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Citations de Ryoko Sekiguchi (213)


On croit parfois universels certains concepts qu’on estime essentiels à la vie, et on s’étonne d’apprendre qu’ils ne s’appliquent pas partout. C’est le cas, par exemple, des notions de « société », de « liberté » ou d’« amour », qui n’existent en japonais que depuis l’ouverture du pays au XIXe siècle, comme concepts traduits des langues européennes. Le constat étonne toujours les non-Japonais.
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Il y a une expression en japonais, "aji wo mukae ni iku", qui pourrait se traduire par "aller chercher un goût". En cas de rencontre véritable entre deux ingrédients, il arrive que l'un aille "chercher le goût" de l'autre, pour en extraire la meilleure part. Pour peu que l'échange soit mutuel, on pourra découvrir une saveur qui n'existait pas tant que les ingrédients menaient leur vie séparément.

p.73
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Depuis le jour de son accident, comme ses lunettes s'étaient envolées sous l'effet du choc pour finir écrasées par le véhicule suivant, son odorat aussi s'était envolé, tel un ballon qu'elle aurait tenu entre ses doigts et lâché par surprise. Ce n'était pas en ouvrant les yeux dans sa chambre d'hôpital qu'elle s'en était aperçue, mais une semaine plus tard, sur le chemin du retour, alors qu'elle rentrait à la maison avec son mari. Dans son quartier trônait un magnifique mimosa. Lorsqu'elle leva les yeux pour contempler la luxuriance des fleurs frémissant d'allégresse, l'arbre lui parut inhabituellement silencieux. C'est à cet instant qu'elle prit conscience qu'elle ne sentait plus. Plus tard, elle apprit que la lésion cérébrale provoquée par la voiture qui l'avait percutée perturbait son système nerveux. Elle ignorait que les odeurs étaient comme des sons. Son univers ne vibrait plus.
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The Last Leaf d’O. Henry est l’histoire d’une jeune femme qui s’identifie à une saison. Johnsy, atteinte de pneumonie, est au seuil de la mort. Par la fenêtre du modeste appartement qu’elle partage avec d’autres artistes, elle contemple les quelques feuilles de lierre restées accrochées sur les branches et annonce qu’elle mourra lorsque les dernières feuilles seront tombées. Selon le médecin, c’est surtout l’envie de vivre qui lui manque : elle ne saurait guérir si elle ne reprend pas goût à la vie. Behrman, son voisin du dessous et vieux peintre alcoolique, répète à qui veut l’entendre qu’il peindra un jour un chef-d’œuvre. Il rabroue gentiment la mélancolique Johnsy. Après une nuit de tempête, il ne reste au matin qu’une seule feuille au lierre. Les rafales de vent et de pluie ont beau se poursuivre le lendemain, la feuille tient bon contre le mur. C’est cette feuille qui rend à Johnsy son espoir en la vie, et la jeune femme retrouve peu à peu ses énergies. En revanche, Behrman s’éteint deux jours plus tard, de froid et de fatigue. La dernière feuille de lierre sur le mur, c’est lui qui l’avait peinte. Johnsy comprend alors que c’était là le chef-d’œuvre promis.
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Il est des idées qui ne naissent que dans le dialogue : à l'état de germe, elles attendent parfois d'être réveillées par les échanges entre deux personnes qui partagent le même esprit.
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Il paraît qu'être digéré par un nuage est une expérience exquise, irrésistible, comme tomber dans les bras de Morphée.
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Lors de l'assemblage, au début, la sensation que l'on éprouve s'apparente à celle d'une marche dans la montagne.On ne voit pas forcément tout le chemin à parcourir jusqu'à la cime, parfois la brume nous cache la vue. Mais au fur et à mesure que l'on avance, que l'on réfléchit, il arrive un moment où l'on parvient au sommet et l'horizon s'ouvre devant soi. Et l'on embrasse alors l'ensemble du paysage, avec ses collines et ses vallées. On comprend pourquoi les vallées existent ici, les collines par-là, et les rivières qui coulent entre les deux.

Hervé Deschamps
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Les odeurs vous entourent, font sens et constituent le monde.
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Tous les écrits qui traitent du travail des hommes avec la matière appellent des rencontres concrètes. On ne peut pas parler d'agriculture sans voir la terre.
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Ryoko Sekiguchi
Tant que sa voix existe.
Le surgissement partiel et cruel
D’une personne qui n’est plus.
De sa vie restera une onde.
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Certains parfums arrivent en douce, d’autres accourent vers vous. Le tabbouleh est un plat d’explosions. À chaque bouchée, vous écrasez des cellules et des fibres d’herbes, et ce qui surgit, ce sont des éclats, non d’épices, mais de la vie des plantes. Ce plat national peut être qualifié de petite bombe de vie explosive.
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La coutume de l'o-miokuri surprend souvent les Occidentaux en visite au Japon. Elle consiste à raccompagner la personne qui s'en va, comme cela se pratique dans beaucoup d'autres cultures, et comme elle s'est pratiquée longtemps dans les gares et les ports. Au Japon, cependant, elle ne concerne pas seulement les grands départs. En ce moment que je suis au Japon, ma mère reste sur le pas de la porte tous les matins quand je sors de la maison, et agite la main jusqu'à ce que j'aie tourné le coin de la rue. Dans les restaurants traditionnels de Kyoto, le chef et la patronne sortent chaque fois qu'un client quitte l'établissement, et continuent de les saluer jusqu'à ce qu'il ait disparu de leur champ de vision. Omiokuri, c'est "raccompagner (okuru) du regard (mi)".
Chaque fois que je me rendais chez mon grand-père, au moment de se quitter, il faisait "omiokuri" jusqu'à ce que j'aie monté la pente et que l'on ne se voie plus. C'est le regard qui prolonge le lien entre deux personnes, même après le départ.
Est-ce parce que nous, Japonais, n'avons pas d'autre geste pour ponctuer la séparation, comme la bise? Toujours est-il que la séparation, comme une queue de comète, laisse une trace; ce n'est pas tourner la page brusquement.
(...)
Ce ne sont pas seulement les personnes; parfois, un lieu peut vous accompagner. Lorsque l'on prend le train, le bateau ou la voiture, et que l'on regarde s'éloigner le paysage du lieu qu'on quitte, n'avez-vous pas senti parfois ces montagnes, ce port, vous accompagner encore un moment?
Aucun départ, nulle séparation, ne se fait en un instant. Même si le moment du départ dure à peine une seconde, il reste encore les vagues, la lumière qu'a laissée le temps passé ensemble.
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"14 Mars: Shintaro Ishihara, le maire de Tokyo, un réactionnaire notoire, clame que "l'identité" des Japonais est souillée par l'égoïsme. Les tsunamis sont là pour la purifier............ C'est un "châtiment " céleste ."
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À mesure que le deuil s'accomplit, les attaques de la disparition se font moins violentes. Mais l'absence demeure, et s'installe pour toujours. L'absence, elle, ne disparaît pas.
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Les saisons, c'est un sentiment, une émotion. Nous entretenons avec chacune d'elles une relation intime et personnelle. Sentir cet attachement, quel que soit le moment de la saison que l'on préfère, c'est peut-être cela "être de saison", au sens de l'expression française. C'est être dans l'instant, être dans la vie.
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Le jardin est un espace qui n'est jamais figé. Selon les rayons du soleil, l'humidité ou les floraisons, il n'est jamais comparable à un autre. La nature est en mouvement permanent.

Marc Jeanson
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Le livre quantifie le temps, il le rend pour ainsi dire concret. Sans cet instrument, l'attente s'éternise, le temps se dilue. Pour ma part, je ne peux pas concevoir de me retrouver où que ce soit sans livre. Même si je ne peux pas me concentrer, si je n'arrive pas à lire, le seul fait d'en avoir un sous la main, que je pourrai ouvrir au besoin, m'apaise.
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Quel nagori nous affecte le plus durement,
La séparation avec les fleurs
Ou la séparation avec le printemps?
(Fushimi'in)
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Vivre humblement et mourir comme un ver - à peine le temps de pousser un petit cri
Tatsuhiko Ishii
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L'impression aérienne que l'on garde souvent après un repas japonais vient du fait que le nuage est apprécié comme le summum des produits nobles.
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