontent de ne pas en trouver. C'est un grand classique pourtant. Je râle, déçu par les macarons flashy qui remplacent des pâtisseries aussi simples et délicieuses qu'un éclair, une religieuse ou une tète de nègre.
Zut! Interdit de dire tète de nègre. Maintenant, c'est....
Je cherche sans retrouver la nouvelle épithète attribuée à ce dessert débaptisé pour cause de racisme.
Les bonnes sœurs se montrent plus cools. Elles n'intentent pas de procès en s'offusquant qu'une friandise porte leur nom bien que le gâteau ressemble à s'y m'éprendre à un sein de femme orné de son bouton de chantilly. Purement sexuel.

Depuis, je me pose la question de poursuivre dans la police ou de me trouver un autre job.
Si la seule récompense que l'on obtient en montrant de la loyauté et en trimant comme un malade au détriment de sa vie de famille, je sais je n'ai pas de famille, consiste à être relégué dans un placard, autant devenir balayeur de rue. Les crottes de chien ne vous tournent pas le dos. Elles maculent vos chaussures sans s'occuper de savoir si vous êtes un obsédé ou non.

– Ce n’était pas un passe-temps ! J’ai travaillé comme une forcenée pour obtenir mon diplôme, lui fais-je remarquer aigrement, vexée de son peu de considération pour mes efforts à devenir autre chose que Mlle Newel, fille à papa, héritière fortunée occupée par sa manucure plus que par le bien-être de ses contemporains.

– Une classe n’est pas un camp militaire ! Si vous vouliez mater votre progéniture, c’est un militaire à la retraite que vous auriez dû engager. De préférence un gars des commandos.
– Vous pourriez faire preuve d’un peu plus d’autorité !
– L’autorité n’a aucun pouvoir face à quelqu’un décidé à ne pas obéir. Vous voulez que je les punisse, que je les frappe ? Ce n’est pas ma conception de l’enseignement.
– Quelle est-elle, alors ? Lorsqu’ils mettront le feu à la classe, vous les laisserez faire ?
– Non ! Je profiterais de l’occasion pour leur expliquer le fonctionnement d’un extincteur, des règles de sécurité en cas d’incendie. Il y a plein de choses à apprendre d’un incendie.

— Pourriez-vous arrêter de surgir comme ça et me faire peur ?
— Moi ? se défendit-il en préparant sa dose de remontant.
— Oui, vous ! Un peu plus et tout tombait par terre. Et je me suis brûlée !
Elle montra la fine trace rouge sur son poignet.
Il lui jeta un coup d’œil rapide, haussa les épaules en signe de vague compassion.
— Passez-le sous l’eau froide, cela atténuera la brûlure. Vous trouverez de quoi vous soigner dans l’armoire à pharmacie de votre salle de bain. Sinon, j’ai une hache affutée s’il faut vous amputer, la taquina-t-il.

- Fermez les yeux, ordonne-t-il d'un souffle chaud à mon oreille.
J'obéis, confuse, soumise, le sentiment de danger plus grand de seconde en seconde.
Exaltant. Enivrant. Troublant.
Je sens ses mains sur mon visage, le tissu qui couvre mes yeux, le nœud du foulard ou de la cravate qu'il serre autour de ma tête.
Il ondule contre moi, me fait ressentir son désir, me force à suivre ses directives.

Elle l’imagina venant frapper à sa porte pour réclamer ses droits de mari, en rit, puis s’en inquiéta. Elle pria pour qu’il se montre discret et que les domestiques se désintéressent des allées et venues de leur maître pour la rejoindre. Quelle honte cela serait si les serviteurs discutaient de leur intimité.

Jamais un homme ne l’avait ainsi enlacée contre lui de cette manière dominatrice. Le discret parfum à la douceur d’épices et cannelle étourdissait ses sens. Le bras ferme autour d’elle l’embarrassait et la perturbait.
Qu’en serait-il lorsqu’il exigerait d’user de ses droits ?

« les hommes ont des besoins que les femmes n’ont pas ». Sur ce point, Esmée approuvait. Au fil du temps, elle se satisfaisait pleinement des absences du duc, et pour sa part éviterait la « chose » s’il ne lui rappelait pas les termes de leur contrat en s’invitant dans son lit. Tout comme lui, elle désirait cet enfant, mais pas pour les mêmes raisons. Un petit être à chérir comblerait le vide de sa vie, éloignerait les fantômes du passé, les « si » souvent rabâchés comme des regrets de plus en plus tenaces. Son cœur battit fort dans sa poitrine à l’évocation de son amour pour Andrew, à ce qu’elle avait rêvé de vivre à ses côtés.

L’acte charnel ressemblait à ça ? Pourquoi Betty prétendait-elle qu’elle se sentait toute chose et excitée, que l’univers entier lui appartenait lorsqu’elle touchait les étoiles ?
Esmée ne ressentait rien de particulier, à part cette gêne infime lui rappelant son désormais statut de femme. Son cœur n’avait pas éclaté de douleur comme elle l’avait imaginé. Il s’était simplement tu, étouffant ses sentiments pour un autre. Ses rêves disparaissaient dans un recoin secret de son esprit.
Fini l’innocence. Fini les histoires de petite fille. Fini les princes charmants. Place à la réalité de sa de sa nouvelle vie.