Citations de Serge Latouche (110)
La voie de la décroissance n’est ni le refus ni l’acceptation du monde. Elle est le refus et l’acceptation. Il convient de refuser le monde (l’immonde) de l’économie de croissance et d’accepter la vie comme une joie, selon la formule de William Morris. La décroissance sera joyeuse ou ne sera pas.
L'ancêtre de l'obsolescence programmée, c'est "l'adultération" des produits, forme de tricherie sur la qualité pour abaisser les coûts et, accessoirement, stimuler la demande. (p. 57)
Pour le travailleur, la vie « se réduit le plus souvent à celle d’un biodigesteur qui métabolise le salaire avec les marchandises et les marchandises avec le salaire, transitant de l’usine à l’hypermarché et de l’hypermarché à l’usine », sous la menace permanente du chômage.
Vivre plus simplement pour que tous puissent simplement vivre (Gandhi)
Le règne de la guerre de tous contre tous, qu’on appelle mondialisation ou globalisation des marchés, mais qui est bien plutôt le stade suprême de l’omnimarchandisation du monde, détruit les solidarités fondatrices du lien social à quelque échelle que ce soit. Ce ferment destructeur était déjà au cœur de la construction européenne avec la concurrence des Etats promue au rang de dogme. Une monnaie unique sans politique sociale, sans politique fiscale, sans politique environnementale, sans politique industrielle unique ne pouvait engendrer que des tensions insolubles.
(Serge Latouche)
Les hommes sont-ils devenus fous ? Je le pense, et de plus en plus. Tout cela ne peut, ne pourra conduire qu’à notre perte. À moins que...
Dominique Belpomme.
Cette aspiration naïve à un retour au développement témoigne à la fois d'une perte de mémoire et d'une absence d'analyse sur la signification historique de ce développement.
La mondialisation actuelle nous montre ce que ce développement a été et que nous n'avons jamais voulu voir. Elle est le stade suprême du développement existant en même temps que la négation de sa conception mythique.
"Notre PIB (...) déclarait Robert Kennedy comprend aussi la pollution de l'air, la publicité pour les cigarettes et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur les routes. Il comprend la destruction de nos forêts et la destruction de la nature. Il comprend le napalm et le coût du stockage des déchets radioactifs. En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instuction, de la gaieté de leurs jeux, de la beauté de notre poésie ou de la solidité de nos mariages. Il ne prend pas en considération notre courage, notre intégrité, notre intelligence, notre sagesse. Il mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue". cité par Derek Rasmussen
Pour vivre mieux, il s’agit désormais de produire et de consommer autrement, de faire mieux et plus avec moins, en éliminant pour commencer les sources de gaspillage (exemple : les emballages perdus, la mauvaise isolation thermique, la prééminence du transport par route, etc.) et en augmentant la durabilité des produits.
André Gorz.
Il y a trop d’interrogations en ce bas monde, nous dit Woody Allen : d’où venons-nous ? où allons-nous ? et qu’est-ce qu’on va manger ce soir ? Si, pour les deux tiers de l’humanité, la troisième question reste la plus importante, pour nous, au Nord, les gavés de la surconsommation, elle n’est plus un souci.
Le comportement rationnel de l’homme moderne à la recherche du profit maximum, en manipulant la nature sans limite, pour le plus grand bonheur de tous et de chacun, est-il vraiment raisonnable ? Le système qui repose ainsi sur la compétition économique et technique effrénée, sous le signe de la raison occidentale, correspond-il à un modèle de sagesse ?
En revanche, le bouleversement requis par la construction d’une société autonome de décroissance peut être représenté par l’articulation systématique et ambitieuse de huit changements interdépendants qui se renforcent les uns les autres. On peut synthétiser l’ensemble en un « cercle vertueux » en huit « R » : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un processus de décroissance sereine, conviviale et soutenable.
Lorsqu'il aborde l'ontologie, Castoriadis le répète sur tous les tons : "Être signifie à-être". L'être n'est donc jamais enfermé dans l'étant.
L'être est altération permanente et création continue.
L'occident nous apparaît comme une machine vivante, dont les rouages sont des hommes et qui, pourtant, autonome par rapport à eux dont elle titre force et vie, se meut dans le temps et dans l'espace suivant son humeur propre.
Le gaspillage des consommateurs, parfois évalué à 30% du total à lui seul, est favorisé par la dévalorisation massive des produits alimentaires industriels, par l'organisation de la distribution et de la vie dans les grands centres, et, bien sûr, par la publicité.
On va à l'hyper- ou au supermarché en voiture une fois par semaine (par exemple, le week-end), on remplit son Caddie en profitant des promotions, on met les achats au congélateur ou au réfrigérateur, on les réchauffe le moment venu au micro-ondes, et, périodiquement, on s'aperçoit que certains produits sont périmés.
On sait que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi en raison du chômage et de l'abandon des programmes sociaux, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. On peut imaginer quelle catastrophe représenterait un taux de croissance négatif ! De même qu'il 'y a rien de pire qu'une société travailliste sans travail, il n'y a rien de pire qu'une socéité de croissance sans croissance. C'est ce qui condamne la gauche institutionnelle, faute d'oser la décolonisation de l'imaginaire, au social-libéralisme. La décroissance n'est donc envisageable que dans une société de décroissance. Le projet de la décroissance est un projet politique, consistant dans la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes. Au niveau théorique, le mot d'"a-croissance" serait plus approprié, indiquant un abandon du culte irrationnel et quasi religieux de la croissance pour la croissance.
Certes notre nourriture, grâce au productivisme de l'agriculture incorpore cent fois moins de travail direct que celle de nos grands-parents, et nos précieuses automobiles vingt fois moins que celles de nos parents, mais un bilan complet intégrant la totalité des coûts du système agro-alimentaire ou du système automobile ferait apparaître des résultats moins reluisants. La prise en compte pour l'agro-alimentaire de la multiplication des emplois annexes (conseil, recherche, conservation-transformation, agrochimie, agrobiologie, etc.) réduirait considérablement la fameuse productivité. Il y a cinquante ans les agriculteurs recevaient 45 à 60% de ce que les consommateurs dépensaient pour leur nourriture; aujourd'hui, ils ne touchent que 18% en France, 7% au Royaume-Uni et même 3,5% aux Etats-Unis. La différence finances les activités annexes. Résultat : le consommateur ne note pas une baisse absolue du prix des produits alimentaires, en revanche la qualité laisse beaucoup à désirer. Par ailleurs l'intégration des dommages collatéraux (prélèvements d'eau, pollution des nappes phréatiques, pollution des fleuves et des océans, vache folle, fièvre porcine et autres pandémies) amènerait sans doute à conclure à une contre-productivité...
Un banquier lucide confesse : « Apprendre aux jeunes à acheter à crédit, c’est comme leur apprendre l’usage de la drogue. »
On peut synthétiser l'ensemble en un "cercle vertueux" en huit "R" : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, recycler.
il s'agit en effet de réintroduire une forte d'ose de savoir- vivre dans un monde qui souffre d'un excès de savoir -faire .