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Critiques de Santiago H. Amigorena (317)
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Le Ghetto intérieur

Vous me direz, encore un livre sur la shoah, du déjà vu...



Loin de là!

Un ouvrage sensible, sur l'absence, la culpabilité, la perte d'espoir...

Un devoir de mémoire indispensable et juste, sans pathos, dans la lignée d'une Primo Levi...

Un dernier chapitre plus qu'émouvant et étonnant, nous plaçant nous, lecteurs du XX1ème siècle, devant nos responsabilités et notre Histoire...

Un petit bijou!
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Le Ghetto intérieur

La question sur ce qu'est la judaïté n'a pas de réponse satisfaisante. Selon que l'on soit intérieur ou extérieur à cette appartenance, nous avons vis à vis de l'existence même de, comment l'appeler, la diaspora juive, la raison d'être de la dispersion, nous avons une lecture mal avisée. Je suis gêné aux entournures à l'idée d'évoquer le sort de millions de personnes dont le reste de l'humanité n'a eu que faire jusqu'à la découverte bien réelle des camps de la mort. La publication dans les journaux anglo-saxons de témoignages sur ceux-ci, pendant la guerre, ne suscita pas l'émoi et la prise de conscience qui habitent aujourd'hui l'ensemble du monde occidental. Le silence pathologique du personnage principal en dit long sur l'impossible culpabilité, sur la vacuité d'une vie marquée sous le sceau de l'infamie. Vous saviez, vous aviez des doutes et vous n'avez rien fait, et pourquoi, si ce n'est par pur égoïsme. Il est un peu facile ensuite de se dédouaner par un travail de mémoire, sorte de psychanalyse qui évacue la honte originelle.

Oui, votre grand père est parti en Amérique du Sud. Il a laissé sa mère, son frère et n'est pas revenu pour les chercher et les protéger quand il était encore temps. Il avait trouvé le bonheur, matériel et affectif, qu'en a-t-il fait. Ce n'était pas une "grande âme". Des millions d'êtres vivent et meurent sans avoir eu à confronter leur humanité ou leur courage à une quelconque épreuve qui magnifie ou détruit celle ou celui qui la rencontre. L'on reconnaît la vraie nature d'un individu à son attitude lors de circonstances exceptionnelles. Cet homme a eu à vivre une épreuve insurmontable pour lui, un être faible, mais qui sommes-nous pour dire ce que nous aurions fait à sa place. La lâcheté collective a précédé ce petit bout de manque de conscience individuelle. Que le petit-fils prenne le sujet à bras le corps est tout à son honneur, toutefois, la rédemption n'est pas d'actualité, l'Histoire actuelle n'honore pas plus l'espèce humaine. La mauvaise conscience de l'humanité a donné à la judaïté son territoire, un état dont on taira les exactions, qui n'honorent pas la mémoire de leurs aînés.

Je vous le dis, d'autres génocides ont eu lieu, à plus ou moins grande échelle, il est à espérer que d'autres petits-enfants participent au devoir de mémoire sans chercher à exempter les acteurs et spectateurs de toute responsabilité.

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Le Ghetto intérieur

J ai beau lire des livres sur les juifs la guerre la résistance en fermant ce livre me voici encore toute retournée.

Que d' histoires tragiques a vécu ce peuple

Au départ je ne comprenais pas trop ce titre

Ce titre peu commun se dévoile tout au long du récit

Les taiseux sont ils heureux même dans la vie d'aujourd' hui bien que dés fois il faut savoir se taire

Le silence est il d'or ou est il pesant ?

je vous laisse découvrir ce livre et les pensées de Vicente

Bonne lecture
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Le Ghetto intérieur

Un livre remarquable sur la culpabilité, surtout quand celle-ci peut paraître justifiée : avoir demandé à sa mère et sa famille de s'enfuir de Pologne avant qu'il ne soit trop tard, mais sans vraiment insister, sans s'en donner véritablement les moyens.

En 1928, Vincente a quitté la Pologne pour "fuir" sa famille. Installé a Buenos Aires, il est marié à Rosita et a trois enfants.

Petit à petit, prenant conscience de ce qui se passe en Pologne, rongé par le regret et la culpabilité, il se construit ses propres murs, pas physiques, comme dans le ghetto de Varsovie où sa mère est prisonnière, mais mentaux, se renferme, se coupe de sa femme aimante et désespérée et de ses enfants, devient mutique (rapprocher cela au fait que l'auteur soit muet de naissance et que Vincente soit son grand-père serait de la psychologie de comptoir. Quoique...).

Sa seule échappatoire, le poker, il y perd de belles sommes, c'est pour cela qu'il joue car il perd, un châtiment de plus...

Ce livre est aussi passionnant car il montre que les gens ne voulaient pas vraiment savoir ce qu'il se passait dans ces camps, les informations, reléguées dans les pages intérieures des journaux n'étaient pas reprises.

PS. L'auteur peut faire preuve d'un humour à la Woody Allen, page 74 (sur la transmission de la judéité) et page 76 (enfant d'un couple mixte, ni chrétien, ni juif, donc coupable !)









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Le Ghetto intérieur

« […] les mots ne dépendent pas de ce que croit dire celui qui les dit : les mots disent ce qu’ils deviennent, ils racontent toujours une histoire, des histoires. »

Les mots de Santiago H.Amigorena glissent un pied dans la porte de l’histoire verrouillée de silence de sa famille. Lorsque Vicente Rosenberg, son grand-père, quitte Varsovie en 1928 pour aller s’installer en Argentine, il n’est pas (et il ne peut pas être, pas encore, pas si tôt !) un juif qui fuit la menace nazie, il n’est qu’un jeune homme comme tant d’autres, gonflé de l’espoir de construire sa vie dans un pays plein d’avenir et, surtout, loin de l’amour étouffant de sa mère. Alors, oui, il répond à ses lettres, mais pas toujours, mais de loin en loin, mais de moins en moins. Jusqu’à ce que des mots terribles, des mots qui seront les derniers, tracent les contours d’une réalité qu’il ne voulait pas voir, qu’il ne pouvait pas croire et contre laquelle il ne peut plus rien. Alors, de douleur et d’impuissance, il se tait.

L’histoire que racontent les mots de Santiago H.Amigorena est, paradoxalement, celle d’un silence qui se creuse dans le fracas lointain des armes, dans la douleur montante des larmes, dans la terreur sournoise des flammes d’une terre brûlée à venir. Celle d’un silence qui se bâtit, à grand renfort de honte et d’angoisse sur les ruines encore fumantes d’une existence dont on ne soupçonnait pas la valeur, de souvenirs dont on ignorait qu’on les chérissait. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent un gouffre qui se creuse, un mur qui se construit, un silence qui se fige peu à peu entre le racontable et l’indicible, entre ce que les mots peuvent traduire et ce qu’aucun d’entre eux, jamais, n’aura le pouvoir de dire avec assez de force, de poids, d’horreur et de justesse. Ils racontent l’histoire du nouveau péché originel, celui de la génération « d’après », entravée pour toujours des chaînes de la culpabilité d’avoir échappé au pire, de n’avoir pas su le voir, le dire et d’avoir osé vivre tandis que tant d’autres mourraient. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent le silence coupable de ceux qui n’ont pas voulu croire aux mots qui racontaient et qui donnaient à voir et à hurler, le silence qui enferme et qui tue, le silence qui condamne. Qui « damne avec » ?

En retrouvant les mots enfouis, les mots qui n’ont pu être dits avant lui, Amigorena dévoile, avec justesse et une douloureuse lucidité, la Genèse d’un silence qui, à votre tour, vous laissera sans voix.

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Le Ghetto intérieur

Le Ghetto intérieur de SantiagoH.Amigorena paru en 2019 aux Editions P.O.L. Cet écrivain et aussi un cinéaste comme vous pourrez le voir dans sa biographie.

Le Ghetto intérieur est un récit poignant. Le heros, Vincent a quitté la Pologne et son antisémitisme juste avant la seconde guerre mondiale et a trouvé refuge à Buenos Aires où il devient marchand de meubles après avoir épousé Rosita fille de deux parents qui , eux-même, ont fui l'Europe de l'Est pour éviter la persécution des juifs.

Vincent s'es bien adapté a sa nouvelle vie et a son nouveau pays. Marié il devient père de famille et a a tout pour être un homme heureux et il l'est pendant un certain temps.

Il a laissé en Pologne , à Varsovie sa mère, une soeur et son frère aîné. Il correspond avec eux , tente même de convaincre sa mère de venir le rejoindre en Argentine, mais, comme il en prend conscience, il le fait sans réelle conviction , sans faire tout ce qui aurait été nécessaire pour réussir. Et c'est alors qu'il va apprendre petit à petit ce qui est en train de se passer en Pologne, dans ce pays pour lequel ,jeune homme il a combattu dans l'armée,le développement des mesures antisémites puis, aprés l'arrivée des Allemands la répression, le ghetto de Varsovie, et enfin les mesures prises par Hitler et ses hommes pour ce qu'ils ont appelé "la solution finale". Il l'apprend par la lecture des journaux, même si cette lecture ne dit pas tout de l'horreur,et des lettres ,rares, reçues de sa mère. Il va culpabiliser mais surtout il va se trouver impuissant et va , à partir de ce moment ne plus pouvoir exprimer sa douleur,il va devenir quasiment muet ne parlant plus ni a sa femme ni a ses enfants ni a ses amis.

On a beaucoup évoqué le fait que ceux qui revenaient des camps ne disaient rien même à leur famille. Ce traumatisme face à l'indicible est fort bien raconté par ce récit poignant et l'on comprend bien que rien ni personne ,dans ce cas , ne peut venir en aide.

C'est finalement un de ces romans qui en disent plus long sur la Shoah que beaucoup de livres d'histoire.
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Le Ghetto intérieur

J'ai eu un peu de mal à entrer dans la vie de Vicente Rosenberg ce 13 septembre 1940, dans son bonheur tranquille, sous le ciel serein de Buenos Aires. Très vite pourtant, j'ai quitté son magasin de meubles et son quotidien sans histoires pour les ombres de sa vie intérieure. L'auteur nous y invite à petits pas, il nous prend par la main pour nous guider dans ce parcours, et la lectrice que je suis, ne l'a plus quittée.

J'ai trouvé dans ce livre bien plus que la douleur de la perte. Jamais je n'avais éprouvé autant, la force du questionnement sur ce que nous sommes, ce qui nous constitue profondément, au delà de la mémoire, des photographies, du partage.

"Qu'est ce qui nous fait sentir une chose plutôt qu'une autre?" Dès les premières pages, Vicente se souvient s'être interrogé sur la judaité, et l'avoir regardé comme extérieure à lui même lorsque ses cousins tout de noir vêtus étaient venus les voir à Varsovie. Nous allons l'accompagner tout au long de ces pages, dans une plongée abyssale vers ses origines. Elle se fait par étape, au fil des mots, presque par hasard, comme lorsqu'il raconte à ses filles l'histoire de ce poète prussien, Hoffmann, chargé de transcrire sur les registres civils de l'administration les noms des juifs. Mais avant, comment s'appelaient ils ? demande Martha...et Vicente retrouve le fil de la mémoire, il demandera à sa mère, sa mère si loin à qui il écrit si peu...

Le rideau de la culpabilité descend doucement, il ne s'arrêtera plus. Au fil des rares lettres reçues, des articles de presse, la culpabilité enfle comme une maladie, au gré des gestes dérisoires comme ces billets de 50 dollars dans une enveloppe.

Vicente est condamné à imaginer l'inimaginable, à savoir sans savoir, à vivre sans vivre, à vivre sans les mots, dans le silence, et le livre est tout entier contenu dans ce silence, dressé comme un mur, entre Vicente et les autres, comme une défense mais aussi comme un assaut terrible.
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Le Ghetto intérieur

Ce roman traite de la culpabilité d’un immigrant juif en Argentine, ayant fui l’Europe rongée par l’antisémitisme, et ayant laissé sa mère à Varsovie au moment de l’élaboration de la solution finale.

On est en septembre 1940, à Buenos Aires, où il pleut, tandis qu’en Europe, la guerre fait rage. Avant l’actuelle bataille d’Angleterre, il y a eu l’invasion de la Pologne et d’autres pays par l’Allemagne nazie. Le front de l’est, c’est après la rupture du pacte germano-soviétique, en 1941.

Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en1928. Bien sûr, il fuyait l’antisémitisme de plus en plus oppressant en Europe, en Pologne plus particulièrement, mais il voulait aussi marquer la distance d’avec son milieu, sa mère en particulier. Ses amis, Ariel, polonais et Sammy, russe, ont eu des parcours semblables. Eux ont fait venir leur famille, Vicente ne l’a pas fait. Son humeur dépend des nouvelles qu’il reçoit de Varsovie et des lettres que lui envoie sa mère. La dernière date de trois mois.

Vicente a fondé une famille, sa femme, Rosita, et lui ont deux petites filles et un tout petit garçon, et Vicente a repris le magasin de meubles que lui a laissé son beau-père.

Vicente a un problème identitaire : est-il Argentin ? Polonais ? Juif ? Lui qui a combattu dans l’Armée du Maréchal Pilsudski qui a «libéré» la Pologne, il devrait se sentir patriote, mais ce n’est pas si simple. En fait, il a vénéré la culture allemande, mais ne peut plus que détester ce peuple. Et maintenant, il se sent devenir de plus en plus juif, ce qui est presque nouveau pour lui qui n’a pas la foi.

Il apprend que les Allemands enferment les Juifs dans des ghettos, dans plusieurs villes polonaises ; à Varsovie, ils construisent un mur pour les cerner : quatre cent mille Juifs vont s’entasser dans quatre pour cent de sa superficie. Cet assassinat par famine dans les ghettos, s’ajoute aux fusillades en masse, et à l’élaboration de la solution finale par Hitler conçue fin 1941. Les convois pour les camps d’extermination vont bientôt suivre…

Le monde ne sait pas encore cela, et Vicente, alarmé par les lettres de sa mère qui font état de l’extrême difficulté à vivre, à se nourrir dans le ghetto, n’a pas besoin d’en savoir plus pour comprendre.

En fait , il est ravagé par la culpabilité : n’ayant pu convaincre sa mère et son frère de le retrouver en Argentine, il imagine leur détresse et ne peut que constater son impuissance à agir.

Peu à peu, Vicente s’informe, plus ou moins contre sa volonté qui serait de « ne pas savoir ». Peu à peu, il prend conscience de ce que la mécanique nazie confectionne pour les Juifs : les affamer dans les ghettos, les tuer par balles ou explosifs dans les villages, les enfermer dans des camps d’extermination. Il devine le drame que doivent vivre les siens, se persuade qu’il ne les reverra probablement jamais et s’emmure dans le silence, un geste que ne peuvent comprendre sa femme, ses enfants, ses amis.

On apprend à la fin du roman que l’auteur du roman est le petit-fils de Vicente et Rosita.

Ce texte, qui manie à la fois la vie de Vicente à Buenos Aires et des faits historiques qui paraissent bien documentés, s’avale facilement, causant intérêt et émotion, brûlant, écorchant, secouant le lecteur. Son écriture ne révèle aucune sophistication, aucune fioriture. Relativement simple, elle a un impact direct, net, presque âpre.

La réalité historique de la Shoah ne se confond pas avec le vécu intime, personnel du drame quand il a lieu. Ces deux notions, valides l’une comme l’autre, co-existent dans ce roman, mais elles sont juxtaposées, ne se mêlent pas vraiment. La question de la Shoah est ainsi double, historique et inscrite dans la chair des personnes concernées. L’une survivra, l’autre s’éteindra progressivement avec la disparition des témoins. Un problème peut tarauder les esprits : parle-t-on trop ou pas assez, ou encore mal, de ce phénomène si unique ? Personnellement, je n‘ai pas de réponse.
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Le Ghetto intérieur

Aujourd’hui je voulais vous parler d’un roman qui m’a touché.

Le Ghetto Intérieur de Santiago H. Amigorena raconte l’histoire d’un homme qui va peu à peu s’enfermer dans une profonde dépression.

L’auteur ne verse pas dans le larmoyant mais décrit avec beaucoup de justesse cette descente dans l’abîme entraînée par sa culpabilité, sa souffrance et son impuissance face à la guerre et à la folie nazie qui ravage sa Pologne natale. .

Et même si j’avais parfois envie de secouer Vicente pour le sortir de son ghetto intérieur, on ne peut que l’accompagner en croisant les doigts pour qu’il arrive à s’en sortir. .

Je ne veux pas en dire plus car le livre est court mais juste que je vous le recommande sincèrement.
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Le Ghetto intérieur

Plate et répétitive, la prose de Ghetto intérieur laisse froid, comme son personnage qui annonce ce qui lui arrive, en fait état, mais ne nous fait rien ressentir à sa suite.

Beaucoup trop long pour le sujet (décider de se taire), ce roman terne est de plus conventionnel et dans l'air du temps : l'exil, la haine de soi, l'inaction. Et après ?

Manque d'intérêt général tout au long de pages qui se tournent mollement, sans difficulté, sans ambition.
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Le Ghetto intérieur

C’est le COEUR DE COEUR du mois, j’ai adoré la plume et j’adoré l’histoire (romancée mais tirée d’une histoire vraie).

Il y a une angoisse palpable au fil des pages.

Ce silence qui traduit la douleur, le désespoir, l’angoisse, le conflit intérieur, la culpabilité, la crise identitaire et l’impuissance face à cette guerre.

Silence qui pèse une tonne du vivant de Vincente et sur la vie de sa famille et de ses amis en Argentine.

Ce livre est un véritable page-turner, je n’ai pas réussi à le poser avant de l’avoir fini.



C’est un roman qui vous happe et ne vous laisse pas indèmne.



Je vous le conseille à 10000%.



Une autre version de ce qu’à pu être cette guerre pour certains.



Bonne lecture à tous.
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La Justice des hommes

" Qu'est-ce qui fait que lorsqu'on déborde d'amour c'est souvent de la haine qu'on exprime ?"



Alice et Aurélien forment un couple ordinaire, ils sont parents de deux enfants, Loup, 4 ans et Elsa, 6 ans. Alice qui se sent délaissée par son mari a une aventure avec un collègue. Un soir de dispute, Aurélien commet un acte grave qui le mène devant la justice. Condamné à neuf mois de prison ferme, il se voit retirer son autorité parentale. Pendant son incarcération, Aurélien refuse de voir sa femme et ses enfants, il refuse de communiquer avec qui que ce soit. Il s'installe dans le silence comme sa fille Elsa, mutique depuis le traumatisme qu'elle a subi le soir de la dispute.



A sa sortie, Aurélien ne prévient pas Alice et s'installe en banlieue éloignée.



Un moment de folie, la jalousie qui fait perdre la raison, un acte inexcusable aux conséquences dramatiques... Santiago H. Amigorena montre comment l'amour et la haine peuvent s'imbriquer dans "un tohu-bohu d'amour et de haine", comment la justice des hommes peut faire prendre un tournant dérangeant à une affaire familiale quand les deux protagonistes confient leur destin à des avocats. Une fois entre les mains de la justice, Alice et Aurélien vont en effet se retrouver dans une spirale qui va les emporter. "Le problème avec la justice des hommes est simple : trop souvent, elle n'est pas humaine."

Comme dans ses précédents textes, l'auteur aborde la question du silence, celui qu'Aurélien s'impose pour réfléchir à son acte mais également le mutisme traumatique de sa fille. Il analyse finement la complexité des relations humaines, les conséquences de la violence d'une séparation pour des enfants et la difficulté de communiquer au sein d'un couple alors que l'amour est toujours là.

J'ai trouvé tous les personnages très émouvants, j'ai particulièrement aimé l'attitude toute en retenue et en bienveillance de certains personnages secondaires comme le père d'Alice et Hamed le propriétaire du logement d'Aurélien.

Le style est très particulier, très travaillé et assez exigeant au service d'une philosophie, d'une sorte de méditation intérieure, sur le bien et le mal, sur le silence intérieur de chacun. L'auteur termine son roman de façon très émouvante en évoquant sa propre séparation de la mère de ses enfants et en s'excusant auprès d'eux de la souffrance qu'ils ont subi. " La séparation a été moins violente que celle du roman. Si jamais on peut comparer la violence d'une séparation. Si jamais on peut évaluer la douleur qu'on inflige à des enfants." Un roman fort et émouvant.




Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Le Ghetto intérieur

Livre à l'écriture délicate, qui parvient intelligemment et subtilement à retranscrire un processus pas si simple à décrire, la défense par le silence. Ne pas parler pour se protéger. Avec toutes les conséquences qui s'ensuivent, notamment sur la question de la transmission de cette chape silencieuse, sur la construction de son identité et sur le sentiment de culpabilité.



L'angle abordé permet également de découvrir un autre aspect de la Shoah, moins souvent évoqué, qui est celui de la souffrance de ceux qui étaient loin.



En bref, un ouvrage qui m'a à la fois touchée et intéressée, et ce d'autant plus en sachant avant d'entamer ma lecture, que cette histoire se base sur celle véritable, de la famille de l'auteur.
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Le Ghetto intérieur

Vicente Rosenberg est polonais, amoureux de l’Allemagne d’avant guerre et juif par héritage mais sans convictions religieuses. Déçu par le manque de reconnaissance de son pays après avoir combattu pour lui durant le premier conflit mondial, il décide de s’en éloigner pour s’installer en Argentine, à Buenos Aires. Ce départ lui permet aussi de s’éloigner de sa mère et de son frère ce qui, alors, n’est pas pour lui déplaire. Il s’adapte avec bonheur à sa nouvelle patrie qu’il adore et qui lui offre le bonheur de fonder une famille avec Rosita avec qui il aura très rapidement trois beaux enfants. Tout semble lui sourire lorsqu’éclate la guerre en 1939. Petit à petit, Vicente comprend ce qu’il ne veut pas comprendre. Les informations concernant le sort réservé aux juifs d’Europe lui parviennent par bribes et si beaucoup ne parviennent pas à y croire tant cela semble inhumain, la vérité se dessine pourtant peu à peu et avec elle, arrive la culpabilité. La culpabilité de ne pas avoir suffisamment insisté pour que sa mère et son frère viennent le rejoindre en Argentine, pour ne pas être reparti en Europe et les avoir ramenés avec lui. Culpabilité enfin, pour ne pas avoir été à leurs côtés et traversé avec eux l’enfer qu’il devine. A des milliers de kilomètres de tout cela, alors que ce conflit n’impacte en rien son quotidien, Vicente part se murer dans un silence profond, presque total, cherchant à effacer tout et tous ceux qui l’entourent, espérant que ce « néant » anéantira ses souvenirs et jusqu’à ses pensées qui ne sont plus que sources de souffrances. Ce très beau texte est un hommage de l’auteur à son grand-père ainsi qu’aux membres de sa famille disparus, comme six millions d’autres victimes de cette barbarie ayant élevé à l’échelle industrielle la destruction d’une partie de l’humanité. L’écriture est belle délicate et aborde le sujet de ceux qui ont survécu car ils ont eu la chance ou la possibilité de partir avant que cela ne soit impossible mais qui n’ont pourtant pas pu échapper à la douleur de la perte et à la sensation de n’être pas parvenu à éviter l’horreur à ceux qu’ils aimaient. Un livre que l’on n’oublie pas.
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Le Ghetto intérieur

La voix parfois répétitive, lancinante, écholalique de Amigorena pour faire vivre et survivre son personnage de grand-père qui n'a pas vécu ni survécu à la Shoah, voilà ce qu'est ce roman court.

On peut ajouter ce livre à l'ensemble des oeuvres sur ce sujet fou.

Ici l'enfermement est mental, par procuration. C'est l'originalité, un point de vue différent et effectivement complémentaire de tout ce qui existe déjà.

Cela dit, en observant les réactions si fortes d'étonnement face au massacre de Boutcha, aux horreurs d'une nouvelle guerre, c'est moi qui suis juste étonné. On ne cesse pas d'écrire et de montrer sans cesse que la guerre est horrible, qu'elle s'accompagne de tout un lot de cruautés qui semblent évitables mais qui sont pourtant commises, chaque fois, chaque fois, à chaque guerre, pour chaque pseudo-combat, sacrifiant l'humanité, chaque fois.

(Je reprends un peu du stylé écholalique de Amigorena). On a déjà vu et revu et on recommence.

Et, c'était là ce que je voulais dire mais je me suis perdu, un livre comme celui-ci est plus suggestif que démonstratif, donc je doute de son impact, voire même qu'il participe à un genre d'euphémisation et d'oubli... Alors qu'évidemment c'est tout sauf son objectif.

Je ne sais pas.

L'humain reste l'humain et c'est pas forcément réjouissant.

Cela dit, ce livre est d'un doux-amer qui ne peut pas ne pas toucher, sauf les individus déjà perdus.
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Le Ghetto intérieur

Santiago H. Amigorena nous raconte l'histoire de sa famille, surtout celle de son grand père Vincente Rosenberg. Voir l'Histoire de la seconde guerre mondiale et plus particulièrement celle de la Shoah à travers les yeux de Vicente est terrible... Difficile de sortir de cette lecture...
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Le Ghetto intérieur

Santiago Amigorena aborde son histoire personnelle, celle de son grand-père ayant fui la Pologne pour Buenos Aires pendant la seconde guerre mondiale, laissant derrière lui sa mère dans le ghetto de Varsovie. Il ne s'en remettra jamais, rongé par la culpabilité. Bien que ce roman soit une fiction, cette histoire familiale apporte un certain intérêt à la lecture, on sent le poids de cette histoire sur la vie de l'auteur. J'ai particulièrement aimé le style de l'auteur, une belle écriture et la façon de mêler l'histoire de ces personnages et des points d'explication sur cette période historique. Par exemple, on nous explique le choix des mots shoah, holocauste pour désigner cet événement unique de l'histoire.

Un beau roman à découvrir.
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Le Ghetto intérieur

Coup de coeur ❤



* Dans ce roman, nous faisons la connaissance de Vincente et de sa famille. Vincente a quitté son pays natal, la Pologne, en 1928, et s'est installé en Argentine, à Buenos Aires.

* Quand la 2nde Guerre Mondiale éclate, il souhaite faire venir sa famille en Argentine. Sa mère a toujours refusé de le rejoindre. Se met en place, entre eux, un échange épistolaire, qui va être extrêmement perturbé en raison du conflit mondial. Malheureusement, les échanges vont se faire de plus en plus rare et dans une lettre qu'il va recevoir de sa mère, il va comprendre qu'il est trop tard pour la faire venir et qu'il ne reverra probablement jamais sa famille.

* Vincente, qui n'a jamais réellement voulu savoir ce qu'il se passait en Pologne, va se murer dans un silence pesant en découvrant la vérité.

********

Ce roman est un coup de cœur malgré le sujet abordé !

Je conclus donc en disant que ce roman est magnifique, fort, bouleversant !! Il m'a laissé sans voix...

J'ai eu beaucoup de mal à mettre les mots sur mon ressenti à la lecture !!
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Le Ghetto intérieur

Faut-il rompre un silence étouffant ?

S.Amigorena raconte son grand-père, juif polonais émigré en Argentine avant la guerre.

Il écrit ce récit parce qu'il ne peut pas en parler.

De ce parent qu'il a à peine connu, il décrit les émotions, les moindres gestes et hésitations et son impossibilité d'agir ainsi que les remords d'échapper à la "Shoah".

Peut-on croire à l'innommable ?

Ce roman émouvant, juste et universel nous fait sentir cet impossible sentiment qui mêle la culpabilité à l'impuissance.







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Le Ghetto intérieur

Ce roman démarre dans la légèreté : Vicente et ses amis, des juifs parfaitement assimilées à la vie en Argentine, regardent de loin ce qui se passe en Europe. Leurs conversations sont marquées par l’humour juif qui leur donnent tant de saveur. Vicente est beau garçon , un peu hâbleur et propriétaire d’un magasin de meubles que son beau-père fabrique. Il est heureux en ménage, et a des enfants qu’il aime beaucoup. Sa mère, son frère médecin et sa sœur sont restés à Varsovie. En 1938, il leur conseille sans trop insister de venir à Buenos Aires. Il est content de son exil et des distances qu’il a mises entre sa mère qu’il juge envahissante et lui qui se trouve bien dans sa nouvelle vie. Et, les années passent, l’angoisse s’installe, il va recevoir trois lettres de sa mère et il prend conscience de l’horreur qui s’est abattue sur les juifs européens. Il se sent coupable de n’avoir pas su insister pour que sa famille le rejoigne, il va s’installer dans un mutisme presque complet. Sa femme comprend le drame de son mari et fait tout ce qu’elle peut pour le ramener vers la vie, mais sans grand succès. Vicente est dans son « ghetto intérieur » , comme son cauchemar récurrent qui l’angoisse tant. Il rêve d’un mur qui l’enserre peu à peu jusqu’à l’étouffer, il se réveille en prenant conscience que ces murs c’est sa peau : il est emmuré vivant en lui-même. (D’où le titre)



L’auteur est le petit fils de ce grand père qui n’a pas réussi à parler. Santiago Amigorena comprend d’autant mieux son grand-père que sa famille a dû quitter l’Argentine en 1973, l’exil et l’adaptation à un nouveau pays, il connaît bien. Cela nous vaut de très belles pages sur l’identité et une réflexion approfondie sur l’identité juive. Le thème principal de ce roman, c’est : la Shoah, qu’en savait-on ? Comment s’en remettre et que transmettre aujourd’hui ?. Rien que nommer ce crime contre l’humanité fait débat , ne pas oublier que pendant des années on ne pouvait pas nommer autrement que « Solution finale » avec les mots que les Allemands avaient eux-mêmes donnés à leurs crimes monstrueux. Crime ? mais ce mot suffit-il quand il s’agit de six millions de personnes ? Génocide ? certes ; mais il y en a eu plusieurs en quoi celui-ci est-il particulier ? Holocauste ? mais ne pas oublier qu’alors il s’agissait d’offrir des victimes innocentes à un dieu. Qui était le Dieu des Nazis ? Et finalement Shoah qui ne s’applique qu’au génocide des juifs par les nazis. C’est si important d’avoir trouvé un mot exact. Un livre très émouvant qui fait revivre l’Argentine dans des années ou ce pays allait bien et qui apporte une pierre indispensable à la construction de la mémoire de l’humanité.
Lien : https://luocine.fr/?p=11519
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