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Critiques de Shirley Jackson (336)
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Fin de siècle

Ce coffret, qui réunit 4 très bons livres d'excellents auteurs (James Herbert, Graham Masterton, Shirley Jackson et Tim Lucas) est une bonne idée cadeau / découverte.

C'est d'ailleurs à sa sortie que j'ai découvert Salles Obscures, de Tim Lucas, par exemple.

L'esthétique du coffret est vraiment incomparable et il faut l'avoir dans sa bibliothèque, si l'on est fan et si on le trouve.

Ne passez pas à côté.

Bien entendu, le contenu vaut largement le contenant, car on a passé l'âge de jouer avec les emballages, n'est-ce pas. Je me suis régalée.

À mettre entre les mains de toute personne aimant le grand frisson.

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Hangsaman

Dans la famille Waite, je demande le père Arnold Waite, écrivain d’un unique livre, imbu de sa personne, régnant en maître absolu sur son foyer. Il faut voir les lettres qu’il écrit à sa fille à l’université, c’est pompeux et autocentré. Je demande la mère Mrs Waite, créature soumise et geignarde surtout lorsqu’elle a un coup dans le nez. Je demande le frère, Bud sachant passer inaperçu et enfin je demande la fille Nathalie, dix-sept ans en plein questionnement sur ce qu’est la vie. L’entrée à l’université de Nathalie va être le lieu de rencontres, d’expériences qui vont générer une lente montée en tension de la situation de la jeune femme. On sent venir un dénouement qui ne peut être que mélodramatique.

L’auteure explore la difficulté qu’il y a de passer de l’adolescence à l’âge adulte, laisser derrière soi l’enfance pour découvrir les tourments de la féminité rien de moins pour cette jeune fille esseulée. On découvre une histoire étrange où l’on n’a pas l’impression d’avancer tout se délite. Le monde est-il si cauchemardesque qu’il semble impossible d’y survivre. Au final ce livre nous laisse avec nos questions sans réponses face aux épreuves qui s’abattent sur Nathalie. On n’en saura pas plus, c’est à nous de décider des réponses qu’on imagine et c’est plus que ce que je peux donner dans ma lecture avant de tomber dans l’agacement.

Il y a trois parties distinctes dans le récit, toutes apportent un éclairage et une émotion particulière, malheureusement on est soumis aux incessantes ruminations de Nathalie qui viennent brouiller intentionnellement le message. Nathalie ne sait absolument pas qui elle est, à ses côtés on est témoin de son esprit profondément dérangé lorsqu’une voix lui parle intérieurement. Seule la troisième partie m’a véritablement touchée mais en dire plus est impossible. Un livre trop dérangeant pour moi, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture.


Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Hangsaman

Hangsaman de Shirley Jackson

C’est avec ce livre que je découvre Shirley Jackson et je suis impressionnée !

Natalie a dix-sept ans. Elle va intégrer l’université que son père a choisie. Elle se destine aussi à l’écriture et écrit déjà. Elle est déterminée à rencontrer la réussite qu’elle mérite. D’ailleurs son père est également écrivain et il corrige tout ce qu’elle écrit même les lettres qu’elle lui adresse de l'université. Entre son père omniprésent, très critique, orgueilleux et sa mère soumise, malheureuse en mariage, l'université aurait dû représenter une bouffée d'air.

Arrivée à l’université, elle apprécie l’indépendance, la solitude mais quelque chose cloche, elle a du mal à se positionner par rapport aux autres. Et il faut dire que dans les résidences, les filles ne sont pas tendres. Elle se rapprochera de la femme d’un de ses enseignants mais se ne sera que le début d’autres embarras.

J’aime beaucoup les histoires qui se déroulent dans les milieux universitaires américains. Avec une héroïne comme Natalie que j’ai adorée, déterminée malgré tout le poids psychologique que représente ses parents. Ce livre a été un pur bonheur.

C’est un livre immersif car l'auteure nous offre la moindre des pensées ou divagations de Natalie et réussit à nous embarquer savamment dans son univers, qui oscille entre réalité et imagination. Nathalie peut nous faire glisser dans une autre réalité quand celle qu’elle vit n’est pas à la hauteur. J’ai parfois eu du mal à déterminer de quel côté de la frontière j’étais. Ce qui ajoute un côté intrigant très intéressant.

Et le tout a été une excellente surprise!

Je poursuivrai sans faute ma découverte de l’auteure.

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Hangsaman

Bon ou pas bon ?

Par certains côtés, bien moins abouti que Nous avons toujours vécu au château qu'elle écrira dix ans plus tard, bien moins sec et enlevé que La Loterie, la nouvelle qui l'a rendue célèbre, Hangsaman nous laisse un goût étrange en bouche.



Pourtant, tous les ingrédients de ces deux œuvres majeures sont là, en germe, expérimentés, mitonnés, triturés, caressés à rebrousse-poils...



Mais il manque quelque chose, de la tenue, de la suite, le contrôle de la narration. Trop de longueurs, une satire du milieu universitaire - certes amusante, mais datée - qui empêche d'aller vers l'universel.



Cependant l'ambition du roman est immense et le moins qu'on puise dire c'est que Shirley respecte son lecteur, ne le prend pas pour un imbécile. Jamais elle n'appuie le trait, jamais elle ne se perd en explications. Elle nous laisse tirer les conclusions, deviner le mal-être, ressentir le trauma.



Surtout, certaines scènes sont particulièrement bien troussées, on y trouve déjà la patte inimitable de l'autrice qui joue avec brio de l'étrangeté des âmes et de la sourde angoisse du quotidien. La scène de beuverie chez Lizzie, le trouble homosexuelle quand elle doit coucher cette dernière ivre morte, le caractère manipulateur et en même temps fort médiocre du père (et du professeur), la mystérieuse rencontre avec une kleptomane dont on ne sait si elle est notre protagoniste ou une autre... Quelques passages de ce roman sont parmi les plus étrangement inquiétants qui m'aient été donné de lire.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Hangsaman

Lire Shirley Shirley Jackson, c'est marcher aux frontières du réel, accepter de ne pas savoir où l'on met les pieds, d'être dans une position inconfortable de lecture. Tout en se disant : mais comment fait-elle pour insuiner de manière si subtile et brillante ce malaise en vous ? Si La maison hantée ou Nous avons toujours vécu au château sont du registre fantastique et dans veine gothique, il n'en est rien dans Hangsaman. 



Nathalie a 17 ans, c'est la fin de l'été et elle vit ses derniers jours dans sa famille avant d'intégrer une université prestigieuse que son père, qui règne en maître sur les membres de la famille, a choisi pour elle. Avec son frère, ils n'ont pas d'autre choix que de subir les déjeuners amicaux de leurs parents et de jouer les enfants modèles. De nature introvertie, Natalie est donc très polie avec les invités. Elle tente de se montrer à la hauteur du monde des adultes qu'elle dissèque dans son esprit. Mais dès les premières pages, la tension est là, et on ne sait pas si l'événement traumatique qu'elle nous raconte s'est vraiment déroulé. Et ce n'est que le début...



Une fois à l'université, sa liberté et son indépendance nouvelle pourraient lui donner l'occasion de s'ouvrir aux autres. Mais rapidement, elle se sent décalée, différente, préférant observer ses congénères féminines. Et surtout se réfugier dans ses ruminations et son imagination féconde. Bientôt elle glisse dans une autre réalité, floue, trouble et inquiétante.



Quelle lecture à la fois éprouvante et jubilatoire ! Shirley Jackson explore habilement l’entrée d’une jeune adolescente dans le monde des adultes et dans celui de sa féminité, d’une manière très originale et immersive. Le lecteur vit ses épreuves, ses cauchemars, ses peurs avec intérêt et surprise. 



C'est vraiment un roman étrange, déconcertant, profond, auquel je repense souvent depuis, ce qui pour moi est très bon signe. Une fois le livre refermé, je ne savais si j'avais aimé ou non. Il m'a fallu des semaines avant de m'apercevoir que ce roman m'avait davantage marqué que je ne l'aurais cru. Je pense qu'il ne manquera pas de laisser des traces et des interprétations multiples et changeantes chez son lecteur. C'est un roman que j'aurais plaisir à relire. Je ne serais pas surpris, alors, de le percevoir différemment et de le trouver encore meilleur qu'à sa première lecture



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Hangsaman

Nous sommes dans l'Amérique des années 50. Natalie, la narratrice, est une jeune fille de dix-sept ans en passe de faire son entrée à l'université. Lors d'un cocktail donné au domicile familial, elle va vivre un évènement traumatisant, dont elle s'évertuera à nier l'existence. Une fois à l'université, elle a bien du mal à trouver sa place et à se lier d'amitié avec d'autres étudiants. Ses questionnements récurrents et sa quête d'identité vont égarer le lecteur dans les méandres de son esprit confus.

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Le début du récit se concentre sur l'existence de Natalie au sein de sa famille, avant son départ pour l'université. Une famille patriarcale plutôt désunie, même si, d'un point de vue extérieur, rien ne semble transparaître. J'ai ressenti une certaine passivité de Natalie vis-à-vis de son entourage. Sa mère n'a de cesse de se plaindre auprès d'elle de sujets qui la rendent malheureuse, le mariage en général, son mari en particulier. Un mari écrivain, condescendant et narcissique, qui ne fait aucun cas de l'opinion des autres. Alors, comme une échappatoire, Natalie remplit ses cahiers d'histoires, en s'inspirant de son quotidien. Des écrits qui, chaque jour, sont soumis à l'approbation paternelle, seul maître et juge en la matière.

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Une première partie déjà déstabilisante, où Natalie s'échappe de sa réalité grâce à l'imaginaire. Un imaginaire fantasmé qui peut survenir à des moments inattendus, au détour d'une conversation.

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La partie consacrée à l'université est celle que j'ai trouvé le plus intéressante. A la figure du père se substitue celle du professeur de littérature, Langdon, tout aussi égocentrique. Et à la figure de la mère, celle de l'épouse de Langdon, tout aussi malheureuse en ménage. J'ai beaucoup aimé la description du milieu universitaire à cette époque. Ici, un milieu plutôt littéraire et féminin, où la compétition sociale est rude. Mal à l'aise, plutôt introvertie, Natalie ne sait quelle attitude adopter ni comment s'intégrer parmi ces jeunes femmes, dont certaines sont particulièrement opportunistes et superficielles.

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Sous le poids de cette situation oppressante, la tension monte, jusqu'à l'arrivée de Tony, une étudiante hors des clous et affirmée, qui va entraîner Natalie dans son sillage. Une cassure dans le ton, un changement qui s'opère, une ambivalence qui peut s'avérer effrayante pour le lecteur.

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Hangsaman est un roman obsédant, qu'il est difficile de placer dans un genre en particulier. Si j'ai beaucoup aimé cette histoire, elle m'a plongée toutefois dans une certaine perplexité, car je n'ai pas vraiment ressenti d'émotions lors de ma lecture. Ce voyage dans la tête de Natalie n'est cependant pas dépourvu d'intérêt et l'écriture de Shirley Jackson y est pour beaucoup.

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Ma chronique complète est sur le blog.
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Hangsaman

Critique parue dans le Bifrost n°105



À la vue de la couverture de ce roman inédit en français de Shirley Jackson, difficile de ne pas penser à celle du Bifrost 99, consacré à l’autrice de La Maison hantée. L’auteur en est le même, Miles Hyman, son petit-fils, également auteur d’une version illustrée de la fameuse nouvelle « La Loterie ».



Hangsaman raconte l’histoire de Natalie Waite, dix-sept ans, sur le point de rejoindre l’université et présentée comme ayant un rapport au monde « différent. » Son père, écrivain, autoritaire et peu prolifique, lui impose d’incessants exercices d’écriture. Il y a également son frère et sa mère, constamment inquiète. Celle-ci reste au second plan la majorité du temps. Suite au départ de Nathalie de la maison, nous la suivons dans la découverte de la vie d’étudiante.



Hangsaman est une plongée, tantôt amusante, tantôt effrayante, dans la psyché d’une jeune femme habituée à inventer des mondes. La narration nous livre ses pensées, avec toutes les digressions imaginables, mais également avec tous les non-dits. Il faut s’habituer à bien différencier ce qui se dit entre guillemets ou derrière un tiret, et ce qui est intégré à la narration. Mais l’affaire n’est pas aussi simple, et rien n’est jamais sûr dans ce roman. Un événement traumatique est violemment imposé à Natalie dans le début de l’histoire. Point de départ de ses divergences ? A priori non, mais faut-il se fier à son rapport au temps ? Qu’arrive-t-il réellement à Natalie ? Qui est-elle vraiment ? Est-elle vraiment ? Le vrai : tout un programme dans l’esprit de l’étudiante. Où est le réel ? Une question pour elle, mais tout autant pour nous…



La relation fille-père, puis fille-père de substitution est au cœur du roman. Natalie, une fois à l’université fréquente de rares autres jeunes femmes, mais la superficialité reste de mise, jusqu’au dernier tiers. Shirley Jackson croque ainsi avec mordant l’hypocrisie. Celle de la famille, celle des « amis », celle du milieu universitaire. Le malaise des faux-semblants, omniprésents dans la majorité des interactions de Natalie, est encore plus déstabilisant quand on le vit au travers d’une des protagonistes. L’enfer des autres, de leurs regards, de leurs opinions, de leurs ricanements mais aussi de leurs envies de parler, de leurs attentions, de leur simple présence.



Shirley Jackson tisse sa toile et nous laisse nous dépêtrer au sein de son labyrinthe, tout en faisant régulièrement miroiter une sortie. Pour autant, Hangsaman n’est pas franchement un roman de genre. Il y a bien des choses étranges qui peuplent ses pages, une ombre entraînante ou un arbre prenant des nouvelles, mais pas assez pour pleinement l’ancrer dans le fantastique. La lecture s’avère exigeante si l’on veut à tout prix comprendre l’enchaînement logique des faits, plaisante si l’on se détache d’aussi basses considérations que la compréhension. Car la plume de Shirley Jackson est riche et peu avare en images savoureuses et descriptions piquantes. À savourer donc, si vous aimez avancer dans le brouillard.
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Hangsaman

surprenante. Un père qui ne pense qu’à la littérature et à corriger les moindres fautes de formulation de sa fille ainsi qu’à paraître au mieux en société quitte à oublier sa propre famille, et une mère soumise à son mari et qui ne semble pas avoir de vie propre, de conscience ou même d’envie et qui se plie au bon vouloir de son mari. Comment être normale dans une famille aussi peu intéressante ? C’est ce que va découvrir le lecteur avec la vie de Natalie, au départ, avec ses parents et leurs particularités, puis à l’université avec ses ennuis, ses connaissances, ses troubles et son imagination débordante. On est un peu perdu en lisant les premières lignes par le style très atypique de l’auteure. Cette particularité, on la retrouve dans le comportement de son héroïne. Au milieu de son monde réel, elle recrée un imaginaire foisonnant où la réalité a une part, mais où on ne sait finalement plus où elle se situe. Sa vie a l’Université est rythmée par des rendez-vous avec l’un de ses professeurs et sa femme paranoïaque, folle, jalouse, on ne sait plus vraiment. On ne sait d’ailleurs plus vraiment ce qui est vrai et ce qui est inventé dans ce récit qui, malgré une structure originale et un récit qui l’est tout autant conserve du début à la fin une intensité brute qui nous maintient en éveil et rend ce roman particulièrement savoureux. Une mention spéciale pour cette couverture envoûtante.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Hangsaman

Petite déception pas très justifiée: je reconnais que c'est bien écrit et que je n'ai pas grand chose à lui reprocher, par moment cela me rappelait même un peu Sylvia Plath, mais sans ressentir la même émotion... du coup je n'ai pas été emportée par cette lecture, abandonnée du coup en cours de route... sans doute que si je n'avais rien eu d'autre à lire je l'aurais fini, mais cela n'a pas fait le poids contre le reste de ma PAL...

Je ne me permettrai toute fois pas de la noter, peut-être que si j'avais continué un peu plus j'aurais aimé?
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Hangsaman

Natalie Waite, 17 ans va partir à l’université. Entre un père dominateur et une mère soumise, Natalie a hâte de fuir un cocon familial pesant et d’écrire sa propre vie. Dotée d’une personnalité introvertie et d’un imaginaire foisonnant, elle s’invente des interlocuteurs tel un inspecteur de police et pose un regard décalé sur le monde qui l’entoure. Adoptant le point de vue de la jeune fille, le récit apparait au lecteur flottant et peu sûr. Les évènements qui sont racontés ont-ils vraiment existé où sont-ils le produit de l’imagination de Natalie ? A-t-elle été agressée lors d’un brunch dans le jardin de ses parents ? A l’université, Natalie ne se lie pas vraiment sauf avec un professeur et sa femme à peine plus âgée qu’elle.

Hansgsaman diffuse un parfum presque aussi étrange que celui des contes noirs du recueil La loterie. Le roman en apparence banal d’un passage à l’âge adulte est raconté comme une histoire fantastique aux nombreux coins d’ombres dans lesquels on peut avoir peur ou avoir un sentiment de malaise à l’idée d’y mettre les pieds. Une lecture inconfortable.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Hangsaman

Hangsaman est un roman déroutant.

Déroutant car nous plongeons au plus profond des pensées de Natalie, jeune fille de dix-sept ans.

Déroutant car Natalie s'interroge énormément sur le monde qui l'entoure, sur sa réalité, sur elle-même.

Prise en étau entre une mère malheureuse et un père qui la tient pour sa création, Natalie va devoir affronter une situation nouvelle au moment de son entrée à l'université : affronter le monde hors de la cellule familiale.



J'avais déjà lu Shirley Jackson avec à chaque fois des ressentis différents. La maison hantée m'avait laissée de marbre tandis que certaines de ses nouvelles, lues en anglais, m'avaient conquise.

Hangsaman était la parfaite occasion de renouer avec cette autrice.



Même si je la préfère sur des formats courts (et j'ai hâte de découvrir La loterie et autres contes noirs), j'ai beaucoup apprécié ce roman.

Natalie est un personnage fascinant, et je salue d'ailleurs la peinture brillante de tous les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires.

Le regard porté sur la condition des femmes, que ce soit en tant que mère, épouse ou fille, est acéré et, malheureusement assez sombre.



J'ai trouvé quelques longueurs dans la troisième partie, mais ce roman a l'avantage d'ouvrir à de belles et intéressantes discussions
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Hangsaman

Quel livre déroutant à lire, à nouveau pioché dans le catalogue des nouveautés Rivages noirs : un Shirley Jackson inédit en France - au titre étrange et exécutoire - dont l'histoire s'inspire d'un fait-divers.



Une fois le livre refermé, je ne sais toujours pas dire ce qui m'a le plus convaincu. Ai-je lu l'un des plus grands livres de fiction écrit sur le refoulement, au sens psychanalytique du terme ? Ou ai-je eu entre les mains un livre prodigieusement en avance sur son époque, qui ne cesse de dénoncer le sort réservé aux femmes depuis leur plus jeune âge au sein des sociétés patriarcales ? Un peu des deux, sans doute.
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Hangsaman

Après avoir découvert Shirley Jackson avec ses deux derniers romans, La maison hantée et Nous avons toujours vécu au château, j’étais très enthousiaste de lire un de ses premiers romans, traduit en français 70 ans après sa parution originale.



Hangsaman est un titre mystérieux et l'ouvrage l’est tout autant. À 17 ans, Natalie vit au sein d’un cocon familial étouffant sous le regard d’un père protecteur et dominateur. Pour contrer la morosité ambiante, l’adolescente scénarise des vies parallèles dans sa tête et sur papier. Lorsqu’elle intègre une université pour jeunes filles où elle peine à faire sa place, la frontière entre l'échappatoire imaginaire et le trouble de la personnalité multiple devient de plus en plus poreuse.



Jackson dénonce l’aliénation des femmes, en se moquant des travers de la société patriarcale de son époque. Sa plume peut aujourd’hui paraître surannée, mais elle participe à l’atmosphère rétro. J’ai adoré certains passages, notamment ceux avec la mère de Natalie et ceux avec l'ancienne étudiante et jeune épouse d’un professeur, qui toutes les deux tombées dans le piège du mariage tentent maladroitement de mettre en garde Natalie. Globalement, j’ai aimé la proposition, même si l’évolution de l’intrigue, en particulier dans la dernière partie, m’a semblé moins aboutie que dans les autres romans de l’autrice que j’ai pu lire.

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Hangsaman

Drôle, inquiétant, original, Hangsaman dépeint avec une éblouissante modernité le trouble de la fin de l'adolescence.
Lien : https://www.elle.fr/Loisirs/..
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Hangsaman

Natalie a 17 ans et se questionne sur la vie, sur elle-même. Elle vit au sein d'une famille qui paraît dysfonctionnelle: la communication n'est pas leur fort, l'amour encore moins. Nous suivons Natalie à son entrée à l'université, ses états d'âme nous sont contés. Et puis c'est tout. Je m'attendais à une ambiance plus sombre, particulière, à l'image de Soeurs de Daisy Johnson que j'ai beaucoup aimé.

Certains passages de Hangsaman sont très intéressants, mais l'histoire est plate. Je pensais que l'autrice allait jouer avec le lecteur, comme l'indique la 4eme de couverture, pas du tout, selon moi. En bref, une première lecture 2022 très décevante. Je lirai tout de même La maison hantée, qui j'espère me fera ressentir plus d'émotions.
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Hangsaman

Je l'ai dit en d'autres lieux, je n'ai rien compris à l'histoire mais c'est un livre génial.

Génial, parce que l'héroïne elle-même ne comprend rien à ce qui lui arrive, et que Shirley Jackson nous fait partager cette confusion avec art.

Natalie Waite, puisqu'il s'agit d'elle, est une jeune fille qui s'ennuie dans une ambiance familiale pesante. Un père écrivain qui tient à lui voir prendre la relève et dissèque ses pensées les plus intimes. Une mère malheureuse dévouée à son mari, humiliée par lui, et qui regrette chaque instant de sa pauvre vie, surtout le week-end lorsque la maison accueille les "cocktails littéraires" imposés par le maître des lieux . Un frère qui vit là, sans qu'on sache vraiment quoi partager avec lui.

Natalie Waite, donc, s'évade par la pensée. Et dans la première partie du livre, on comprend peu de choses à ses réflexions, sinon qu'elle est prisonnière de ses propres fictions, qu'elle déteste sa vie et qu'un événement particulièrement choquant manque de la briser.

On la retrouve ensuite, partant pour l'Université. Loin des siens, au milieu de filles qui lui sont étrangères et dont le milieu social est bien au-dessus du sien, elle cherche sa place. Le désespoir qui l'assaille, comme tout ce qui lui arrive, est en quelque sorte prévu et même orchestré par son père, qui le lui écrit dans ses lettres. Pour endurcir sa fille sans doute, pour la pousser à tisser des relations utiles, c'est lui qui l'a inscrite dans cet univers féminin, exotique et cruel.

Un monde où la première main tendue semble une planche de salut. Ce sera la main de Tony, dans la troisième partie du livre. Mais certaines amitiés vous coupent de tout le reste, et Natalie s'éloigne de plus en plus de la réalité...

Une lecture vraiment captivante, que je me permets de vous recommander si vous n'avez pas tout occulté de votre propre adolescence. Une lecture qui fait mal, toutefois, tant l'autrice est habile à nous plonger dans son univers.
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Hangsaman

J'aime beaucoup la manière dont l'auteur parvient à donner, par la fiction, une forme d'expression aux moments de pure angoisse - voire de panique - entremêlés de périodes de torpeur que l'on doit affronter, parfois, à la fin de l'adolescence (la formule utilisée en 4e de couverture, « détresse psychique », me semble juste). En ce sens, le roman de Shirley Jackson est pour moi peut-être aussi beau et troublant que L'Attrape-coeurs (paru également en 1951) ou Franny & Zooey de J.D. Salinger.

Dans ce qui me tient lieu de bibliothèque, l'errance se poursuit ainsi : Hangsaman me renvoie également aux pages qui m'ont le plus marqué dans le Maître des illusions, autour de l'amitié. Chez Donna Tartt, je garde l'image du narrateur amené à sous-louer, pendant la fermeture des résidences universitaires, une sorte de grenier non chauffé où il se retrouve seul à Noël, s'abîmant dans la contemplation purement abstraite, solitaire et fiévreuse, d'amitiés qui se dérobent, alors que la neige tombe par les fentes du toit et qu'il perd pied : visions des jumeaux Camilla et Charles, apparitions spectrales de Henri (en y repensant ce soir, ici, je me dis que le Maître des illusions est sans doute un roman sur l'amitié et ses illusions à la fin de l'adolescence, cette soif fusionnelle que Richard, le narrateur, ne sait comment orienter, au point de fantasmer ses amis en individus qu'ils ne sont pas et, lorsque l'illusion se dissipe, de se trouver forcé à affronter de nouveau la solitude qui était la sienne au départ)...

Dans Hangsaman, l'amitié avec Tony entraîne in fine le lecteur vers une balade de l'étrange, la balade de Natalie Waite.

Le décor de cette balade m'évoque alors les sentiers lacustres et boisés où s'égare Julie Rouane, l'héroïne de Nina Allan dans La Fracture, elle-même en proie à ses propres visions.

J'ai adoré Hangsaman. Moins facile d'accès que Nous avons toujours vécu au château (que j'aime tout autant), peut-être plus âpre dans son approche de la folie et de son intrication avec la vie sociale (question de la normalité, de la standardisation, pour dire les choses un peu vite).

Pour quelqu'un qui n'a jamais lu Shirley Jackson, je conseillerais de commencer par Nous avons toujours vécu au château, le recueil La loterie et autres contes noirs, ensuite Hangsaman, La Maison hantée...

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Hangsaman

C'est un roman d'apprentissage, mais qui s'écarte tellement du genre ! Il se trouve que tout ce qui y est essentiel est non dit, ce qui brouille le récit et qui le rend opaque. Le roman s'approche du thème de la folie, sans l'expliciter, en évoquant sans l'évoquer la répulsion de soi, la peur des autres qui conduit à une sorte de haine. Et l'épreuve initiatique, salvatrice, qui permet de sortir d'une impasse mentale, on ne sait si elle est réelle ou rêvée. Un roman troublant.
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Hantise (La maison hantée)

C'est un petit roman que je possède dans l'édition du "Masque Fantastique". Deux-cent-quatre-vingt-trois pages, pas une de plus, pas une de moins, une typographie moyenne, un style concis, sans fioritures qui, bien que solidement ancré dans le réel, sait comme nul autre vous guider vers l'évanescence des pensées de l'héroïne principale, Eleonor, dite Nell, tel est "The Haunting of Hill House", traduit en français de façons pour une fois très sobre par "Maison Hantée", un roman qui inspira à Robert Wise, en 1963, l'un des films en noir et blanc les plus terrifiants qui se puissent voir ... et entendre - la bande-son est un vrai régal et constitue, avec l'histoire de la porte hantée, le seul effet spécial du film.



Si j'utilise le terme de chef-d'oeuvre, ce n'est pas au hasard. Stephen King lui-même tient ce roman de Shirley Jackson pour un sommet du livre d'épouvante tel qu'on l'aime : retors, démoniaque et énigmatique.



Qui ne connaît pas l'histoire, désormais archi-classique ? Une vieille maison appartenant à une riche famille qui ne l'occupe pas, se contente de l'entretenir et, plus surprenant, a renoncé à la louer. Pourquoi ? Mais parce qu'il s'y passe des choses bizarres. En tous cas, de l'avis des derniers locataires en date - ça remonte à quand, déjà, le jour où ils ont rendu les clefs en déclarant que la vie à Hill House était tout bonnement épouvantable ? ...



Enfin, ça remonte à loin. Et tandis que les locataires s'égayaient à qui mieux mieux dans la nature, les revues de parapsychologie faisaient leurs choux gras du destin de Hill House, somptueuse mais sévère demeure victorienne édifiée pour sa jeune épouse - qui y mourut le jour même où elle y emménagea - par l'étrange Hugh Crain. (A ce propos, retirez une lettre à son patronyme et vous obtenez Caïn. Amusant, n'est-ce pas ? )



La réputation de bizarrerie de la maison est telle que, à la fin des années 50, le Dr Montague, scientifique en renom passionné de paranormal, décide d'y tenter une expérience. Il y invite deux jeunes femmes qui possèdent, l'une en pleine connaissance de cause, l'autre en les niant, des qualités de mediums. Il se joint bien entendu à elles pour superviser le tout et, selon la volonté de la propriétaire de Hill House, qui ne consent à l'expérience qu'à cette condition, il leur adjoint la compagnie d'un membre de la famille à qui Hill House a finir par revenir.



Débute alors un séjour qui sera bref mais très révélateur.



Attention, si vous recherchez le gore, si à la mode de nos jours, vous serez déçus. Le roman de Shirley Jackson ne dégoutte ni de sang, ni de ténèbres. Il est vénéneux mais on n'y voit jamais vraiment rien, ni personne. On peut même supposer - jusqu'à la dernière page - que tout cela n'est que fantasmes de la part d'Eleonor ...



Et pourtant, sans avoir visionné l'adaptation qu'en tira Robert Wise (laissez tomber par contre le honteux remake qui s'appelle "Hantise" et qui date des années 90 : une horreur mélo et kitsh qui, en plus, se termine bien, le comble ! ), on a peur. Une peur subtile, diffuse, qui affleure, disparaît, s'évanouit tout-à-fait et puis v'lan ! vous saute dessus par derrière. Un malaise impalpable mais bel et bien réel.



Un modèle de roman d'épouvante, certainement plus dans la lignée du "Tour d'Ecrou" de James mais d'une puissance et d'une perfection qui ne sont pas loin d'évoquer les tragédies grecques. ;o)
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Hantise (La maison hantée)

Beurk. Même pas dépassé la 20e page.

Aucune accroche
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