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Critiques de Santiago H. Amigorena (317)
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Le Ghetto intérieur

Santiago H. Amigorena nous propose d'écouter, en silence, celui de trois générations. Avec des sommets de pure terreur, les cauchemars de la mémoire s'engluent dans le récit historique et les répétitions troublantes, nous enfermant entre ces quatre murs.

Cadenassé entre honte et réminiscences, le protagoniste se trouve seul face à un terrible dilemme : le mutisme contre le souvenir, la culpabilité imminente face à l'amnésie éternelle, nommer le crime ou en oublier les victimes.
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Le Ghetto intérieur

En 1929, Vicente jeune juif polonais s’enfuit de cette Pologne dure et triste où l’ombre d’Hitler plane déjà en laissant derrière lui sa mère et ses frère et sœur. Il va se faire une vie meilleure en Argentine . Bien intégré avec une famille et une situation il n’a pas très envie de se souvenir de son passé. Il ne s’est jamais senti juif, pas plus polonais qu’allemand ou maintenant argentin . C’est un homme élégant, sympathique mais « hors sol », peu de choses l’atteignent et il se renseigne peu sur son pays, les journaux parlent rarement des horreurs qui commencent à émerger en Europe.. Une lettre

de sa mère va le choquer profondément mais au lieu de réagir il va s’enfoncer progressivement dans un mutisme total ne faisant part à personne de ses sentiments, de sa culpabilité. Il lit peu les journaux mais la réalité explose aux yeux de tous et il refuse de mettre des mots, des images, celles de sa mère décharnée allant à l’abattoir.

Incapable d’affronter la réalité, il va peu à peu « disparaître «  étouffé par sa culpabilité et l’impensable devenu réalité.. il ne sortira pas de ce silence abyssal.

Je crois qu’aucun livre ne m’a fait voir aussi crûment le déroulement des atrocités jusqu’à la solution finale.

Heureusement, les arrières petits-enfants feront naître un espoir en comprenant avec le recul du temps ce qui s’est réellement passé en Europe et vont comprendre aussi le destin de cet arrière grand-père devenu fantôme.
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Le Ghetto intérieur

Vicente Rosenberg a quitté la Pologne en 1928 ; autant pour fuir l’antisémitisme que pour fuir sa mère. Parvenu en Argentine il s’y installe, se marie, fonde une famille, se fait des amis et se construit une vie professionnelle.



A mesure que l’Europe s’enfonce dans la guerre, et les horreurs de la Shoah, le nouveau monde se relève économiquement.



Vicente reçoit des nouvelles de sa mère, de moins en moins souvent néanmoins, mais ne répond pas très assidûment.



A mesure qu’il a des nouvelles de plus en plus alarmantes à propos du sort de sa mère, prisonnière du Ghetto de Varsovie, Vicente s’enferme à son tour dans son propre Ghetto. Il se drape dans un silence en se coupant de ses amis, de sa famille et de son épouse. Rien, il ne dira rien de ce qui le hante, de la culpabilité qui le ronge au fil des jours.



Vicente, c’est le grand-père de l’auteur.



Je découvre ainsi la plume d’un auteur dont j’avais assez peu entendu parler avant qu’il ne reçoive le Prix des libraires de Nancy.



J’ai beaucoup aimé cet opus, sobre dans sa construction et son écriture, de plus intense. L’auteur s’est emparé avec brio de la psychologie de Vicente qu’il relate avec justesse et puissance. Ce qui frappe, c’est le contraste entre Vicente qui sait et se tait, et les autres qui ne savent pas, ne peuvent pas savoir et vivent comme si de rien n’était. Ils ne comprennent pas Vicente, lui-même incapable de se ″soulager″, ou pour le moins d’extérioriser sa culpabilité.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Le Ghetto intérieur

💙💙💙💙💙💙💙💙 "Le ghetto intérieur " de Santiago H. Amigorena

aux éditions POL.

💙💙💙💙💙💙💙💙



Quand mon mari regarde à la télévision des reportages sur la deuxième guerre mondiale et les nazis , je quitte souvent la pièce car je n'arrive pas à les regarder ; trop douloureux, trop présents encore dans mon esprit . C'est pourquoi, lorsque j'ai reçu "Le ghetto intérieur " dans le cadre du #grandprixdeslectriceselle2020, qu'est ce que j'ai appréhendé cette lecture. Et puis , page après page, je me suis laissée emporter par la beauté du texte, par tous ces sentiments qui explosent au fil des phrases. Tantôt la joie, le bonheur, l'amour, tantôt le doute, la crainte, la peur, la honte, la détresse, la tristesse, le chagrin, la douleur...

Vincente était le grand-père de Santiago ; c'est un pan de son histoire que celui-ci nous raconte. Des années terribles. Ce jeune homme juif polonais , réfugié en Argentine, marié et père de 3 enfants va se trouver confronté à une telle culpabilité qu'il va se murer dans le silence . Plus de mots, plus de phrases, plus d'expressions sur son visage... Plus rien...

Vincente a fui la Pologne en 1928. Plus exactement, il s'est éloigné de sa mère et d'un pays où il ne se sentait plus heureux. Il aurait pu faire venir sa mère et le reste de sa famille ( frère, sœur, et leurs conjoints ...) mais il n'a jamais vraiment insisté pour que cela se fasse. Il a même eu du mal à tenir sa promesse d'écrire souvent à sa mère.

Et puis la guerre arrive et tout s'accélère en Europe; la Pologne souffre à son tour. Même si les informations arrivent très en retard en Argentine et si les journaux ne disent pas tout ce qui se passe en Europe , Vincente prend peu à peu conscience des traitements infligés aux personnes juives. Commence alors dans sa tête un long questionnement : qui est-il ? est-il encore un juif ? Mais qu'est-ce ça qu'être un juif ? Est-il polonais? Est-il argentin? Pourquoi peut-il manger à sa faim, lui ? Pourquoi vit -il des moments agréables, heureux ? Alors que le reste de sa famille souffre loin de

lui et qu'il est impuissant ,qu'il ne peut rien faire...



Et puis tout s'accélère. Des lettres de plus en plus terribles arrivent; sa mère évoque le sort qui leur est réservé dans Varsovie et son ghetto: la faim, la peur, la mort qui est tout autour d'eux, la violence. Alors Vincente n'en peut plus de penser, d'entendre son cerveau lui parler. Il va se déconnecter de tout, de sa vie familiale, de son travail, de ses amis , il va se taire.

Les journaux finissent par évoquer ce qui se passe : les trains,les convois, les camps ; Vincente s'enfonce de plus en plus et comme son épouse, nous sommes impuissants face à sa souffrance . Nous la comprenons mais ne pouvons l'aider. Et c'est très éprouvant pour le lecteur d'assister à sa descente. Jusqu'où va-t' il aller? Jusqu'au suicide? N'y a t 'il rien ni personne pour arriver à briser ce mur de silence ?

Heureusement, le 8 mai 1945 marque la VICTOIRE de la France et ses alliés contre les bourreaux nazis.Toute l'horreur de cette guerre éclate encore plus au grand jour, et le nom de Shoah sera finalement choisi pour l'évoquer.

Et Vincente va revenir tout doucement à la vie , se remettre à parler .

Ce roman figure dans la sélection pour le Goncourt. Je ne sais quel sera le choix de l'Académie, mais ce que je sais, c'est que ce roman fera parler de lui quoiqu'il arrive. Impossible de rester indifférent face à ce magnifique témoignage.







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Le Ghetto intérieur

Dans ce roman, l’auteur parle de son grand-père, Vincente Rosenberg, un Juif polonais qui a émigré en Argentine en 1928 et dont la mère restée à Varsovie sera victime de la Shoah. À des milliers de kilomètres, Vincente se renfermera sur lui-même, sous le poids de la culpabilité et de l’horreur.

Il est toujours très pertinent de rappeler les atrocités du nazisme aux lecteurs d’aujourd’hui et en ce sens les passages documentaires sont intéressants. J’ai été beaucoup moins convaincue par l’aspect romanesque de l'ouvrage. L’écriture m’a semblé terne et répétitive. En bref, un sujet fort et un angle original, mais un style scolaire. Dommage.
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Le Ghetto intérieur

Un livre bien particulier que celui-ci, qui m’a à la fois touchée tout en me laissant un sentiment d’inachevé…



Je n’avais jamais lu auparavant de livres de Santiago H. Amigorena, dont les trois titres de ses romans précédents me laissent euh… pantoise : Une enfance laconique, Une jeunesse aphone ou encore Une adolescence taciturne. Comme ça, de prime abord, on peut être tenté de se dire que le type ne va pas fort ! Après quelques recherches sur lui, j’ai appris que son thème de prédilection était le silence, ce qui se confirme avec Le ghetto intérieur qui porte incroyablement bien son titre. J’ai également appris qu’il s’agissait d’un Argentin vivant en France, scénariste et réalisateur de films (il a écrit Le péril jeune de Klapisch quand même !) et qu’en plus il est le père des enfants de Julie Gayet (j’aime les infos people).



Cet opus relate l’histoire du grand-père de l’écrivain : Vicente Rosenberg.

Vicente est un polonais juif exilé en Argentine en 1928 pour vivre sa vie, se couper de l’armée polonaise et de sa mère décrite à ce moment-là comme un poil étouffante. Arrivé en Argentine, il découvre la liberté, l’espagnol, la suavité de l’Amérique Latine. Tout roule pour lui, il se fait des amis, rencontre Rosita (une juive de l’Est également dont les parents sont aussi émigrés, mais née en Argentine), a plusieurs enfants, reprend le magasin du beau-père. Il est heureux.



Mais voilà, à partir des années 30, en Europe, fascisme et nazisme gagnent en importance. Suivant cela au début du coin de l’œil, Vicente vit un calvaire d’exilé découvrant année après année, mois après mois, que sa famille restée en Pologne vit l’horreur, d’abord enfermée dans le ghetto de Varsovie, puis en route vers les camps…



C’est évidemment un livre tragique dont on connaît la fin. Donc je ne vous apprends rien. Ce qui est très bien traité, c’est l’enfer des proches éloignés qui comprennent qu’il se passe quelque chose de très grave sans savoir quoi réellement (car le reste du monde ne savait qu’assez peu l’ampleur des évènements), et sans pouvoir avoir de nouvelles. Vicente culpabilise énormément d’être parti, de ne pas être avec sa mère, mais aussi de ne pas l’avoir fait venir en Argentine, comme l’ont fait certains de ses amis polonais émigrés avec leurs parents, parce que dans le fond il ne voulait pas vivre avec sa mère, l’avoir dans la même ville pendant ses années de bonheur. Cette culpabilité va le tuer à petit feu : d’un homme gai et joyeux, il devient prisonnier d’un silence inédit, rongé par sa culpabilité et sa peur, laissant femme et enfants complètement paumés devant cet homme qui ne répond plus à rien ni de rien.



Un livre franchement dur donc, mais qui donne à voir ce que l’on connait moins : la culpabilité de ceux qui restent, qui ont réussi à sauver leur vie, parfois au détriment de leurs proches. Mais aussi évidemment les répercussions, encore présentes, de la Shoah qui n’a jamais que 70 ans et qui continue de ruiner des générations entières survivantes, ou proches de survivants.



Mais j’ai un sentiment d’inachevé car le livre se termine sur la fin de la guerre, mais sans savoir réellement ce que vit Vincente après, une fois qu’il comprend et découvre l’horreur de la vérité. Or l’auteur a tellement invité le lecteur à suivre ce chagrin, cette déperdition, que terminer ainsi, c’est un peu nous laisser sur la touche.





Jo la Frite


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Le Ghetto intérieur

Savoir ou ne pas savoir ? Quel est le pire ? Quand l'innommable s'abat sur vos proches ? Quand vous vous découvrez impuissant à les secourir ? Quand l'imagination n'arrive même pas au chevet de la réalité ?



Comment ne pas devenir fou quand vous apprenez qu'à 12 000 km de là, des hommes, des femmes et des enfants sont affamés, massacrés, anéantis simplement parce qu'ils sont nés juifs, comme vous ? Comment tenir encore debout quand vous découvrez que parmi eux figurent votre mère, votre frère et votre belle-soeur ?



Comment parvenir à avaler encore une bouchée du rôti concocté par belle-maman quand votre propre mère n'a même pas de quoi rassembler 200 calories par jour pour survivre ?



Comment ne pas s'en vouloir d'être parti un beau jour, il y a des années de ça ? Comment ne pas culpabiliser d'avoir un jour pris une décision qui a sauvé votre peau en laissant vos proches sur le carreau ?



Comment ne pas faire peser cette peine incommensurable sur ceux qui vous entourent et vous aiment ? Sur votre femme et vos enfants qui payent à leur manière aussi un lourd tribut à cette guerre qui ne les concerne pas directement.



A partir du jour où Vicente, émigré polonais installé à Buenos Aires depuis des années, comprend ce que sa mère est en train de vivre à Varsovie, sa vie a perdu tout son sens. Au lieu de crier sa haine et sa rage, il se plonge dans un profond mutisme pour éviter d'embarquer d'autres victimes dans son drame intérieur. Il fuit comme il peut les pensées qui le ramènent à sa mère. Il ne veut pas savoir, ne veut rien entendre, ne rien voir. Il lui est impossible de verbaliser ce qu'il ne parvient même pas vraiment à concevoir.



Vicente Rosenberg est le grand-père de l'auteur. Ni déporté, ni gazé, Vicente n'entre pas dans la comptabilité des victimes de la Shoah. Il ne fait pas partie de ces 6 millions de juifs victimes de ce génocide, de cet Holocauste ou n'importe quel autre mot sordide pour qualifier l'inqualifiable. Vicente n'est pas une victime, il a même plutôt eu une chance inouïe d'y échapper. Mais en son for intérieur, il était là parmi les siens. Il a souffert lui aussi. Il a vécu lui aussi dans ce ghetto, fusse-t-il seulement intérieur…


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Le Ghetto intérieur

Beaucoup de choses ont changé depuis les horreurs de l'Holocauste, mais le monde est toujours menacé par des autocrates déterminés à terrifier, envahir et occuper des pays pacifiques et démocratiques. Et combien d'exemples en avons-nous ? Le dernier en date étant l'invasion de l'Ukraine.



Le Ghetto intérieur est un entrecroisement des éléments historiques du règne de terreur d'Hitler et des éléments douloureux de la propre histoire familiale de l'auteur. Le protagoniste a choisi de laisser sa mère et ses deux frères et sœurs en Pologne afin de déménager en Argentine pendant la préparation de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la communication avec sa mère devient de plus en plus sporadique et dérangeante, le fils/frère déplacé devient de plus en plus découragé et dysfonctionnel.



Les aspects les plus difficiles de cette histoire tragique sont les problèmes conflictuels d'identité du protagoniste. Il ne reconnaît pas initialement son héritage juif comme fondamental. Il choisit plutôt de se définir comme polonais, argentin, voire allemand avec nostalgie, avant d'être forcé de reconnaître que c'est la judéité qui est la clé pour comprendre les horreurs qui s'abattent sur sa famille. La culpabilité, le regret, le remords et la honte menacent de vaincre sa capacité à fonctionner comme fils, mari, père, ami. Amigorena nous rappelle que les victimes n'étaient pas seulement les plus de 6 millions de Juifs qui ont été exterminés par la « solution finale » ou les quelques-uns qui sont restés et ont survécu. Ce sont aussi ceux qui sont partis et ont à jamais remis en question leurs décisions, devant vivre avec la culpabilité du survivant de la manière la plus profonde. La vie continue, mais les cicatrices restent pour toujours.



Quel exemple de ce malheur plus frappant que le suicide de Primo Levi ?
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Le Ghetto intérieur

Depuis 1928, Vicente Rosenberg a quitté la Pologne pour l’Argentine. Loin de sa famille, il a décidé de s’affranchir de sa mère et de construire sa propre vie. Il a rencontré Rosita avec qui il a eu trois enfants. Marchand de meubles à Buenos Aires, son quotidien est bien éloigné de son ancienne vie.



Vicente commence à recevoir des lettres alarmantes de sa mère restée à Varsovie en plein coeur d’une Europe plongée dans la seconde Guerre Mondiale. A mesure qu’il reçoit ces courriers inquiétants et perçoit les conditions de vie de sa mère, l’angoisse monte.



Une culpabilité immense commence à prendre possession de lui et Vicente s’emmure dans le silence. Ce mutisme devient son unique refuge pour vaincre son impuissance grandissante.



Entre réflexion sur la force de la culpabilité, le poids de l’identité et de l’exil, cette lecture m’a beaucoup marquée. Porté par une plume vive et sobre, je recommande ce roman douloureux et poignant.
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Le Ghetto intérieur

Ce récit, dense et terrible, est une réponse au silence, à l’indicible.

L’auteur porte en lui les blessures de ses ancêtres, et notamment celles de son grand-père rongé par la culpabilité de « ne pas avoir été là » et de ne pas avoir pu empêcher le meurtre de sa mère et de son frère durant la Shoah, alors que lui avait fui en Argentine depuis une dizaine d’années. La souffrance de cette culpabilité l’avait détruit au point de le murer dans le silence, dans un « ghetto intérieur ».

En racontant cette histoire, son petit-fils choisit la vie, il répare le passé.

C’est fort et essentiel.

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Le Ghetto intérieur

Pour moi, ce livre est déjà un classique. Il est traversé par un sentiment, un seul, celui de la culpabilité de son héros qui s'est installé en Argentine dans les années 1930, laissant sa mère en Pologne, dans ce qui deviendra le ghetto de Varsovie. C'est un livre bouleversant, d'une tristesse infinie, à l'image des lettres de cette pauvre femme qui s'estompent avec le temps avant, évidemment, de s'arrêter. Livre fort et puissant qui devrait être lu à l'école.
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Le Ghetto intérieur

Vicente, juif-polonais ou polonais-juif, vit en Argentine avec sa femme et ses trois enfants. Ils sont gais et insouciants.

Il n'a pas réussi à convaincre sa mère de le rejoindre ; elle ne pouvait pas abandonner sa fille exilée en Russie et son autre fils, médecin, qui aide ses compatriotes.

Et la guerre arrive avec ses nouvelles lointaines, peu fiables. Comment croire à ce qu'on lit alors que la communauté internationale ne s'émeut pas ?

Mais lui commence à douter, les rares lettres de sa mère son terribles ; le font vaciller.

Alors il s'enferme dans son ghetto intérieur, il devient mutique.

Un livre sur la culpabilité, sur les origines, sur la religion, sur l’incapacité à venir en aide.

L'écriture est fluide, la rythme lent avec quelques longueurs.

Un roman agréable à lire mais une petite déception car je m'attendais à une envolée d'émotions au regard des critiques dithyrambiques que ce roman a reçu.
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Il y a un seul amour

Ce récit de Santiago H. Amigorena est l’histoire d’une nuit passé seul, enfermé dans les salles vides du musée Picasso loin de son amour et du coup résonne sur la notion de confinement d’enfermement.

Cette collection propose à plusieurs auteurs de renom de travailler autour d’une œuvre, d’un musée et ici il y a une belle introspection entre les questions d’amour et les œuvres d’art du musée Picasso. Tenant résolument le fil de l’amour, Amigorena attend, dans le sommeil et les rêves, que les œuvres le guident et lui apportent quelques réponses. Dans cette nuit de solitude forcée, où s’invitent Picasso, Giacometti ou encore Vermeer et Bataille, il explore avec pudeur et profondeur le sentiment amoureux, l’écriture, les œuvres, et ce qui inextricablement les lie. Une lecture brève courte et de haut niveau.
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Le Ghetto intérieur

Si vous voulez vous faire une idée du Ghetto Intérieur de Santiago H. Amigorena (éd. POL), ce roman très remarqué lors de la dernière rentrée littéraire, évitez de vous référer au 4e de couverture, pour le moins aride. Il est vrai que la prestigieuse maison littéraire – comme beaucoup de ses consœurs – n’a jamais été très inspirée pour ses textes de présentation – du moins, lorsqu’elle en proposait.

Le Ghetto intérieur est le récit poignant du silence de Vicente Rosenberg, le grand-père de l’auteur, immigré en Argentine dans les années 20. Alors que cet homme originaire de Pologne a trouvé en Amérique du Sud une nouvelle vie – une femme, Rosita, avec qui il aura deux enfants, un emploi à responsabilités, des amis immigrés comme lui et une nouvelle patrie – sa conscience est resté dans son pays d’origine et sa famille juive.

Le roman de Santiago H. Amigorena démarre en septembre 1940, lorsque la seconde guerre mondiale fait déjà rage, le point de départ du cauchemar juif. Vicente Rosenberg se renseigne sur les nouvelles dans son pays, de plus en plus rempli d’angoisse pour ce qui s’y passe, et en particulier pour sa mère qu’il n’a pas su convaincre de l’accompagner en Argentine. De mois en mois, la réalité de ce qui se passe dans la Pologne en guerre rattrape cet homme exilé à des milliers de kilomètres : "Comme tous les Juifs, Vicente avait pensé qu'il était beaucoup de choses jusqu'à ce que les nazis lui démontrent que ce qui le définissait était une seule chose : être juif."

La grande force de ce court récit familial est de parler de la manière dont cet homme va vivre son isolement loin de sa mère et de son pays natal. Santiago H. Amigorena ponctue son livre de passages sur la Solution Finale, auxquels répond l’incapacité de Vicente de se confier ne serait-ce qu’à sa femme : "Il voulait parler, mais, prisonnier du ghetto de son silence, il ne pouvait pas parler. Il ne savait plus."

Face à l’indicible, désespéré et démuni ("Brutalement, à ce moment-là, Vicente était devenu étranger à lui-même. Il était devenu un autre, un autre vide de sens, vide d’espoir, vide d’avenir"), cet immigré juif va peu à peu s’enfermer dans un insupportable silence ("Il voulait parler, mais prisonnier du ghetto de son silence, il ne pouvait pas parler. Il ne savait plus"), que l’auteur a choisi de mettre fin : "J’aime à penser que Vicente et Rosita vivent en moi, et qu’ils vivront toujours lorsque moi-même je ne vivrai plus."
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Le Ghetto intérieur

Une juif polonais, Vicente, a émigré en Argentine en 1928, s’y est marié et a fondé une famille. Il a gardé contact avec sa mère et son frère restés en Pologne. Sa mère lui écrit régulièrement bien que lui-même la néglige ; mais après 1939 progressivement, ses nouvelles sont de plus en plus mauvaises et bientôt dramatiques. Ses dernières lettres bouleversent Vicente qui comprend que sa mère et son frère vivent les plus grands dangers : il se reproche alors de les avoir négligés auparavant : dans l’enfer de la guerre, il est désormais impossible de les sauver. Il se réfugie alors dans le silence et néglige sa femme et ses enfants.

C’est un roman qui se déroule en Argentine, mais dans le contexte historique de la Shoah.

*Deux grands thèmes y sont abordés :

- celui de l’identité : un Juif non religieux ne se définit pas comme tel, ce sont les autres qui lui assignent cette Judéité ; (on ne peut pas ne pas penser que c’est identique pour un Beur français) ;

- La question de la culpabilité : Vicente a songé trop tard qu’en 1940/41, il était désormais impossible de faire venir en Amérique du Sud sa mère et son frère et de les sauver ; après le ghetto de Varsovie, ils sont vraisemblablement assassinés par les Nazis à Tréblinka. De nombreuses pages sont consacrées à ce sentiment autodestructeur qu’est le remord et qui anéantit Vicente.

* L’écriture est souvent un peu alambiquée : il faut arriver au bout de la phrase pour retrouver le sens de sa construction, ce qui nécessite parfois sa relecture.

Au bilan, un livre riche et un roman passionnant.
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Le Ghetto intérieur



Je ne voulais lire ce livre que si je le rencontrais dans ma bibliothèque préférée, c'est fait, donc avec retard sur sa parution, et sur les innombrables et élogieuses critiques qui ont suivi.



-ça ne sert à rien d'essayer de soulager sa culpabilité, simplement parce qu'il a raison de se sentir coupable -



Tout est dit. De Primo Levi à Eric Vuillard(Goncourt 2017) le crime majeur du XX siècle est décliné sous toutes les faces de son horreur, et cet auteur y ajoute son récit teinté de biographie familiale. Sa famille a fui la Pologne en 1928 pour l'Argentine , lui, fuira l'Argentine pour raisons politiques également, revient en Europe, n'aime pas trop la France, mais écrit en français; ouf!

Sauf qu'au récit des atrocités relatées dans les journaux argentins et se mettant dans la peau de son aieul, alors qu'il s'est construit une vie tranquille à Buenos- Aires avec femme et enfants, survient un malaise qui finira quasiment en folie; il a laissé sa mère à Varsovie maintenant dans le ghetto Il devient mutique ,perd leur argent au jeu et délaisse sa famille. Ce qui le ronge surtout c'est sa judéité, d'ailleurs c'est pour cela qu'il avait quitté sa mère, et c'est sans flamme que de temps en temps il pensait la faire venir près d'eux.

Identité, judéité, remords sont les thèmes principaux de ce roman . Je n'ai pas été touchée par le parcours de ce Vicente, l'écriture peut-être en est aussi la cause, seuls les appels à l'aide de sa mère sont émouvants il me semble.

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Le Ghetto intérieur

En 1928, Vincente Rosenberg, le grand-père de l'auteur, quitte sa Pologne natale pour la lointaine Argentine. Il laisse sur place sa mère, son frère et sa sœur. A Buenos Aires, il épouse Rosita, avec qui il aura quatre enfants. Le couple est heureux et mène une vie agréable avant que les premiers bruits de la guerre en Europe ne se font entendre. Jusqu'en 1941, Vicente échange des lettres avec sa mère qu'il rêvait de faire venir en Buenos Aires. Celle-ci est enfermée dans le ghetto et souffre de la faim, puis… plus rien.



A cause de ce silence, en apprenant petit à petit ce qu'il se passe dans les camps en Pologne, Vincente plonge dans le désespoir et le déni. Comment en effet croire une réalité inconcevable pour le commun des mortels? Jusqu'à la fin de la guerre et à la découverte des camps…



A partir de là, Vincente, écrasé par ce qu'il apprend et par la culpabilité de ne pas avoir pu sauver les siens, va perdre pied et se réfugier dans un mutisme total, un silence qu'il transmettra à certains de ses enfants et petits enfants, l'auteur n'étant autre que son petit-fils.



Ce livre d'une force inouïe, écrit simplement, exposant les faits, m'a littéralement brûlée. Je m'étais toujours demandé comment les survivants avaient vécu la découverte des "événements" (on ne parlait pas encore de Shoah à l'époque). Je le supposais, maintenant je sais. Le ghetto intérieur est un livre indispensable qui deviendra un classique.

Pour compléter mon propos, je ne peux que vous inviter à lire l'interview de l'auteur, Santiago H Amigorena, dans Les Inrocks de cette semaine.



Le ghetto intérieur, Santiago H Amigorena, Editions P.O.L.












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Le Ghetto intérieur

Vincente vit en Argentine depuis 1928 avec sa femme et ses trois enfants, il est juif et polonais. Depuis son pays d’adoption, il guette la tension monter en Europe à partir de 1939, il sent à distance le désastre que sa mère va vivre, le ghetto dans lequel elle va être enfermée et affamée, l’histoire de la Shoah qui va s’abattre sur son pays natal.



Ce livre est poignant par son réalisme, par les mots justes de l’auteur qui raconte l’histoire de son grand père. Cette histoire qui paraît à la fois lointaine et malheureusement aussi proche que jamais. Pour paraphraser une amie qui se reconnaîtra et à qui j’ai envoyé quelques photos de certains passages, Santiago H. Amigorena met des mots sur l’indescriptible, sur ce qui se ressent mais peut difficilement s’expliquer.



Comme dans son précédent roman « la justice des hommes », Vicente s’isole dans un mutisme profond, opaque. Dans ce silence il s’interroge sur sa propre identité : est-il encore juif en Argentine pendant que sa famille vit l’horreur en Pologne ? Et pourquoi le mot juif est celui qu’on lui applique systématiquement et immédiatement alors qu’il est avant tout homme, mari, père.



Santiago H. Amigorena mélange les faits historiques et ce qu’il sait de son grand père pour décortiquer la notion d’exil et d’identité. Livre fort &#xNaN
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La Justice des hommes

"Ce matin, s'étant réveillé à l'aube, pour penser et ne plus penser, c'est à dire pour penser à ce quoi il pensait qu'il devait penser et pour sortir de cet état où il pensait que sa pensée, lorsqu'il s'efforçait de penser, l'empêchait de penser à force de penser, Aurélien s'était remis au travail."



C'est à cause de ce genre de passages que j'ai du mal à être aussi enthousiaste que les lecteurs de cette page. Bien sûr, l'histoire est assez intéressante, les personnages également, et il y a du fond dans cette histoire de défaillance liée à l'érosion amoureuse de ce couple embourbé dans l'usure du quotidien. D'ailleurs j'ai lu le roman jusqu'au bout, mais je suis un peu restée sur ma faim, comme si l'auteur n'avait pas réussi à gratter plus loin que la couche de vernis de cette banale histoire de divorce ayant frôlé le drame absolu pour enrichir son analyse et creuser son discours.

J'avais beaucoup aimé son roman le ghetto Intérieur, où déjà, l'auteur traitait du thème du silence, de ce que les mots n'arrivent pas à dire, de ces mots qui trahissent notre pensée et rompent les liens... On retrouve ce thème abordé ici sous l'angle du mutisme post traumatique de la petite fille du couple et c'est sans doute la partie du texte qui m'a le plus intéressée... Enfin, je dois avouer que le style d'Amigorena ne m'a pas convaincue: maladresses, lourdeurs et phrases à rallonges... Bref, ce n'est pas le chef d'oeuvre que j'espérais...

Allez, une dernière pour la route:

"Aurélien avait toujours été grâce à la bienveillance de son frère quelqu'un de plutôt gai et confiant, jamais il n'avait été autant ce qu'il avait senti qu'il était devenu aux petites Indécises: le centre du monde.[...] ou plutôt qu'un centre, il était devenu le fil, discret et indispensable, qui manquait pour enfiler les perles qu'ils étaient tous, chacun de son côté; des perles qui, heureuses, alliées, n'avaient pourtant jamais formé le magnifique collier qu'elles avaient formé après son arrivée..." (ouf, 6 pronoms relatifs dans ce passage, fatiguée...)





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Le Ghetto intérieur

𝐑é𝐬𝐮𝐦é :



Vincento est un jeune homme qui a fui Varsovie et s'est installé à Buenos Aires pour construire sa vie.

Le récit se déroule dans les années 40, sa mère et sa fratrie sont restés à Varsovie.

Petit à petit il devine un peu la vie qu'ils mènent dans le ghetto de Varsovie puis au camps de Treblinka, ne pouvant et ne voulant connaître la réalité.

Au fur et à mesure, les questions et la culpabilité vont l'envahir au point qu'il ne s'autorise plus à vivre sa vie.



𝐀𝐯𝐢𝐬 :

Ce livre est très difficile et évoque e les horreurs vécues par les Juifs Polonais pendant la seconde guerre mondiale.



Le fait que le narrateur soit un homme exilé est très intéressant. Jusqu'où la tragédie de ce qui se déroule dans son pays va l'affecter et le détruire de l'intérieur.



J'ai beaucoup aimé la manière dont est lu cet audiobook. Bien que le sujet soit lourd et qu'il s'agisse essentiellement d'un récit à la première personne, Eric Caravaca sait rendre la lecture vivante.



Un livre à écouter et à lire.

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