Simon Hureau

Je ne sauverai pas la planète. Mais sur notre modeste parcelle d’écorce terrestre, la vie va plutôt bien.

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Les temps changent... Le pays devient le terrain d'enjeux qui dépassent tellement le simple mode de vie local... La Chine qui se passionne pour le Grand Nord, la Russie qui se crispe sur son pré carré, les Etats-Unis qui lorgnent notre sous-sol... On ne pèse pas lourd, face aux grandes manœuvres stratégiques... Le jour où les ressources naturelles du Groenland seront livrées à l'avidité des grosses compagnies, les Inuits disparaitront en un clin d'œil.

L'auteur, sa femme et leur fille emménagent dans une maison dotée d'un grand jardin. L'envie de nature était à la base du projet immobilier, une tentative de lutter contre l'effondrement de la biodiversité dans nos sociétés ultra urbanisées. « Pourquoi personne ne dit qu'il est si facile de la favoriser, voire de la restaurer, la générer ? » (p. 5) Patiemment, au fil des saisons, Simon et sa famille restaurent le jardin, le nettoient, l'enrichissent de nouvelles espèces et creusent une mare pour créer un biotope aquatique. « Au fond, c'est assez basique : plus la diversité végétale augmente, plus la faune rapplique et se diversifie. » (p. 31) Évidemment, pas question d'utiliser des produits chimiques, ou le moins possible! La petite famille se fait aussi une spécialité de récupérer tout ce qui peut l'être, en sauvant des choses utiles de la benne et en pensant au cycle de la nature. « Avoir un jardin, c'est aussi pouvoir réduire le volume de ses déchets en compostant ses épluchures. » (p. 26)

L'auteur agrémente ses planches de croquis richement colorés d'oiseaux et d'insectes en tout genre, dressant un catalogue naturaliste qu'il est passionnant de parcourir. « J'aime être le spectateur - et l'acteur - de cette prodigieuse porosité entre le domaine domestique du jardin privé et le flux aléatoire du sauvage qui s'invite joyeusement et sans vergogne ! » (p. 108) J'aime la façon dont Simon Hureau présente son action, sans moralisation. Il fait des constats, tente à sa mesure de les combattre et se réjouit des réussites dont il est un humble rouage. « Je ne sauverai pas la planète, mais sur notre modeste parcelle d'écorce terrestre, la vie va plutôt bien. » (p. 113) Sur ce dernier point, je me permets une position divergente : oui, il faut que les états agissent, mais si chaque individu fait un geste pour la biodiversité, on a peut-être une chance de la sauver.

"Dans la mesure où tout le monde s'accorde à détester les moustiques, la chauve-souris devrait être l'un de nos animaux préférés." (p. 100)

Résister, désobéir, repeupler (graffiti creusois)

Je ne serai jamais un spécialiste. Est ce grave ?
Je fais de mon mieux, à peu près, à tâtons... et sans jamais cesser de chercher à m'améliorer. Pas à pas, je progresse, et le jardin évolue. Ces n'est déjà pas si mal...

Ici, pas le droit à l’erreur …
La plus anodine pouvant s’avérer fatale …
Ici règnent les lois de la nature. Parfois saignantes, toujours coriaces, pas d’autres choix que de les endurer !
La loi du plus fort, du plus résistant …
La loi du vent, du froid, de la glace, de l’eau …
De la neige, de la montagne …
Ici, on ne triche pas.

La nature est d'accord pour vivre avec nous si nous sommes d'accord pour vivre avec elle (Préface, Gilles Clément)

Mais ici, au Cambodge, ça n’étonne personne. C’est la terre des âmes errantes …
Tant de gens sont morts brutalement !!
Les pauvres âmes n’ont pas pu se réincarner normalement, alors elles errent …
… elles errent à la recherche d’un corps qui accepterait de les recevoir pour achever le cycle de vie interrompu violemment.

Ultime offense, pour la favorite du roi Monivong que de se faire ainsi dévoiler par l’occupant et sur son propre territoire une merveille jusque là inconnue et emblématique de l’âge d’or de son peuple temps où ses ancêtres régnaient sur des étendues sans fin …
Âge d’or en ruines …
Ruines foulées aux pieds …
… par le colon exultant …
Démonstration impérialiste aux représentants d’un peuple soumis, indigne, humilié…

Vivre quand on a des rêves qui nous portent. Vivre quand la santé nous est offerte et dire merci chaque jours.
Et quand inévitablement viennent la nuit, le blizzard, le froid et la peur, il faur se protéger au mieux, et comme disent parfois les inuits dans l'épreuve " addaluajornara". C'esg ainsi.

Au Cambodge, la vie ne vaut pas le prix d’une moto. Personne ne l’ignore … tout le monde l’oublie …

Ce que je fais n’est pas beau, mais c’est davantage du « carnet » que du « dessin »… pas de l’art mais du souvenir ! Et puis c’est marrant de choisir un angle de vue, poser son regard et prendre son temps… s’arrêter ! C’est pas évident de savoir s’arrêter, mais c’est tellement enrichissant ! J’ai découvert comme ça influe sur la qualité même de sa façon de voyager…
C’est moins précis que la photo, mais tellement plus personnel et marquant de créer ses suspensions de moments … stocker de la mémoire, la mettre en page au jour le jour …

Je ne sauverai pas la planète. Mais sur notre modeste parcelle d'écorce terrestre, la vie va plutôt bien.

Pour moi, le jardin doit rester cette sorte de quête permanente d'équilibre entre le faire et le laisser-faire, entre le dompté et le sauvage, entre le désiré et l'incontrôlable, entre l'artificiel et le naturel...

Et pour ce qui est de créer la vie et la diversité, pas besoin d'être Dieu, ou riche, ou savant ; en fait, il faut juste se salir un peu les mains.

Aussi, comment s'ennuyer dans un jardin vivant ? On n'en aura jamais fait le tour ! Le plus petit jardinet offrira toujours son inépuisable lot de découvertes et d'observations captivantes...

La vie se complaît dans le fouillis, c’est son truc, on n’y peut rien mais les gens ont besoin de pouvoir passer la serpillière, faut que ce soit net, hygiénique. Pas de pot, la vie, c’est sale, elle en met partout si on la laisse faire : alors on la tient à distance… La nature a horreur du vide.

Pourquoi les enfants d’ici devraient-ils se contenter de maths, de géo, de danois, quand leur culture est si riche de savoirs qui se perdent…

Froid intense et glace parfaite, dix chiens en un seul élan, le traîneau file.
La chasse a été bonne, la solitude grandiose.
Grand beau, calme total, pureté du moment, concordance des sensations...
Doux frisson de l'accord parfait...
En un mot, une fraction de bonheur.