Prosp deviendrait-il le dernier des siens ? Les Grands pingouins disparaissent les uns après les autres, massacrés par les hommes. C’est l’histoire de l’extinction d’une espèce et de la vie commune de Prosp, le dernier Grand pingouin, et de Gus, le scientifique qui l’a recueilli ; une catastrophe écologique et une amitié hors du commun.
Retour de lecture : J’ai d’abord été séduite par le résumé de cette histoire avant de me souvenir que j’avais déjà lu un livre de cette autrice, “la horde”, et que j’avais beaucoup aimé son écriture et ce qu’elle fait de son histoire. C’est ce que j’ai retrouvé ici et ce qui m’a plu avec “le dernier des siens”.
Elle profite de nous raconter cette histoire pour nous en dire bien plus : se plonger dans la tête de Gus qui se rend compte que Prosp est sans doute le dernier des siens et que les choses peuvent disparaître ; découvrir comment une espèce entière peut disparaître alors qu’elle pullulait ; les conséquences de la domestication d’un animal sauvage etc.
Rapport homme / animal
C’est l’une des grandes thématiques de ce roman : le rapport entre l’homme et l’animal à travers les Grands pingouins et la relation que vont construire Gus et Prosp.
L’homme va être la raison de la disparition des Grands pingouins. Dès que des hommes en voient un ils le tuent car il rapporte beaucoup. Gus va être marqué par la violence des massacres. Il a cru déceler parfois dans les regards un plaisir de tuer.
Gus et Prosp vont apprendre à cohabiter et une relation unique et touchante va se créer entre eux. Certes, Prosp ne sera plus un animal sauvage (Gus essaiera de le rendre aux siens…) et vivre auprès des hommes sur la terre ferme n’est pas dans sa nature. Mais c’est sans doute ce qui lui permettra de vivre et de devenir, malgré lui et pour son malheur, le dernier des siens. L’homme et l’animal apprennent à communiquer et s’attachent l’un à l’autre (si on peut parler d’attachement pour Prosp.)
Au début Prosp est un sujet d’étude pour Gus, avant de devenir un compagnon de vie. A aucun moment Sibylle Grimbert tombe dans le piège de faire de Prosp un chien de compagnie. Il n’est plus sauvage mais il garde son caractère et ses distances parfois.
La problématique de l’extinction d’une espèce
Autre grand thème du roman car les Grands pingouins sont désormais éteints, vous ne pourrez plus en voir en dehors des individus empaillés ou des représentations de l’animal.
Les Grands pingouins sont nombreux et source de nourriture pour les autochtones. Ils le chassent et le consomment lui et ses œufs. Mais à raison d’un seul œuf par an, l’espèce ne se régénère pas. Elle devient rare et attire la convoitise des musées. Ils paient cher pour obtenir un spécimen ou un bout de spécimen. Ce qui génère une économie pour les locaux qui, en plus, continuent à le consommer. C’est comme ça que nous arrivons à l’extinction d’une espèce entière.
Au début, Gus ne veut pas croire que Prosp pourrait être ou devenir le dernier des siens. Pour lui, rien de ce qui a existé ne peut disparaître, c’est impossible. En plus, à cette époque, la science évolue et certains scientifiques pensent que la nature fonctionne par cycle. Il y a donc forcément quelque part un autre Grand pingouin qui relancera l’espèce.
Le personnage va passer par plusieurs phases psychologiques face à cette problématique. Prendre conscience que l’animal qui l’accompagne et dont il a pu observer la richesse est bien le dernier des siens n’est pas sans conséquence.
Le conseil de la bibliothécaire : Tous les avis que j’ai pu lire d’autres lecteurs au sujet de “le dernier des siens” étaient enthousiastes. Sibylle Grimbert a une manière bien à elle de plonger dans la psychologie de ses personnages qui ne conviendra sans doute pas à tout le monde. Je peux vous conseiller d’essayer et de découvrir cette autrice si vous aimez les romans qui mettent en avant un personnage et sa construction psychologique sans vous offrir une histoire aux multiples rebondissements.
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